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Description
Anjou, extrait de Tableau de la France. Géographie physique, politique et morale, Le Poitou - L'Anjou, texte établi par Jules Michelet (éd. A. Lacroix et Cie), 1875, texte des pages 15 à 17 (couverture).
Source : Wikisource, Tableau de la France. Géographie physique, politique et morale/Le Poitou.- L’Anjou, contenu sous licence CC-BY-SA, texte dans le domaine public.
Texte : «
- C’est à Saint-Florent, au lieu même où s’élève la colonne du vendéen Bonchamps, qu’au IXe siècle le breton Noménoé, vainqueur des Northmans, avait dressé sa propre statue ; elle était tournée vers l’Anjou, vers la France, qu’il regardait comme sa proie[1]. Mais l’Anjou devait l’emporter. La grande féodalité dominait chez cette population plus disciplinable ; la Bretagne, avec son innombrable petite noblesse, ne pouvait faire de grande guerre ni de conquête. La noire ville d’Angers porte, non-seulement dans son vaste château et dans sa Tour du Diable, mais sur sa cathédrale même, ce caractère féodal. Cette église Saint-Maurice est chargée, non de saints, mais de chevaliers armés de pied en cap : toutefois ses flèches boiteuses, l’une sculptée, l’autre nue expriment suffisamment la destiné incomplète de l’Anjou. Malgré sa belle position sur le triple fleuve de la Maine, et si près de la Loire, où l’on distingue à leur couleur les eaux des quatre provinces, Angers dort aujourd’hui. C’est bien assez d’avoir quelque temps réuni sous ses Plantagenets, l’Angleterre, la Normandie, la Bretagne et l’Aquitaine ; d’avoir plus tard, sous le bon René et ses fils, possédé, disputé, revendiqué du moins les trônes de Naples, d’Aragon, de Jérusalem et de Provence, pendant que sa fille Marguerite soutenait la Rose rouge contre la Rose blanche, et Lancastre contre York. Elles dorment aussi au murmure de la Loire les villes de Saumur et de Tours, la capitale du protestantisme, et la capitale du catholicisme[2] en France ; Saumur, le petit royaume des prédicants et du vieux Duplessis-Mornay, contre lesquels leur bon ami Henri IV bâtit la Flèche aux jésuites. Son château de Mornay et son prodigieux dolmen[3] font toujours de Saumur une ville historique. Mais bien autrement historique est la bonne ville de Tours, et son tombeau de saint Martin, le vieil asile, le vieil oracle, le Delphes de la France, où les Mérovingiens venaient consulter les sorts, ce grand et lucratif pèlerinage pour lequel les comtes de Blois et d’Anjou ont tant rompu de lances. Mans, Angers, toute la Bretagne, dépendaient de l’archevêché de Tours ; ses chanoines, c’étaient les Capets, et les ducs de Bourgogne, de Bretagne, et le comte de Flandre et le patriarche de Jérusalem, les archevêques de Mayence, de Cologne, de Compostelle. Là, on battait monnaie, comme à Paris ; là, on fabriqua de bonne heure la soie, les tissus précieux, et aussi, s’il faut le dire, ces confitures, ces rillettes, qui ont rendu Tours et Reims également célèbres ; villes de prêtres et de sensualité. Mais Paris, Lyon et Nantes ont fait tort à l’industrie de Tours.
- C’est la faute aussi de ce doux soleil, de cette molle Loire ; le travail est chose contre nature dans ce paresseux climat de Tours, de Blois et de Chinon, dans cette patrie de Rabelais, près du tombeau d’Agnès Sorel. Chenonceaux, Chambord, Montbazon, Langeais, Loches, tous les favoris et favorites de nos rois, ont leurs châteaux le long de la rivière. C’est le pays du rire et du rien faire. Vive verdure en août comme en mai, des fruits, des arbres. Si vous regardez du bord, l’autre rive semble suspendue en l’air, tant l’eau réfléchit fidèlement le ciel : sable au bas, puis le saule qui vient boire dans le fleuve ; derrière, le peuplier, le tremble, le noyer, et les îles fuyant parmi les îles ; en montant, des têtes rondes d’arbres qui s’en vont moutonnant doucement les uns sur les autres. Molle et sensuelle contrée, c’est bien ici que l’idée dut venir de faire la femme reine des monastères, et de vivre sous elle dans une voluptueuse obéissante, mêlée d’amour et de sainteté. Aussi jamais abbaye n’eut la splendeur de Fontevrault. Il en reste aujourd’hui cinq églises. Plus d’un roi voulut y être enterré : même le farouche Richard Cœur-de-Lion leur légua son cœur ; il croyait que ce cœur meurtrier et parricide finirait par reposer peut-être dans une douce main de femme, et sous la prière des vierges. »
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actuel | 20 juin 2015 à 15:53 | ![]() | 672 × 948 (254 kio) | Franck-fnba (discussion | contributions) | == Description == Anjou (pages 15, 16 et 17), extrait de ''Tableau de la France. Géographie physique, politique et morale'', Le Poitou - L’Anjou, texte établi par Jules Michelet (éd. A. Lacroix et Cie), 1875. → Voir [[:Fichier:michelet tableau... |
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