« Noms de lieux ou de personnes » : différence entre les versions

De Wiki-Anjou
Aucun résumé des modifications
(Un peu d'aération dans ce pavé de texte. ;-))
Ligne 1 : Ligne 1 :
'''Le Gaulois a-t-il laissé son empreinte sur notre territoire et notre langue ?'''
'''Le Gaulois a-t-il laissé son empreinte sur notre territoire et notre langue ?'''
<div style="text-align:justify;">
<div style="text-align:justify;">
Les traces de ces peuplades, venues de l’Allemagne occidentale et alpestre, qui avaient envahi la Gaule à la fin de l’âge de bronze, sont, en l’état actuel des connaissances, assez peu nombreuses : le latin semble avoir tout submergé, notamment dans le vocabulaire courant. À peine une soixantaine de mots, adoptés par le latin parlé mais de racines celtes, est conservée : parmi ceux-ci, on peut citer alouette (<''alauda''), cheval (<''cabalus''), char (<''carrus''), chemise (<''camisia'' : vêtement gaulois), soc (<''soccus''), chêne (<''cassanus''), changer (<''cambiare''). Mais la toponymie porte encore des marques du peuplement gaulois un peu partout en France, p. ex. Nyon (< ''noviodunum'' : « nouvelle forteresse »), Issoudun (<''uxellodunum'' : « forteresse élevée »), Briare (<''brivodunum'' : « citadelle du pont »), Caen (<''catumagnus'' : « champ du combat »), Chaillot, Chail (<''caliavus'' : « l’endroit des cailloux ») notamment en Anjou où la ville d’Angers remonte à un ancien ''Andegavis'', nom d’une peuplade celte.
Les traces de ces peuplades, venues de l’Allemagne occidentale et alpestre, qui avaient envahi la Gaule à la fin de l’âge de bronze, sont, en l’état actuel des connaissances, assez peu nombreuses : le latin semble avoir tout submergé, notamment dans le vocabulaire courant.
 
À peine une soixantaine de mots, adoptés par le latin parlé mais de racines celtes, est conservée : parmi ceux-ci, on peut citer alouette (<''alauda''), cheval (<''cabalus''), char (<''carrus''), chemise (<''camisia'' : vêtement gaulois), soc (<''soccus''), chêne (<''cassanus''), changer (<''cambiare''). Mais la toponymie porte encore des marques du peuplement gaulois un peu partout en France, p. ex. Nyon (< ''noviodunum'' : « nouvelle forteresse »), Issoudun (<''uxellodunum'' : « forteresse élevée »), Briare (<''brivodunum'' : « citadelle du pont »), Caen (<''catumagnus'' : « champ du combat »), Chaillot, Chail (<''caliavus'' : « l’endroit des cailloux ») notamment en Anjou où la ville d’Angers remonte à un ancien ''Andegavis'', nom d’une peuplade celte.
   
   
Mais, d’après les philologues, l’influence gauloise s’est surtout fait sentir dans l’évolution de la prononciation du latin parlé qui s’est transformé au cours des quatre siècles de bilinguisme suivant la conquête romaine. Parmi les modifications les plus notables, on peut signaler : relâchements et diphtongaisons (p. ex. ''pedem''>pied), avancée des articulations (p. ex. les u latins deviennent des ü : ''murum''>mur, les c des ch : ''canis''>chien, les g des j : ''gentem''>gent), chute des voyelles prétoniques internes (p. ex. ''bonitate''>bonté). Cette influence s’est aussi exercée sur les toponymes existants qui, prononcés à la gauloise ou à la latine, ont abouti pour nous à des noms géographiques différents. Ainsi le mot Nemausos, qui désigne le dieu des gaulois et des sources, accentué sur la première syllabe (à la gauloise) a donné la ville de Nîmes et accentué à la latine sur la 2<sup>e</sup>, Nemou, puis Nemours. De même, le mot ''Bituriges'' (« les rois du monde ») désigne maintenant la ville de Bourges (accentuation gauloise) et la région du Berry (accentuation latine).
Mais, d’après les philologues, l’influence gauloise s’est surtout fait sentir dans l’évolution de la prononciation du latin parlé qui s’est transformé au cours des quatre siècles de bilinguisme suivant la conquête romaine. Parmi les modifications les plus notables, on peut signaler : relâchements et diphtongaisons (p. ex. ''pedem''>pied), avancée des articulations (p. ex. les u latins deviennent des ü : ''murum''>mur, les c des ch : ''canis''>chien, les g des j : ''gentem''>gent), chute des voyelles prétoniques internes (p. ex. ''bonitate''>bonté).
 
Cette influence s’est aussi exercée sur les toponymes existants qui, prononcés à la gauloise ou à la latine, ont abouti pour nous à des noms géographiques différents. Ainsi le mot Nemausos, qui désigne le dieu des gaulois et des sources, accentué sur la première syllabe (à la gauloise) a donné la ville de Nîmes et accentué à la latine sur la 2<sup>e</sup>, Nemou, puis Nemours. De même, le mot ''Bituriges'' (« les rois du monde ») désigne maintenant la ville de Bourges (accentuation gauloise) et la région du Berry (accentuation latine).
</div>
</div>

Version du 4 avril 2011 à 19:38

Le Gaulois a-t-il laissé son empreinte sur notre territoire et notre langue ?

Les traces de ces peuplades, venues de l’Allemagne occidentale et alpestre, qui avaient envahi la Gaule à la fin de l’âge de bronze, sont, en l’état actuel des connaissances, assez peu nombreuses : le latin semble avoir tout submergé, notamment dans le vocabulaire courant.

À peine une soixantaine de mots, adoptés par le latin parlé mais de racines celtes, est conservée : parmi ceux-ci, on peut citer alouette (<alauda), cheval (<cabalus), char (<carrus), chemise (<camisia : vêtement gaulois), soc (<soccus), chêne (<cassanus), changer (<cambiare). Mais la toponymie porte encore des marques du peuplement gaulois un peu partout en France, p. ex. Nyon (< noviodunum : « nouvelle forteresse »), Issoudun (<uxellodunum : « forteresse élevée »), Briare (<brivodunum : « citadelle du pont »), Caen (<catumagnus : « champ du combat »), Chaillot, Chail (<caliavus : « l’endroit des cailloux ») notamment en Anjou où la ville d’Angers remonte à un ancien Andegavis, nom d’une peuplade celte.

Mais, d’après les philologues, l’influence gauloise s’est surtout fait sentir dans l’évolution de la prononciation du latin parlé qui s’est transformé au cours des quatre siècles de bilinguisme suivant la conquête romaine. Parmi les modifications les plus notables, on peut signaler : relâchements et diphtongaisons (p. ex. pedem>pied), avancée des articulations (p. ex. les u latins deviennent des ü : murum>mur, les c des ch : canis>chien, les g des j : gentem>gent), chute des voyelles prétoniques internes (p. ex. bonitate>bonté).

Cette influence s’est aussi exercée sur les toponymes existants qui, prononcés à la gauloise ou à la latine, ont abouti pour nous à des noms géographiques différents. Ainsi le mot Nemausos, qui désigne le dieu des gaulois et des sources, accentué sur la première syllabe (à la gauloise) a donné la ville de Nîmes et accentué à la latine sur la 2e, Nemou, puis Nemours. De même, le mot Bituriges (« les rois du monde ») désigne maintenant la ville de Bourges (accentuation gauloise) et la région du Berry (accentuation latine).