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{{Infobox quartier | {{Infobox quartier | ||
| qualité=ancienne commune | | qualité = ancienne commune | ||
| image= | | image = <!-- blason ou logo --> | ||
| territoire=[[Baugeois]] | | territoire = [[Baugeois]] | ||
| commune=[[Longué-Jumelles]] | | commune = [[Longué-Jumelles]] | ||
| libre=Fusion-association<br | | libre = Fusion-association<br>du 1{{er}} janvier 1973 | ||
}} | }} | ||
'''Longué''' est une ancienne commune de [[Maine-et-Loire]] (49), aujourd'hui intégrée à [[Longué-Jumelles]]. | '''Longué''' est une ancienne commune de [[Maine-et-Loire]] (49), aujourd'hui intégrée à [[Longué-Jumelles]]. | ||
Ses habitants se nomment les Longuéen(ne)s. | |||
{{ | == Situation administrative == | ||
En [[1973]], Longué fusionne avec [[Jumelles]] (fusion association) par arrêté du 29 décembre 1972 pour donner naissance à Longué-Jumelles<ref name="cport-1978">Célestin Port (révisé par Jacques Levron, Pierre d'Herbécourt, Robert Favreau et Cécile Souchon), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', t. II (D-M), H. Siraudeau et Cie (Angers), 1978, 2e éd. (1re éd. 1876), p. 380-383</ref>{{,}}<ref>Jacques Jeanneau, ''Chronique Angevine'', dans ''Norois'', n° 78, avril-juin 1973, p. 392-393</ref>. | |||
La commune est jusqu'alors dans l'arrondissement [[Arrondissement de Saumur|de Saumur]] ([[Arrondissement de Baugé|de Baugé]] avant 1926) et le canton [[Canton de Longué-Jumelles (ancien)|de Longué]] dont elle est le chef-lieu<ref name="cassini" />. | |||
Formes anciennes du nom : ''Longué'' en 1793 et 1801<ref name="cassini">École des hautes études en sciences sociales, ''Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui'', Notice communale de Jumelles (n° 19955), 2007</ref>. Le mot gué vient du latin ''vadum'' ; le bourg primitif s'étant formé à proximité de l'antique gué traversant le Lathan et les marais d'Avoir<ref name="pl-augereau">Pierre-Louis Augereau, ''Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire'', Cheminements, 2004, p. 100-101</ref>. | |||
Son code commune (Insee) est 49180<ref>Insee, ''Code officiel géographique (Longué 49180) '', 2020</ref> et son code postal est 49160. Ses habitants sont appelés Longuéen, Longuéenne<ref name="pl-augereau" />. Sa population est de {{formatnum:4805}} habitants en 1968<ref name="cport-1978" />, de {{formatnum:5756}} habitants en 2012 et de {{formatnum:5711}} en 2017<ref>[[Population de Maine-et-Loire]] ([[Population de Maine-et-Loire/2012|2012]], [[Population de Maine-et-Loire/2017|2017]])</ref>. | |||
== Histoire et patrimoine == | |||
La route romaine d'Angers à Tours traverse à l'époque gallo-romaine les marais d'Avoir. Le ''long gué'' est le passage à travers le Lathan et ses bras secondaires. C'est sur cette voie que se forme l'agglomération. Le ''vicus Thanaïcus'' a son église sous le vocable de Notre-Dame. Le prieuré et l'église à Tenais, dit le Vieux Bourg, sont mentionné au {{XIs}}. Le château est construit avant le {{XIIe}}. Au Moyen Âge, le territoire appartient au comte d'Anjou, puis passe entre diverses mains. Au {{XVIIIs}}, Longué relève de l'élection et subdélégation d'Angers, des baillages de Baugé et de Saumur, du grenier à sel de Saumur<ref name="cport-1978" />{{,}}<ref>Ministère de la Culture, ''Base Mérimée (Ville Longué IA00033781)'', 8 janvier 1992</ref></ref>. | |||
Éléments du patrimoine<ref>Ministère de la Culture, ''Base Mérimée (Longué-Jumelles)'', juin 2012</ref> : | |||
* l'église Notre-Dame, dite église Notre-Dame-de-la-Légion-d'honneur, du {{XIIe}} au {{XVIIIs}}, avec chœur et absidiole sud du {{XIIe}} et clocher du {{XIIIe}}, reconstruite au {{XIXs}} par Delettre ; | |||
* la place est aménagée à la même époque que la reconstruction de l'église. | |||
Le château d'Avoir s'élevait non loin du hameau du même nom, lieu marécageux au confluent du Lathan et de l'Authion. La voie romaine de Tours à Angers y subsistait encore au {{XVIIIs}} sous le nom de chaussée Veillard. Le château, situé au milieu d'une enceinte avec douves et possédé du {{XIIe}} au {{XIVs}} par une famille qui en portait le nom, était le siège d'une importante seigneurie<ref>Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', t. I (A-C), H. Siraudeau et Cie (Angers), 1965, 2e éd. (1re éd. 1874), p. 210</ref>. | |||
Une chapelle, aujourd'hui disparue, se trouvait au village de Chappe, qui faisait partie dès le {{XIIs}} du domaine de l'évêché d'Angers et dont fief dépendait de Ramefort (Blou)<ref>Dictionnaire Célestin Port de 1965 (t. I), ''op. cit.'', p. 663-664</ref>. | |||
== Espace et territoire == | |||
Longué, située au confluent des bassins de l'Authion et du Lathan<ref>Canton de Longué, ''op. cit.'', 1873, p. 7</ref>, s'étend sur {{unité|48.70|km|2}} ({{unité|4870|hectares}})<ref>Dictionnaire Célestin Port de 1978, ''op. cit.'', p. 380</ref>. Son territoire se partage entre les unité paysagères du val d'Anjou et du plateau du Baugeois<ref>''Atlas des paysages de Maine et Loire'', voir [[Liste des unités paysagères de Maine-et-Loire|unités paysagères]].</ref>. | |||
[[File:longue_rue_philippienne.jpg|center|thumb|alt=Carte postale d'une rue du village.]] | |||
== E. Cornilleau (1873) == | |||
<!-- Reproduction du texte de E. Cornilleau. Ne peut être modifié. --> | |||
Extraits de ''Longué'' dans les mémoires de la Société académique de 1873<ref>Florent-Eugène Cornilleau, ''Essai sur le canton de Longué'', dans ''Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire'', Tome XXVII, ''Lettres et arts'', Impr. P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau (Angers), 1873, p. 4-58 ([[Le canton de Longué en 1872|voir]])</ref> : | |||
{{citation|'''Longué.''' | |||
I. LONGUÉ, GROS BOURG DE FRANCE : PÊCHE CONSIDÉRABLE DE SANGSUES. | |||
Voilà ce que nous apprend le ''Dictionnaire géographique universel''. | |||
Bouillet ajoute aux sangsues : les | |||
grains, les fruits, le chanvre et la toile. Pour complément, | |||
nous dirons : Longué, chef-lieu de canton de l'arrondissement de | |||
Baugé (Maine-et-Loire), compte | |||
4,283 habitants, dont un peu plus du tiers aggloméré. | |||
Il s'y tient tous les jeudis un marché important de | |||
vaches, porcs et blé ; quelques foires y attirent une | |||
grande affluence de cultivateurs et de commerçants, | |||
favorisés par la facilité des communications. (...) | |||
La classe ouvrière y est peu nombreuse, et même en | |||
général peu aisée. A la campagne est dévolue la richesse. | |||
Longué, dans l'acception du mot, malgré le titre de ville | |||
qui lui est accordé par des actes de l'autorité, tend donc | |||
de plus en plus à devenir commune rurale. Les questions | |||
à l'ordre du jour sont celles : de la gelée du printemps, | |||
de la coulure, de la grêle, des foins, et quelquefois de | |||
l'inondation menaçante. (...) | |||
Dans ce que l'on nomme la ''ville'', le ''bourg'', rien de | |||
remarquable, sinon trois monuments sur lesquels nous | |||
reviendrons. Dans la campagne, un vieux monastère, | |||
la Cirotière, et surtout un castel délaissé, assez curieux | |||
au dedans, au dehors imposant par sa masse ; c'est le château d'Avoir, | |||
sur la lisière du marais. | |||
Cet antique monument de servitude, à toit aigu, était | |||
la demeure d'un baron. Longué a dépendu pour partie | |||
de la [[Glossaire#B|baronnie]] d'Avoir, et de celle de [[Jarzé]], pour l'autre | |||
partie, avant d'appartenir en entier au marquis d'[[Etiau|Étiau]]. | |||
La terre importante d'Avoir passa avec Étiau, sauf certaines | |||
restrictions, dans les mains de la famille de | |||
Maillé. Elle est en ce moment en celles de {{Mme}} la comtesse | |||
d'Hautefort, née de Maillé. (...) | |||
II. LONGUÉ GÉOLOGIQUE. | |||
(...) Longué est situé au point de jonction, autrement dit | |||
au confluent de deux bassins : le bassin de l'Authion | |||
et le bassin du Lathan. Le bassin de l'[[Authion]] n'est | |||
autre en réalité que l'ancien bassin de la [[Loire]], ''reportée'' | |||
plus tard dans le lit de la Vienne : le bassin du Lathan, | |||
qui commence dans le département d'Indre-et-Loire, à | |||
[[Rillé]], est plus considérable qu'il n'apparaît de prime | |||
abord. | |||
Pour en juger, une position unique est la route de | |||
[[La Pellerine|la Pélerine]] à [[Mouliherne]]. On voit à droite un bassin admirable, | |||
appelé le Pays-Haut. Une foule de petits cours d'eau, | |||
qui forment des bassins secondaires, se réunissent | |||
à la branche principale du Lathan. Elle se partage | |||
elle-même plus bas en deux branches, se jetant | |||
dans l'Authion entre [[Beaufort-en-Vallée|Beaufort]] et Longué. | |||
Quant au bassin allongé et étroit de l'Authion, un | |||
seul côté se trouve du côté de Longué, puisque cette | |||
rivière le sépare des [[Les Rosiers-sur-Loire|Rosiers]], de [[Saint-Clément-des-Levées|Saint-Clément]] et de | |||
[[Saint-Martin-de-la-Place|Saint-Martin]]. On la traverse par trois ponts en pierre : | |||
les ponts Saint-René, du Petit-Port, qui seul a résisté | |||
à l'inondation de [[1856]], et de Frène, non loin | |||
d'une chapelle dont la cloche s'entend de Longué. | |||
Les terres situées sur la rive de l'Authion sont bonnes | |||
pour la plupart. Près du pont Saint-René se trouvent | |||
les marais d'Avoir, partagés (1843-1854) jusqu'à concurrence | |||
des deux tiers entre les anciens usagers. La | |||
famille de Maillé, par suite du cantonnement, s'est réservé | |||
le meilleur tiers, affranchi du droit de parcours. | |||
On voit près de là, au pont Saint-René, l'ancien grenier | |||
des rentes des hospices, et sur l'autre rive de l'Authion | |||
le parc aux sangsues, fondé par {{Mme}} Girardeau, | |||
née Baugé, sœur du célèbre poète produit par Vernoil ! | |||
Sur notre rive sont les terres de ''Chape'', avec les ruines | |||
d'une chapelle existant avant la Révolution, et dont | |||
Cassini, nous ne savons pourquoi, fait une succursale. | |||
C'était bien une simple chapelle sous l'invocation de saint | |||
René, et à la présentation du seigneur d'Avoir. On doit | |||
dire que dans les anciens documents, tout ce canton, | |||
même en se rapprochant du Petit-Port, porte le nom de | |||
''Chapes''. | |||
On arrive ensuite vers Saint-Martin aux terres légères | |||
de la Gilbardais, ou Gilberdaye dans les vieux titres. | |||
De notre côté sont les roseaux, de l'autre les bâtiments | |||
de la Poupardière, fastueuse maison de plaisance de | |||
MM. Mayaud, marchands de chapelets. La Gilbardais | |||
se fond avec les Montaux, et joint [[Vivy]] au sud. | |||
A l'est, on touche [[Neuillé]], [[Blou]], [[Saint-Philbert-du-Peuple|Saint-Philibert]]. Là, | |||
les terres qui étaient devenues meilleures du côté des | |||
deux premières communes, se remplissent de gravier. | |||
C'est qu'on est arrivé aux anciens cours d'eau, d'une | |||
époque antérieure au Lathan. | |||
Les terres s'améliorent un peu en allant vers Jumelles, | |||
au nord-est ; [[Brion]], au nord ; Beaufort au nord-ouest. | |||
On ne trouve de bonnes terres qu'à l'ouest, en se rapprochant | |||
de l'Authion ; mais on tombe bientôt dans les | |||
marais, renommés pour les canards et les sangsues ! | |||
Il sera facile maintenant d'étudier la géologie de Longué. | |||
Les bassins du Lathan et de l'Authion sont encadrés | |||
par les terrains crétacés (terrains secondaires), surmontés | |||
en quelques endroits de grès, de calcaire d'eau | |||
douce, etc. (terrains tertiaires) et d'alluvions. On trouve | |||
ce terrain crétacé à Brion, La Pélerine, Vernoil, Vernantes, | |||
Longué est, Blou, Neuillé, puis à Saumur, les | |||
Tuffeaux, Gennes, etc... Là se voient sur le coteau les | |||
terrains tertiaires, et à la base le terrain jurassique, sous | |||
le terrain crétacé. | |||
Longué ne présente pas de terrain plus ancien que le | |||
terrain crétacé. Les terrains tertiaires ont même disparu, | |||
par suite de dénudations produites par la même | |||
cause que les alluvions quaternaires. C'est dans ces derniers | |||
terrains, dits aussi terrains diluviens, et dans des | |||
alluvions modernes, que Longué se trouve situé, sauf | |||
pour la partie crétacée, touchant à l'est la ville. | |||
Il n'est pas temps de traiter des curieux lacs tertiaires | |||
de la Pélerine, Méon, Mouliherne et du ''bassin du Lathan'', | |||
circonscrit par le terrain crétacé, sauf vers le sud. | |||
Nous dirons seulement que la bande circulaire, ou plutôt | |||
ovale, de terrain crétacé ci-dessus tracée, semble marquer | |||
les rives d'anciens lacs tertiaires à fond en partie | |||
dénudé, mais où serpentent actuellement l'Authion et | |||
surtout le Lathan, avec ses branches et ses petits affluents. | |||
Le Lathan, sur des cartes antiques, à partir du point | |||
nommé Longué, se partage en un grand nombre de | |||
petits filets d'eau, qui forment un delta. Leurs embouchures | |||
s'ouvrent dans la Loire, dont le lit est actuellement | |||
occupé par l'Authion. On voit, figurée sur le bord, | |||
la voie des marais qui, prolongée par Vivy et Allonnes, | |||
se rend à Bourgueil. | |||
Mais une autre voie, comme nous le verrons, mettait | |||
plus haut en communication ce Longué avec ''Angers'', | |||
par Brion, et avec ''Tours'' par Blou. Depuis ces | |||
temps reculés, un certain nombre de filets d'eau a été | |||
supprimé : l'examen des lieux ne peut laisser aucun | |||
doute à cet égard. | |||
Parmi les courants qui existent encore, le plus ancien | |||
est celui qui passe dans les prées de Longué, et | |||
dont le fond est caillouteux. Il est encaissé de façon à ne | |||
pas avoir besoin de [[turcie]]s : on lui donne encore le | |||
nom de ''Vieux-Lathan''. Le cours d'eau qu'on qualifie en | |||
ce moment de ''Lathan'' est à fond vaseux, et coule de la | |||
ville au bourg, presque en ligne droite ; on y trouve les | |||
usines importantes de Longué, qui ont remplacé de | |||
très-anciens moulins existant en 1241. | |||
On remarque que ce dernier cours d'eau est bordé de | |||
turcies, qui ne sont autre chose que des levées en miniature, | |||
ayant pour but d'empêcher l'eau de suivre sa | |||
pente naturelle. Cette pente entrainerait toute la masse | |||
des eaux dans la vaste portion de Longué, désignée sous | |||
le nom de prées et de marais. | |||
Il est donc de toute évidence qu'il a été fait autrefois | |||
un travail de desséchement. On a cherché à retenir dans | |||
des lieux plus élevés, plus habitables, les eaux qui se | |||
sont trouvées assainies ; elles ont pu faire mouvoir dès | |||
lors les roues de nombreux moulins, ressource précieuse | |||
pour la population et le commerce. | |||
A quelle époque ce travail a-t-il été fait ? Malgré des | |||
recherches rendues urgentes, à raison des intérêts récemment | |||
lésés des meuniers, aucune date n'a pu être | |||
retrouvée. C'est que, si les seigneurs ont pu régulariser | |||
les turcies, en 1547, l'origine première en doit remonter | |||
peut-être à l'époque gallo-romaine. Nous nous expliquerons | |||
plus loin. | |||
Outre le Vieux-Lathan, souvent à sec, et le Lathan | |||
actuel, existe une autre branche, dite des Montils, et | |||
qui prend dans la partie inférieure de son cours le nom | |||
de Curée. Cette branche se sépare de notre Lathan à la | |||
Rose, ancienne auberge, en aval et à peu de distance du | |||
moulin de la ville. Ce bras, beaucoup plus contourné | |||
que le Lathan, va pour ainsi dire à la dérive sans avoir | |||
besoin d'autant de turcies. Il se jette dans l'Authion à | |||
cinq cents mètres environ de l'embouchure du Lathan, | |||
en Beaufort. | |||
La branche du Vieux-Lathan n'a jamais eu à Longué | |||
que peu d'importance. Le Lathan l'absorbe promptement, | |||
et finit par se perdre lui-même dans l'Authion, | |||
en Longué, au Bois-du-Long, près des marais d'Avoir. | |||
Certains travaux ont régularisé cette embouchure, où se | |||
concentre la plus grande masse des eaux du Lathan, | |||
venant surtout du moulin de la ville. | |||
Il est vrai qu'au-dessous du moulin, à la Rose, se fait | |||
un partage qui doit donner le tiers des eaux à la | |||
''branche'' des Montils ; mais une partie de ces eaux par | |||
des déversoirs, et au-dessous du Breil, revient au Lathan ; | |||
puis la branche traverse des terres moins riches, | |||
et, de ce côté, l'on ne doit pas chercher les agglomérations, | |||
les usines douées de vitalité ; que sont même les | |||
marais des Montils auprès des marais d'Avoir ? | |||
En examinant les terres crétacées de l'est de Longué, | |||
les terres quaternaires du sud (la Gilbardais, les Montaux), | |||
du nord et du nord-ouest (Athée, les Montils), on | |||
acquiert la conviction que les premiers établissements | |||
certains ont eu lieu dans les terrains modernes d'alluvion. | |||
Ces terres meubles se voient précisément entre les | |||
points que nous avons indiqués, à partir du moulin de | |||
la ville jusqu'à l'extrémité du bourg. La Rigauderie est | |||
le point où reparaissent les sables quaternaires, et où | |||
finissent les habitations agglomérées. | |||
Le Lathan est donc la rivière de Longué. ''Longué'' est un | |||
bienfait du fleuve, ainsi que son nom l'indique si énergiquement. | |||
La population se presse avec amour sur ses | |||
rives tranquilles, qu'il prend lui-même plaisir à multiplier. | |||
Il abreuve les jardins, les pâturages ; ses turcies | |||
sont imprégnées de l'odeur suave des foins. L'Authion | |||
a ses marécages, la fièvre, et fait songer déjà à l'inondation... | |||
Pourquoi ne le dirions-nous pas ? Nous, paisibles | |||
citadins, nous voyons avec défiance les âpres riverains | |||
de fleuves plus puissants que le nôtre, et qui | |||
nous menacent déjà de l'invasion. | |||
Faisant trève à des préoccupations qui trouveront | |||
leur place plus loin, disons quelques mots de ces vingt | |||
à trente monticules de Longué en sable fin, ayant au | |||
plus chacun dix mètres de haut, sur cent mètres de | |||
large. C'est au sud-est de Longué que sont situés les Montaux, | |||
sur lesquels on a trouvé plusieurs tombeaux de | |||
briques et de pierre coquillière, mais sans autres restes | |||
antiques. Ils semblent circonscrire une enceinte de trois | |||
à quatre kilomètres de long sur un de large. Ce sont | |||
sans doute les bords d'une ancienne flaque, dont nous | |||
parlerons plus tard. Ils paraissent s'aligner assez exactement | |||
avec d'autres monticules ; et cette ligne, un peu | |||
éloignée de l'Authion, lui est parallèle. On suit des | |||
traces qui se confondent à la fin avec les Montils, du | |||
côté de Beaufort. Ne sont-ce pas les marques de courants, | |||
plus tumultueux encore que ceux de la Loire, et | |||
se rattachant aux phénomènes de l'époque quaternaire ? | |||
On peut remarquer : des restes importants de cours | |||
d'eau à la ferme de la Fosse, qui a passé des mains de | |||
M. Ferrière, sous-préfet, en celles de la famille Le Chat ; | |||
un monticule allongé près de la ferme du Marais, où des | |||
tombeaux en pierre sont trouvés ; et d'autres monticules, | |||
dits les Peu, à l'ouest de Longué. | |||
Il résulte de ce qui précède que le ''géologue'', pour | |||
faire une riche moisson de fossiles, doit tourner ses pas | |||
du côté du terrain ''crétacé''. Le savant {{abréviation|Alcide d'Orbigny|Alcide Dessalines d'Orbigny (1802-1857)}} a divisé ce terrain en étages, qui ne sont pas universellement | |||
admis. Le terrain crétacé de Longué est l'étage | |||
{{abréviation|cénomanien|premier étage stratigraphique du Crétacé supérieur}} (du Mans). Cet étage est recouvert, du côté | |||
de Blou, par l'étage {{abréviation|turonien|deuxième étage stratigraphique du Crétacé supérieur}}, tuffeau. Pour d'autres, | |||
c'est simplement le terrain crétacé inférieur ; la craie proprement | |||
dite, de Paris et de la Champagne, constitue le | |||
terrain crétacé supérieur. | |||
On trouvera donc à Longué, et l'on voit en effet, des | |||
fossiles de l'étage cénomanien : ''ostrea columba'', enchâssée | |||
dans des plaques de grès vert ; ''ostrea biauricularis'', | |||
en abondance dans les vignes ; ''rhynchonella compressa'' | |||
(petit pigeon), route ancienne de Vivy, etc... | |||
En cherchant, on trouverait des ammonites dans les | |||
excavations. | |||
Les vignes, dont nous venons de parler, produisent | |||
d'assez bons vins blancs, et surtout des fruits de toute | |||
espèce. C'est le côté élevé de la commune. Chaque petit | |||
ménage de la ville a là sa petite vigne, son petit verger ; | |||
mais le jardin est en bas, sur les bords chéris du Lathan. | |||
Le ''botaniste'' recherchera le terrain quaternaire de la | |||
Gilbardais et des Montaux. Il trouvera : des plantes rares | |||
sur des sables, sur une couche mince de terre maigre, | |||
recouyrant des graviers ferrugineux appelés mâchefer ; | |||
çà et là des bouquets de sapins, et une population agricole | |||
qui n'a plus la physionomie des habitants de la | |||
campagne de Chape, ni même de celle des Montils. | |||
C'est dans ces derniers cantons, que se déploient | |||
toutes les combinaisons d'une culture devenue savante : | |||
citons seulement le froment, le chanvre, de nombreux | |||
élèves de bestiaux, et d'assez bons foins dans le marais. | |||
Longué possède d'excellents bois de construction, | |||
bois dur et bois blanc. Le noyer n'y manque pas ; il sert | |||
avec l'aune en partie à la confection de sabots. Ne citons | |||
que pour mémoire : du fer sulfuré blanc dans les alluvions, | |||
ainsi que des lignites, du côté de Jumelles ; il n'y | |||
a vraiment pas de produits métallurgiques à Longué, | |||
et la ''cosse'' (grès vert) n'y est qu'une pierre de construction | |||
défectueuse. | |||
Nous sommes tributaires, pour nos constructions qui | |||
commencent à se multiplier, d'Allonnes (tuffeau blanc). | |||
Anciennement on s'est servi du tuffeau blanc de Blou, | |||
puis ensuite du tuffeau gris des bords de la Loire, sujet | |||
à se salpêtrer. On met à la base des pierres de Champigny, | |||
près Saumur (calcaire d'eau douce). Brossay nous | |||
fournit sa chaux hydraulique (lias) ; Vernantes et Mouliherne, | |||
leur chaux ordinaire (calcaire d'eau douce). | |||
On se promène peu à Longué. Autrefois on avait une | |||
tendance à se porter en foule, le dimanche, vers la prée | |||
de Longué, qu'on traverse par la turcie dite de l'Abbesse. | |||
On dansait même dans la prée, quand le foin était enlevé. | |||
Bien peu ont conservé ce souvenir. | |||
Si l'on tient à connaître quelque chose de l'état sanitaire, | |||
nous dirons que l'influence paludéenne préserve | |||
de la phthisie pulmonaire. En revanche, les fièvres et | |||
même les épidémies meurtrières ne sont pas rares. Les | |||
vieillards très-âgés sont pourtant assez communs. Indiquons | |||
enfin un tremblement de terre à Longué, 19 novembre | |||
1817, deux heures du matin. | |||
III. LONGUÉ ARCHÉOLOGIQUE. | |||
Il est toujours de mauvais goût de trouver une importance | |||
exagérée aux monuments de son lieu d'origine, | |||
de tomber en admiration devant un cordon de briques, | |||
un cintre ou une ogive ; nous ne donnerons pas | |||
dans cet écueil. | |||
Mentionnons d'abord deux constructions avant d'arriver | |||
à l'église, à la cure, à la mairie, toutes trois contemporaines. | |||
Ces monuments étaient : la vieille église ; | |||
les débris du château de Longué, au-delà du pont d'Avoir, | |||
près de la mairie, et qui viennent de disparaître. Quant | |||
à la vieille église, nous en dirons ici quelques mots, ne | |||
serait-ce qu'à titre de bon souvenir, sauf à ajouter plus | |||
tard des détails historiques. | |||
Quand M. Hubert, curé de Mouliherne, fut, il y a | |||
plus de vingt ans, nommé curé de canton à Longué, | |||
son cœur ''se serra'' en entrant dans la vieille église. Il | |||
était habitué à officier dans la belle église de Mouliherne, | |||
régulière et en bel air ; il se trouva confiné à l'extrémité | |||
de la ville, au bourg, en un coin où il n'était « vu que | |||
de Dieu. » Dans un opuscule devenu rare malheureusement, | |||
il qualifia l'édifice de masure et de grange. | |||
L'église encore, dans son style imagé, c'était une | |||
vieille personne, superbement coiffée, avec une manche | |||
trop étroite, et une manche trop large faite sur un | |||
autre patron. | |||
Il était évident qu'après cela l'église était condamnée. | |||
Malgré quelques détails charmants d'architecture à sacrifier, | |||
le regret bien naturel de voir disparaître un | |||
monument solide, quoi qu'on en dise, et qui avait été témoin | |||
de tous les actes importants de la vie de nos ancêtres, | |||
il fallait se résoudre à voir éleyer, à la place, une | |||
grande maison blanche comme celles de Saint-Clément | |||
et autres lieux. | |||
Heureusement, M. le curé, qui avait la volonté inébranlable | |||
de détruire, avait aussi le désir de faire bien | |||
les choses. Des loteries de calices et de bréviaires, des | |||
quêtes, lui permirent d'asseoir son œuvre au grand air, | |||
bien entendu comme à Mouliherne. Mais l'énorme tension | |||
de sa volonté l'avait tué : les murs s'élevaient de | |||
terre, quand il mourut à la peine. On lui choisit un | |||
successeur. (...) | |||
A M. le curé X..., littérateur moins distingué, mais | |||
qui sut habilement remplacer la volonté par la tenacité, | |||
était destiné l'honneur de réaliser, — à l'aide des fonds | |||
de la commune, — l'idée grande de son devancier. | |||
(...) | |||
Quelle est la valeur du monument ? | |||
Sans esprit de dénigrement comme sans engouement, | |||
nous devons dire : que si l'extérieur, avec ses clochetons, | |||
avec sa tour unique juchée sur un escalier démesuré, | |||
blesse assez cruellement les yeux de l'artiste, l'intérieur | |||
fait revenir de la première impression. | |||
Nous ne nous arrêterons pas à discuter ce pastiche | |||
gothique, à peu près du {{XVe}} siècle ; ni les autels, chaire, | |||
confessionnaux, maison Choyer et {{Cie}}, l'orgue et les | |||
trois cloches ; nous avouerons même que l'architecte a | |||
atteint en grande partie son but : inspirer, dès l'entrée, | |||
le recueillement. Des voûtes élevées, de belles colonnes, | |||
d'élégants vitraux, surtout dans le fond cette chapelle de | |||
la Vierge qu'on entrevoit, suggèrent le sentiment de | |||
pieuse rêverie imprimé par nos aïeux à leurs œuvres. (...) | |||
On avait une église ; il fallait naturellement une cure. | |||
On a eu une cure, à peu près gothique. Là était le | |||
danger... (...) | |||
Une place, en face de la mairie, est du plus précieux | |||
secours pour les marchés. Dans une localité aussi commerçante | |||
que Longué l'encombrement était excessif, | |||
plein de dangers. Citadins et ruraux paieront certes : | |||
leurs fils admireront leurs œuvres. | |||
Ce n'est pas tout. Pour réaliser ses plans, M. le curé | |||
a fait élever sans la commune un bel établissement de | |||
Frères, sorte de pendant à la cure ; puis près du Lathan | |||
un bel hôpital à l'aide de dons, de quêtes, surtout | |||
du concours de ses collègues de la Légion-d'Honneur. | |||
Ils avaient déjà payé les vitraux de l'église. Ces vitraux | |||
reproduisent une profusion de croix de la Légion-d'Honneur, | |||
et, avec les quatre Évangélistes, Clovis et sa framée, | |||
saint Martin et son manteau, etc., au-dessus du | |||
sanctuaire, les traits de M<sup>gr</sup> Angebault, de M. Hubert et | |||
de M. le curé. (...) | |||
Après ces détails émouvants, sur des faits dont nous | |||
n'avons pris que la fleur, il suffit de signaler à la hâte : | |||
des gentilhommières habitées par des paysans, le Breil | |||
et la ferme du Marais, non loin d'Avoir ; dans la ''grasse'' | |||
campagne, au sud, les châteaux modernes de la Hurtauderie | |||
et de la Chouanière, occupés par MM. Godron | |||
et Torterue de Sazilly ; dans la ''maigre'', le grand bâtiment | |||
de la Gilbardais, au nord-est Athée, domaine des | |||
familles Lebascle et Masseille de Millon, avec de belles | |||
charpentes, non loin de Refrous, plaine souvent submergée. | |||
Nous avons mentionné déjà le château d'Avoir, sur | |||
lequel nous reviendrons. Le bourg, assez bien bati, | |||
possède quelques logis dont nous parlerons en même | |||
temps que du domaine de la Rigauderie ; la ville offre | |||
d'anciennes auberges, quelques maisons de buurgeois | |||
avec pignon sur rue, et plusieurs belles habitations modernes | |||
(Locheteau, fils, Denet, etc.). Entre le bourg et | |||
la ville, le petit château de Placé où est bâtie l'église, a | |||
appartenu successivement aux de Cumont (suivant M. | |||
Locheteau), Gauthier, de Longueval-d'Harancourt. Il a | |||
été récemment démoli et remplacé par une maison moderne, | |||
dont s'est rendu locataire M. le maire, comte de | |||
Maillé, en attendant mieux. Mais il est indispensable de | |||
dire quelques mots de la Cirotière, dont on aperçoit les | |||
constructions élevées près de Longué, sur la route de | |||
Saint-Philbert. | |||
Cet édifice date du {{XVe}} siècle, aussi bien que la Roche, | |||
près de la belle maison Guinebert, et les divers bâtiments | |||
de la Chenaie ou Petite-Gestrie, occupés en grande | |||
partie par M. le notaire Senil, à côté de la maison Locheteau. | |||
La portion la plus remarquable de la Cirotière, | |||
au point de vue archéologique, est la chapelle avec de | |||
belles voûtes et une fenêtre en style flamboyant. On | |||
remarque aussi quelques détails charmants d'architecture | |||
sur la tour carrée, occupée par l'escalier et à peu | |||
près identique à la tour de la Chenaie (maison Senil). Un | |||
bâtiment ayant aussi dépendu de la Chenaie, et qui | |||
forme presque le coin de la petite rue de Salvert, présente | |||
les appendices en crochets, caractéristiques des | |||
pignons de la Cirotière. Le tout est donc sorti de la | |||
même main. | |||
Lors de notre visite récente à la Cirotière, nous avons | |||
remarqué une muraille de fortification à l'ouest, flanquée | |||
de deux tours carrées. Cette muraille, aujourd'hui | |||
ruinée, défendait l'esplanade ; elle présente le caractère | |||
qu'on a nommé petit appareil, avec des cordons, non | |||
de briques, mais de pierres plus larges, régulièrement | |||
espacés. Il nous semble impossible de donner à cette | |||
curieuse muraille une date plus récente que le {{XIIe}} siècle ; | |||
mais elle peut être plus ancienne. | |||
La Cirotière, ainsi que sa magnifique grange de | |||
dîmes la Roche, plus éloignée et jointe à la Chenaie | |||
par un souterrain, appartenaient, avec bien d'autres | |||
domaines, à l'abbaye de Louroux, fondée et dotée | |||
par les comtes d'Anjou dans le {{XIIe}} siècle. La muraille | |||
dont nous parlons, avec d'autres fondations anciennes | |||
visibles encore, peuvent être les restes de l'établissement | |||
primitif des moines, à moins qu'ils n'aient fait | |||
qu'élever des constructions nouvelles sur les débris | |||
d'une villa gallo-romaine. Il est certain, du moins, que | |||
les nombreux tombeaux qu'on découvre sans cesse à la | |||
Petite-Roche, non loin de là, reportent à une époque | |||
bien aniérieure aux {{XVe}} et {{XVIe}} siècles. | |||
Les fragments de tombeaux par nous ramassés sur | |||
l'éminence sablonneuse de plus d'un hectare, offrent | |||
une ressemblance frappante avec les tombeaux monolithes, | |||
en pierre coquillière, de Chenehutte, et de la place | |||
du Ralliement. On est amené à faire un rapprochement | |||
entre ce vieux champ de mort et l'''ancienne'' construction | |||
carrée de la Cirotière, fortifiée et entourée de larges | |||
douves aujourd'hui à peu près comblées ; les bâtiments | |||
du {{XVe}} siècle sont relativement modernes. | |||
La Cirotière passa, vers le {{XVIe}} siècle, des mains des | |||
moines du Louroux en celles de la famille d'Harcourt ; | |||
c'est maintenant la propriété d'un paysan, qui trouve | |||
dans la chapelle un abri fort commode pour son foin. | |||
Cette chapelle gracieuse aurait vu d'ailleurs d'autres | |||
profanations, puisqu'il paraît probable que les Protestants, | |||
qui ont tenu garnison à Beaufort et à Longué, | |||
se sont maintenus quelque temps à la Cirotière (''sirerie''). | |||
IV. LONGUÉ HISTORIQUE. | |||
L'origine de Longué ne se perd pas dans la nuit | |||
des temps ; et encore faut-il s'expliquer, en mettant un certain | |||
ordre dans un travail, pour lequel nous n'avons eu aucun guide. | |||
{{abréviation|§|paragraphe}} 1{{er}}. — Une pierre celtique, appelée menhir ou | |||
peulvan, ou encore pierre-fite, se trouve dans la commune | |||
de Longué, du côté de la Lande-Chasle. De plus, | |||
la carte antique de Robert de Vaugondy indique un | |||
poste romain, à l'endroit occupé maintenant par Longué. | |||
Aussi d'Anville ainsi que Reichard et Lapie ont-ils placé | |||
aux Ponts-de-Longué (ville de Longué), le siége de la | |||
station Robrica, de la Gaule-Lyonnaise III{{e}}, sur la route | |||
d'Angers (''[[Juliomagus]]'') à Tours. | |||
Des découvertes plus récentes permettent d’élucider | |||
la question, en donnant une certaine probabilité à l'opinion | |||
de d'Anville , repoussée par des auteurs qui sont | |||
loin de s'entendre, puisqu'ils ont proposé cinq ou six | |||
endroits différents. | |||
On est parvenu dernièrement, à l'aide des amorces | |||
de voies qui ont été retrouvées, à reconstituer le système | |||
des voies principales de tout ce pays. Une voie | |||
romaine passait par Linières, Vernoil, la Breille, Brain | |||
et Varennes, mettant en communication le ''Mans'' et | |||
''Poitiers'' ; une autre voie par Brion, la Lande-Chasle, | |||
Mouliherne, Breil et Rillé, joignait ''Angers'' à ''Tours''. | |||
Voilà quelles étaient les voies les plus directes, et sans | |||
doute les plus anciennes. La voie de Brion existait encore | |||
en 1290, puisque {{abréviation|Guillaume Le Maire|Guillaume III Le Maire}}, élu évêque | |||
d'Angers, la prit pour aller à Tours. | |||
Mais il y avait une voie de Brion par Longué-est, à | |||
Blou, Vernantes et Tours sans doute ; une autre voie | |||
encore allait de Saint-Pierre-du-Lac, par les fermes de | |||
la lisière du marais : la ''Touche-Bruneau'', le Bois-du-Long, | |||
la Butte, partie nord de la ''Fosse'', la ''Croix-Patée'', | |||
à Vivy, près du gué d'Arcis, puis jusqu'à Bourgueil. | |||
Enfin, il parait certain que de Longué partait un | |||
embranchement sur Vivy. | |||
Le mieux conservé des tracés, sans doute parce qu'il | |||
est le plus récent, est celui qui passe par toutes ces | |||
fermes. Quant aux autres voies, M. de l'Etoile, à la | |||
Lande-Chasle ; M. Lair, à Blou ; M. David, fils, à Brigné, | |||
près Vernantes, etc., ont reconnu des restes incontestables | |||
de leurs dalles. Enfin Longué, à une époque | |||
très-ancienne, a été relié à Saint-Pierre par Avoir, | |||
à Mouliherne et à Vernoil, ainsi qu'il est facile de s'en | |||
convaincre. | |||
Il résulte de ce qui précède, en laissant même à l'écart | |||
la question géologique, qui sera traitée en temps et lieu : | |||
qu'une ''première ligne'' de petits centres se trouvait sur | |||
les bords de courants ou d'eaux stagnantes. Elle est | |||
constituée par Saint-Pierre-du-Lac, Brion, la Lande-Chasle, | |||
Mouliherne, Vernoil, Ponts-de-Longué, Blou, | |||
Neuillé, Vivy. C'est l'époque gauloise, puis romaine. Il | |||
existait alors une sorte de golfe, assez régulièrement | |||
dessiné, entre le plateau passant par Cuon, Mouliherne | |||
et la Pélerine, bornant au nord la vallée du Lathan, et | |||
l'autre plateau plus au sud, de Vernoil, la Breille et Blou, | |||
séparant à cet endroit la vallée du-Lathan de celle de la | |||
vraie Loire. Ce golfe communiquait naturellement avec | |||
le grand courant du sud-ouest. | |||
Est venue ensuite, par suite du retrait des eaux, aidé | |||
du travail de l'homme : la deuxième ligne de Beaufort, | |||
Longué, dont l'origine est connue. La profondeur du | |||
golfe avait diminué. C'est à peu près l'époque {{abréviation|carlovingienne|Carolingiens (ou Carlovingiens jusqu'à la fin du XIXe siècle)}}, | |||
dont la voie des marais est un monument. Les | |||
derniers centres dont nous venons de parler ont alors | |||
commencé à exister, tous les deux surtout comme | |||
prieurés. | |||
Enfin, est arrivée, par suite du retrait plus complet | |||
des eaux, ou plutôt d'un travail humain plus puissant, | |||
la ''troisième ligne'', à peu près droite : celle des levées de | |||
la nouvelle Loire. Nous en connaissons bien la date : | |||
elle a été créée à partir d'[[Plantagenêt|Henri II Plantagenet]] jusqu'à | |||
la fin du règne de {abréviation|Philippe de Valois|Philippe VI de Valois}} (1160-1350). C'est | |||
l'époque de la décadence des centres de la première | |||
ligne, qui sont effacés par ceux de la deuxième ligne, | |||
tandis que prennent naissance et se développent les | |||
centres de la troisième ligne. Ceux-ci, de nos jours, sont | |||
en progrès, à cause de la fertilité plus grande de leur sol | |||
et de la facilité des communications. | |||
En voilà des exemples frappants. Le bourg des Rosiers, | |||
actuellement si riche, n'avait que 200 habitants | |||
en 1267 ; ce sont les chanoines du chapitre d'Angers | |||
qui bâtirent l'église Notre-Dame, en juillet 1260. Les | |||
granges de Trèves, Cunault, et le prieuré Saint-Marc du | |||
Moul (1303), sont même postérieurs. Quant à Saint-Lambert-des-Levées | |||
et Saint-Martin-de-la-Place (''Platea''), | |||
dont il est question dans le {{XIe}} siècle, ce n'était | |||
que des hameaux au milieu des premiers défrichements | |||
des moines de Saint-Florent. Ils datent comme paroisses, | |||
le premier du 19 décembre 1528, le second du | |||
25 octobre 1501. Saint-Clément n'eut de desservant qu'en | |||
1693, et Saint-Mathurin que le 30 avril 1707. La Menitré | |||
ne put en obtenir en 1734, et dépendit longtemps | |||
des Rosiers. | |||
Il est certain que ces petits centres ont longtemps | |||
été dominés par ceux du coteau, qui en forment la lisière ; | |||
mais on avait tiré de ce fait des conséquences erronées. | |||
Maintenant qu'il est prouvé de la manière la plus incontestable, | |||
par des découvertes récentes, qu'il existait | |||
des établissements romains permanents et même militaires, | |||
avec des voies, à Saint-Pierre-du-Lac, Brion, la | |||
Lande-Chasle, Blou, Vivy, etc., on reconnait combien | |||
on avait fait de suppositions gratuites. On prétendait | |||
qu'il n'avait existé de centres que sur le coteau, au pied | |||
duquel coule la nouvelle Loire ; et sur la rive droite, on a | |||
trouvé pourtant des vestiges d'établissements plus importants | |||
que ceux de la rive gauche, des débris de | |||
toute nature, et comme à Vivy, jusqu'à des monnaies | |||
d'empereurs romains. M. le docteur Ridard n'a-t-il pas | |||
fait connaître aussi une riche découverte de médailles | |||
romaines à Corné ? | |||
Mais on a trouvé même à Longué plusieurs tombeaux | |||
de briques sur les Montaux, — sans parler des tombeaux | |||
de la Petite-Roche, en pierre coquillière, compris dans | |||
le vaste espace dont nous avons vérifié l'horizon : Longué | |||
nord, la Cirotière est, Blou sud, Longué-bourg ouest. | |||
On voit surtout que des Ponts-de-Longué (pont sur le | |||
Lathan, pont d'Avoir), rayonnent des voies dont on a | |||
reconnu les tracés. | |||
Ces considérations, sans résoudre toutes les difficultés, | |||
notamment celles de la {{abréviation|carte de Peutinger|table de Peutinger}} et des distances, | |||
permettent d'adopter l'opinion de d'Anville, que | |||
tant d'essais d'alignement n'ont pu réfuter peut-être. | |||
Dans ces essais, on n'a pas tenu suffisamment compte | |||
de la distribution des eaux à cette époque, ni de la facilité | |||
de communications entre des centres comme Angers, | |||
Tours, le Mans, Poitiers. | |||
Longué, ou plutôt le lieu dit Ponts-de-Longué, a donc | |||
été un poste, à l'époque gallo-romaine sans doute, puis | |||
sûrement au moyen âge, ainsi que des titres et des | |||
ruines le démontrent. Nous croyons même que c'est | |||
faute d'avoir étudié cette distribution des eaux et la nature | |||
des terrains, qu'on est tombé dans la confusion. | |||
On n'a pas surtout tenu compte de ce fait, savoir : | |||
que les centres les plus anciens doivent être recherchés | |||
au versant des plateaux de Baugé et de Vernoil, sur les | |||
bords de l'enfoncement abandonné graduellement par | |||
les eaux, ''courants'' ou ''eaux stagnantes''. | |||
Il fallait laisser de côté tout ce qui a été dit des levées | |||
de la Loire, ''construites par les Romains et réparées par'' | |||
''Brunehaut''. Ceux qui ont traité ces questions, — sauf | |||
un auteur qui croit reconnaître dans le nom de la ''Touche-Bruneau'', | |||
les traces du travail de cette reine célèbre, | |||
— parlent des levées actuelles, fondées par | |||
{{abréviation|Henri II|Henri II Plantagenêt (1133-1189)}}, le puissant comte d'Anjou, roi d'Angleterre, | |||
dont nous possédons une célèbre charte, sur la corporation | |||
des travailleurs. On pourrait même faire honneur | |||
de ces levées à Philippe de Valois, ancien comte d'Anjou, | |||
qui certainement les a régularisées. | |||
Au {{XIe}} siècle, quoique ce fait ait été contesté, il est | |||
présumable que la Loire, comme nous le verrons, coulait à Mazé, | |||
dans son lit normal. Elle n'a été reportée | |||
définitivement dans celui de la Vienne, à Saint-Florent | |||
au-dessous de Saumur, que vers le {{XIe}} siècle, et encore | |||
à la suite peut-être du cas fortuit d'une grande inondation, | |||
c'est-à-dire au plus tôt du temps de {{abréviation|Geoffroy-Martel|Geoffroy II d'Anjou (1006-1060)}}, | |||
fils de {{abréviation|Foulques-Nerra|Foulques III d'Anjou (970-1040)}}. Il existe encore entre Beaufort et | |||
la Menitré, près de l'Authion, des maisons antiques qui, | |||
suivant les chroniques, étaient situées au bord de la | |||
Loire, et même quelques traces du port de Saint-Pierre-du-Lac | |||
(port fondu, où l'on a trouyé des haches de pierre | |||
verdâtre). | |||
Mais ce fleuve, grossi par des affluents dont le plus | |||
important devait être le Lathan, était sujet à des débordements | |||
continuels, qui laissaient d'immenses flaques. | |||
Il ne peut donc être nié qu'il s'agissait alors de sauver | |||
des eaux, ce pays, dont on reconnaissait déjà la fertilité, | |||
de supprimer surtout des marécages pestilentiels. De | |||
travaux proportionnés à la grandeur du but, sauf la | |||
voie dite romaine, qui court sur la lisière des marais, | |||
prolongée par Allonnes vers Bourgueil-en-Vallée, il ne | |||
reste pas même le souvenir. Le gigantesque travail, | |||
du {{XIIe}} au {{XIVe}} siècle, sur les bords de la Vienne et de la | |||
Loire réunies, l'a effacé. | |||
En suivant toutefois le tracé entier de cette première | |||
levée, en constatant ses nombreuses brèches faites par | |||
les eaux, on trouve juste la définition de Ménage, — qu'il | |||
est plus facile de critiquer que de réfuter, — de cette | |||
voie : une ''levée ruinée''. Cette levée est large et si puissamment | |||
empierrée, que la commune de Longué l'a | |||
utilisée en partie pour la route des Rosiers, et a recouru, | |||
dans d'autres endroits, à ses cailloux pour réparer | |||
des chemins. | |||
Cette première levée ne mérite donc pas l'oubli : elle | |||
a eu ses groupes de travailleurs, comme la levée plus | |||
grandiose qui lui a succédé. Beaufort, Longué ont précédé | |||
et préparé Saint-Mathurin, les Rosiers et Saint-Clément. | |||
§ 2{{e}}. — On peut maintenant exposer l'origine de | |||
Longué, en commençant par le bourg, et en s'appuyant | |||
autant que possible sur des pièces justificatives. | |||
L'histoire de la Loire est le point de départ obligé de | |||
toute notice sur les petits centres, qui profitent ou souffrent | |||
de ses eaux : Longué n'échappe pas à cette règle. (...) | |||
La vraie Loire avait déjà à cette époque son cours réduit ; | |||
enfin, ce cours fut complétement arrêté près de | |||
Saumur. De là date la prospérité de la vallée et même | |||
celle de Longué. Le faible courant, actuellement appelé | |||
l'Authion, réunion d'anciens petits affluents de la Loire, | |||
prit alors naissance. Personne de nos jours, même en | |||
tenant compte largement du desséchement, ne peut admettre | |||
qu'on ait pu le désigner sous le nom de ''flumen Altionis'' ! | |||
Lors des temps carlovingiens, on faisait de grands | |||
efforts. Au {{IXe}} siècle, le fils de Charlemagne, Louis-le-Pieux, | |||
que nous appelons le Débonnaire, ordonne la | |||
fondation de la levée de l'Anjou, dans ses capitulaires | |||
« ''De aggeribus juxta Ligerim faciendis''. » Alors on | |||
construit sous la surveillance de Pépin, roi d'Aquitaine, | |||
l'ancienne turcie ou levée de Saint-Pierre-du-Lac à Vivy, | |||
sur la lisière des marais, pour contenir la Loire gonflée | |||
''surtout par les eaux du Lathan'' (Ménage). Une population | |||
de travailleurs venue sans doute des pays élevés de | |||
Mouliherņe, la Lande-Chasle et du haut Lathan, après | |||
un siècle d'efforts et des essais de culture dans un sol | |||
limoneux, parvient à révéler un tout petit centre inconnu. (...) | |||
Mais cet an mil avec ses terreurs a passé : laissons | |||
s'écouler plus de cent ans ; Foulques-Nerra, père du | |||
batailleur Geoffroy-Martel, a fait la conquête de tout le | |||
pays entre Saumur et Angers. La Loire, à peu près | |||
vaincue, a laissé libres de nouveaux ''terrains'' qui se couvrent | |||
de chênes vigoureux. Depuis la charte de Geoffroy | |||
de 1060, les moines de Saint-Florent ont la permission | |||
d'y couper le bois défectueux, seulement pour se chauffer. | |||
Cependant les défrichements se multiplient : ces comtes | |||
d'Anjou allaient si souvent en Terre-Sainte, et les | |||
absents ont toujours tort. D'ailleurs les successeurs de | |||
Nerra, de Martel et du Réchin, étaient de plus facile | |||
composition. | |||
L'un d'eux, — c'est {{abréviation|Foulques V|Foulques V d'Anjou (1092-1143)}}, — aų retour de sa | |||
première croisade, fonde avec sa femme Eremburge, | |||
le 14 septembre 1121, l'abbaye du {{abréviation|Louroux|Vernantes}}. Le comte | |||
se fait templier, puis meurt d'accident en 1142, roi de | |||
Jérusalem depuis 1131 : homme roux et de peu de mémoire, | |||
disent les chroniques. | |||
C'est lui qui, en reconnaissance de son heureux retour, | |||
avait fondé en 1122 le prieuré de Longué, sous | |||
l'invocation primitive de Saint-Sauveur ; puis l'avait remis | |||
provisoirement à Toussaint, abbaye fondée dès 1008 | |||
par Girard, chanoine d'Angers. Ce prieuré a pris ensuite | |||
le nom de la patronne de Longué : N.-D. de Thenais | |||
de Longo-Vado. Suivant Pocquet de Livonnière, | |||
Longué viendrait donc de Longo-Vado, comme le Gué-Déniau | |||
de Vado-Danielis. Il ajoute même en face du mot | |||
Longué, page 72 de son manuscrit : ''aliàs N.-D. de'' | |||
''Thenais de Longo Vado'', ce qui donnerait à ''Thenais'' | |||
une vraie priorité sur ''Longué''. La charte du Fier-à-Bras | |||
se rapporterait alors, malgré l'autorité de certains | |||
auteurs, à une autre localité ; la bulle de Clément IV et | |||
les chartes de l'hôpital Saint-Jean, dont nous parlerons, | |||
le feraient croire. | |||
Le prieuré de Longué, resté à la disposition du roi, | |||
comme représentant des comtes d'Anjou, a passé successivement | |||
des mains du prieur commendataire des | |||
moines de Cunault (bénédictins de Turnus, diocèse | |||
de Châlons), en celles du prieur de Grammont, pour | |||
revenir au roi, {{abréviation|''pleno jure''|le roi confère et dispose en maître absolu}}, ainsi que nous l'apprend le | |||
[[Glossaire#P|pouillé]] de 1783. | |||
Foulques peut être salué comme le vrai bienfaiteur de | |||
Longué, puisque c'est de lui que doit dater la véritable | |||
prospérité du bourg. Ses habitants trouvèrent comme | |||
partout alors, protection autour de l'étroite chapelle du | |||
prieuré, contre les violences du temps. C'est, nous n'en | |||
doutons pas, cette délicieuse chapelle de la Vierge de la | |||
première moitié du {{XIIe}} siècle, que nous avons vue dans | |||
la vieille église, du côté du prieuré. Elle avait été flanquée | |||
de constructions, à diverses époques, pour contenir | |||
la population croissante ; mais elle au moins aurait | |||
dû trouver grâce devant nos démolisseurs ! | |||
Le long gué de Pocquet de Livonnière existait encore | |||
il y a cinq ou six ans ; il a duré dix ans de plus que la | |||
chapelle. Nous n'avons aucun scrupule de déclarer, que | |||
nous avons personnellement contribué à faire disparaître | |||
ce gué, en mettant l'accord entre le pouvoir administratif | |||
et les divers propriétaires des terrains limitrophes. | |||
Non loin de l'ancienne église N.-D. de Thenais, on | |||
traversait à gué : deux courants principaux, dits encore | |||
Vieux-Lathan et Lathan, éloignés de quelques centaines | |||
de mètres l'un de l'autre; en même temps un chemin | |||
latéral ou courant de jonction, souvent inondé. On a | |||
fait alors deux ponts, dont l'un remarquable ; on a exhaussé | |||
le chemin ; dorénavant on pourra toujours pénétrer | |||
à pied sec, avec charrettes et bestiaux, dans les | |||
prées de Longué. Ce n'est pas le lieu dit Ponts-de-Longué, | |||
mais celui de Thenais, près de l'église. (...) | |||
§ 3{{e}}. — Tout cet exposé, dont certains points seuls | |||
pourront être contestés, fait croire que Longué (Ponts-de-Longué) | |||
a été un très-ancien poste , et Longué | |||
(bourg), un hameau de travailleurs, qui se sont rapidement | |||
adonnés à la culture. Il est temps de parler de | |||
Longué (ville), sauf à compléter plus tard nos détails | |||
sur le bourg. Dans la ville on trouve trois parties principales | |||
bien distinctes : la rue Basse, la ville proprement | |||
dite, et la rue de l'Aumônerie. (...) | |||
La ville proprement dite, qui a empiété à l'est sur le | |||
domaine des moines du Louroux, n'est qu'un composé | |||
de petites places et de courtes rues. Ce centre distinct, | |||
évidemment postérieur aux deux rues dont nous venons | |||
de parler et au bourg, ne date ''tel qu'il est'', que du | |||
{{XVIe}} siècle. Il y a trente ans, on y voyait un certain | |||
nombre de logis à pignon sur rue, qui commencent à | |||
disparaître. (...) | |||
Le Longué-ville eut, dès le {{XVIe}} siècle, sa chapelle | |||
spéciale, à la présentation du seigneur de Longué ; il est | |||
constaté que le seigneur d'[[Etiau|Étiau]], Bernard, exerça le | |||
droit de présentation pour cette chapelle, dite aumônerie | |||
ou chapelle de Longué, le 28 septembre 1531. Dans le | |||
même temps, le seigneur d'Avoir avait la prééminence | |||
à l'église, avec droit de choisir le sacristain et le maître | |||
d'école, mais non de présenter le curé, — nommé prieur | |||
dans les titres, ce qui légitime notre opinion sur l'origine | |||
de Longué-bourg. Ce même seigneur possédait encore | |||
le droit de présentation pour la chapelle Saint-René | |||
de Chape, comme l'abbesse de Fontevrault pour | |||
la chapelle Sainte-Catherine des Montils, existant le | |||
20 mars 1575. | |||
A l'aide surtout d'une pièce authentique, l'aveu de | |||
Hector de Montheron, seigneur d'Avoir, à la baronnie de | |||
Sainte-Maure, du 20 août 1575, il est possible d'ailleurs | |||
de se faire l'idée de ce qu'était Longué à cette époque. | |||
A l'ouest, se trouvait la seigneurie puis baronnie | |||
d'Avoir ; le bourg était sous sa domination, et le baron | |||
tenait ses assises près de l'église, maison Cornilleau-Pineau. | |||
La baronnie, au sud-ouest, s'étendait jusqu'au | |||
gué de Frêne, où existait la borne séparative d'un autre | |||
fief, que nous trouvons désigné dans des titres en notre | |||
possession. Ce fief dit de ''Lasse'', avec moyenne et basse justice, | |||
relevait de Boumois (Saint-Martin-de-la-Place). Il y | |||
avait même un partage de terres de la Gilbardais, notre | |||
propriété actuelle, entre ce fief et celui de la baronnie. | |||
En descendant vers le sud, on trouvait du côté de | |||
Vivy, le fief du seigneur Descajeul, dont il est question | |||
dans nos titres, puis celui de la Ronde. Cette seigneurie | |||
de la Ronde relevait de la baronnie, ainsi | |||
d'ailleurs que celles des Souvenets en Longué, et même | |||
de Jalesnes en Vernantes. Il faut tenir compte ici, sud-est, | |||
des barons de Romefort et de Blou. Avoir devait | |||
hommage au premier pour les terres et marais de | |||
Chapes, et au deuxième pour divers petits fiefs, que le | |||
P. Anselme comprend sous la dénomination de baillie | |||
(baillée) de Blou ; mais le seigneur de Moru, tout près | |||
de la ville, était homme de foi d'Avoir. | |||
A l'est, se trouvaient les nombreux domaines des | |||
moines désignés, dans l'aveu, sous le nom de religieux | |||
du Louroux : la Cirotière, la Roche, la Gestrie, la Chenaie-Arehenou, | |||
situées sur une ligne finissant au | |||
''Marché-au-blé'' actuel de Longué. Ils relevaient, en partie | |||
du moins, d'Avoir ; il en était de même d'Athée, seigneurie | |||
du Bellay et Lebascle, relevant de Baugé pour | |||
l'autre partie de son domaine. Nous parlerons des domaines | |||
de Saint-Jean. | |||
Au nord-est et au nord, se trouvait la [[Glossaire#C|châtellenie]] de | |||
Longué, relevant de Baugé. Elle comprenait la ville, la | |||
forteresse, le moulin de la ville, etc... Le pont d'Avoir, | |||
près de cette forteresse, séparait le domaine du baron de | |||
celui du seigneur châtelain, qui avait été le baron de | |||
Jarzé. Mais à partir de ce point, on est forcé de tirer | |||
jusqu'au gué de Frêne sur l'Authion, une ligne passant | |||
fort avant dans la rue de l'Aumônerie, mais qui pour le | |||
surplus a toujours été indécise. (...) | |||
Cependant il est certain que le bras du Lathan, dit | |||
des Montils, appartenait à l'abbesse, et que ses bords et | |||
turcies étaient le théâtre de bien des voies de fait. L'abbesse | |||
dominait même près du bourg, dans les prées | |||
qu'elle coupa d'une turcie, honorée encore de son nom. | |||
Enfin, on trouvait à l'extrémité du bourg le domaine de | |||
la Rigauderie, dont le seigneur, chevalier de Boissard, | |||
devait hommage au baron et à l'hôpital Saint-Jean. | |||
Dans toute la partie ouest de la paroisse, le baron régnait | |||
sans conteste, et les habitants de Longué, comme | |||
ceux des paroisses environnantes, ayant élevé certaines | |||
prétentions à la propriété des marais d'Avoir, se virent | |||
honteusement remis à leur place de vassaux, tenus à la | |||
dime et au respect vis-à-vis de leur seigneur. Il existe, | |||
en effet, des décisions judiciaires qui confirment cette | |||
propriété au baron, sous réserve de droits restreints | |||
d'usage au profit des vassaux de la baronnie ''proprement dite''. | |||
En face de tant de puissances de ce bon vieux temps, | |||
il serait utile de faire connaître quelle était la puissance | |||
de la petite ville bourgeoise de Longué, ayant son sénéchal ? | |||
Nous trouvons la réponse à cette question dans | |||
un acte authentique, dont nous parlerons plus en détail, | |||
et contenant ''saisie'' de tout le domaine d'Etiau-Avoir-Longué, | |||
etc. « Terre, seigneurie et châtellenie de Longué, | |||
comme en ''jouit'' Étiau suivant la coutume du duché | |||
d'Anjou, consistant en droits de prévôté, péages, devoirs, | |||
hommage, justice, juridiction, droits, obéissance, | |||
noblesse, prérogatives, vieux château et forteresse actuellement | |||
en ruines dans lequel sont les prisons, pêche | |||
dans le Lathan, depuis le pont d'Avoir jusqu'à la seigneurie | |||
d'Athée, moulin de la ville, etc., etc. » (...) | |||
Le bourg, non pas englobé, mais supplanté par la | |||
ville, à partir des {{XVe}} et {{XVIe}} siècles, c'est-à-dire du moment | |||
où Avoir fut éclipsé par Étiau, ne perdit pas cependant | |||
toute son importance. On y voit encore quelques | |||
constructions de cette époque, surtout une maison Renaissance, | |||
avec tête et sculptures, au bout du bourg, | |||
précieuse à nos yeux. C'est là que se trouve la niche de | |||
la statuette de N.-D. de Thenais, patronne seule ''authentique'' | |||
de Longué (Pocquet de Livonnière). (...) | |||
Il ne reste rien de l'Aumônerie, située à la place occupée | |||
par notre propriété (maison Cornilleau). Nous en | |||
avons vu dans notre enfance encore quelques colonnes | |||
cannelées ; et nous avons trouvé dans l'ancien jardin de | |||
l'aumônier, qui baigne maintenant ses charmilles dans | |||
notre Lathan, une médaille gauloise bombée en ''electrum'', | |||
avec un jeton du temps de Louis XI, sans parler de | |||
vieilles pièces de monnaie. | |||
Il faut renoncer à peu près à un travail sur les populations | |||
de Longué, à partir des établissements gaulois et | |||
romains jusqu'à ceux du moyen âge, vers le {{XIIe}} siècle | |||
environ. Malgré toutes recherches, on ne trouve plus | |||
pour vestiges de ces temps, où la plaine était peut-être | |||
encore envahie par les eaux, — que des tombeaux de | |||
briques et de pierre coquillière sur les hauteurs, par | |||
suite, sans doute, de changements dans la configuration | |||
du sol. N'a-t-il pas été révélé, lors du procès de la commune | |||
avec M. de Longueval, pour la Turcie, vers 1840, | |||
que la branche du pont d'Avoir, c'est-à-dire notre Lathan, | |||
ne serait à peu près qu'un canal ? | |||
Sur ce bras cependant, se voient surtout deux usines | |||
actuellement à vapeur et à roues : le moulin de la ville | |||
et le moulin de Thenais, dont parlent tous les titres. | |||
C'est à la deuxième de ces usines qu’est annexée une | |||
féculerie ; elle semble aussi bien fermée que la distillerie | |||
d'Athée de M. Viger, et que le vieux moulin des Montils. | |||
Les moulins de Pont-Mallet, en aval du bourg, près | |||
de la Rigauderie ; d'Athée et de Champrobert, en amont | |||
de la ville, tournent encore. L'usine de quincaillerie, | |||
installée dans les bâtiments féodaux de la Rigauderie, | |||
fonctionne avec énergie ; mais c'est surtout dans la meunerie | |||
que Longué soutient sa vieille réputation. | |||
En résumé, on peut dire d'une manière très-générale : | |||
le Prieuré et la Baronnie ont fait le bourg ; l'Abbesse, la | |||
rue Basse ; le Châtelain, la ville près du Lathan. Les | |||
moines du Louroux en ont fait toutefois la partie est ; et | |||
les bourgeois ont achevé l'œuvre. Sachons reconnaître | |||
que pour le surplus, il n'existe que des suppositions. | |||
§ 4. Les détails qui précédent nous mettent maintenant | |||
en état, de jeter un coup d'æil sur l'existence de | |||
Longué, pendant les siècles qui ont précédé la Révolution. (...) | |||
Le domaine d'Avoir avait été, comme on l'a expliqué | |||
plus haut, une conquête faite sur les eaux, puisqu'il se | |||
trouvait sur la lisière du marais. Il avait originairement | |||
appartenu aux comtes d'Anjou, comme devaient plus | |||
tard leur appartenir les terrains, que le retrait de la Loire | |||
allait laisser libres dans la nouvelle vallée. Le mot Avoir | |||
(''habere'') avait précisément le sens de domaine, ainsi que | |||
le montre le nom de ce Gauthier-sans-Avoir, qui commanda | |||
les premières bandes des croisés. (...) | |||
En 1215 Philippe-Auguste dispose de Longué (p. 193 | |||
de l'''Histoire de Sablé'') au profit de Guillaume des | |||
Roches, premier sénéchal héréditaire d'Anjou depuis | |||
1004, et possédant, sous réserve du droit de retour, | |||
Beaufort, Baugé (1206), et d'autres domaines. Le sénéchal | |||
avait épousé, avant sa haute fortune, Marguerite | |||
de Sablé, et mourut en 1222. Il n'avait eu qu'un | |||
fils qui mourut en bas âge ; il laissa deux filles, dont | |||
l'aînée, Jeanne, porta dans la famille de Craon, Brion, | |||
Mouliherne, Longué, etc., avec la dignité de sénéchal, | |||
exercée par elle-même, après la mort de son mari, | |||
Amaury de Craon, et par leurs descendants pendant | |||
cent ans. | |||
C'est à partir de Guillaume des Roches que paraitraient | |||
les maisons vraiment héréditaires de Longué-Avoir | |||
ou plutôt Longué-en-Vallée. Ménage dit formellement | |||
(page 236 de l'''Histoire de Sablé''), que Guillaume | |||
des Roches et Amaury de Craon possédaient en propriété | |||
Longué et Mouliherne aussi bien que Brion. Il fait | |||
connaitre en même temps, page 203, que Philippe-Auguste | |||
confirma à la branche aînée des Roches, Longué, | |||
— que les seigneurs de Jarzé avaient encore dans le | |||
{{XVIe}} siècle. Guillaume des Roches et son gendre n'ont | |||
donc pu posséder que le Longué, qui plus tard devint | |||
baronnie, c'est-à-dire Avoir, et non la châtellenie. (...) | |||
En ce qui concerne la châtellenie de Longué, les sires | |||
de Jarzé, branche aînée de la famille des Roches, en | |||
étaient investis dès avant Philippe-Auguste, et ils parvinrent | |||
à la conserver longtemps. Elle relevait de Baugé, | |||
ainsi qu'il est constaté par l'aveu du 10 mars 1451 ; mais | |||
vers 1400, la seigneurie avait cessé d'appartenir à la | |||
famille des Roches, qui fut remplacée par celle du | |||
Plessis-Sainte-Maure. (...) | |||
$ 5. La longue période que nous venons de parcourir | |||
fut en grande partie remplie, par les démêlés des divers | |||
pouvoirs féodaux de Longué ; et la population en subit le | |||
contre-coup. | |||
Les animosités les plus vivaces régnèrent entre les | |||
sires d'''Avoir'' et les dames des ''Montils'', abbesses de Fontevrault. | |||
Les rivalités, il faut bien le dire, étaient aussi | |||
tranchées entre les populations ; les traces n'en sont pas | |||
encore effacées de nos jours. | |||
Les abbesses avaient été investies du pouvoir, par la | |||
crosse, de la main vénérable du galant d'Arbrissel, en la | |||
personne de Pétronille de Chemillé, en 1115. On remarque | |||
parmi ces abbesses, aussi célèbres que celles du | |||
Ronceray et de Nyoiseau: Mathilde, fille de Foulques V, | |||
comte d'Anjou (1149) ; Isabeau d'Avoir (1276) ; pendant | |||
deux cents ans, des princesses du sang royal ; puis la | |||
célèbre Gabrielle de Rochechouart-Mortemart, sœur de | |||
{{Mme}} de Montespan, qu'elle aurait pu supplanter auprès | |||
de Louis XIV (1670) ; enfin cette Pardaillan, de la maison | |||
d'Épernon, qui mourut de misère à Paris en 1793. | |||
Le domaine des Montils, démembrement de la terre | |||
d'Avoir, ne se trouve pas compris dans toutes les possessions | |||
de Fontevrault, énumérées dans la bulle de | |||
Calixte II de 1119 ; il provenait d'une libéralité postérieure | |||
du comte d'Anjou, Henri II, confirmée par cet | |||
Aimeric, connu déjà par la charte de Chaloché de 1248. | |||
Entre le baron et l'abbesse, servaient de frontières, | |||
comme nous l'avons dit, le bras du Lathan des Montils, | |||
des fossés et des turcies. Les voies de fait étaient fréquentes ; | |||
les luttes armées des vassaux du seigneur et de | |||
ceux de l'église ne firent place que tard, aux joûtes plus | |||
courtoises des procureurs. La Révolution seule mit fin | |||
au procès. | |||
En ce qui concerne les événements militaires, on doit | |||
rappeler la part que prirent, dit-on, les habitants de | |||
Longué, conduits par le sire d'Avoir, à la victoire de | |||
Baugé de 1421, où les Anglais perdirent Clarence et | |||
leur principale noblesse ; et des escarmouches près du | |||
bois de Perversier, route de Beaufort, entre les catholiques | |||
et les huguenots. Ceux-ci tinrent garnison quelque | |||
temps à Beaufort, comme à Longué, suivant l'histoire, | |||
et se maintinrent dans le manoir de la Cirotière, | |||
suivant la tradition constante du pays. | |||
Cette histoire compliquée, quoique bien modeste, de | |||
Longué, n'est donc à peu près que celle de la lutte de | |||
pouvoirs féodaux, pesant sur la gent taillable et corvéable | |||
à merci, jusqu'au moment où Longué parvint, | |||
vers le {{XVIe}} siècle, à se constituer en petite ville bourgeoise, | |||
ayant son sénéchal et honorée de la bienveillance | |||
d'un roi. On voit, en effet, dans l'étude de M<sup>e</sup> Senil, | |||
la signature d'Henri IV, apposée au bas d'un décret | |||
de 1603, reportant du vendredi au jeudi le marché. | |||
Longué, déjà commerçant, était satisfait de ses franchises, | |||
mais restait toutefois en éveil vis-à-vis des intérêts | |||
distincts de différents pouvoirs féodaux, y compris | |||
l'abbesse. (...) | |||
$ 6. — Lors de la Révolution, l'attitude d'une certaine | |||
fraction de la population citadine appela toutes les | |||
préoccupations des bourgeois de Longué, surpris dans | |||
leurs préoccupations ; quant à la population rurale, elle | |||
ne comptait pas encore. | |||
Il y avait alors à Longué plusieurs familles anciennes, | |||
habitant la ville depuis les {{XVe}} et {{XVIe}} siècles, et représentées | |||
par de nombreux membres. (...) }} | |||
== Notes == | |||
{{Références}} | |||
{{BasPage CommunesAnciennes}} | |||
[[Catégorie:Ancienne commune|Longue]] | [[Catégorie:Ancienne commune|Longue]] | ||
[[Catégorie:Longué-Jumelles]] | [[Catégorie:Longué-Jumelles]] |