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Évoquer la vocation cavalière de [[Saumur]] semble aujourd’hui une évidence, tant l’architecture et l’image de la ville sont indissolublement liée à la présence des chevaux et de leurs cavaliers, aux institutions successives qui s’y développèrent de manière quasi ininterrompue pendant plus de quatre siècles. Leur histoire appartient autant à celle de la ville qu’à celle de l’art et des sports équestres, et bien entendu, comme en témoigne le beau musée récemment ouvert dans les murs de l’ancienne École de cavalerie, à l’histoire militaire française. Dans la même unité de préoccupations, se croisent parmi les auteurs qui ont consacré leurs travaux à ce sujet autant les plumes des officiers que celles des historiens, chacun apportant sa part à une construction historique qui a, sous l’impulsion des derniers d’entre eux, quitté peu à peu le ton de la célébration pour celui, moins fervent mais plus réaliste, de la recherche scientifique<ref>L’histoire de l’École de cavalerie donne lieu dès la fin du XIX{{e}} siècle à de nombreuses études à valeur plus documentaire qu’historique : ce sont celles du Capitaine PICARD, L. ''Les origines de l’École de cavalerie et de ses traditions équestres''. Saumur : S. Milon fils, 1889 ; du général de FORNEL DE LA LAURENCIE. ''L’École de Saumur''. Angers : Éditions de l’Ouest, 1935 ; du colonel de COSSE-BRISSAC. « L’École de Saumur ». ''Revue historique de l’Armée'', 1954, n° 3-4, p. 104-106 ; du général DUROSOY. ''Saumur. Historique de l’École d’application de l’arme blindée et de la cavalerie''. Paris, 1964, rééd. 1978 ; l’histoire de l’Académie d’équitation est abordée par le colonel SAVETTE. ''L’Académie royale d’équitation de Saumur avant 1789''. Saumur : Girouard et Richou, 1934. Dans une période récente, citons comme essentiels les travaux de : BOIS, J-P. « Le régiment des carabiniers de Monsieur à la fin de l’Ancien régime ». ''Revue historique des Armées'', 1980, n° 1, p. 29-60 ; « L’École de cavalerie de Saumur ». ''Archives d’Anjou'', 1998, p. 117-130 ; la thèse d’École des chartes, encore inédite, de CONRAUX, Aurélien. ''L’école de cavalerie de Saumur (1814-1914). La création de l’équitation militaire'', 2004 ; enfin les chapitres consacrés tant à l’Académie d’équitation qu’à l’École de cavalerie par [[Joseph-Henri Denécheau|J-H DENECHEAU]] sur son site Internet ''[http://pagesperso-orange.fr/saumur-jadis/ saumur-jadis]'' dont il est à souhaiter qu’elles soient un jour pérennisées par une publication en forme classique.</ref>. | Évoquer la vocation cavalière de [[Saumur]] semble aujourd’hui une évidence, tant l’architecture et l’image de la ville sont indissolublement liée à la présence des chevaux et de leurs cavaliers, aux institutions successives qui s’y développèrent de manière quasi ininterrompue pendant plus de quatre siècles. Leur histoire appartient autant à celle de la ville qu’à celle de l’art et des sports équestres, et bien entendu, comme en témoigne le beau musée récemment ouvert dans les murs de l’ancienne [[Cadre noir|École de cavalerie]], à l’histoire militaire française. Dans la même unité de préoccupations, se croisent parmi les auteurs qui ont consacré leurs travaux à ce sujet autant les plumes des officiers que celles des historiens, chacun apportant sa part à une construction historique qui a, sous l’impulsion des derniers d’entre eux, quitté peu à peu le ton de la célébration pour celui, moins fervent mais plus réaliste, de la recherche scientifique<ref>L’histoire de l’École de cavalerie donne lieu dès la fin du XIX{{e}} siècle à de nombreuses études à valeur plus documentaire qu’historique : ce sont celles du Capitaine PICARD, L. ''Les origines de l’École de cavalerie et de ses traditions équestres''. Saumur : S. Milon fils, 1889 ; du général de FORNEL DE LA LAURENCIE. ''L’École de Saumur''. Angers : Éditions de l’Ouest, 1935 ; du colonel de COSSE-BRISSAC. « L’École de Saumur ». ''Revue historique de l’Armée'', 1954, n° 3-4, p. 104-106 ; du général DUROSOY. ''Saumur. Historique de l’École d’application de l’arme blindée et de la cavalerie''. Paris, 1964, rééd. 1978 ; l’histoire de l’Académie d’équitation est abordée par le colonel SAVETTE. ''L’Académie royale d’équitation de Saumur avant 1789''. Saumur : Girouard et Richou, 1934. Dans une période récente, citons comme essentiels les travaux de : BOIS, J-P. « Le régiment des carabiniers de Monsieur à la fin de l’Ancien régime ». ''Revue historique des Armées'', 1980, n° 1, p. 29-60 ; « L’École de cavalerie de Saumur ». ''Archives d’Anjou'', 1998, p. 117-130 ; la thèse d’École des chartes, encore inédite, de CONRAUX, Aurélien. ''L’école de cavalerie de Saumur (1814-1914). La création de l’équitation militaire'', 2004 ; enfin les chapitres consacrés tant à l’Académie d’équitation qu’à l’École de cavalerie par [[Joseph-Henri Denécheau|J-H DENECHEAU]] sur son site Internet ''[http://pagesperso-orange.fr/saumur-jadis/ saumur-jadis]'' dont il est à souhaiter qu’elles soient un jour pérennisées par une publication en forme classique.</ref>. | ||
Il est plaisant, mais bien entendu sans fondement, de faire appel aux Gaulois et aux Romains pour légitimer la vocation cavalière de Saumur<ref>« À la belle saison, les tribus celtiques qui peuplaient la contrée, attirées par les riches herbages de la triple vallée, descendaient du plateau et accrochaient leurs tentes en peau d’auroch au flanc des coteaux rocheux… Quand les pluies d’automne, grossissant les eaux, faisaient se mêler les rivières, les tribus remontaient sur le plateau et abandonnaient la pêche pour chasser le sanglier ou les bêtes fauves dans les épaisses forêts dont les vestiges nous rappellent aujourd’hui l’étendue…. C’est dans ces exercices que les premiers cavaliers acquirent cette hardiesse équestre qui les fera plus tard tant apprécier des recruteurs romains » (Général de FORNEL DE LA LAURENCIE. L’École de Saumur. Angers : Éditions de l’Ouest, 1935, p. 9).</ref>. Il est prestigieux, mais bien artificiel, d’évoquer pour servir la même cause la mémoire du roi René, même s’il est exact que se tint à Saumur, en juin 1446, à l’initiative du prince, l’une des plus belles fêtes par lui données en Anjou, connue sous le nom de « Pas du Perron », ou encore « Emprise de la Joyeuse Garde<ref>Voir de MERINDOL, C. Les fêtes de chevalerie à la cour du Roi René – Emblématique, art et histoire. Le Léopard d’or, 1993 ; FAVIER, J. Le Roi René. Paris : Fayard, 2008 ; ROBIN, F. La cour d’Anjou-Provence. La vie artistique sous le règne de René. Paris : Picard, 1985.</ref> ». Dans la plaine de Launay, où le roi possède un château de plaisance, est alors édifié un superbe décor de bois, orné de tapisseries, devant lequel durant quarante jours excepté le vendredi, s’organisent des joutes entre « assaillants » et « tenants », ces derniers défendant un perron de marbre gardé par un nain entouré de deux lions. Des présents sont échangés, dont la nature donne idée de la magnificence des princes invités à l’événement : après les combats singuliers, les vaincus sont tenus d’offrir à leur vainqueur une pierre précieuse, ou un cheval : cinquante-quatre diamants, trente-six rubis furent, semble-t-il, alors offerts aux lauréats, tandis que les deux grands vainqueurs se voyaient gratifiés d’un destrier pour le premier, et d’un fermaillet de diamants pour le second. | Il est plaisant, mais bien entendu sans fondement, de faire appel aux Gaulois et aux Romains pour légitimer la vocation cavalière de Saumur<ref>« À la belle saison, les tribus celtiques qui peuplaient la contrée, attirées par les riches herbages de la triple vallée, descendaient du plateau et accrochaient leurs tentes en peau d’auroch au flanc des coteaux rocheux… Quand les pluies d’automne, grossissant les eaux, faisaient se mêler les rivières, les tribus remontaient sur le plateau et abandonnaient la pêche pour chasser le sanglier ou les bêtes fauves dans les épaisses forêts dont les vestiges nous rappellent aujourd’hui l’étendue…. C’est dans ces exercices que les premiers cavaliers acquirent cette hardiesse équestre qui les fera plus tard tant apprécier des recruteurs romains » (Général de FORNEL DE LA LAURENCIE. L’École de Saumur. Angers : Éditions de l’Ouest, 1935, p. 9).</ref>. Il est prestigieux, mais bien artificiel, d’évoquer pour servir la même cause la mémoire du roi René, même s’il est exact que se tint à Saumur, en juin 1446, à l’initiative du prince, l’une des plus belles fêtes par lui données en Anjou, connue sous le nom de « Pas du Perron », ou encore « Emprise de la Joyeuse Garde<ref>Voir de MERINDOL, C. Les fêtes de chevalerie à la cour du Roi René – Emblématique, art et histoire. Le Léopard d’or, 1993 ; FAVIER, J. Le Roi René. Paris : Fayard, 2008 ; ROBIN, F. La cour d’Anjou-Provence. La vie artistique sous le règne de René. Paris : Picard, 1985.</ref> ». Dans la plaine de Launay, où le roi possède un château de plaisance, est alors édifié un superbe décor de bois, orné de tapisseries, devant lequel durant quarante jours excepté le vendredi, s’organisent des joutes entre « assaillants » et « tenants », ces derniers défendant un perron de marbre gardé par un nain entouré de deux lions. Des présents sont échangés, dont la nature donne idée de la magnificence des princes invités à l’événement : après les combats singuliers, les vaincus sont tenus d’offrir à leur vainqueur une pierre précieuse, ou un cheval : cinquante-quatre diamants, trente-six rubis furent, semble-t-il, alors offerts aux lauréats, tandis que les deux grands vainqueurs se voyaient gratifiés d’un destrier pour le premier, et d’un fermaillet de diamants pour le second. |