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Description

Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1877, tome sixième (D) 1870, Administration du grand Dictionnaire universel (Paris).

Page 1406. Voir aussi couverture et page 1405.

Source Bibliothèque nationale de France, sur Gallica. Document dans le domaine public.

Texte (extraits) : « DUPETIT-THOUARS (Aristide AUBERT),

marin français, frère du précédent, né au château
de Boumois, près de Saumur, le 31 août
1760, tué glorieusement au combat d’Aboukir
le 1er août 1798. Il se fit remarquer, dès sa
plus tendre enfance, par une grande indépendance
de caractère et par une vocation
irrésistible pour la marine, vocation qui fut
développée en lui par la lecture de quelques
livres de voyages, celle de Bobinson Crusoé
surtout. Au commencement de 1776, il entra,
comme cadet gentilhomme, dans le régiment
de Poitou-infanterie, où il devint bientôt
sous-lieutenant. Cette même année, ayant
appris que le capitaine Cook se préparait
à partir pour son troisième voyage autour
du monde, il fit demander au célèbre
navigateur de le prendre comme mousse à
bord de l’un de ses vaisseaux. Cette démarche
n’aboutit pas. En 1778, Dupetit-Thouars fut
plus heureux ; il obtint du ministre de la marine,
M. de Sartine, son passage de l’armée
de terre dans l’armée de mer, alla subir à
Rochefort un examen qu’il passa d’une manière
brillante, et fut enfin nommé garde de
marine a dater du 1er mars 1778. Il avait
alors dix-sept ans. Le nouveau marin débuta
par une croisière de quelques mois dans
l’Océan, a bord de la frégate la Gloire, puis
il s’embarqua sur le Fendant, de l’armée navale
du comte d’Orvilliers, et assista au combat
que le comte d’Orvilliers livra, sous
Ouessant, le 27 juillet 1778, à l’amiral Keppel,
et auquel le Fendant prit une part glorieuse.
L’année Isuivante, Dupetit-Thouars assista
encore, à bord du même bâtiment, k la prise
du fort Saint-Louis, au Sénégal, et à plusieurs
autres affaires. Dupetit-Thouars passa
ensuite sur la Couronne, qui avait pour mission
dé conduire aux Antilles, avec deux autres
vaisseaux, un convoi de ravitaillement
pour le comte de Grasse. La Couronne arriva
à sa destination assez k temps pour
prendre part au funeste combat du 12 avril
1782, dit bataille de la Dominique. En, 1784,
Dupetit-Thouars, nommé enseigne de vaisseau,
s’embarqua sur le bâtiment le Téméraire,
qui avait mission de tenir station à
Saint-Domingue. Il passa trois années consécutives
dans cette colonie, étudiant les mœurs
et les usages du pays, explorant les. côtes à
bord de la goélette le Pivert, dont le chevalier
de Brass lui avait donné le commandement,
et faisant de nombreux relèvements.
En 1790, Dupetit-Thouars, apprenant la naufrage
de La Pérouse et de ses compagnons,
écrivit au ministre de la marine pour lui demander
le commandement d’un bâtiment destiné
à aller à la recherche de l’infortuné navigateur.
La réponse du ministre s’étant fait
attendre, il recueillit des souscriptions pour
subvenir aux frais d’un armement particulier,
et vendit, dans le même but, ses propres biens,
ainsi que c.eux de son frère, officier au régiment
de la Couronne, qu’il avait décidé à partager
son entreprise. Le roi Louis XVI s’inscrivit
comme souscripteur, et décida en outre
que Dupetit-Thouars, ainsi que les officiers
qui l’accompagneraient, conserveraient leur
grade en activité dans la marine et toucheraient
deux années d’appointements à
l’avance. De son côté, l’Assemblée nationale,
par un décret du 22 décembre 1791, vota a qu’il
serait délivré à M. Dupetit-Thouars, par la
caisse do la trésorerie nationale, à titre de gratification,
pour subvenir aux frais de son armement,
une somme de 10,000 francs, et que j
le présent décret serait porté dans le jour à
la sanction du roi. « Quelques jours après, le
1er janvier 1792, Dupetit-Thouars fut nommé
lieutenant de vaisseau. Il mit à la voile le
22 août, à Brest, à bord du Diligent. Au moment
de partir, il se vit séparé de son frère,
mis en arrestation inopinément par un arrêté
du comité de Salut public. Ne croyant cependant
qu’à une mesure préventive, il n’en
appareilla pas moins, donnant rendez-vous à
son frère à l’île de France : il ne devait plus
le revoir. Au reste, l’expédition échoua ;
ayant voulu aller relâcher sur la côte du
Brésil, Dupetit-Thouars y fut, au mépris
des traités et du simple droit des gens, arrêté
par les Portugais, et son navire livré
au pillage. C’est ainsi que se termina cette
généreuse entreprise qui avait coûté tant
de sacrifices à notre marin. Ce ne fut que
longtemps après, à la suite de longues et
pénibles démarches, que la famille de Dupetit-Thouars
put enfin obtenir, en 1802,
de la cour de Lisbonne, une indemnité de la
confiscation du Diligent, indemnité qui fut
distribuée proportionnellement à toutes les
personnes intéressées dans cet armement.
Conduit de Kernambouc à Lisbonne, ainsi
que son état-major et son équipage, Dupetit-Thouars
y resta prisonnier jusqu’au mois
d’avril 1793. Devenu libre à cette époque, il
s’embarqua pour les États-Unis sur un bâtiment
de commerce. Toutefois, avant de quitter
Lisbonne, il distribua à ses officiers et k
son équipage une faible indemnité de six
mille francs que le gouvernement portugais
lui avait fait remettre, comme produit de la
vente des débris de son bâtiment. Dupetit-Thouars
resta trois ans en Amérique, où il fit
deux tentatives infructueuses pour gagner
par terre la côte N.-O., et visita les cataractes
du Niagara avec le duc de La Rochefoucauld-Liancourt.
En 1796, il revint en
France. Destitué, comme noble, pendant son
absence, de son grade dans la marine, il obtint
d’être rétabli sur les listes avec le grade
de capitaine de vaisseau, à dater du mois de
mars 1796. En 1798, lors de l’expédition d'Égypte,
le capitaine Dupetit-Thouars fut
nommé d’abord au commandement du Franklin,
vaisseau de l’armée navale du vice-amiral
Brueys, puis a celui du Tonnant, vaisseau
de 80 canons. L’armée appareilla de
Toulon le 19 mai 1793 ; le 9 juin suivant, elle
parut devant Malte ; puis, cette île prise, elle
se dirigea sur le port d’Alexandrie, où elle
mouilla le 1er juillet. Elle y débarqua les
troupes qu’elle avait à bord, puis alla s’embosser
le 3 dans la rade d’Aboukir. Nelson,
qui depuis plus d’un mois parcourait la Méditerranée
dans tous les sens, sans avoir pu
rencontrer la flotte française, arriva le
1er août sur la plage d’Aboukir et y surprit
celle-ci qui ne songeait plus au danger. Malgré
les avis de Dupetit-Thouars et de Blanquet
du Chayla, le vice-amiral Brueys résolut
de combattre à l’ancre. L’action s engagea
à cinq heures du soir. Dupetit-Thouars, bien
que prévoyant l’issue fatale de cette journée,
fit des prodiges de valeur. Le Tonnant, qui
servait de matelot d’arrière k l’Orient, le
vaisseau amiral, força le Bellérophon à amener
son pavillon ; puis, attaqué par le Majestie,
il se défendit si vigoureusement, qu’il
coula ce vaisseau, le désempara presque
complètement, lui tua son capitaine et lui
mit hors de combat tous les officiers et environ
deux cents matelots. Mais, un incendie
s’étant déclaré à bord de l’Orient, l’Alexandre
et le Swiftsure, qui combattaient ce
bâtiment, le quittèrent et réunirent leurs
efforts contre le Franklin et le Tonnant. Ces
deux vaisseaux soutinrent l’attaque avec une
fermeté des plus remarquables, et nul doute
que les Anglais n’en eussent pas eu facilement
raison, si l’intrépide Dupetit-Thouars
n’avait pas été frappé à mort sur son banc
de quart. L’infortuné et héroïque capitaine,
sous le feu qui couvrait son bâtiment, eut
successivement le bras droit, puis le bras
gauche, puis enfin une jambe emportés par
trois boulets ; à demi-mort, il trouva encore
la force, assure-t-on, de se faire mettre dans
un baquet de son pour pouvoir donner l’ordre
de clouer son pavillon au mât. Nous devons
dire que la notice publiée par la sœur de
Dupetit-Thouars (dans les Annales maritimes
de 1817 à 1820) ne mentionne pas ce dernier
fait, qui n’est pas, du reste, nécessaire k la
gloire du héros. Ce qu’il y a de certain, c’est
que le Tonnant, animé du même héroïsme
que son brave capitaine, ne se rendit que le
sur lendemain de la bataille. Dupetit-Thouars
n’avait que trente-huit ans. Il a laissé plusieurs
manuscrits, que sa sœur, Mlle Félicité
Dupetit-Thouars, a réunis en 3 vol.
in-8°, sous le titre de : Lettres, mémoires et
opuscules d’Aristide Dupetit-Thouars, capitaine
de vaisseau, enseveli sous les débris du
Tonnant au combat d’Aboukir. »
« DUPETIT-THOUARS (Abel AUBERT), viceamiral
français, neveu des deux précédents,
né à Saumur (Maine-et-Loire) en 1793, mort
à Paris en 1864. Il entra au service en 1804,
débuta dans la flottille de Boulogne, et servit
jusqu’en 1815 sur les côtes de la Manche et
de la Méditerranée. En 1817, 1818 et 1819, il
fit trois campagnes hydrographiques à Terre-Neuve
et sur les côtes occidentales de Franco ;
plus tard il explora les côtes d’Alger et,
frappé de l’insuffisance du blocus de cette
ville, présenta le projet de débarquement et
le plan de campagne qui furent exécutés en
1830. Il concourut lui-même à l’expédition en
qualité de capitaine de corvette, commandant
du brick le Griffon, et fut nommé ensuite
au commandement de la station des
mers du Sud. En 1834, il déploya une énergie
remarquable au Cailao et força te gouvernement
péruvien à restituer un navire de commerce
saisi illégalement. Le commerce de
Bordeaux, à qui appartenait ce navire, offrit
à cette occasion à Dupetit-Thouars une épée
d’honneur. Nommé la même année capitaine
de vaisseau, il fut chargé, en 1835, de faire
avec sa frégate, la Vénus, un voyage de circumnavigation,
et, au retour de ce voyage,
en 1841, fut promu contre-amiral. Envoyé
ensuite, avec la Heine-Blanche, pour prendre
possession des îles Marquises ou de Taïti, il
y rencontra un adversaire opiniâtre dans le
missionnaire anglais Pritchard, l’expulsa et
prit possession de l’Archipel au nom de la
France ; mais le gouvernement de Louis-Philippe,
pour ne pas entrer en lutte avec
l’Angleterre, désavoua Dupetit-Thouars et
rétablit le protectorat ; les Chambres votèrent
même l’indemnité Pritchard, restée célèbre
dans les fastes législatifs. L’opinion
libérale ne partagea pas l'avis du gouvernement
et des Chambres, et offrit par souscription
une épée d’honneur au contre-amiral
Dupetit-Thouars ; mais celui-ci ne crut pas
devoir l’accepter. Il fut ensuite nommé préfet
maritime à Lorient, puis, en 1846, vice-amiral,
et entra, en 1S49, au conseil d’amirauté,
qu’il présida jusqu’en 1858. Il siégea
en outre a la Législative, où l’envoya, en
1849, le département de Maine-et-Loire. En
1855, l’Académie des sciences l’appela dans
son sein, et, peu après, il fut nommé grand-croix
de la Légion d’honneur. Indépendamment
de la relation du Voyage de circumnavigation de la
Vénus (10 vol. in-8°, avec atlas
de 180 planches in-fol. et des cartes), le
vice-amiral Dupetit-Thouars a laissé diverses
brochures relatives aux affaires de Taiti. »

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