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| titre = Dictionnaire raisonné de l’architecture française du | | titre = Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI{{e}} au XVI{{e}} siècle | ||
| auteur = Eugène Viollet-le-Duc | | auteur = Eugène Viollet-le-Duc | ||
| année = 1854-1868 | | année = 1854-1868 | ||
| éditeur = Édition Bance — Morel | | éditeur = Édition Bance — Morel (Paris) | ||
| notes = Pages 461 à 485. | | notes = Pages 461 à 485. | ||
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Cette cuisine datait certainement du XIIe siècle : c’était un charmant édifice, parfaitement approprié à sa destination. | Cette cuisine datait certainement du XIIe siècle : c’était un charmant édifice, parfaitement approprié à sa destination. | ||
Chacun peut voir aujourd’hui la belle cuisine du XIIe siècle de | Chacun peut voir aujourd’hui la belle cuisine du XIIe siècle de l’[[abbaye de Fontevrault]] (Maine-et-Loire), cuisine qui existe encore, mais qui passe pour une chapelle funéraire ; ce qui prouve notre parfaite intelligence des choses et des habitudes du moyen âge. | ||
La cuisine de cette ancienne abbaye est décorée, à l’intérieur, de chapiteaux portant des arcs disposés d’une façon parfaitement appropriée à l’usage auquel est destiné le monument. À Fontevrault, mieux qu’à Vendôme, la place des foyers est indiquée à l’extérieur. Les cheminées, qui occupent cinq côtés de l’octogone, forment autant de grandes niches saillantes comprises entre les contre-forts (voy. le plan de cette cuisine, fig. 7). | La cuisine de cette ancienne abbaye est décorée, à l’intérieur, de chapiteaux portant des arcs disposés d’une façon parfaitement appropriée à l’usage auquel est destiné le monument. À Fontevrault, mieux qu’à Vendôme, la place des foyers est indiquée à l’extérieur. Les cheminées, qui occupent cinq côtés de l’octogone, forment autant de grandes niches saillantes comprises entre les contre-forts (voy. le plan de cette cuisine, fig. 7). | ||
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L’examen des localités nous a fait supposer que cette cuisine avait deux étages. La cuisine basse, celle qui existe encore entière, était probablement réservée aux familiers, et la cuisine du premier étage, au service de la table du roi. Dans le palais des Papes, à Avignon, il existe encore une cuisine du XIVe siècle : c’est une vaste pyramide à huit pans, creuse, bâtie dans une tour carrée, et terminée par un seul tuyau ; des foyers sont disposés dans les parois inférieures. On ne manque pas de montrer cette salle aux visiteurs, comme étant celle où le tribunal de l’Inquisition faisait rôtir les gens à huis-clos. Rôtir les gens sur une place publique ou dans une tour pour la plus grande gloire de Dieu est certes un triste moyen de les ramener dans la voie du salut ; mais prendre une cuisine pour une rôtissoire d’humains est une méprise bien ridicule. | L’examen des localités nous a fait supposer que cette cuisine avait deux étages. La cuisine basse, celle qui existe encore entière, était probablement réservée aux familiers, et la cuisine du premier étage, au service de la table du roi. Dans le palais des Papes, à Avignon, il existe encore une cuisine du XIVe siècle : c’est une vaste pyramide à huit pans, creuse, bâtie dans une tour carrée, et terminée par un seul tuyau ; des foyers sont disposés dans les parois inférieures. On ne manque pas de montrer cette salle aux visiteurs, comme étant celle où le tribunal de l’Inquisition faisait rôtir les gens à huis-clos. Rôtir les gens sur une place publique ou dans une tour pour la plus grande gloire de Dieu est certes un triste moyen de les ramener dans la voie du salut ; mais prendre une cuisine pour une rôtissoire d’humains est une méprise bien ridicule. | ||
Dans les châteaux, cependant, on plaçait, autant que possible, ainsi que cela se pratiquait dans les monastères, les cuisines dans un bâtiment spécial. Voici une de ces cuisines, de la fin du XIVe siècle, parfaitement conservée, qui dépend du château de Montreuil-Bellay près Saumur<ref>Ce château a appartenu à un duc de la Trémoille. Nous devons ces dessins à M. Patoueille, qui a bien voulu faire pour nous un relevé très-exact de ce petit bâtiment.</ref>. | Dans les châteaux, cependant, on plaçait, autant que possible, ainsi que cela se pratiquait dans les monastères, les cuisines dans un bâtiment spécial. Voici une de ces cuisines, de la fin du XIVe siècle, parfaitement conservée, qui dépend du [[château de Montreuil-Bellay]] près Saumur<ref>Ce château a appartenu à un duc de la Trémoille. Nous devons ces dessins à M. Patoueille, qui a bien voulu faire pour nous un relevé très-exact de ce petit bâtiment.</ref>. | ||
[[Fichier:Dictionnaire Viollet le Duc - 477 - cuisine chateau Montreuil Bellay.png|center|400px|link=Dictionnaire d'architecture de Viollet le Duc - tome 4 page 477|alt=Illustration.]] | [[Fichier:Dictionnaire Viollet le Duc - 477 - cuisine chateau Montreuil Bellay.png|center|400px|link=Dictionnaire d'architecture de Viollet le Duc - tome 4 page 477|alt=Illustration.]] | ||
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Dictionnaire raisonné de l’architecture française du | Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI{{e}} au XVI{{e}} siècle - Cuisine (Eugène Viollet-le-Duc, ''Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI{{e}} au XVI{{e}} siècle'', édition BANCE — MOREL (Paris), de 1854 à 1868). Voir le [[Dictionnaire d'architecture de Viollet le Duc - tome 4 page 461|document]]. | ||
Eugène Viollet-le-Duc ( | Eugène Viollet-le-Duc (1814–1879), architecte français, connu surtout pour ses restaurations de constructions médiévales, édifices religieux et châteaux, et auteur de plus d’une centaine d'ouvrages. Son dictionnaire contient plus de {{formatnum:3700}} dessins ([https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/11495-dictionnaire-raisonne-de-l-architecture/ notice INHA]). | ||
Source : [ | Source : ''[https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonné_de_l’architecture_française_du_XIe_au_XVIe_siècle/Cuisine Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle]'' sur Wikisource, reproduction du texte disponible sous licence CC-BY-SA. | ||
Voir aussi [[abbaye de Fontevraud]]. | Voir aussi [[abbaye de Fontevraud]], [[château de Montreuil-Bellay]]. | ||