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XLIX

INTRODUCTION.


de France après celle de Paris, fondée par un Angevin, Jean Lemaçon ; — c’est un 
Angevin, l’auteur de ''La République'', qui soutient contre tout péril aux États de Blois 
la cause de la libre conscience ; — et c’est à Saumur que s’installe et pendant près 
d’un siècle se développe en pleine lutte la grande {{abréviation|Académie|Académie de Saumur, université protestante fondée à Saumur en 1599 et supprimée en 1685}}, où prennent parole {{abréviation|Moyse Amyrault|Moïse Amyraut (Bourgueil 1596-Saumur 1664), théologien protestant.}}, 
{{abréviation|Marc Duncan|Marc Duncan (Roxburghshire 1581-Saumur 1640), philosophe et médecin écossais.}}, {{abréviation|Josué de la Place|Josué de La Place (Saumur 1596-Saumur 1655), théologien protestant.}}, {{abréviation|Tanneguy-Lefèvre|Tanneguy Le Fèvre (Caen 1615-Saumur 1672), philologue et helléniste.}}, {{abréviation|Cameron|John Cameron (1579-1623), théologien protestant écossais.}}, les 
deux {{abréviation|Cappel|Jacques Cappel (1570-1624), professeur d’hébreu et de théologie ; et Louis Cappel (1585-1658), pédagogue et théologien protestant.}}, toute une pléiade d’illustres. Et comment oublier le rôle de la grande 
bourgeoisie angevine, toujours debout au premier rang des fêtes de la liberté ? 
— Tout à côté, dans la paix rayonnante des grandes abbayes cisterciennes ou 
bénédictines, — et la première fille de St Maur n’est-elle pas née sur notre 
Loire ? — dans la solennité aussi plus ou moins factice des controverses universitaires, 
se sont formées, avec les {{abréviation|Ulger|Ulger, évêque d’Angers de 1125 à 1149.}}, les {{abréviation|Marbode|Marbode (Angers v. 1040-Angers 1123), évêque de Rennes.}}, les {{abréviation|Le Maire|Guillaume III Le Maire, évêque d’Angers de 1291 à 1317.}}, honneur de 
l’École et de l’Épiscopat, des dynasties de légistes, comme celles des Ayrauld, des 
Livonnière, alliées aux grands noms des Choppin, des Lerat, des Louet, des Dupineau, 
groupe avant tout d’humeur pratique et réfléchie. De ces deux lignées se 
réclament, mi-partie gens d’action ou de politique, les Scépeaux, les Maillé-Brézé, 
les Charnacé, les Contades, — même en descendant peut-être d’un échelon, les 
Cérisantes et les Bautru. Mais c’est avec ces derniers surtout qu’éclate dans les 
ruelles et à la cour de France la renommée des beaux esprits d’Anjou et de cette 
fine langue angevine, que parlaient {{abréviation|René Benoist|René Benoît (Savennières 1521-Paris 1608), religieux, confesseur du roi Henri IV.}} en sa chaire des Halles, et [[Gilles Ménage|Ménage]] 
en ses Mercuriales, et Bernier et Legouz jusqu’au fond des Indes, — qu’animent d’une 
pointe de gaîté les badineries de {{abréviation|Bourdigné|Charles de Bourdigné, poète angevin du XVIe siècle.}}, de Leloyer, de Lemasle, — qu’attendrit 
aussi à son heure la muse amoureuse du [[roi René]] et de [[Joachim Du Bellay|du Bellay]]. À cette élite, ni 
si terne après tout ni si vulgaire, la Science associe de nos jours les noms de 
{{abréviation|Chevreul|Michel-Eugène Chevreul (Angers 1789-Paris 1889), chimiste.}} et de {{abréviation|Béclard|Pierre-Augustin Béclard (Angers 1785-Paris 1825), médecin et anatomiste.}}, et l’Art, qui aurait le droit d’évoquer le souvenir de plus 
d’un glorieux maître inconnu, se contente d’ajouter un rayon suprême en rappelant 
l’œuvre de [[Pierre-Jean David d'Angers|David d’Angers]].

Un temps viendra peut-être, — bénie soit l’heure ! — où parmi tous ces ancêtres 
et tant d’autres encore plus humbles et tout oubliés, chaque village, chaque 
maison tiendra à honneur de reconnaître les siens, où l’histoire du pays natal 
deviendra avant tout, comme il ferait si bon de le dire, familière à nos enfants, 
et où l’on comprendra de plein cœur, ainsi que je l’ai cru bien sentir à chaque 
page de ce livre, que s’étudier à faire aimer le coin de terre où l’on naît, où l’on 
grandit, où la tradition s’est formée de toute vie qui a un passé et un avenir, c’est 
travailler à rallier pour le mieux toutes les âmes dans un sentiment commun d’amour 
pour la France.

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