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La dernière des Dreux-Brézé, la défunte marquise Charlotte de Dreux-Brézé épousera en 1959 le Comte Bernard de Colbert (descendant de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV). Naturellement, c’est aujourd’hui leur fils et son épouse Karine qui ont repris la propriété. | La dernière des Dreux-Brézé, la défunte marquise Charlotte de Dreux-Brézé épousera en 1959 le Comte Bernard de Colbert (descendant de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV). Naturellement, c’est aujourd’hui leur fils et son épouse Karine qui ont repris la propriété. | ||
== | == LA FORTERESSE SOUTERRAINE == | ||
Le château de Brézé, ancienne demeure des Grands Maîtres de Cérémonies des Rois de France, a la particularité de posséder un extraordinaire réseau souterrain et les douves sèches les plus profondes d’Europe. | Le château de Brézé, ancienne demeure des Grands Maîtres de Cérémonies des Rois de France, a la particularité de posséder un extraordinaire réseau souterrain et les douves sèches les plus profondes d’Europe. | ||
=== | === La "roche" de Brézé === | ||
La « Roche de Brézé » est la partie du château la plus ancienne connue à ce jour. On ignore son époque de creusement, toutefois elle est vraisemblablement antérieure à 1063, date à laquelle l’existence d’une seigneurerie à Brézé est attestée dans la charte de l’abbaye de St Florent, près de Saumur. | La « Roche de Brézé » est la partie du château la plus ancienne connue à ce jour. On ignore son époque de creusement, toutefois elle est vraisemblablement antérieure à 1063, date à laquelle l’existence d’une seigneurerie à Brézé est attestée dans la charte de l’abbaye de St Florent, près de Saumur. | ||
Ce souterrain, creusé à environ 9 mètres sous l’actuelle cour d’honneur, est une véritable forteresse. En périodes de troubles -invasions vikings, épidémies, intempéries, pillages, guerres de religion-, les habitants de l’Anjou ont cherché refuge sous terre dès le IX{{s}}. Le Saumurois compte à lui seul 14 000 cavités souterraines. Nombres de souterrains aménagés ne sont plus accessibles de nos jours, ce qui rend l’état de conservation de la « Roche de Brézé » d’autant plus remarquable. | Ce souterrain, creusé à environ 9 mètres sous l’actuelle cour d’honneur, est une véritable forteresse. En périodes de troubles -invasions vikings, épidémies, intempéries, pillages, guerres de religion-, les habitants de l’Anjou ont cherché refuge sous terre dès le IX{{s}}. Le Saumurois compte à lui seul 14 000 cavités souterraines. Nombres de souterrains aménagés ne sont plus accessibles de nos jours, ce qui rend l’état de conservation de la « Roche de Brézé » d’autant plus remarquable. | ||
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La Roche de Brézé a connu de nombreuses modifications au cours des siècles. Certaines parties ont été détruites, d’autres murées ou transformées… | La Roche de Brézé a connu de nombreuses modifications au cours des siècles. Certaines parties ont été détruites, d’autres murées ou transformées… | ||
=== | === Les douves sèches et leur système défensif === | ||
Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, Grand Maître de la Vénerie du « bon Roi René » (le Duc d’Anjou), obtient de celui-ci l’autorisation de fortifier le domaine de Brézé. A partir de 1448-1450, les douves atteignent une profondeur de 10 à 12 mètres et l’on commence à creuser les premières salles souterraines autour des fossés. Le premier niveau de creusement est visible au pied du pilier maçonné qui soutient la passerelle piétonnière. | Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, Grand Maître de la Vénerie du « bon Roi René » (le Duc d’Anjou), obtient de celui-ci l’autorisation de fortifier le domaine de Brézé. A partir de 1448-1450, les douves atteignent une profondeur de 10 à 12 mètres et l’on commence à creuser les premières salles souterraines autour des fossés. Le premier niveau de creusement est visible au pied du pilier maçonné qui soutient la passerelle piétonnière. | ||
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C’est alors que les dépendances du château furent aménagées dans ces parois rocheuses, à l’abri de l’extérieur. | C’est alors que les dépendances du château furent aménagées dans ces parois rocheuses, à l’abri de l’extérieur. | ||
=== | === La magnanerie === | ||
Cette pièce est dévolue à la sériciculture, c’est-à-dire à l’élevage du ver à soie. | Cette pièce est dévolue à la sériciculture, c’est-à-dire à l’élevage du ver à soie. | ||
En effet, le roi Louis XI avait installé à Tours, en 1470, la Première manufacture royale de soie. Cette activité a connu son apogée dans la région au XVI{{s}}. | En effet, le roi Louis XI avait installé à Tours, en 1470, la Première manufacture royale de soie. Cette activité a connu son apogée dans la région au XVI{{s}}. | ||
La possession de soie, dans les familles nobles, était très importante aux XV{{s}}, XVI{{s}} et XVII{{s}} pour la fabrication des tapis, tapisseries, atours religieux et vêtements luxueux. La soie était très prisée pour sa douceur, son pouvoir isolant et sa résistance (à diamètre équivalent, un fil de soie est aussi solide qu’un fil d’acier). | La possession de soie, dans les familles nobles, était très importante aux XV{{s}}, XVI{{s}} et XVII{{s}} pour la fabrication des tapis, tapisseries, atours religieux et vêtements luxueux. La soie était très prisée pour sa douceur, son pouvoir isolant et sa résistance (à diamètre équivalent, un fil de soie est aussi solide qu’un fil d’acier). | ||
=== | === La glacière === | ||
La glacière du château de Brézé est une fosse de 7 mètres, entièrement creusée dans la pierre. Une double-porte en garantissait l’isolation, tout comme les parois qui étaient probablement tapissées de paille. De plus, elles étaient chaulées (enduites de chaux) pour éviter l’absorption de l’eau par le tuffeau. Enfin, le fond était garni d’un plancher filtrant récupérant l’eau de la fonte. | La glacière du château de Brézé est une fosse de 7 mètres, entièrement creusée dans la pierre. Une double-porte en garantissait l’isolation, tout comme les parois qui étaient probablement tapissées de paille. De plus, elles étaient chaulées (enduites de chaux) pour éviter l’absorption de l’eau par le tuffeau. Enfin, le fond était garni d’un plancher filtrant récupérant l’eau de la fonte. | ||
En hiver, on récoltait de la neige et de la glace dans les étangs autour du château et on les descendait depuis la surface par le puits monolithique. La glacière pouvait contenir jusqu’à 50 tonnes de glace. Ainsi on pouvait conserver par le froid toutes sortes d’aliments durant le reste de l’année. | En hiver, on récoltait de la neige et de la glace dans les étangs autour du château et on les descendait depuis la surface par le puits monolithique. La glacière pouvait contenir jusqu’à 50 tonnes de glace. Ainsi on pouvait conserver par le froid toutes sortes d’aliments durant le reste de l’année. | ||
=== | === Les carrières de tuffeau === | ||
Les carrières sont également nombreuses à Brézé. Du XV{{s}} au XIX{{s}}, le tuffeau a été le principal matériau de construction en Anjou. Selon sa couleur et sa qualité, il servait à la construction de bâtiments nobles (églises, châteaux…) ou d’habitations traditionnelles. De nos jours, il est surtout extrait pour la restauration. La dernière grande carrière en activité se trouve dans le village de Brézé. | Les carrières sont également nombreuses à Brézé. Du XV{{s}} au XIX{{s}}, le tuffeau a été le principal matériau de construction en Anjou. Selon sa couleur et sa qualité, il servait à la construction de bâtiments nobles (églises, châteaux…) ou d’habitations traditionnelles. De nos jours, il est surtout extrait pour la restauration. La dernière grande carrière en activité se trouve dans le village de Brézé. | ||
Pour extraire la pierre, le carrier, appelé « perreyeur » ou « perreyeux », devait d’abord dégager le « front de taille », c’est-à-dire le bloc à extraire. Tout autour, il creusait des saignées à l’aide d’un pic. L’une d’elles était oblique. Il y insérait des coins de bois très dur, sur lesquels il fallait frapper avec un maillet spécifique. | Pour extraire la pierre, le carrier, appelé « perreyeur » ou « perreyeux », devait d’abord dégager le « front de taille », c’est-à-dire le bloc à extraire. Tout autour, il creusait des saignées à l’aide d’un pic. L’une d’elles était oblique. Il y insérait des coins de bois très dur, sur lesquels il fallait frapper avec un maillet spécifique. | ||
=== | === La boulangerie souterraine === | ||
Dans les châteaux, les cuisines furent souvent éloignées des bâtiments principaux pour éviter les risques d’incendie. C’est le cas de cette cuisine troglodytique, la plus grande connue en France. | Dans les châteaux, les cuisines furent souvent éloignées des bâtiments principaux pour éviter les risques d’incendie. C’est le cas de cette cuisine troglodytique, la plus grande connue en France. | ||
Elle a été refaite au XVI{{s}}, comme en témoigne la façade avec ses fenêtres géminées, destinées à évacuer les buées et les fumées. | Elle a été refaite au XVI{{s}}, comme en témoigne la façade avec ses fenêtres géminées, destinées à évacuer les buées et les fumées. | ||
Ligne 110 : | Ligne 110 : | ||
Les habitants du village auraient été autorisés à cuire leur pain dans le fournil souterrain en dédommagement des ravages provoqués aux cultures par les innombrables pigeons vivant dans la fuye du domaine. Il a également servi durant la deuxième guerre mondiale. | Les habitants du village auraient été autorisés à cuire leur pain dans le fournil souterrain en dédommagement des ravages provoqués aux cultures par les innombrables pigeons vivant dans la fuye du domaine. Il a également servi durant la deuxième guerre mondiale. | ||
=== | === La salle des pressoirs === | ||
Brézé, c’est aussi une longue tradition viticole. | Brézé, c’est aussi une longue tradition viticole. | ||
Le vin du château de Brézé est connu depuis le Moyen-âge. | Le vin du château de Brézé est connu depuis le Moyen-âge. | ||
Ligne 127 : | Ligne 127 : | ||
Les cuves étant en tuffeau (pierre poreuse), les vignerons avaient soin de les remplir d’eau pendant les deux mois précédant les vendanges de façon à perdre le moins de jus possible. | Les cuves étant en tuffeau (pierre poreuse), les vignerons avaient soin de les remplir d’eau pendant les deux mois précédant les vendanges de façon à perdre le moins de jus possible. | ||
=== | === La salle des foudres === | ||
Ancien cellier, lieu de vinification des vins du château jusqu’en 1981, c’est ici que le miracle se produisait chaque année, et que le jus récolté devenait ce subtil nectar si prisé. | Ancien cellier, lieu de vinification des vins du château jusqu’en 1981, c’est ici que le miracle se produisait chaque année, et que le jus récolté devenait ce subtil nectar si prisé. | ||
Chaque foudre a une contenance d’un peu plus de 22 hectolitres (soit 2200 litres). Aujourd’hui, ils sont vides. | Chaque foudre a une contenance d’un peu plus de 22 hectolitres (soit 2200 litres). Aujourd’hui, ils sont vides. |
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