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« Saint-Maur » : différence entre les versions

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  | territoire = [[Saumurois]]
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  | commune = [[Le Thoureil]]
  | commune = [[Le Thoureil]]
  | libre = Saint-Maur, <br />Saint-Georges-le-Thoureil en 1840, <br />Le Thoureil en 1873.
  | libre = Saint-Maur,<br>Saint-Georges-le-Thoureil en 1840,<br>Le Thoureil en 1873.
| carte = [[File:Carte situation commune thoureil.png|300px|center|link:Le Thoureil|Situation dans le département]]
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'''Saint-Maur''' est une ancienne commune de [[Maine-et-Loire]] (49) située sur la rive gauche de la Loire, et aujourd'hui intégrée au [[Le Thoureil|Thoureil]].
'''Saint-Maur''' est une ancienne commune de [[Maine-et-Loire]] (49) située sur la rive gauche de la Loire, intégrée au [[Le Thoureil|Thoureil]] en 1873 dont elle constitue un hameau.




La paroisse de Saint-Maur comptait 43 feux en 1748 et 37 feux en 1793.
== Généralités ==
Saint-Maur est érigée en municipalité à la Révolution (''Saint-Maur'' en 1793 et 1801). Elle se trouve en 1840 dans le canton [[Canton de Gennes|de Gennes]] (Saint-Georges-des-Sept-Voies en 1793, Gennes en 1801)<ref name="cassini">École des hautes études en sciences sociales (EHESS), ''Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui - Notice communale de Saint-Maur'', 2007</ref>.


Saint-Maur est érigée en municipalité en 1793. Le village est réuni le 15 juillet 1840 à Saint-Georges-des-Sept-Voies, avec Bessé, Saint-Pierre-en-Vaux et Le Thoureil, pour former [[Saint-Georges-le-Thoureil]]. En 1873 Le Thoureil devient une commune constituée à partir de Saint-Georges-des-Sept-Voies et recevant de celle-ci les hameaux de [[Bessé]] et de Saint-Maur.
Sa population est de {{unité|140|habitants}} en 1793, 169 en 1806, 156 en 1831<ref name="cassini" />.


Le village est réuni le {{date|15 juillet [[1840]]}} à Saint-Georges-des-Sept-Voies, avec Bessé, Le Thoureil et Saint-Pierre-en-Vaux, pour former [[Saint-Georges-le-Thoureil]]<ref>Lois relatives à des changements de Circonscriptions territoriales, du 15 juillet 1840, Quatrième loi, ''Bulletin des lois du Royaume de France'', B. n° 751, IXe série, Deuxième semestre de 1840, tome 21e, N<sup>nos</sup> 739 à 782, Imprimerie royale (Paris), février 1841, p. 209-210</ref>. [[Le Thoureil]] devient en [[1873]] une commune constituée à partir de Saint-Georges-des-Sept-Voies et recevant de celle-ci les hameaux de [[Bessé]] et de Saint-Maur<ref>Loi portant que le territoire de la commune de Saint-Georges-le-Thoureil, du 28 juin 1873, n° 2130, ''Bulletin des lois de al République française'', XIIe série, Premier semestre de 1873, tome 6e, N<sup>nos</sup> 118 à 141, Imprimerie nationale (Paris), 1873, p. 825</ref>{{,}}<ref name="cport-1996">Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|IV}} (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996, 2e éd. (1re éd. 1878), {{p.|188-191}}</ref>{{,}}<ref>Pierre-Louis Augereau, ''Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire'', Cheminements (Le Coudray-Macouard), 2004, p. 240 et 197</ref>.


On y trouve l'[[abbaye Saint-Maur de Glanfeuil]], édifice classé aux Monuments historiques, et dont l'emplacement remonte à l'époque gallo-romaine. Ancienne abbaye bénédictine Saint-Maur de Glanfeuil du {{XIIs}} reconstruite aux {{XVIIe}} et {{XVIIIs}}s.
La localité est mentionnée au {{VIs}} sous le nom de ''[[Maur|Prœdium quod Glannafolium dicebatur]]'', période où {{abréviation|saint Maur|né à Rome vers 512 et mort vers 584}} s'établit dans l'ancienne villa gallo-romaine de Glanfeuil. Une puissante [[abbaye Saint-Maur de Glanfeuil|abbaye]] se constitue, comprenant quatre églises. La remontée de la Loire au {{IXs}} par les Normands obligent les religieux à s'enfuir et se réfugier en Bourgogne. De nouveaux bâtiments monastiques sont installés au {{XIs}}. Ils sont occupés par les Anglais au {{XIVe}} s. durant la guerre de Cent Ans. Les moines s'y rétablissent au siècle suivant. L'abbaye est ensuite plusieurs fois pillée durant les guerres de Religion. Les bâtiments sont vendus à la Révolution<ref name="cport-1996" />{{,}}<ref name="merimee" />.


[[Fichier:saintmaur abbaye 2013a.jpg|left|thumb|upright=1.2|link=Abbaye Saint-Maur de Glanfeuil|alt=Photographie de l'abbaye Saint-Maur.]]
L'[[abbaye Saint-Maur de Glanfeuil]] est un édifice classé aux Monuments historiques, dont l'emplacement remonte à l'époque gallo-romaine. Cette ancienne abbaye bénédictine, Saint-Maur de Glanfeuil, date du {{XIIs}}, est reconstruite aux {{XVIIe}} et {{XVIIIs}}s, avec quatre églises dont ne subsiste que la chapelle Saint-Martin ({{XIIe}})<ref name="cport-1996" />{{,}}<ref name="merimee">Ministère de la Culture, ''Base Mérimée (Le Thoureil)'', mai 2012</ref>.
{{clr|left}}


Voir aussi les [[Maur|formes anciennes]] du nom.
Le hameau se trouve dans le [[Saumurois]] en bord de [[Loire]], au sud du Thoureil et de Saint-Maur<ref>Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), ''Géoportail – Saint-Maur (49)'', janvier 2025</ref>.


{{Quartier à compléter}}
[[File:saintmaur abbaye 2013a.jpg|center|thumb|link=Abbaye Saint-Maur de Glanfeuil|alt=Photographie de l'abbaye Saint-Maur.]]
 
== Célestin Port (1878) ==
<!-- Reproduction du texte de Célestin Port. Ne peut être modifié. -->
Saint-Maur dans le [[dictionnaire Célestin Port]] de 1878<ref>Célestin Port, ''Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire'', t. 3 (N-Z), Lachèse & Dolbeau (Angers), 1878, pages 428 à 431</ref> :
 
{{citation|'''Saint-Maur''', vill., {{cne}} du Toureil. — ''In''
''Andegavensem pagum in monasterio, quod''
''dicitur Glannafolium, in quo venerabilis''
''Maurus, patris Benedicti discipulus,... videtur...''
prœesse'' 560 circa (Cart. St-Maur, fol. 16 ;
Bodin, ''Saumur'', I, 530). — ''Prœdium quod''
''Glannafolium dicebatur'' XI{{e}} s. (Bolland, janvier,
II, 328). — ''Cella nomine Glannafolium''
1036 (Cart. de St-Maur, ch. 33). — ''Sanctus''
''Maurus in Glannafolio'' 1252 (Hauréau,
fol. 784). — ''En Poitou ... cilz moaters ...''
''appelé Glannefoueles ...'' (D. Bouqnet, III, 296).
 
Son Vocable primitif est ''Glanna'' ou ''Glonna'',
— comme celui de St-Florent-le-Vieil, — accru ici
d’une désinence populaire, ''Glannafolium'', indiquant
sans doute les bois d’alentour, — comme
à St-Florent, un suffixe indiquait la montagne,
''mons Glonna''. — Le pays doit son nom nouveau
au grand saint, qui le premier en France
vint inaugurer là, dans ce petit vallon {{abréviation|aujourd’hui|1878}}
si oublié, la grande règle Bénédictine, mère
de tant d’œuvres illustres. Né vers 812 dans une
famille patricienne de Rome, il fut confié à l’âge
de 12 ans à St Benoît, qui se l’associa bientôt et
tout jeune encore dans la direction du monastère
du {{abréviation|Mont-Cassin|Abbaye du Mont-Cassin, en Italie.}}. En décembre 541 une députation
l’y vint trouver de la part de l’évêque du
Mans, qui sollicitait l’envoi d’une colonie de religieux,
avec toute promesse de bienvenue. Saint
Maur fut désigné par son maître et partit le
8 janvier 542, avec 4 compagnons, Antoine,
Constantinien, Simplicien et Faustus. Ce dernier
devait revoir l’Italie et plus tard raconter le
voyage et l’œuvre de la mission. A Orléans la
petite troupe apprit la mort de l’évêque qui les
avait conviés, et son remplacement par un
ennemi ; mais Harderade, qui conduisait les
apôtres, leur offrit une retraite sûre et honorée
sur le domaine de son cousin Florus, homme
puissant à la cour du roi d’Austrasie, {{abréviation|Théodebert|Théodebert Ier, roi des Francs (534-548).}}.
C’était le seigneur de Glanfeuil, qui les
reçut avec des larmes de joie. Florus fit un don
solennel du domaine à St Maur, lui confia le
lendemain son fils Bertulfe, âgé de 8 ans, et
lui-même bientôt prit l’habit monastique, en présence
du roi Théodebert qui voulut assister à la
cérémonie. En même temps s’élevaient des constructions
dignes de l’œuvre nouvelle et qui comprenaient
4 églises, dédiées la première à St Martin,
la deuxième et la principale à St Pierre, la troisième
à St Séverin, la quatrième à St Michel,
dans une tour carrée, qui gardait l’entrée du
monastère. L’évêque Eutrope vint bénir en 551
l’achèvement des travaux, entrepris depuis 8 ans.
Vers 560 la maison reçut la visite du roi {{abréviation|Clotaire|Clotaire Ier (497–561), roi des Francs.}},
qui reconnut aux religieux le privilège d’élire
leur abbé. — Vers le même temps mourut Florus
(21 août 560), dont le nom fut inscrit sur la
liste des bienheureux. Pour régler et contenir le
développement de sa fondation, St Maur avait
arrêté à 140 le chiffre des frères. Une épidémie
en enleva sous ses yeux en cinq mois 116, dont
deux des quatre Italiens, Constantinien et Antoine.
— Enfin, l’œuvre de nouveau assurée par
de nombreuses recrues, il déposa en 580 toute
autorité et d’un consentement commun désigna
pour lui succéder Bertulfe, le fils de leur bienfaiteur ;
puis il se relira avec deux disciples, dans
une humble retraite, ''domuncula'', qu’il s’était
fait bâtir près l’église Saint-Martin. Il y mourait
le 15 janvier 583 ou 584, âgé de 72 ans, et fut
inhumé dans l’église St-Martin, au côté droit du
grand autel. — Sa vie, racontée par Faustus,
n’a été connue en Gaule qu’au IX{{e}} s. et mise en
lumière par l’abbé Eudes, ''Odo'', qui, l’ayant
acquise par hasard d’un clerc, eut le tort d’y
ajouter des élégances et quelques détails erronés,
qui n’en peuvent infirmer l’authenticité. Basnage
s’en est pourtant autorisé pour nier même
l’existence de St Maur ; Baillet, au contraire,
en reconnaît deux, en niant que le second fût le
disciple de St Benoît ; — mais Dom Ruinart et Mabillon
ont su défendre et maintenir la tradition
Bénédictine.
 
L’œuvre se continua prospère jusqu’au règne de
{{abréviation|Pépin le Bref||Pépin III dit le Bref (714-768), roi des Francs.}}, qui, s’emparant des biens d’église,
fit don de Glanfeuil à Gaidulfe, de Ravenne.
Celui-ci se plut à persécuter les moines, qui, réduits
à 14, quittèrent leur règle, prirent l’habit
des chanoines et furent expulsés au profit d’un
petit groupe de clercs séculiers. Gaidulfe bientôt
abattit églises et monastère et emporta à Angers
le mobilier des autels et les chartes, mais il périt
dans un banquet, frappé par le poignard vengeur
d’un des religieux. La ruine était complète, quand
le comte Rorgo, gendre de Charlemagne, rebâtit
l’église sous le vocable de St Sauveur, et y fit
venir des moines d’abord de Marmoutier, puis de
St-Pierre-des-Fossés près Paris, où son cousin
Gausbert était religieux. L’abbé Ingelbert y vint
installer, sous la direction de ce dernier, une
colonie nouvelle, tout en réservant dès lors à son
abbaye, s’il fallait en croire divers actes d’autorité
incertaine, une suprématie entière. C’est
pourtant plutôt à l’abbaye du Mont-Cassin, que
devait revenir cette suzeraineté et sur sa réclamation
elle en obtint la reconnaissance de la cour
romaine et de l’Empereur.
 
Sous le gouvernement de l’abbé Ebroin
(840 circa), Saint-Maur reprend un reste d’indépendance
sans qu’on le trouve autrement qualifié
que d’un humble titre, ''monasteriolum''.
L’invasion normande anéantit tout. Le passage
des barbares pendant cinquante ans (853-903) y
fait place nette. Les moines fuient dès la première
heure, emportant les reliques du fondateur.
Réfugiés d’abord en Bourgogne, {{abréviation|Charles le Chauve|Charles II dit le Chauve (823-877), roi de Francie occidentale.}}
les rappelle à St-Pierre-des-Fossés, qui prend dès
lors, comme l’abbaye Angevine, le nom du saint
patron. Elle devait conserver pendant près de
IX s. sa châsse vénérée, qui ne fut transférée que
le 30 août 1750 à St-Germain-des-Prés et s’y
trouvait encore à la Révolution.
 
L’orage passé, un petit groupe revint camper
au bord de la Loire, dans les mines, et rétablir
une modeste chapelle, simple annexe des
Fossés, sous la direction d’un simple prieur,
— Durand, vers 1005, Guillaume, ..... Cadilon,
1042, Durand, 1066, Pierre, 1067, qui
dans certains actes est même qualifié abbé, Malbert,
1090. — Dès les premières années du XI{{e}} s.
L’abbé des Fossés avait reconstruit les bâtiments monastiques
et, à sa prière, l’évêque d’Angers, Hubert,
les vint consacrer en 1039 sous l’invocation de St
Sauveur, que devait remplacer bientôt le nom populaire
de St Maur, en présence du comte Geoffroy,
de la comtesse Agnès et des grands « de son
royaume », ''regni sui''. Le pape Urbain II,
s’y arrêta, se rendant au Concile de Tours, et les
religieux, le comte, l’évêque, le pressèrent de
rendre à la maison, pillée par des étrangers, sa
dignité abbatiale en renouvelant ses relations antiques
avec l’abbaye-mère du Mont-Cassin. Une
bulle du 21 mars 1098 n. s., rendue après une
discussion solennelle dans le Concile même, consacra
ces vœux, déjà exaucés depuis 1095 par la
nomination d’un abbé en titre, Gérard, prieur de
l’abbaye St-Aubin d’Angers. — Le 3 septembre
1119 le pape Callixte II consacra l’église reconstruite
et célébra la translation des reliques
retrouvées des premiers religieux ; — mais le
principal trésor, le corps du fondateur, restait en
pays lointain et par suite s’étaient perdus la ferveur
des foules et le renom des miracles. L’abbaye
même au XIII{{e}} s. n’occupe que le dernier rang
dans les synodes. En 1271 elle obtient de se dégager
de la suprématie, devenue importune, du
Mont-Cassin et de rentrer sous l’autorité immédiate
de l’évêque, mais sans y trouver chance
meilleure de prospérité. Les misères des temps
s’y joignirent, puis les guerres, qui dans sa situation,
dominant le grand passage de deux routes
et de la Loire, en faisait un point désigné à toute
occupation militaire. — Chassés de Saumur en
1369, les Anglais, commandés par Cressewelle et
Calviley, prirent logis à St-Maur et pendant un
an rançonnèrent le pays. Après la victoire de
Pontvallain, Duguesclin vint en force faire
sommation aux deux chefs, qu’il avait connus
aux guerres d’Espagne. Il manda tout aussitôt
Gressewelle à sa tente et Froissard fait de leur
entrevue tout un beau conte, qu’ont répété, que
répètent sans exception tous les livres, — M. Marchegay,
comme les autres, — où l’on voit le connétable
jurant, menaçant, terrifiant l’ennemi de si
belle peur, que l’Anglais s’engage à rendre la
place, si elle n’est secourue dans un prompt délai,
et qui en fin de compte l’évacué en l’incendiant.
L’histoire est autrement faite. Duguesclin traita
tout simplement avec les « ennemis du royaume »
et leur « promit et accorda ... pour rendre et
délivrer le fort de St-Mor qu'ils tenoient », une
forte rançon, qu’il garantit avec le sire de Bueil,
et dont il prit soin de se rembourser en établissant
« certain subside, trespas ou acquêt sur les marchandises
montans, descendans et traversans
par la rivière de Loire entre Candes et Chantoceaux ».
C’est l’origine du Trépas-de-Loire,
dont les ducs et les rois tiraient profit encore au
XVIII{{e}} s. — Les Anglais bien payés partirent en
mettant le feu à l’abbaye. Les moines s’y rétablirent
tant bien que mal et par lettres du 15 juin
1434, confirmées le 18 par le roi Charles VII,
furent autorisés à la « clorre, fortiffier, et emparer
de murs, fossez, paliz, portaux, tours,
guérites, eschiffles, barlacanes, pons-leveys
et autres fortifficacions et emparemens nécessaires
à forteresse ; » — attirail dangereux en
somme plutôt que protecteur, bon à donner quelque
abri contre les coureurs mais à attirer l’assaut des
gens de guerre. Oublié à peu près pendant un
siècle, St-Maur est par trois fois en 40 ans mis au
pillage pendant les luttes religieuses, en 1568 par
d’Andelot, en 1585 par la Boulaie, lieutenant de
Condé, en 1589 par Duplessis-Mornay, qui expulse
de vive force le poste de ligueurs. Pendant ce
temps les religieux erraient tantôt à Angers,
tantôt à Saumur, réclamant par justice quelque
refuge et, à peine rentrés à la paix, obligés de
faire guet, avec l’épée ou l’arquebuse. Le gouvernement
réparateur de l’abbé de St-Offange
rétablit la règle, — et la réforme complète s’introduisit
le 6 novembre 1668 par convention du
6 août précédent, conclue avec les religieux de
la nouvelle congrégation de Saint-Maur. Les
anciens obtinrent de rester dans la maison, où
le dernier, Franç. de la Grandière, mourut en
1713, âgé de 94 ans. Dès le 11 juin 1685 un
marché passé avec l’architecte Parage, d’Angers,
traita pour la reconstruction du monastère, dont
la première pierre fut posée le 15 juillet ; l’œuvre
était achevée en 1690. De 1690 à 1697, Violette,
de Saumur, éleva les cloîtres. L’église, ornée en
1672 d’une grande statue de Vierge par Plouvier,
fut voûtée en 1700-1701 ; — tous les bâtiments
restaurés — et la dernière pierre mise aux murailles
du jardin le 17 novembre 1709. — Une
vue d’ensemble en est gravée dans le ''Monasticum''
''Benedictinum'' ; — un dessin du temps s’en
conserve au Musée archéologique, — un autre
dessin dans les Mss. de Berthe, t. II, f. 20.
 
L’œuvre nouvelle d’ailleurs est presque tout
entière encore debout et ressort, au pied du coteau,
au bord de la Loire, sur le fond de la verdure
sombre des vignes et des taillis. Sur la façade
vers N., au fronton du bâtiment conventuel, se
lisent les dates ''1687-1743'', — plus haut, quelques
lettres d’une inscription effacée : ''Sanctus Maurus''
''... Benedict... apostol...'' Rien à l’intérieur
à signaler qu’un plan Mss. du domaine
signé Juteau, de Nantes. Des cloîtres qui y
attenaient vers S. subsistent seulement l’aile N.,
décorée d’un cadran solaire avec l’inscription :
''Sol rapit me, vos umbra'' ; et plus bas : ''Horam''
''expecta'' ; plus bas encore : ''Joseph Bornery''
''hanc fecit anno Domini 1789'', — et
l’aile vers l’O., où se rattache extérieurement
l’abbatiale, reconstruite en 1710 et bien conservée.
La galerie vers l’E. a disparu, avec la sacristie,
les dortoirs et la bibliothèque garnie de livres en
1701 ; — l’hôtellerie reste debout. L’aile S. fermait
l’enclos en se complétant dans l’alignement par la
grande église, rasée comme elle, sauf les dernières
assises du mur vers S. de la nef, qui servent encore
de clôture — et le pignon vers l’O., engagé à
demi dans le bâtiment voisin. Le portail, surmonté
d’une grande fenêtre cintrée, s’ouvre dans
une baie de quatre archivoltes ogivales concentriques,
reposant sur des colonnettes avec chapiteaux
à dent de scie, précédant un long porche,
qui sert aujourd’hui de cellier.
 
Suit une liste des Abbés, dressée d’après
M. Hauréau, qui discute et rectifie nombre de
textes faux ou confus. J’ai ajouté ce que j’ai pu :
— St Maur, 543-580. — Bartulfe, fils de
Florus, 580-586. — Florian, .... — Gausbert,
835. — Ebroin, 840, nommé évêque de
Poitiers vers 841. — Goslen, fils du comte Rorgon,
neveu de l’abbé Gausbert, 845, qui devint
abbé de Saint-Germain-des-Prés, puis évêque de
Paris. — Theodradus, .... — Godefroi,
Godofredus, ...., plus tard abbé de St-Maur-des-Fossés.
— Eudes, Odo, qui émigré avec les
reliques devant l’approche des Normands et se
réfugie à Saint-Maur-des-Fossés (868), où un diplôme
impérial réunit St-Maur-sur-Loire (869)
pour plus de deux siècles. — Gérard, prieur
de Saint-Aubin d’Angers, consacré abbé en
1095 (''Chron. d’Anj.'', II, 14). — Galeran,
Walerannus, 1099. — Ramnulfus, 1105,
1123. — Gérard II, 1124, 1129. — Dreux,
Drogo, 1133. — Guill. de Gascogne, 1138. —
Guill. de Normandie, moine de St-Florent,
1202. — Hamericus, † en 1234. — Etienne,
avril 1234, † en 1240. — Lisiard ou Hyscard,
décembre 1240, qui abdique. — Pierre, pourvu
par bulle du 15 mai 1248. — Etienne II, 1271,
† en 1287 le samedi après la Saint-André. —
Jean Houdry ou Heudry, élu le dimanche
avant Noël 1287, 1293. — Etienne III, 1320.
— Guillaume III, 1344. — Denis Vaslin,
1357, † vers 1363. — Geoffroy, pourvu par
bulle le 12 juin 1363. — Jean II, 1398, 1404.
— Jacques, 1409. — Guillaume IV, 1427,
qui résigne en novembre 1450, infirme et âgé de
70 ans. — Charles I{{er}}, précédemment abbé de
N.-D. de Turpenay, bachelier en décrets, novembre
1450, † en 1463. — Hamelin, pourvu
par bulle du 28 novembre 1463, qui résigne en
1477. — Hilaire Ragot, par bulle du 12 février
1477, † le 24 mars 1496. — Guy de la Roche,
1497, qui résigne en 1518, † le 1{{er}} septembre
1533. — Guyon — et non Jean — de la Roche, son
neveu, 1518, 1532. — Franç. Maurice — et non
Maurier, — 1538, 1548. — Eustache Du Bellay,
commendataire, comme les trois suivants, 1544,
qui devient évêque de Paris en 1550. — Louis
Garnier, 1564, † en 1571. — Jean Pierres,
V. ce nom, déjà abbé du Perray-Neuf, 21 septembre
1571, 1584. — Claude de Salles, 3 octobre
1585, 1591. — Claude de St-Offange,
V. ce nom, abbé régulier, 1591, qui résigne
en 1626. — Claude-Madelon de St-Offange,
1626, qui résigne en 1671, † le 24 avril 1682. —
René-Madelon de St-Offange, commendataire,
1671, † le 8 avril 1707. — Jean-François Martineau,
archidiacre d’Angers, 23 avril 1707, † le
11 décembre 1719. — Charles-Louis de Froullay,
8 janvier 1721, qui résigne en 1728, en acceptant
l’abbaye de la Couture. Il était évêque du Mans
depuis le 17 octobre 1723. — Martin-Maurice de
Lossendière, chanoine de Nancy, 1729. — Charles-Marc
de Livenne, chanoine de Saintes, qui bénit
l’église paroissiale le 12 avril 1753. — Etienne
Delisle, 1754, 1765. — Gaspard Henri-François
Lejeune de Créquy, 1765, † en août 1773. —
Eustache Lejeune de Créquy, 1773-1790.
 
Le domaine abbatial comprenait, outre d’importants
vignobles et de vastes taillis, les métairies
de Beaulieu et des Guets et l’île de St-Jean en
Loire, avec plusieurs petits îlots et droit d’herbage
et d’usage dans les bois de vallée, sans autre redevance
à la recette du comté qu’un fromage et un
pain de deux deniers le jour de la St-Jean-Baptîste.
 
L’abbé présentait dans le diocèse d’Angers, —
outre le prieuré de l’Ile, dans la grande île Saint-Maur,
dont la chapelle était dédiée à Notre-Dame
et à Marie-Madeleine, — les prieurés de Denée
et du Moul, les cures de St-Maur, Bessé, St-Vétérin
de Gennes, Coutures et Denée, — dans
le diocèse de Poitiers, les prieurés de Concourson,
de la Chapelle-sous-Doué, de Bournan,
de St-Cyr-en-Bourg et de St-Maur de Loudun,
et les cures de Concourson, de la Chapelle, de
St-Cyr, de Bournan et de St-Just-des-Verchers ;
— dans le diocèse de Maillezais, les prieurés
de Faveraie et du Coural et la cure du Voide.
 
On donne pour armoiries à l’abbaye : ''d’azur''
''à 7 fleurs de lys d’or posées 3, 3 et 1''. — Sa
mesure seigneuriale comptait 12 boisseaux pour 10
et un quart 1/2 des Ponts-de-Cé.
 
Un peu à l’écart vers S. s’élève la petite église
de St-Martin, ''Sanctus Martinus prope Sanctum''
''Maurum'' 1640 (G Cures), restée seule des
quatre églises antiques. L’œuvre, en appareil
régulier du XIII{{e}} s., repose au chevet sur un noyau
en amplecton d’un édifice plus antique, dont
il a été recueilli un curieux chapiteau, sculpté
d’une syrène tenant d’une main le poisson
mystique et de l’antre sa queue. Elle comprend
deux nefs ou chapelles, accolées parallèlement et
communiquant par une arcade ogivale, chacune
d’une seule travée avec une abside semi-circulaire.
— La nef vers N., plus longue, avec le grand
autel, s’éclairait autrefois de trois fenêtres plein
cintre, longues et étroites ; celle vers S. abrite
un autel de la Vierge, dont le retable montre
des traces de peintures à peu près disparues. Un
vulgaire appentis y a été ajouté sur toute la longueur,
du N. au S., et l’église reçut une bénédiction
nouvelle le 12 avril 1753, date inscrite sur
l’arcade intermédiaire. — A hauteur d’homme,
sur le mur N., a été encastrée une inscription en
lettres gothiques du XV{{e}} s. :
(...)
sans qu’aucune trace existe extérieurement de
l’oratoire détruit. — A l’opposé, sur le pied du
pilier, qui sépare les deux nefs, une antre
pierre porte écrit :
La date donnée ici est inexacte, mais le fait est
vrai, comme je l’ai raconté, et M. Fillon a
poblié les sceaux des deux chefs mentionnés. —
Vis-à-vis, une pensée ingénieuse et patriotique a
fait placer un autre fragment recueilli dans les
décombres, qui rappelle la délivrance de la patrie.
Il n’en reste que ces mots :
(...)
Dans le carrelage, la pierre tnmulaire « de dame
<nowiki>|</nowiki> Marie Catherine de la Vi <nowiki>|</nowiki> llarmois, veve
de meesi <nowiki>|</nowiki> re François de St-Offan <nowiki>|</nowiki> ge, chevallier,
seigneur de <nowiki>|</nowiki> la Jaille, ... et mère
de M<sup>re</sup> <nowiki>|</nowiki> Magdelon de St-Of <nowiki>|</nowiki> fange, à présent
abbé de <nowiki>|</nowiki> céans, laquelle dece <nowiki>|</nowiki> da le
22{{e}} mars 1679 <nowiki>|</nowiki>, aagée de 40 ans <nowiki>|</nowiki> six
moix ... ; à côté, celle du curé Bernardin
Belliard, — et la dalle armoriée d’un abbé,
portant écartelé au 1{{er}} d’une croix, cantonnée
de 4 roses ? au 3{{e}} bandé de 10 fasces, au 2{{e}}
lozangé de ... au franc quartier d’hermine,
au 4{{e}} d’hermine à 2 fasces de ... » — Une
statue de St Fiacre et deux belles châsses, récemment
restaurées, décorent un autel.
 
C’était là l’église paroissiale, fondée en 543 et
la plus ancienne, peut-être, qui ait été dédiée à
St Martin dans le diocèse. Elle était desservie
d’abord par les religieux, qualifiés jusqu’à la
Révolution du titre de curés primitifs. Ils instituèrent
plus tard un vicaire perpétuel ou curé,
dont la résidence était à un quart de lieue perdue
au milieu des bois.
 
Les registres datent de 1598.
 
Curés : Denis Tessier, 1547. — Guill. Garnier,
† le 30 octobre 1602. — Jean Mouton,
1603, 1625. — Pierre Perrault, 1642, qui résidait
à St-Rémy et y faisait office de maître
d’école. — Abraham Rousseau, 1660, qui résigne
en 1662. — Urbain Perrault, nommé le
30 décembre 1662, † le 12 octobre 1709, âgé de
72 ans. — Louis Liberge, vicaire de Brain-sur-Longuenée,
installé le 8 novembre 1700 et qui
s’en retourne mourir le 19 à Bran, âgé de 43 ans.
— Toussaint Bouffard, installé le 8 juin 1710,
qui résigne. — Simon Sigougne, originaire de
Chemellier, installé le 4 novembre 1714. Il n’avait
reçu encore que les ordres mineurs. — Claude
Dudoyer, mort le 20 novembre 1721, au [[Château de Gonnord (ruines)|château de Gonnord]],
dont son père était receveur. —
Hilaire Mesnard, 1721, † le 2 décembre 1735,
âgé de 50 ans. — Bernardin Belliard, 1736,
† le 3 octobre 1738, âgé de 63 ans, comme l’indique
son épitaphe dans l’église. — Franç. Denouault,
installé le 8 octobre 1738. — Florent
Lemoine, 1768, † le 22 février 1772, âgé de
46 ans. — Hardy, 1772, 1786. — Poineau,
originaire de Rochefort-sur-Loire, 1787, qui suivit
ramée Vendéenne en 1793 outre-Loire, revint
se cacher à St-Lambert-du-Latay et y est
mort le 19 juillet 1828, âgé de 75 ans, en léguant
25,000 fr. à St-Lambert.
 
La chapelle fut supprimée comme succursale
et le service réuni par ordonnance épiscopale du
20 février 1809 au Toureil, où furent transportés
les ornements du culte. La chapelle vide et délabrée
fut même délaissée à partir de 1857 par la
procession des Rogations. On a commencé à la
restaurer en 1862 avec une première allocation
votée par la Société archéologique de France
dans sa réunion de Saumur, — et depuis lors
avec des offrandes particulières.
 
La paroisse comptait 43 feux en 1748, —
37 feux en 1793. Elle fut érigée, comme ses voisines,
en commune, comprenant 371 hect., et eut
pour maires : Blanchet, an II-1808. — Avril,
2 janvier 1808. — Pierre-Charles Leveux,
10 février 1813, installé le 22, démissionnaire le
15 mars 1822. — René Artif, 14 mai 1822. —
Pierre Martin, 8 février 1830.
 
La loi du 15 juillet 1840 l’a réunie à Saint-Georges-le-Toureil,
d’où l’a détachée de nouveau
la loi du 18 juin 1873, pour former avec le Toureil
et Bessé la commune du Toureil.
 
Deux Assemblées s’y tiennent le 24 juin et le
25 août, qui ont remplacé les foires antiques.
 
<small>Arch. de M.-et-L. C 193 et 196 ; E 1366 ; H Abbaye de Saint-Maur. Son Chartrier comprend 50 volumes ou registres, une quarantaine de liasses, et un curieux petit cartulaire XII{{e}} siècle, de 29 folios à 2 colonnes, avec la reproduction des monogrammes et des dessins des sceaux, appendus primitivement aux chartes originales (560-1147). Il a été publié par M. Marchegay, t. I., p. 253-403 de ses ''Archives d’Anjou''. V. aussi T. I, p. 293-350 ; II, 887 et ''Not. et Docum.'', p. 379. — Bolland, janvier, t. I, p. 1049 ; t. II, p. 329 ; t. III, p. 414. — Mabillon, ''Prœfationes Actis SS. ord. S. Ben'', (Rouen, 1732, in-4°), ch. v, p. 19-25. — D. Ruinard, ''Apologie de la mission de St Maur (Paris, 1702, in-8° de 180 p. — ubi p. 142 la bulle d’Urbain II. — L’abbé Ansard. ''Hist. de St Maur'' (Paris, 1772, in-12). — D. Bastide, ''De Ordinis S. Bened. propagat.'' (Auxerre, 1658, in-4°). — ''St Maur et le sancruaire de Glanfeuil en Anjou'' <nowiki>[</nowiki>par D. Jausions<nowiki>]</nowiki> (Angers, 1868, in-12). — D. Chamard, ''Vie des Saints de l’Anjou'', t. I, p. 237-291. — ''Journal de Maine-et-Loire'', 21-23 février 1843. — ''Répert. archéol.'', 1860, p. 153, 160-165 ; 1865, p. 104 ; 1868, p. 180. — Godard-Faultrier, ''Nouvelles archéol.'', n° 50, — et ''l’Anjou et ses Monum.'', t. I, p. 135-145 ; t. II. p. 302-304. — ''Revue de l’Ouest, t. III, p. 200, art. de M. Benj. Fillon. — Roger, ''Hist. d’Anjou'', p. 51-54, 227-232. — Bodin, t. I, p. 252 et 530. — ''Comité hist. des Arts et Monum.'', 1844, t. III, p. 107.— ''Hist. littéraire de la France'', t. V, p. 384. — D. Martène, ''Hist. de Marmoutier'', I, 164. — ''Revue d’Anjou'', 1869, p. 12-20 ; 1876, p. 170. - ''Mém. de la Soc. d’Agric., Sc. et Arts d’Angers'', t. II, p. 151. — Berthe, Mss. 896, t. II, p. 20. — Grandet, Notes Mss. — ''Hist.'', Mss. 772, de l’abb. de St-Maur. </small> }}
 
== Notes ==
Articles connexes
:• [[Saint-Georges-le-Thoureil]]
:• [[Gennes-Val-de-Loire]]
 
Sources et annotations
{{Références}}
: Les [[Maur|formes anciennes]] du nom.
 
 
{{BasPage CommunesAnciennes}}


[[Catégorie:Ancienne commune]]
[[Catégorie:Ancienne commune]]
[[Catégorie:Le Thoureil]]
[[Catégorie:Le Thoureil]]