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[[File: | [[File:Le père Joseph Wresinski en République Centrafricaine.jpg|thumb|alt=Photographie.]] | ||
Prêtre catholique [[Maine-et-Loire|angevin]], '''Joseph Wresinski''' est le fondateur du mouvement ATD Quart-Monde au milieu du {{XXs}} | Prêtre catholique [[Maine-et-Loire|angevin]], '''Joseph Wresinski''' est le fondateur du mouvement [[ATD Quart-monde Maine-et-Loire|ATD Quart-Monde]] au milieu du {{XXs}}, mouvement qui prendra ensuite une ampleur internationale. Il consacrera sa vie à la lutte contre la misère et l'illettrisme. | ||
Son père est polonais, avec un passeport allemand, et sa mère espagnole. En pleine guerre, c'est dans un camp d'internement pour les étrangers suspects | Son père est polonais, avec un passeport allemand, et sa mère espagnole. En pleine guerre, c'est dans un camp d'internement pour les étrangers suspects que Joseph Wresinski<ref>Wresinski, Joseph (1917-1988)</ref> voit le jour le {{date|12 février [[1917]]}} à [[Angers]] (Maine-et-Loire), derrière les murs de l'ancienne abbaye Saint-Serge adaptée aux besoins de la rétention administrative du moment<ref name="univ-wresinski">Louis Join-Lambert, ''Wrésinski Joseph (1917-1988)'', dans ''Encyclopædia Universalis'', éd. Encyclopædia Universalis France, 2012-2023</ref>{{,}}<ref>Paule René-Bazin, ''I. Courte biographie de Joseph Wresinski - Angers (Maine-et-Loire), 12 février 1917, Suresnes (Hauts-de-Seine), 14 février 1988'', dir B. Tardieu, J. Tonglet, avec le concours de D. Jousset et B. Noyer, dans ''Ce que la misère nous donne à repenser avec Joseph Wresinski'', Hermann Édition Sciences et Arts (Paris), 2018, p. 505-506</ref>{{,}}<ref name="fa-2avr2021">FranceArchives - Service interministériel des Archives de France (Paule René-Bazin), ''Joseph Wresinski'', version du 9 juillet 2024 (source ''Recueil des Commémorations 2017'')</ref>. | ||
Il grandit ensuite en famille, dans une forge désaffectée au 14 rue Saint-Jacques, en aidant dès son plus jeune âge à subvenir aux besoins familiaux, servant la messe au couvent voisin du Bon-Pasteur, | Il grandit ensuite en famille, dans une forge désaffectée au 14 rue Saint-Jacques, en aidant dès son plus jeune âge à subvenir aux besoins familiaux, servant la messe au couvent voisin du Bon-Pasteur, gardant les chèvres. L'expérience de la précarité, il l'a faite tôt dans la vie, auprès d'une mère seule, traitée en indigente, qui peinera à nourrir son monde<ref>Archives de Maine-et-Loire (dir. Élisabeth Verry), ''Joseph Wresinski'', 2017 (à l'occasion du centenaire de sa naissance)</ref>. | ||
L'adolescence le voit commencer un apprentissage de boulanger-pâtissier, fréquenter quelques temps les Jeunesses communistes, puis se rapprocher de la Jeunesse | L'adolescence le voit commencer un apprentissage de boulanger-pâtissier, fréquenter quelques temps les Jeunesses communistes, puis se rapprocher de la [[Jeunesse ouvrière chrétienne de Maine-et-Loire|Jeunesse ouvrière chrétienne]] (JOC), où il touche du doigt les déplorables conditions d'existence des jeunes travailleurs. Il entre au petit séminaire de [[Beaupréau]] à {{unité|17|ans}} et est ordonné prêtre à sa sortie du Grand séminaire de Soissons en juin 1946<ref>Étienne Fouilloux,. (2018). ''IV. Joseph Wresinski dans l'Église de son temps (1917-1956)'', dir. B. Tardieu, J. Tonglet, avec le concours de D. Jousset et B. Noyer, dans ''Ce que la misère nous donne à repenser, avec Joseph Wresinski'', Hermann Édition Sciences et Arts (Paris), 2018, p. 129-144</ref>. | ||
En 1956 il exerce | En 1956 il exerce depuis dix ans dans des paroisses de l'Est quand son évêque lui demande de prendre en charge une cité d'urgence Emmaüs pareille à un bidonville de sans-logis, en région parisienne, à Noisy-le-Grand<ref name="univ-wresinski" />{{,}}<ref name="fa-2avr2021" />. | ||
Selon ses propres mots, il y {{citation|entre dans le malheur}}, réalisant qu'apporter un secours matériel et religieux n'est pas du tout suffisant. Encore plus que de pain et de toit les 252 familles qui pataugent sur le terrain vague autour de lui ont d'abord besoin d'exister, d'être reconnues pour ce qu'elles sont, d'accéder à la dignité à laquelle elles ont droit. Le père Joseph essaie de les convaincre de la richesse de leur expérience et du caractère | Selon ses propres mots, il y {{citation|entre dans le malheur}}, réalisant qu'apporter un secours matériel et religieux n'est pas du tout suffisant. Encore plus que de pain et de toit les {{unité|252|familles}} qui pataugent sur le terrain vague autour de lui ont d'abord besoin d'exister, d'être reconnues pour ce qu'elles sont, d'accéder à la dignité à laquelle elles ont droit. Le père Joseph essaie de les convaincre de la richesse de leur expérience et du caractère unique de leur pensée, et d'amener ces exclus à en parler, ce qu'eux seuls d'après lui peuvent faire correctement. | ||
Avec eux il crée jardin d'enfants, bibliothèque, chapelle, atelier, laverie, salon d'esthétique pour les femmes ... | Avec eux il crée jardin d'enfants, bibliothèque, chapelle, atelier, laverie, salon d'esthétique pour les femmes ... {{citation|Ce n'est pas tellement de nourriture, de vêtements qu'avaient besoin tous ces gens, mais de dignité, de ne plus dépendre du bon vouloir des autres<ref name="fa-2avr2021" />. }} | ||
Une association voit le jour en [[1957]], qui deviendra « [[ATD Quart-monde Maine-et-Loire|Aide à toute détresse]] » (ATD). Une certitude anime Joseph Wresinski : {{citation|La misère est l'œuvre des hommes, seuls les hommes peuvent la détruire. }} Ce sera la finalité première du Mouvement ATD Quart-Monde : s'unir pour détruire la misère<ref>''Mouvement A.T.D. Quart Monde'', dans ''Encyclopédie Larousse'', Société des éditions Larousse (Paris), 2022-2025</ref>{{,}}<ref name="fa-2avr2021" />{{,}}<ref>Le Monde (Alain Faujas), ''À tout cœur'', 2 septembre 1978</ref>. | |||
En 1958, Geneviève de Gaulle Anthonioz, nièce du Général, résistante et déportée, qui assiste son époux alors membre du cabinet du ministre André Malraux, rencontre le | En 1958, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, nièce du {{abréviation|Général|Charles de Gaulle (1890-1970)}}, résistante et déportée, qui assiste son époux alors membre du cabinet du ministre André Malraux, rencontre le père Joseph et revoit dans les souffrances qu'elle découvre autour de lui les siennes et celles des autres déportés : elle décide de s'engager avec lui dans ATD, dont elle sera présidente de la branche française de 1964 à 1998<ref>''Geneviève de Gaulle-Anthonioz'', dans ''Encyclopédie Larousse'', Société des éditions Larousse (Paris), 2015-2022</ref>. | ||
À partir de 1979, Joseph Wresinski est membre du Conseil économique et social, où il rédige un rapport intitulé | À partir de 1979, Joseph Wresinski est membre du Conseil économique et social, où il rédige un rapport intitulé ''Grande pauvreté et précarité économique et sociale'' (1987) qui aura des répercussions non seulement nationales mais européennes et mondiales. C'est ce rapport qui dénonce la misère comme une violation des droits de l'homme. Et il y est proclamé qu'il n'est pas possible de supprimer la grande pauvreté sans y associer d'emblée les plus pauvres. La grande originalité du père Joseph<ref name="univ-wresinski" />{{,}}<ref name="fa-2avr2021" />. | ||
Le {{date|17 octobre 1987}}, sur ce parvis du Trocadéro à Paris où fut signée la Déclaration universelle des droits de l'homme<ref>Le Monde, ''« La dalle du parvis des Libertés et des Droits de l'homme doit honorer les enseignants »'', 26 décembre 2023</ref>, plus de {{unité|100000|personnes}} expriment autour de lui la nécessité de s'unir pour faire respecter ces droits. À cette occasion, une dalle a été gravée ; on peut désormais y lire son appel devenu célèbre : {{citation|Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré }}. Ce rassemblement est aussi institué ''le 17 octobre'', Journée mondiale du Refus de la misère, officiellement reconnue en 1992 par l'{{abréviation|ONU|Organisation des Nations unies}}. | |||
Les années 1980 sont aussi celles d'initiatives et expériences locales où ATD | Les années 1980 sont aussi celles d'initiatives et expériences locales où ATD joue un grand rôle, notamment à Rennes, et qui amèneront le gouvernement Rocard a créer le revenu minimum d'insertion (RMI) en 1988. | ||
Joseph Wresinski décède à Suresnes le 14 février 1988, et est inhumé dans la chapelle Notre-Dame-de- | Joseph Wresinski décède dans les Hauts-de-Seine à Suresnes le {{date|14 février 1988}}, et est inhumé dans la chapelle Notre-Dame-de-Tout-le-Monde du Centre international d'ATD Quart-monde à Méry-sur-Oise. | ||
À la mort du père Joseph, Geneviève de Gaulle sera nommée à son tour en 1988 au Conseil économique et social, se battant pendant dix ans pour l'adoption d'une Loi d'orientation contre la grande pauvreté, qui sera finalement votée en 1998. | À la mort du père Joseph, Geneviève de Gaulle sera nommée à son tour en 1988 au Conseil économique et social, se battant pendant {{nobr|dix ans}} pour l'adoption d'une Loi d'orientation contre la grande pauvreté, qui sera finalement votée en 1998<ref name="fa-2avr2021" />. | ||
La tradition d'expérimentation locale avec les intéressés reste après la mort de Wresinski la culture d'ATD Quart-Monde avec par exemple les initiatives autour de l'Aide à la complémentaire santé (ACS) ou le projet Territoires zéro chômeur de longue durée (TZC) porté au niveau national par l'angevin [[Patrick Valentin]]. | La tradition d'expérimentation locale avec les intéressés reste après la mort de Wresinski la culture d'ATD Quart-Monde avec par exemple les initiatives autour de l'Aide à la complémentaire santé (ACS) ou le projet Territoires zéro chômeur de longue durée (TZC) porté au niveau national par l'angevin [[Patrick Valentin]]. | ||
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== Notes == | == Notes == | ||
Bibliographie | Bibliographie | ||
: | :* {{Ouvrage |auteur=Thierry Monfils |titre=Le père Joseph Wresinski : fondateur d'ATD Quart-monde : sacerdoce et amour des pauvres |éditeur=Culture et vérité |lieu=Namur |collection=Présence (Lessius) |année=1994 |pages totales=262 |isbn=2-87299-019-4 |bnf=41182227 }}. | ||
: | :* {{Ouvrage |auteur=Jean-Claude Caillaux |titre=Père Joseph Wresinski : un défi pour la dignité de tous |éditeur=Desclée de Brouwer |lieu=Paris |collection=Témoins d'humanité |année=1999 |pages totales=153 |isbn=2-220-04382-7 |bnf=37035093 }}. | ||
: | :* {{Ouvrage |auteur=Jean Lecuit |titre=Jésus misérable : introduction à la christologie du père Joseph Wresinski |éditeur=Desclée |lieu=Paris |année=2006 |pages totales=139 |isbn=2-7189-0983-8 |bnf=40212526 }}. | ||
:* {{Ouvrage |auteur=Georges-Paul Cuny |titre=L'homme qui déclara la guerre à la misère : Joseph Wresinski, le fondateur d'ATD Quart Monde |éditeur=Albin Michel |lieu=Paris |année=2014 |pages totales=275 |isbn=978-2-226-24860-2 |bnf=43898480 }}. | |||
: | :* {{Ouvrage |auteur=David Jousset, Bruno Tardieu et Jean Tonglet |titre="Les pauvres sont nos maîtres" ! : apprendre de ceux qui résistent à la misère : le paradoxe Wresinski |éditeur=Hermann |lieu=Paris |année=2019 |pages totales=202 |isbn=979-10-370-0158-0 |bnf=45839096 }}. | ||
Sur le même sujet | Sur le même sujet | ||
: | :* [[ATD Quart-monde Maine-et-Loire]] | ||
: | :* [[Banque alimentaire de Maine-et-Loire]] | ||
: | :* [[Patrick Valentin]] | ||
: | :* [[Christine Brisset]] | ||
:* [[Marie-Euphrasie Pelletier]] | |||
Sources et annotations | Sources et annotations | ||