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'''La cité "des Baraquements" du parc de la Haye de 1944 à 1950.'''
'''La cité "des Baraquements" du parc de la Haye de 1944 à 1950'''
Le bombardement du 17 juin 1944 avait dangereusement ébranlé et rendu inhabitable le petit chalet de bois que nous habitions ma mère, mon frère de six ans mon cadet et moi - notre papa étant mort pour la France à Givet le 19 mai 1940<ref>Givet : Commune du département des Ardennes (région  Champagne-Ardenne) où se déroula des combats en mai 1940 entre l'armée française et la 32<sup>e</sup> division d'infanterie allemande.</ref> - rue des Chênes au [[Avrillé - Bois du Roy|Bois du Roy]] d’Avrillé, en face de la rue des Fleurs. C’était l’un de la douzaine de ces petits chalets construits dans les années 1920 dans le Bois du Roi, ainsi que dans le quartier de la Caserne.
Le bombardement du 17 juin 1944 avait dangereusement ébranlé et rendu inhabitable le petit chalet de bois que nous habitions ma mère, mon frère de six ans mon cadet et moi - notre papa étant mort pour la France à Givet le 19 mai 1940<ref>Givet : Commune du département des Ardennes (région  Champagne-Ardenne) où se déroula des combats en mai 1940 entre l'armée française et la 32<sup>e</sup> division d'infanterie allemande.</ref> - rue des Chênes au [[Avrillé - Bois du Roy|Bois du Roy]] d’Avrillé, en face de la rue des Fleurs. C’était l’un de la douzaine de ces petits chalets construits dans les années 1920 dans le Bois du Roi, ainsi que dans le quartier de la Caserne.
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Une de ces munitions devait provoquer, un certain mercredi 29 novembre 1944 un très grave accident qui a failli coûter la vie à quatre ou cinq de ces gamins.
Une de ces munitions devait provoquer, un certain mercredi 29 novembre 1944 un très grave accident qui a failli coûter la vie à quatre ou cinq de ces gamins.


'''L'un d’eux, mon frère Michel raconte en 2011 :'''
 
'''L'un d’eux, mon frère Michel raconte en 2011'''


Nous jouions, quelques gamins et moi, cinq au total, au beau milieu de cette sorte de « carré » de bâtiments, au bord de la « piscine ». L’un d’entre nous, Jeannot, qui lui n’habitait pas notre « cité » avait une drôle de chose à la main trouvée quelques instants avant dans les fourrés voisins. Nous étions assis tous les cinq sur le petit muret d’ardoise de la piscine.
Nous jouions, quelques gamins et moi, cinq au total, au beau milieu de cette sorte de « carré » de bâtiments, au bord de la « piscine ». L’un d’entre nous, Jeannot, qui lui n’habitait pas notre « cité » avait une drôle de chose à la main trouvée quelques instants avant dans les fourrés voisins. Nous étions assis tous les cinq sur le petit muret d’ardoise de la piscine.
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Puis notre joyeuse vie d’enfants libres reprit son cours et les recommandations des adultes furent bien vite oubliées.
Puis notre joyeuse vie d’enfants libres reprit son cours et les recommandations des adultes furent bien vite oubliées.


'''Les munitions'''
'''Les munitions'''
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Une anecdote à ce sujet : Dans le courant de l’été 1945, après avoir charroyé<ref>Charroyer : Transporter par chariot ou charrette.</ref> à l’aide d’une antédiluvienne<ref>Antédiluvien : Terme pour désigner quelque chose de très ancien (qui a existé avant le déluge).</ref> brouette en bois, ou peut-être le châssis d'un ancien landau, je ne sais plus, (et en évitant de rencontrer quelqu’un) plusieurs bandes de balles de fusil mitrailleur découvertes dans le bas du Boulevard Hildegarde, je crois, nous avons décidé d’organiser un feu d’artifice près du « château », sous le petit hangar.  
Une anecdote à ce sujet : Dans le courant de l’été 1945, après avoir charroyé<ref>Charroyer : Transporter par chariot ou charrette.</ref> à l’aide d’une antédiluvienne<ref>Antédiluvien : Terme pour désigner quelque chose de très ancien (qui a existé avant le déluge).</ref> brouette en bois, ou peut-être le châssis d'un ancien landau, je ne sais plus, (et en évitant de rencontrer quelqu’un) plusieurs bandes de balles de fusil mitrailleur découvertes dans le bas du Boulevard Hildegarde, je crois, nous avons décidé d’organiser un feu d’artifice près du « château », sous le petit hangar.  
'''La boule de feu'''


Je dois préciser ici que dans notre équipe nous avions un « meneur » un peu plus vieux. J'avais 12 ans.
Je dois préciser ici que dans notre équipe nous avions un « meneur » un peu plus vieux. J'avais 12 ans.
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Je ne suis pas sûr que certains d’entre nous n'aient eu droit à une bonne raclée, et si les gendarmes ne sont pas venus c’est surtout parce que « les gens des baraquements » ne souhaitaient pas trop leur présence ici.
Je ne suis pas sûr que certains d’entre nous n'aient eu droit à une bonne raclée, et si les gendarmes ne sont pas venus c’est surtout parce que « les gens des baraquements » ne souhaitaient pas trop leur présence ici.
'''Les baraquements'''


Notre domaine de jeux était immense et pourtant nous en connaissions chaque mètre carré.
Notre domaine de jeux était immense et pourtant nous en connaissions chaque mètre carré.


C’était l’aventure permanente sous des genêts immenses et touffus où nous construisions de magnifiques cabanes ou bien dans les arbres où nous étions Tarzan, Jane et Chita comme dans les films que Monsieur Bourgouin des Tournées France Cinéma venait projeter chaque mois dans une des salles de l'un des bâtiments "en dur" qui avait été aménagée en "salle des fêtes".
C’était l’aventure permanente sous des genêts immenses et touffus où nous construisions de magnifiques cabanes ou bien dans les arbres où nous étions Tarzan, Jane et Cheeta, comme dans les films que Monsieur Bourgouin, des Tournées France Cinéma, venait projeter chaque mois dans une des salles de l'un des bâtiments "en dur" qui avait été aménagée en "salle des fêtes".


Nos Janes étaient multiples et déchiraient comme nous le fond de leur culotte Bateau aux branches et aux épines.
Nos Jane étaient multiples et déchiraient comme nous le fond de leur culotte Bateau aux branches et aux épines.


Que de batailles d'Indiens, de Sioux maquillés à la mure écrasée dans une boite kaki trouvée là et ayant contenu le corneed beef de l'armée américaine.  
Que de batailles d'Indiens, de Sioux maquillés à la mure<ref>Mure : Désigne l’eau de mer qui reste dans les salines après la cristallisation du sel, ou l’eau saturée de sel après qu’on lui a fait subir l’évaporation.</ref> écrasée dans une boite kaki trouvée là et ayant contenu le corned-beef de l'armée américaine.  


Que d'arcs et de flèches empruntés aux forêts de noisetiers du lieu.
Que d'arcs et de flèches empruntés aux forêts de noisetiers du lieu.


Que ne navigations hasardeuses sur l'étang St-Nicolas à l'aide de barques non cadenassées empruntées à des pêcheurs trop confiants.
Que ne navigations hasardeuses sur l'étang Saint-Nicolas à l'aide de barques non cadenassées empruntées à des pêcheurs trop confiants.


Aux baraquements, les parents de nos enfances étaient pour la plupart sortis bien « cabossés » par de longues années de privation, d’insécurité, de peurs et de deuils.  
Aux baraquements, les parents de nos enfances étaient pour la plupart sortis bien « cabossés » par de longues années de privation, d’insécurité, de peurs et de deuils. Ils pensaient surtout à revivre, seulement à vivre enfin.


Ils pensaient surtout à revivre, seulement à vivre enfin.
Dès 1945, un petit comité des fêtes avait dû voir le jour, car j'ai le souvenir de belles journées de joie qui furent organisées dans la Salle. Quelques habitants du Parc de la Haye y participaient, notamment les  demoiselles Le Noble qui étaient de remarquables animatrices. J'entends encore chanter la superbe voix de Margot Méaule, un amour de dame et un bout-en train extraordinaire…


Dès 1945 un petit comité des fêtes avait du voir le jour car j'ai le souvenir de belles journées de joie qui furent organisées dans la Salle.
Il y avait du travail quasiment pour tout le monde, les gens vivaient dans une sorte de bonheur retrouvé voire découvert pour certains d'entre-eux. Il n’y avait pas de misère chez les gens modestes, de ces familles qui finalement formaient une « grande famille » rassemblée là derrière les arbres, un peu cachée c'est vrai, en retrait et qui n’apparaissait pas trop aux « gens biens » depuis la route.
 
Quelques habitants du Parc de la Haye y participaient, notamment les  demoiselles Le Noble qui étaient de remarquables animatrices. J'entends encore chanter la superbe voix de Margot Méaule, un amour de dame et un bout-en train extraordinaire…
 
Il y avait du travail quasiment pour tout le monde, les gens vivaient dans une sorte de bonheur retrouvé voire découvert pour certains d'entre-eux. Il n’y avait pas de misère chez les gens modestes de ces familles qui finalement formaient une « grande famille » rassemblée là derrière les arbres, un peu cachée c'est vrai, en retrait et qui n’apparaissait pas trop aux « gens bien » depuis la route.


Ils étaient là comme des réfugiés ayant perdu leur logis détruit par la guerre ou récupérés par des propriétaires peu scrupuleux bien heureux de se séparer de gens de peu.
Ils étaient là comme des réfugiés ayant perdu leur logis détruit par la guerre ou récupérés par des propriétaires peu scrupuleux bien heureux de se séparer de gens de peu.


Ils venaient d'Avrillé, de la Doutre, du quartier St-Nicolas.
Ils venaient d'[[Avrillé]], de la [[Angers - La Doutre|Doutre]], du quartier [[Angers - Saint Jacques Nazareth|Saint-Nicolas]].


Il y avait une grande solidarité aux Baraquements. Chacun avait à cœur d’aider ou dépanner un voisin. Les quelques chamailleries de voisinage du samedi soir auxquelles j’ai pu assister se sont le plus souvent éteintes naturellement.  
Il y avait une grande solidarité aux Baraquements. Chacun avait à cœur d’aider ou dépanner un voisin. Les quelques chamailleries de voisinage du samedi soir auxquelles j’ai pu assister se sont le plus souvent éteintes naturellement.  


Nous les gamins (et aussi un peu les adultes) nous amusions beaucoup du spectacle de retour au bercail de certains hommes les fins de semaine. A bicyclette puis sur les premières mobylettes.  
Nous les gamins (et aussi un peu les adultes) nous amusions beaucoup du spectacle de retour au bercail de certains hommes les fins de semaine. A bicyclette puis sur les premières mobylettes. Il fallait les voir négocier le trajets du retour parmi les nombreux arbres conservés autour de nos baraques pour atteindre, les jours de chance, sans trop d'encombre leur domicile. Les jours de moins de chance c’était la « gamelle » superbe, tête première dans le roncier et l’arrivée de l’épouse venant au secours de son mari, en invoquant  Dieu… Dans quel état tu t’es mis encore ?


Il fallait les voir négocier le trajets du retour parmi les nombreux arbres conservés autour de nos baraques pour atteindre, les jours de chance, sans trop d'encombre leur domicile.  
Il n’y a jamais eu de drames de sang aux baraquements ni même de brutalités. Il y avait hélas, beaucoup d’alcoolisme dans ce milieu de travailleurs, maçons, terrassiers, tâcherons, journaliers de fermes, de manœuvres de Montreuil, de Bessonneau<ref>Établissements Bessonneau : Ensemble des usines de la Société anonyme des filatures, corderies et tissages d'Angers, créée en 1901 et qui ferma définitivement ses portes en 1974.</ref>, des Fours Martin de Montrejeau, d’anciens de « la guerre 14 » etc. Il y avait également des grands malades, des infirmes et quelques vieillards. C’était un peu la cour des miracles aux baraquements mais on était bien…


Les jours de moins de chance c’était la « gamelle » superbe, tête première dans le roncier et l’arrivée de l’épouse venant au secours de son mari, en invoquant  Dieu…  - Dans quel état tu t’es mis encore ?
L’Amour, l’Amitié et un peu le vin rouge veillaient sur notre cité, c’est sûr !


Il  n’y a jamais eu de drames de sang aux baraquements ni même de brutalités. Il y avait hélas, beaucoup d’alcoolisme dans ce milieu de travailleurs, maçons, terrassiers, tâcherons, journaliers de fermes, de manœuvres de Montreuil, de Bessonneau, des Fours Martin de Montrejeau, d’anciens de « la guerre 14 » etc.
Il y avait également des grands malades, des infirmes et quelques vieillards.


C’était un peu la cour des miracles aux baraquements mais on était bien…
'''Notre baraque'''


L’Amour,  l’Amitié et un peu le vin rouge veillaient sur notre cité, c’est sur !
La « baraque » que nous habitions avec ma mère était presque un palace pour l’époque… Elle avait été construite à la hâte après les hostilités par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU)<ref>MRU : Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, créé en France fin 1944.</ref> sur le même modèle que celles déjà construite à côté précédemment, par l’occupant. Certaines de ces six ou sept baraques comprenaient quatre à cinq logements contigus. La notre, deux seulement.
 
La « baraque » que nous habitions avec ma mère était presque un palace pour l’époque… Elle avait été construite à la hâte après les hostilités par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) sur le même modèle que celles déjà construite à côté précédemment, par l’occupant. Certaines de ces six ou sept baraques comprenaient quatre à cinq logements contigus. La notre, deux seulement.


Totalement construite en bois et recouvertes de planches de pin selon la formule du bardage à chevauchement horizontal, les « murs » de 20 centimètres d’épaisseur environ contenaient des feuilles isolantes d’aluminium que l’on entendait froisser les jours de vent d’hiver. Ce n’était pas du tout étanche il faut dire… Et nous y avons eu souvent très froid.  
Totalement construite en bois et recouvertes de planches de pin selon la formule du bardage à chevauchement horizontal, les « murs » de 20 centimètres d’épaisseur environ contenaient des feuilles isolantes d’aluminium que l’on entendait froisser les jours de vent d’hiver. Ce n’était pas du tout étanche il faut dire… Et nous y avons eu souvent très froid.  
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Des baraques en bois, des équipements de cuisine et chauffage pour la plupart très anciens ou vétustes, et pourtant, je n’ai pas le souvenir du moindre départ de feu.
Des baraques en bois, des équipements de cuisine et chauffage pour la plupart très anciens ou vétustes, et pourtant, je n’ai pas le souvenir du moindre départ de feu.


Dans la cuisine-salle commune, nous avions un évier carré en ciment muni d’un unique robinet où nous venions chacun à son tour faire notre toilette. Pas encore de chauffe-eau bien sur, le fourneau à « Butagaz » arriverait bientôt dans tous les foyers.  
Dans la cuisine-salle commune, nous avions un évier carré en ciment muni d’un unique robinet où nous venions chacun à son tour faire notre toilette. Pas encore de chauffe-eau bien sûr, le fourneau à « Butagaz » arriverait bientôt dans tous les foyers.  


Il fallait réchauffer de l’eau dans une casserole rapiécée sur la bonne vieille cuisinière Rosières bleue sauvée du bombardement et alimentée avec le célèbre « Boulet Barré aux Deux Extrémités » que nous livrait le père Rabergeau avec son plateau à pneus… et à cheval.  
Il fallait réchauffer de l’eau dans une casserole rapiécée sur la bonne vieille cuisinière Rosières<ref>Rosières : Fabricant français d’appareils électroménagers.</ref> bleue sauvée du bombardement et alimentée avec le célèbre « Boulet Barré aux Deux Extrémités » que nous livrait le père Rabergeau avec son plateau à pneus… et à cheval.  


Des toilettes équipées d’une chasse d’eau en fonte qui faisait le bruit monstrueux d’une énorme régurgitation, quand on tirait la chaine…  
Des toilettes équipées d’une chasse d’eau en fonte qui faisait le bruit monstrueux d’une énorme régurgitation, quand on tirait la chaine…  


Finie, "la cabane au fond du jardin" de la Rue des Chênes…
Finie, "la cabane au fond du jardin" de la rue des Chênes…


Mais, je l’ai dit par ailleurs, nous étions bien… Nous mangions à notre faim malgré les « tickets » qui rationneraient pour quelques temps encore l’approvisionnement de quelques denrées  alimentaire.
Mais, je l’ai dit par ailleurs, nous étions bien… Nous mangions à notre faim malgré les « tickets » qui rationneraient<ref>Ticket de rationnement : Système de rationnement mis en place en mars 1940, et prolongé pour certains produits, comme le pain, jusqu'en 1949.</ref> pour quelques temps encore l’approvisionnement de quelques denrées  alimentaire.
Le confort moderne ici vous dis-je, l’eau courante, l’électricité, chacun sa chambre, bien supérieur à celui de notre maison précédente, à la différence cependant que là bas il fallait « tirer de l’eau »  au puits avec la « seille » pendue au bout d’une chaîne qui s’enroulait autour un rondin biscornu muni d’une manivelle et qui couinait à chaque tour. La chaîne cassait souvent et il fallait récupérer l’ensemble avec le grappin du voisin, Marcel Nolin qui procédait à une réparation avec du fil de fer.


Depuis que nous habitions « aux baraquements » mon frère et moi allions à l’école d’Angers dite du Boulevard de Laval et devenue André Moine en 1946, le dit Boulevard étant lui même, devenu le boulevard Clémenceau.
Le confort moderne ici vous dis-je, l’eau courante, l’électricité, chacun sa chambre, bien supérieur à celui de notre maison précédente, à la différence cependant que là bas il fallait « tirer de l’eau » au puits avec la « seille<ref>Seille : Bassine munie d’oreilles dans lesquelles on passe une corde en guise d’anse. Voir aussi le mot [[seillau]].</ref> » pendue au bout d’une chaîne qui s’enroulait autour un rondin biscornu muni d’une manivelle et qui couinait à chaque tour. La chaîne cassait souvent et il fallait récupérer l’ensemble avec le grappin du voisin, Marcel Nolin, qui procédait à une réparation avec du fil de fer.
Trois kilomètres à pieds matin et soir tout au long de la rue de la Meignane au son de nos galoches à semelle de bois protégées par des bandes de caoutchouc découpées dans des pneus d'auto que cloutait notre mère, le soir sur le "pied-de-fer" de feu notre papa qui avait été cordonnier. Maman avait elle aussi travaillé avec papa "dans la chaussure" chez Goirand, rue Vauvert à Angers.
 
Depuis que nous habitions « aux baraquements » mon frère et moi allions à l’école d’Angers dite du boulevard de Laval et devenue André Moine en 1946, le dit boulevard étant lui même, devenu le boulevard Clémenceau. Trois kilomètres à pieds matin et soir tout au long de la rue de La Meignanne au son de nos galoches à semelle de bois protégées par des bandes de caoutchouc découpées dans des pneus d'auto que cloutait notre mère, le soir sur le "pied-de-fer" de feu notre papa qui avait été cordonnier. Maman avait elle aussi travaillé avec papa "dans la chaussure" chez Goirand, rue Vauvert à Angers.


Emmitouflés dans nos « capuchons » de toile cirée nous trottinions ainsi par tous les temps au son du contenu de nos plumiers en bois.
Emmitouflés dans nos « capuchons » de toile cirée nous trottinions ainsi par tous les temps au son du contenu de nos plumiers en bois.


La charge de mes « devoirs » était bien moins importante que celle charroyée par les écoliers d’aujourd’hui et tenait facilement dans ma petite « musette » kaki US-Army à côté de mes tartines du repas de midi…
La charge de mes « devoirs » était bien moins importante que celle charroyée par les écoliers d’aujourd’hui et tenait facilement dans ma petite « musette » kaki US-Army à côté de mes tartines du repas de midi… Dans cette école, mon frère et moi avons été très studieux et nous avons reçu – selon l'expression consacrée - Not'Certificat<ref>Certificat d'étude : Appelé « certificat d'études » (ou familièrement « certif' »),  le Certificat d'études primaires élémentaires était un diplôme sanctionnant la fin de l'enseignement primaire en France.</ref> !
Dans cette école, mon frère et moi avons été très studieux et nous avons reçu –selon l'expression consacrée - Not'Certificat !


Nous étions quatre ou cinq à faire ce trajet et quelquefois nous l’agrémentions d’un jeu qui consistait à accompagner « à coup de pieds », et « à toi et à moi » et en pleine rue, une vieille – et rare encore - boite à conserves.  
Nous étions quatre ou cinq à faire ce trajet, et quelquefois nous l’agrémentions d’un jeu qui consistait à accompagner « à coup de pieds », et « à toi et à moi » et en pleine rue, une vieille – et rare encore - boite à conserves.  


Au bout d'un kilomètre ou deux nous cachions l’inestimable objet afin de le récupérer le soir pour le trajet inverse…  
Au bout d'un kilomètre ou deux nous cachions l’inestimable objet afin de le récupérer le soir pour le trajet inverse…  
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Notre mère habitera une quinzaine d'années aux "baraquements".
Notre mère habitera une quinzaine d'années aux "baraquements".


Quand je ferme mes vieux yeux, je revois quelque images de mon Parc de la Haye de ces années la.  
 
En remontant la rue de la Meignane, après avoir laissé sur la gauche le petit chemin de Roc-Epine, je revois les lopins de terre que la municipalité nous avait attribué gratuitement et que nos mères et pères avaient défrichés « à dos brisés » et ensemencés de ce qu’ils appelaient plaisamment et "librement" désormais des « kartoffels » parodiant ainsi les troupes d’occupation qui avaient tant recherché ces tubercules.
'''Quand je ferme les yeux'''
 
Quand je ferme mes vieux yeux, je revois quelque images de mon Parc de la Haye de ces années . En remontant la rue de La Meignanne, après avoir laissé sur la gauche le petit chemin de Roc-Épine, je revois les lopins de terre que la municipalité nous avait attribué gratuitement, et que nos mères et pères avaient défrichés « à dos brisés » et ensemencés de ce qu’ils appelaient plaisamment et "librement" désormais des « kartoffels<ref>Kartoffel : Nom commun désignant une pomme de terre.</ref> » parodiant ainsi les troupes d’occupation qui avaient tant recherché ces tubercules.


Puis après, sur la droite peu avant le rond point de l'actuel Val d’or, Madame et Monsieur Cavigneau avaient, dans une dépendance, ouvert une épicerie où les gens des baraquements venaient acheter l’essentiel des courses.
Puis après, sur la droite peu avant le rond point de l'actuel Val d’or, Madame et Monsieur Cavigneau avaient, dans une dépendance, ouvert une épicerie où les gens des baraquements venaient acheter l’essentiel des courses.


Juste en face, la ferme Perreau dont l’entrée était ornée de deux énormes sapins dont l’un est encore vivant.
Juste en face, la ferme Perreau dont l’entrée était ornée de deux énormes sapins dont l’un est encore vivant. Plus loin à droite (au 29) il y avait l’entreprise de transports Réveillère. La grande porte du garage est encore visible.
Plus loin à droite (au 29) il y avait l’entreprise de transports Réveillère. La grande porte du garage est encore visible.


Puis, la Maison du Chapelain, qui ne semble pas avoir changé. Et le Café Restaurant Hôtel St Louis Boisneau où je suis revenu le Premier Mai 1957 célébrer en famille, mon mariage.
Puis, la Maison du Chapelain, qui ne semble pas avoir changé. Et le Café Restaurant Hôtel St Louis Boisneau où je suis revenu le premier mai 1957 célébrer en famille, mon mariage.


Juste en face du restaurant, l'entrée du Champ des Martyrs dont les dévouées religieuses infirmières venaient aux baraquements "faire les piqures" et rendre beaucoup d'autres services de caractère "puériculturels" et mettre au service des jeunes mamans inexpérimentées des conseils faisant souvent défaut chez les jeunes mamans de la cité.
Juste en face du restaurant, l'entrée du Champ des Martyrs, dont les dévouées religieuses infirmières venaient aux baraquements "faire les piqures" et rendre beaucoup d'autres services de caractère "puériculturels" et mettre au service des jeunes mamans inexpérimentées des conseils faisant souvent défaut chez les jeunes mamans de la cité.


En entrant dans la rue du Cdt Ménard, à l’angle de la rue des Châtaigniers, un petit bistrot dont la maison existe encore et qui accueille l'Agence Prisma Immobilier.
En entrant dans la rue du Commandant-Ménard, à l’angle de la rue des Châtaigniers, un petit bistrot dont la maison existe encore et qui accueille l'agence Prisma Immobilier.


Ce bistrot était exploité par une dame veuve, Madame Ferron. Une charmante petite bonne femme que j’allais quelquefois aider à pousser sa baladeuse pour aller chercher des tonnelets de vin et des bouteilles d’une boisson nouvelle qui portait le nom de "Raspail" du nom de la rue où nous allions charger notre cargaison.  
Ce bistrot était exploité par une dame veuve, Madame Ferron. Une charmante petite bonne femme que j’allais quelquefois aider à pousser sa baladeuse pour aller chercher des tonnelets de vin et des bouteilles d’une boisson nouvelle qui portait le nom de "Raspail" du nom de la rue où nous allions charger notre cargaison. Les buveurs habitués de l'estaminet avaient baptisée cette boisson "le rince-paille" !
Les buveurs habitués de l'estaminet avaient baptisée cette boisson "le rince-paille!"


La rue Émile Savigner n'existait pas encore. Le digne notable sera encore Maire d'Avrillé jusqu'en 1959…
La rue Émile Savigner n'existait pas encore. Le digne notable sera encore maire d'Avrillé jusqu'en 1959…


Plus loin, sur la droite, deux ou trois maisons  entourées d'arbres dont celle de la "Mère Lépicier" qui possédait une énorme cloche que nous allions agiter quelquefois, pour s'amuser un peu.
Plus loin, sur la droite, deux ou trois maisons  entourées d'arbres dont celle de la "Mère Lépicier" qui possédait une énorme cloche que nous allions agiter quelquefois, pour s'amuser un peu.


Puis, faisant l'angle de la rue Anne-Marie Voillot la Villa Minerve, superbe maison jumelée de type Art Déco, occupée par deux familles.
Puis, faisant l'angle de la rue Anne-Marie Voillot la Villa Minerve, superbe maison jumelée de type Art déco<ref name="artdéco">Art déco : Mouvement artistique né dans les 1910, qui pris son son essor dans les années 1920, avant de décliner dans les années 1930.</ref>, occupée par deux familles.


Plus loin encore j'ai le souvenir de Jean Monclin l'entraineur que nous regardions travailler ses chevaux quelquefois.
Plus loin encore j'ai le souvenir de Jean Monclin l'entraineur que nous regardions travailler ses chevaux quelquefois.


Puis de la belle maison toute en couleurs également de style Art Déco de la famille Le Noble qui portait le nom de "Mékaro".
Puis de la belle maison toute en couleurs également de style Art déco<ref name="artdéco" /> de la famille Le Noble qui portait le nom de "Mékaro".


En face, la rue Geoffroy Martel (était t-elle déjà Boulevard ?) et son célèbre restaurant Le Petit Clamart où plus tard ma maman à travaillé quelques années.
En face, la rue Geoffroy Martel (était t-elle déjà boulevard ?) et son célèbre restaurant Le Petit Clamart où plus tard ma maman à travaillé quelques années.


Au fond du Parc, la Colonie du Chêne Fournier près de la ferme Riou ou nous allions chercher du lait encore tiède.
Au fond du parc, la Colonie du Chêne Fournier près de la ferme Riou nous allions chercher du lait encore tiède.


Il y avait peu d'habitants au Parc de la Haye dans les années 40, la vingtaine de grosses maisons, souvent dites "bourgeoise" étaient éloignées les unes des autres.
Il y avait peu d'habitants au Parc de la Haye dans les années 40, la vingtaine de grosses maisons, souvent dites "bourgeoise" étaient éloignées les unes des autres.
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Et puis des chênes, des chênes… et des châtaigniers plutôt jeunes, et des genêts, et des ronces, et des fougères immenses partout, presque la forêt… Notre forêt.
Et puis des chênes, des chênes… et des châtaigniers plutôt jeunes, et des genêts, et des ronces, et des fougères immenses partout, presque la forêt… Notre forêt.


Henri Vincent
''Henri Vincent - Avrillé - 10 mars 2013''


== Notes ==
== Notes ==