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Les premières fondations d’un ensemble fortifié remontent au XI{{s}} ; d’après une charte retrouvée dans l’abbaye de Saint-Florent, près de Saumur, qui prouve son existence dès 1063. Le cartulaire<ref>Cartulaire : Ensemble de parchemins du Moyen Âge.</ref> de Brézé mentionne la présence d’une structure seigneuriale, ou habergement à l’emplacement du château actuel. Un siècle plus tard, la terre de Brézé apparaît déjà dans les textes comme formant un fief de belle importance. Les actes notariés de cette époque mentionnent les Brézé comme faisant état d’un rang seigneurial élevé. Il faut dire que « Brezay » est depuis toujours un site stratégique, à l’origine à la croisée de plusieurs grandes tribus celtes et traversé par la route ancienne qui menait de Saumur à Loudun et Poitiers. | Les premières fondations d’un ensemble fortifié remontent au XI{{s}} ; d’après une charte retrouvée dans l’abbaye de Saint-Florent, près de Saumur, qui prouve son existence dès 1063. Le cartulaire<ref>Cartulaire : Ensemble de parchemins du Moyen Âge.</ref> de Brézé mentionne la présence d’une structure seigneuriale, ou habergement à l’emplacement du château actuel. Un siècle plus tard, la terre de Brézé apparaît déjà dans les textes comme formant un fief de belle importance. Les actes notariés de cette époque mentionnent les Brézé comme faisant état d’un rang seigneurial élevé. Il faut dire que « Brezay » est depuis toujours un site stratégique, à l’origine à la croisée de plusieurs grandes tribus celtes et traversé par la route ancienne qui menait de Saumur à Loudun et Poitiers. | ||
De cette époque subsistent de nombreux habitats souterrains (troglodytiques<ref>Troglodytique(s) : voir [[Troglodytique|dictionnaire]].</ref>) dont on trouve la trace dans les archives sous le nom de roches munis de systèmes défensifs, vraisemblablement plus efficaces pour faire face aux envahisseurs que ceux des châteaux de surface. Bien avant l’existence des châteaux de pierre, les hommes ont cherché refuge au sein de la terre et ont, comme à Brézé, creusé le tuffeau, cette roche caractéristique de la | De cette époque subsistent de nombreux habitats souterrains (troglodytiques<ref>Troglodytique(s) : voir [[Troglodytique|dictionnaire]].</ref>) dont on trouve la trace dans les archives sous le nom de roches munis de systèmes défensifs, vraisemblablement plus efficaces pour faire face aux envahisseurs que ceux des châteaux de surface. Bien avant l’existence des châteaux de pierre, les hommes ont cherché refuge au sein de la terre et ont, comme à Brézé, creusé le tuffeau, cette roche caractéristique de la vallée de la Loire et de l’Anjou. De nombreux documents font état de ces habitats, dont l’origine est attestée dès le IX{{s}} (époque des invasions barbares, les Normands remontent la Loire). Fréquemment, la désignation de « roche » est suivie du nom de son propriétaire et seigneur fondateur. La roche de Brézé, est l’une des mieux préservées parmi les cavités médiévales fortifiées dont on connaît pourtant de très nombreux exemples dans la région. Accessible au public, elle a conservé la plus grande partie de ses aménagements primitifs : puits de lumière, boyaux<ref>Boyau(x) : galerie étroite servant de communication entre deux galeries plus larges.</ref> défensifs, silos à grains, niches ou placards, mangeoires pour les animaux… | ||
=== Les "Maillé-Brézé" (XIV{{e}}-XVII{{e}}) === | === Les "Maillé-Brézé" (XIV{{e}}-XVII{{e}}) === | ||
En 1318, Péan de Maillé, originaire de la ville du même nom au nord de Tours appelée aujourd’hui Luynes, épouse l’héritière de la seigneurie de Brézé, qu’il avait enlevé avant les noces. Cette nouvelle branche de la famille prend le nom de « Maillé-Brézé ». | En 1318, Péan de Maillé, originaire de la ville du même nom au nord de Tours appelée aujourd’hui Luynes, épouse l’héritière de la seigneurie de Brézé, qu’il avait enlevé avant les noces. Cette nouvelle branche de la famille prend le nom de « Maillé-Brézé ». | ||
Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, conseiller du | Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, conseiller du « Bon Roi René » (duc d’Anjou<ref name="roi-rene">René d'Anjou (1409-1480) : duc d’Anjou et comte de Provence, surnommé par ses sujets provençaux le « Bon Roi René »</ref>) obtient de ce dernier l’autorisation de fortifier sa gentilhommière<ref>Gentilhommière : petit domaine à la campagne d’un gentilhomme.</ref>. À partir de 1448, des douves sèches sont creusées et des pont-levis les enjambant ferment et défendent l’accès au château. Profondes alors de 10 à 12 mètres, elles sont protégées par un efficace système de défense souterrain composé de chemins de ronde et de postes de garde. D’autre part, les travaux entrepris pour les creuser permettent d’extraire la pierre nécessaire à la construction du château aérien. | ||
Début Renaissance, les douves sont approfondies (jusqu’à la profondeur actuelle, soit 18 à 20 mètres, les plus profondes d’Europe à faire le tour complet d’un château !) et on y aménage dans les parois d’importantes structures et dépendances seigneuriales : celliers, boulangerie, magnanerie (pour l’élevage du vers à soie), salle des pressoirs… En même temps, le système défensif est complété par un pont-levis souterrain protégeant l’accès au château depuis les douves. | Début Renaissance, les douves sont approfondies (jusqu’à la profondeur actuelle, soit 18 à 20 mètres, les plus profondes d’Europe à faire le tour complet d’un château !) et on y aménage dans les parois d’importantes structures et dépendances seigneuriales : celliers, boulangerie, magnanerie<ref>Magnanerie : bâtiment destiné à l’élevage des vers à soie.</ref> (pour l’élevage du vers à soie), salle des pressoirs… En même temps, le système défensif est complété par un pont-levis souterrain protégeant l’accès au château depuis les douves. | ||
En 1565, Catherine de Médicis et son fils, le jeune Charles IX font étape à Brézé où ils sont accueillis par Artus de Maillé-Brézé lequel donne au logis seigneurial son allure Renaissance. L’édifice médiéval est alors pratiquement détruit pour faire place à une élégante demeure : un corps de bâtiment en U, flanqué à l’ouest de deux tours rondes massives prenant naissance au fond des douves. La décoration de la façade du logis (où habite l’actuel propriétaire) comporte de nombreuses caractéristiques du nouveau style inspiré par l’Antiquité : pilastres cannelés d’ordre corinthien, porte d’entrée accostée de colonnettes de marbre rouge d’ordre ionique, frise de poste, | En 1565, Catherine de Médicis et son fils, le jeune Charles IX font étape à Brézé où ils sont accueillis par Artus de Maillé-Brézé, lequel donne au logis seigneurial son allure Renaissance. L’édifice médiéval est alors pratiquement détruit pour faire place à une élégante demeure : un corps de bâtiment en U, flanqué à l’ouest de deux tours rondes massives prenant naissance au fond des douves. La décoration de la façade du logis (où habite l’actuel propriétaire) comporte de nombreuses caractéristiques du nouveau style inspiré par l’Antiquité : pilastres cannelés d’ordre corinthien, porte d’entrée accostée de colonnettes de marbre rouge d’ordre ionique, frise de poste, etc. | ||
Le XVII{{s}} est une époque d’ascension sociale pour les Maillé-Brézé. En effet, l’arrière petit-fils d’Artus, Urbain de Maillé-Brézé, obtient du roi Louis XIII le titre de marquis en 1615. Il épouse « la Grande Nicole », sœur de Jules-Armand du Plessis, futur Cardinal de Richelieu (ministre de Louis XIII). Ce puissant prélat décide du destin de ses neveux, Armand et Claire-Clémence de Maillé-Brézé. La jeune fille est donnée en mariage, à 13 ans, au « Grand Condé », Louis II de Bourbon, cousin de Louis XIV, l’un des instigateurs de la Fronde des princes durant la jeunesse du roi. Quand à son frère Armand, le Cardinal, encore évêque de Luçon, décide pour lui d’une carrière militaire maritime. | Le XVII{{s}} est une époque d’ascension sociale pour les Maillé-Brézé. En effet, l’arrière petit-fils d’Artus, Urbain de Maillé-Brézé, obtient du roi Louis XIII le titre de marquis en 1615. Il épouse « la Grande Nicole », sœur de Jules-Armand du Plessis, futur Cardinal de Richelieu (ministre de Louis XIII). Ce puissant prélat décide du destin de ses neveux, Armand et Claire-Clémence de Maillé-Brézé. La jeune fille est donnée en mariage, à 13 ans, au « Grand Condé », Louis II de Bourbon-Condé<ref name="condé">Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand Condé (1621-1686) : pair de France, premier prince du sang, général français pendant la guerre de Trente Ans.</ref>, cousin de Louis XIV, l’un des instigateurs de la Fronde des princes durant la jeunesse du roi. Quand à son frère Armand, le Cardinal, encore évêque de Luçon, décide pour lui d’une carrière militaire maritime. À 23 ans, il est nommé grand amiral de France mais il meurt à 27 ans sur son navire, tué par un boulet de canon lors d’un siège en Italie. Décédé sans héritier, c’est donc à sa sœur que revient le marquisat<ref>Marquisat : titre de dignité qui était attaché à une terre.</ref> à la mort de son père. | ||
=== Les "Bourbon" (milieu XVII{{e}}) === | === Les "Bourbon" (milieu XVII{{e}}) === | ||
Claire-Clémence est l’épouse depuis 1641 du prince Louis II de Bourbon qui devient donc propriétaire du marquisat de Brézé. Ensemble, ils auront un fils, Henri-Jules de Bourbon. | Claire-Clémence est l’épouse depuis 1641 du prince Louis II de Bourbon-Condé<ref name="condé" />, qui devient donc propriétaire du marquisat de Brézé. Ensemble, ils auront un fils, Henri-Jules de Bourbon. | ||
Tous portant peu d’intérêt à cette terre, | Tous portant peu d’intérêt à cette terre, ils signent un acte de vente en 1682. Les Condé qui possédaient en Bretagne la baronnie de Châteaubriant, étaient intéressés par la seigneurie de la Galissonnière, proche, qui appartenait à Thomas Dreux. Celui-ci l’échange contre Brézé en y ajoutant une dote de {{formatnum:210000}} livres. | ||
Il est l’auteur de la branche Dreux-Brézé. | Il est l’auteur de la branche Dreux-Brézé. | ||
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Le fils de Thomas Dreux devient en 1710 grand maître des cérémonies de France auprès du roi ; fonction qui est revenue aux fils aînés de la famille pendant plus d’un siècle, soit cinq générations, jusqu’en 1830. | Le fils de Thomas Dreux devient en 1710 grand maître des cérémonies de France auprès du roi ; fonction qui est revenue aux fils aînés de la famille pendant plus d’un siècle, soit cinq générations, jusqu’en 1830. | ||
Son père, Henri-Evrard de Dreux-Brézé, est chargé par le roi Louis XVI de préparer les États généraux. Il participe alors à l’une des scènes les plus célèbres de la Révolution | Son père, Henri-Evrard de Dreux-Brézé, est chargé par le roi Louis XVI de préparer les États généraux<ref>États généraux (du Royaume de France) : assemblées convoquées par le roi de France pour évaluer l'état du Royaume.</ref>. Il participe alors à l’une des scènes les plus célèbres de la Révolution française, la séance du 23 juin 1789, qui se déroule à Versailles dans la salle du jeu de paume, au cours de laquelle il est raccompagné par Mirabeau prononçant ces paroles restées dans toutes les mémoires : « Monsieur, allez dire à votre Maître que nous sommes ici de par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes »<ref>Le 23 juin 1789, au cours d'une réunion des trois ordres en présence du roi, Louis XVI ordonne aux députés de siéger en chambres séparées. Les députés du tiers état et ceux du bas clergé restent refusent. Bailly lance au marquis de Dreux-Brézé : « Allez dire à votre maître monsieur, que la Nation assemblée n'a d'ordre à recevoir de personne », à la suite de quoi Mirabeau ajoute : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous ne partirons que par la force des baïonnettes. » (Assemblée nationale, ''[http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/mirabeau.asp Séance du mardi 23 juin 1789]'', Extrait des débats retranscrits sur le Moniteur Universel, 25 juin 1789, p. 48).</ref>. | ||
Au XIX{{s}}, les Dreux-Brézé souhaitent rénover et agrandir leur demeure. Ils font appel à l’architecte René Hodé, aussi surnommé « le Viollet-le-Duc angevin », célèbre pour ses nombreuses restaurations en Anjou, dans le style « gothique troubadour » très apprécié à l’époque. | Au XIX{{s}}, les Dreux-Brézé souhaitent rénover et agrandir leur demeure. Ils font appel à l’architecte René Hodé<ref name="rene-hode">René Hodé (1811-1874) : architecte angevin de style néogothique, connu pour la construction du château de Challain-la-Potherie (sud-ouest de Segré).</ref>, aussi surnommé « le Viollet-le-Duc angevin », célèbre pour ses nombreuses restaurations en Anjou, dans le style « gothique troubadour » très apprécié à l’époque. | ||
En 1820, Henri- | En 1820, Henri-Évrard de Dreux-Brézé et son épouse Adélaïde de Custines font prolonger l’aile Renaissance. Remarquable par sa discrétion tant elle reprend les éléments décoratifs de la façade d’origine, cette prolongation est seulement trahie par une couleur différente dans la pierre. | ||
Les principales modifications sont dans l’ouverture de l’aile Nord transformant ce simple couloir en galerie ouverte, à la manière des cloîtres. Au-dessus sont construits de toutes pièces une salle de réception éclairée par sept baies, et un second étage pour les bonnes. C’est un lieu de passage mais aussi de réjouissances. La tour de l’Horloge est modifiée depuis sa partie basse par l’ajout d’une rotonde. L’aile Ouest est reconstruite et une tour carrée élevée en plein cœur. Des éléments médiévaux, utilisés en ornementation (mâchicoulis, créneaux, gargouilles) rappellent les systèmes de défense du Moyen Âge. | Les principales modifications sont dans l’ouverture de l’aile Nord transformant ce simple couloir en galerie ouverte, à la manière des cloîtres. Au-dessus sont construits de toutes pièces une salle de réception éclairée par sept baies, et un second étage pour les bonnes. C’est un lieu de passage mais aussi de réjouissances. La tour de l’Horloge est modifiée depuis sa partie basse par l’ajout d’une rotonde. L’aile Ouest est reconstruite et une tour carrée élevée en plein cœur. Des éléments médiévaux, utilisés en ornementation (mâchicoulis<ref>Mâchicoulis :galerie en porte-à-faux établie à la partie supérieure des fortifications défendre le pied des ouvrages.</ref>, créneaux, gargouilles) rappellent les systèmes de défense du Moyen Âge. | ||
On retrouvera d’ailleurs sur la façade du château, ici et là, le blason de la famille Dreux-Brézé : « D’azur à un chevron d’or, accompagné en chef de deux roses d’argent et en pointe d’un soleil d’or », laquelle aura pour devise : « Fait ce que doit, advienne que pourra ». | On retrouvera d’ailleurs sur la façade du château, ici et là, le blason de la famille Dreux-Brézé : « D’azur à un chevron d’or, accompagné en chef de deux roses d’argent et en pointe d’un soleil d’or », laquelle aura pour devise : « Fait ce que doit, advienne que pourra ». | ||
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=== Les "Colbert" (depuis 1959) === | === Les "Colbert" (depuis 1959) === | ||
La dernière des Dreux-Brézé, la défunte marquise Charlotte de Dreux-Brézé épousera en 1959 le Comte Bernard de Colbert (descendant de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV). | La dernière des Dreux-Brézé, la défunte marquise Charlotte de Dreux-Brézé épousera en 1959 le Comte Bernard de Colbert (descendant de Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV). C’est aujourd’hui leur fils et son épouse Karine qui ont repris la propriété. | ||
== LA FORTERESSE SOUTERRAINE == | == LA FORTERESSE SOUTERRAINE == | ||
Le château de Brézé, ancienne demeure des | Le château de Brézé, ancienne demeure des grands maîtres de cérémonies des rois de France<ref>Grand maître des cérémonies de France : officier de la Maison du roi chargé d'ordonner les cérémonies publiques de la couronne de France sous l'Ancien Régime et la Restauration.</ref>, a la particularité de posséder un extraordinaire réseau souterrain et les douves sèches les plus profondes d’Europe. | ||
=== La "roche" de Brézé === | === La "roche" de Brézé === | ||
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=== Les douves sèches et leur système défensif === | === Les douves sèches et leur système défensif === | ||
Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, Grand maître de la Vénerie du « Bon Roi René » (René d'Anjou | Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, Grand maître de la Vénerie du « Bon Roi René » (René d'Anjou<ref name="roi-rene" />), obtient de celui-ci l’autorisation de fortifier le domaine de Brézé. À partir de 1448-1450, les douves atteignent une profondeur de 10 à 12 mètres et l’on commence à creuser les premières salles souterraines autour des fossés. Le premier niveau de creusement est visible au pied du pilier maçonné qui soutient la passerelle piétonnière. | ||
Vers 1525, Guy de Maillé-Brézé, son petit-fils, intensifie le creusement des douves pour parvenir à une profondeur de 15 à 18 mètres. Les fossés font alors le tour complet du château. Dans les salles déjà existantes, on aménage d’importantes dépendances seigneuriales : lieux de stockage, boulangerie, magnanerie, salle des pressoirs… Les six immenses celliers où étaient entreposées les récoltes du château témoignent de la puissance des châtelains à cette époque. Leur taille est en effet adaptée à celle du domaine, qui couvrait alors une surface de {{formatnum:1850}} hectares, comme l’indique la taille de la fuye (le pigeonnier érigé à l’entrée du parc). | Vers 1525, Guy de Maillé-Brézé, son petit-fils, intensifie le creusement des douves pour parvenir à une profondeur de 15 à 18 mètres. Les fossés font alors le tour complet du château. Dans les salles déjà existantes, on aménage d’importantes dépendances seigneuriales : lieux de stockage, boulangerie, magnanerie, salle des pressoirs… Les six immenses celliers où étaient entreposées les récoltes du château témoignent de la puissance des châtelains à cette époque. Leur taille est en effet adaptée à celle du domaine, qui couvrait alors une surface de {{formatnum:1850}} hectares, comme l’indique la taille de la fuye (le pigeonnier érigé à l’entrée du parc). | ||
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=== La salle des pressoirs === | === La salle des pressoirs === | ||
Brézé, c’est aussi une longue tradition viticole. Le vin du château de Brézé est connu depuis le Moyen Âge. Le cépage « chenin blanc » était déjà implanté à Brézé en l’an 845, mais c’est au XV{{s}} que le domaine devient célèbre pour son vin blanc, dont le roi René d’Anjou lui-même vantait les mérites. Plus tard, et particulièrement au XVII{{s}}, les vins du domaine connurent les faveurs des rois des plus grandes cours européennes où ils figuraient sur les plus prestigieuses tables. La chute de la monarchie, au XVIII{{s}}, fit tomber le domaine dans l’oubli. Puis, en 1910, le vignoble dut être entièrement reconstitué suite à la crise du phylloxéra qui détruisit le vignoble français. | Brézé, c’est aussi une longue tradition viticole. Le vin du château de Brézé est connu depuis le Moyen Âge. Le cépage « chenin blanc » était déjà implanté à Brézé en l’an 845, mais c’est au XV{{s}} que le domaine devient célèbre pour son vin blanc, dont le roi René d’Anjou<ref name="roi-rene" /> lui-même vantait les mérites. Plus tard, et particulièrement au XVII{{s}}, les vins du domaine connurent les faveurs des rois des plus grandes cours européennes où ils figuraient sur les plus prestigieuses tables. La chute de la monarchie, au XVIII{{s}}, fit tomber le domaine dans l’oubli. Puis, en 1910, le vignoble dut être entièrement reconstitué suite à la crise du phylloxéra qui détruisit le vignoble français. | ||
C’est alors que jusqu'à la fin du XX{{s}}, la production de vin est installée dans ces souterrains. Cette salle des pressoirs est l’une des plus grandes de France. On y a pressé le raisin depuis le XVI{{s}}, et ce jusqu’en 1976 ! Cette salle conserve l’emplacement de trois importants pressoirs. | C’est alors que jusqu'à la fin du XX{{s}}, la production de vin est installée dans ces souterrains. Cette salle des pressoirs est l’une des plus grandes de France. On y a pressé le raisin depuis le XVI{{s}}, et ce jusqu’en 1976 ! Cette salle conserve l’emplacement de trois importants pressoirs. | ||
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A partir de 1560, Arthus de Maillé-Brézé remplace l'ancien château fort médiéval par une demeure plus élégante dans le style de la Renaissance. C’est de cette époque que date le corps du bâtiment, en forme de "U". L’aile privée, reconnaissable à son escalier à double volée, présente ainsi des lucarnes doubles et des décors d’inspiration antique, tels que les pilastres et les colonnes de marbre rouge qui encadrent la porte d’entrée. Sur le tympan de la porte se trouvait auparavant une Diane Chasseresse allongée à demi dévêtue. Mais une aïeule du propriétaire, jugeant sa tenue indécente, l’a fait jeter dans un puits ! | A partir de 1560, Arthus de Maillé-Brézé remplace l'ancien château fort médiéval par une demeure plus élégante dans le style de la Renaissance. C’est de cette époque que date le corps du bâtiment, en forme de "U". L’aile privée, reconnaissable à son escalier à double volée, présente ainsi des lucarnes doubles et des décors d’inspiration antique, tels que les pilastres et les colonnes de marbre rouge qui encadrent la porte d’entrée. Sur le tympan de la porte se trouvait auparavant une Diane Chasseresse allongée à demi dévêtue. Mais une aïeule du propriétaire, jugeant sa tenue indécente, l’a fait jeter dans un puits ! | ||
Au XIX{{s}}, le château Renaissance est profondément modifié par la famille de Dreux-Brézé. En 1820, le marquis Henri- | Au XIX{{s}}, le château Renaissance est profondément modifié par la famille de Dreux-Brézé. En 1820, le marquis Henri-Évrard de Dreux-Brézé et sa femme Adélaïde de Custines font prolonger l’aile privée, qui, au XVI{{s}}, s’arrêtait au perron. Mais les modifications les plus importantes sont réalisées par le petit-fils d’Henri-Évrard, Henri-Simon de Dreux-Brézé, l’arrière-grand-père de l’actuel propriétaire. Avec son oncle, Pierre de Dreux-Brézé, évêque de Moulins, il fait appel à l'architecte angevin René Hodé<ref name="rene-hode" /> pour restaurer et agrandir le château en style néogothique. | ||
Dans l’aile nord-est du château, René Hodé crée une galerie ouverte, au rez-de-chaussée, surmontée d’une galerie fermée contenant une grande salle de réception. Les fenêtres à meneau sont décorées des blasons des Dreux-Brézé et de leurs épouses. Il modifie également la Tour de l’Horloge par l’ajout d’une rotonde et surélève l’aile nord-ouest. Enfin, il construit la tour carrée selon le goût du XIX{{s}}, en utilisant des éléments défensifs moyenâgeux (créneaux, merlons et mâchicoulis…) comme décoration. Les initiales « PDB » entrelacées, visibles sur la tour carrée, sont les initiales du propriétaire et de son épouse, Madeleine du Prat. | Dans l’aile nord-est du château, René Hodé<ref name="rene-hode" /> crée une galerie ouverte, au rez-de-chaussée, surmontée d’une galerie fermée contenant une grande salle de réception. Les fenêtres à meneau sont décorées des blasons des Dreux-Brézé et de leurs épouses. Il modifie également la Tour de l’Horloge par l’ajout d’une rotonde et surélève l’aile nord-ouest. Enfin, il construit la tour carrée selon le goût du XIX{{s}}, en utilisant des éléments défensifs moyenâgeux (créneaux, merlons et mâchicoulis…) comme décoration. Les initiales « PDB » entrelacées, visibles sur la tour carrée, sont les initiales du propriétaire et de son épouse, Madeleine du Prat. | ||
=== Pierre de Dreux-Brézé === | === Pierre de Dreux-Brézé === | ||
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=== La grande galerie === | === La grande galerie === | ||
Construite au XIX{{s}} par René Hodé, elle ne fut jamais achevée. Dorénavant, cette ancienne salle de réception est intégralement consacrée aux Marquis de Dreux-Brézé : leur ancêtre se trouve sur le tableau des sept frères Dreux daté de 1580. Thomas Dreux (le 4{{e}} en partant de la gauche), à l’origine de la lignée des Dreux-Brézé, était conseiller-secrétaire du roi. | Construite au XIX{{s}} par René Hodé<ref name="rene-hode" />, elle ne fut jamais achevée. Dorénavant, cette ancienne salle de réception est intégralement consacrée aux Marquis de Dreux-Brézé : leur ancêtre se trouve sur le tableau des sept frères Dreux daté de 1580. Thomas Dreux (le 4{{e}} en partant de la gauche), à l’origine de la lignée des Dreux-Brézé, était conseiller-secrétaire du roi. | ||
Le décor a été terminé en 2006. C’est Amaury de Cambolas, peintre parisien, qui à réalisé ce décor néogothique. | Le décor a été terminé en 2006. C’est Amaury de Cambolas, peintre parisien, qui à réalisé ce décor néogothique. | ||
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Bibliographie | Bibliographie | ||
:* Victor Godard-Faultrier, Cosnier et Lachèse, Hawke, ''L'Anjou et ses monuments'', Cosnier et Lachèse, 1840 | |||
:* ''Etat présent de la noblese française'', Bachelin-Deflorenne, 1866 | |||
:* Célestin Port, ''[[Dictionnaire Célestin Port|Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire]], Édition révisée (tome 1) par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt, H. Siraudeau, 1965 ({{cne}} de Brézé, pages 517 suivantes) | :* Célestin Port, ''[[Dictionnaire Célestin Port|Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire]], Édition révisée (tome 1) par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt, H. Siraudeau, 1965 ({{cne}} de Brézé, pages 517 suivantes) | ||
Sources et annotations | Sources et annotations | ||
{{Références|colonnes = 2}} | |||
Plusieurs définitions sont issues de l'encyclopédie [http://fr.wikipedia.org/ Wikipédia] ou du dictionnaire [http://fr.wiktionary.org/ Wiktionnaire]. | |||