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« Trèves » : différence entre les versions

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'''Trèves''' est une ancienne commune de [[Maine-et-Loire]] (49) située sur la rive gauche de la Loire, au sud de Cunault et au nord de Chênehutte, à une dizaine de kilomètres de Saumur.
'''Trèves''' est une ancienne commune de [[Maine-et-Loire]] (49) située sur la rive gauche de la Loire, au sud de Cunault et au nord de Chênehutte, à une dizaine de kilomètres de Saumur. C'est un bourg de la commune de [[Chênehutte-Trèves-Cunault]].


Nom des habitants : Les Trèvois.
Nom des habitants : Les Trèvois.




En [[1839]] les communes de Trèves et de [[Cunault]] fusionnent pour créer la commune nouvelle de [[Trèves-Cunault]], qui disparaît en [[1974]] pour former [[Chênehutte-Trèves-Cunault]].
== Généralités ==
En [[1839]] les communes de Trèves et de [[Cunault]] fusionnent pour créer la commune nouvelle de [[Trèves-Cunault]], qui disparaît en [[1974]] pour former [[Chênehutte-Trèves-Cunault]]<ref>École des hautes études en sciences sociales (EHESS), ''Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui - Notice communale de Chênehutte-Trèves-Cunault'', 2007</ref>.


Une première motte féodale est édifiée par Foulques Nerra (Foulques III d'Anjou) au début du {{XIs}}. Un château est construit à son emplacement à la fin du {{XIe}} par Foulques Réchin (Foulque IV d'Anjou). Une trêve, dont le lieu en gardera le nom, y est signé au {{XIIe}} entre les rois de France et d'Angleterre. Un nouveau château est reconstruit au {{XVs}} par Robert Le Maçon (chancelier de France sous Charles VII), puis Jean II Stapleton (armateur nantais) le fait reconstruire au milieu du {{XVIIIe}} (château fort dit château de Trèves), ne conservant que le donjon ([[tour de Trèves]])<ref >Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|IV}} (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996, 2e éd. (1re éd. 1878), {{p.|598-601}}</ref>.
Une première motte féodale est édifiée par Foulques Nerra (Foulques III d'Anjou) au début du {{XIs}}. Un château est construit à son emplacement à la fin du {{XIe}} par Foulques Réchin (Foulque IV d'Anjou). Une trêve, dont le lieu en gardera le nom, y est signé au {{XIIe}} entre les rois de France et d'Angleterre. Un nouveau château est reconstruit au {{XVs}} par Robert Le Maçon (chancelier de France sous Charles VII), puis Jean II Stapleton (armateur nantais) le fait reconstruire au milieu du {{XVIIIe}} (château fort dit château de Trèves), ne conservant que le donjon ([[tour de Trèves]])<ref >Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|IV}} (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996, 2e éd. (1re éd. 1878), {{p.|598-601}}</ref>.
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Trèves fut un important port de péages et de commerce.
Trèves fut un important port de péages et de commerce.


Éléments du patrimoine :
Éléments du patrimoine<ref>Ministère de la Culture, ''Base Mérimée (Chênehutte-Trèves-Cunault)'', mai 2012</ref> :
* la [[tour de Trèves]] ;
* la [[tour de Trèves]] ;
* l'église Saint-Aubin de Trèves construite en pierre de taille entre le {{XIe}} et le {{XIIIs}}.
* l'église Saint-Aubin de Trèves construite en pierre de taille entre le {{XIe}} et le {{XIIIs}}.
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Le [[sentier GR 3]] traverse son territoire.
Le [[sentier GR 3]] traverse son territoire.


Formes anciennes du nom : [[Treves, Trêves, Trèves]].


[[File:Treves tour 2014a.jpg|thumb|upright=1.1|left|alt=Photographie de la tour de Trèves.|La tour de Trèves]]
Articles connexes : [[Chênehutte]], [[Chênehutte-les-Tuffeaux]], [[Chênehutte-Trèves-Cunault]], [[Cunault]], [[Les Tuffeaux]], [[Trèves-Cunault]].
{{clr|left}}
 
[[File:Treves tour 2014a.jpg|center|thumb|upright=1.1|alt=Photographie de la tour de Trèves.|La tour de Trèves]]
 
== Célestin Port (1878) ==
<!-- Reproduction du texte de Célestin Port. Ne peut être modifié. -->
Trèves dans le [[dictionnaire Célestin Port]] de 1878<ref>Célestin Port, ''Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire'', t. 3 (N-Z), Lachèse & Dolbeau (Angers), 1878, pages 627 à 631</ref> :
 
{{citation|
'''Trêves''' bourg, {{cne}} de Trèves-Cunaud. —
''Clementiniacus'' 769 (Cart. St-Aubin, f. 3). —
''G. de Trevie'' 1036 (Cart. St-Maur, ch. 33). —
''In Trevis Castro'' 1035-1055 (Liv. N., ch. 260).
— ''Castro quod dicitur Trevis'' 1056-1060
(Cart. St-Aubin, f. 70). — ''Trevis castrum'' 1101
(Liv. Bl., f. 34). — ''Obedientia de Treviis'', —
''Senior Treverensis'', — ''insula proxima''
''Treveris'', — ''homines qui morantur Treviis'',
— ''Treverense castrum'' 1060-1080 (Cart.
St-Aubin, f. 70 v°). — ''Castrum de Treviensis''
1069 (Cart. Saint-Jouin, p. 21). — ''H. de''
''Triviis'' 1070 circa (Liv. N., ch. 209). — ''Clementiniacus''
1077 (Cart. St-Aubin. f. 6). —
''Clementiniacensis ecclesia'' 1060-1081 (Ibid.,
f. 70 v°). — ''R. de Treviis'' 1098 (Ib., f. 56 v°).
— ''G. de Trebiis'' (Liv. Bl., f. 37). — ''Castellum''
''quod Trevis dicitur'' 1070-1118 (Ibid.,
f. 42). — ''Ad Treuvas'' XI{{e}} s. (''Chron. d’Anj.'',
II, 212). — ''Dominus castri Treveris'' 1105
(G 851, f. 975). — ''A. de Triveris'' 1115 circa
(Cartul. de Fontev., f. 845 bis). — ''Curtis que''
''vocata est olim Clementiniacus'', ''in qua''
''modo castellum'', ''quod dicitur Trevias situm''
''est'', 1134 (Top. Grille). — ''Treveris castrum'' 1206
(''Chron. d’Anj.'', II,56). — ''In locum Clementiniacum''
''prius dictum'', ''castrum quod Trevas''
''nuncupavit'', XII{{e}} s. (''Chron, d’Anj.'', II, 276). —
''Apud Trevias'' 1209 (Pr. des Loges, ch. or.). —
''Treviarum dominus'' 1220 (G 842, f. 63). —
''Dominus de Trevis'' 1228 (Fontev., ch. anc. 142).
— ''Apud Treves'' 1252 (H Breuil-Bellay, ch. or.).
''Villa et castellaria de Treviis'', — ''la ville de''
''Trèves'' 1269 (E 1322). — ''Prior de Trabis''
1449, 1555 (G 9, f. 11). — ''Ecclesia parochialis''
''et curata Sti Albini de Trabis'' 1529 (G Gures).
— Du mot breton ''Treb'', ''Tref'', ''Trec'', qui veut
dire ''chapelle succursale'' ou ''fillette''.
 
Le pays, que traverse sur les hauteurs la
grande voie d’Angers à Saumur par la rive
gauche, doit sa dénomination antique de ''Clementiniacus''
à l’habitation sans doute de
quelque noble romain ou gallo-romain du nom
de ''Clément'' ou ''Clémentin'', que rappelle encore
sur la rive droite le vocable de la {{cne}} de St-Clément-des-Levées.
Jusqu’au XI{{e}} s., quoique dépendant
du {{abréviation|pagus|subdivision territoriale médiévale}} angevin, il est soumis à la domination
du comté de Blois et en particulier du
château de Saumur, qui s’étendait jusqu’à
Gennes et où commandait le terrible Gelduin,
V. ce nom. Surpris un jour par l’approche
imprévue d’une armée angevine, il envoya au-devant
du comte [[Foulques Nerra]] pour lui proposer
de faire accord et trêve. — « Trêve, soit,
dit le comte, et je veux la faire ici », — et il
prit pied sur le terrain ennemi, en élevant, là-même
où il campait, pour tenir en bride le Saumurois,
''ad Salmurensium reprimendam potentiam'',
un château-fort, qui resta baptisé par ce bon
mot. — Ainsi du moins le raconte le chroniqueur
de St-Florent, presque contemporain de
l’histoire — et cette explication du nouveau nom,
sans être acceptable, vaudrait mieux encore que
celle qui y prétend voir l’indication de trois
voies, ''Tresviœ'', avec autant de raison qu’on en
voit sept à St-Georges, V. ci-dessus, p. 372,
col. 1. — Ce premier château, de construction
antérieure à la prise de Saumur (1025) paraît
avoir été inféodé tout d’abord par le comte au
seigneur de Sablé, Herbert Le Rasoir, ''Rasorius'',
qui le servait dans sa guerre de Touraine, —
plus tard à Thibaud le Boutelier, ''Buticularius'',
puis à Geoffroy Le Fort, ''dictus Fortis'', dès 1036,
qui sans doute prit parti dans la querelle entre
les deux neveux de Geoffroy Martel pour Geoffroy
le Barbu. Foulques Réchin, vainqueur, rasa
le château (19 juin 1069) et en le reconstruisant
quinze ou vingt ans plus tard en fit don au chef
d’une nouvelle famille de chevalerie, Geoffroy Fulcrade,
qui prit l’habit de moine vers 1089 à St-Florent.
Son fils Geoffroy, 1093-1142, fonda le bourg
et les deux prieurés. — En 1147 on trouve pour seigneur
Renaud le Roux, ''Rufus cognomine'', qui
suivit Louis VII à la croisade ; — après lui, Aimery
de Loudun, ''de Losduno'', neveu de Gautier de
Montsoreau. — Le manoir assiégé en 1206 par Jean
sans Terre résista et tint bon jusqu’à l’approche
de l’armée royale. — Un Geoffroy de Loudun est
encore seigneur en 1220, 1228 ; — Bouchard de
Marmande en 1258, 1259 ; — le dauphin d’Auvergne
en 1391. — La terre fut à la fin du XIV{{e}} s.
divisée en deux parts, l’une et la principale,
attribuée à la comtesse de Sancerre, femme de
Jacques de Montberon, l’autre au sieur de Maulévrier,
— puis, par un acquêt du 18 août 1416 et
par un échange se trouva réunie de nouveau aux
mains du chancelier de France, Robert Le Maçon,
V. ce nom, dont le sénéchal en prit possession
le 18 juillet 1417.
 
Le nouveau seigneur, avec l’aide toute-puissante
du dauphin, qui allait être Charles VII, devait donner
à son domaine une splendeur inespérée. Il y
existait de tonte ancienneté sans doute un double
péage, établi d’une part sur les bateaux passant
en Loire, de l’autre sur les marchandises cheminant
à terre par les routes de Gennes, de Poitiers ou
de Saumur ; et à chaque frontière de la baronnie,
depuis le ponceau des Tuffeaux jusqu’au ponceau
de Gennes, à Grésillé, à Louerre, à Coutures, à Louresse,
« des branchées à boète et billettes pendant sur
les chemins » en avertissaient les passants.
C’était là le grand revenu, la richesse du château.
Par lettres patentes du 7 novembre 1430, le Dauphin,
régent « connoissant et ayant en mémoire
les notables, bons et grans services dignes de
mémoire que nostre amé et féal chevalier, —
dit-il, — « a fais en grand travail, soin et diligence
à Monseigneur, à Madame, à nous et à la
chose publicque de ce royaume, jà a pluseurs
ans..., et ainsi que par sa constance et industrie,
avec aucuns autres nos conseilliers, il fnst
cause que nous fusmes préservez et retraiz
des dangiers des périlleuses céditions et
meurdres inhumains et rebellions advenus à
Paris l’an 1418..., et lui meu, comme loyal
serviteur, du grand désir qu’il avoit au salut de
nostre personne, en mettant arriére la seurté de
sa vie pour nous retraire, descendi de son cheval. ..
et icelui nous bailla pour nous partir, et en recou-
vra un autre pour son salut... ; et icelluy nostre
chancelier, considéré qu’il est baron et seigneur
du chastel de Trêves, qui est lieu d’ancienneté
noble, séant en la rivière de Loire au duché
d’Anjou et auquel chastel a péage et travers
anciens, tant par eau comme par terre, et est
iceluy chastel, assis en moulte forte place sur
lad. rivière de Loire, et que si vertueulx et hautz
services doibvent estre recognuz par prérogative
et noblesse espéciaulx », le prince lui concède le
privilège de lever « par devoir, tribut et péage
sur chaque pipe de vin passant lad. rivière de
Loire, en dévallant ou en montant parbattel ou
batteaux devant ledit chastel, ou traversant par
charoy par lad. chastellenie », la somme de
10 deniers, — sur chaque {{abréviation|muids|mesure pour les liquides et autres matières}} de vin 5 deniers,
— de même, un {{abréviation|minot|ancienne mesure de grain}} de sel sur chaque muids de
sel. La perception de ces droits ne devait être supprimée
qu’en 1564 par un arrêt du Parlement de
Paris rendu sur la requête des marchands fréquentant
la rivière de Loire. — Le Dauphin, devenu
roi, s’empressa de confirmer cette concession par
lettres patentes du 13 décembre 1423, et quelques
jours après, le 16 février 1424 n. s., il accordait
au chancelier, — outre les trois anciennes foires,
qui se tenaient dans le bourg d’ancienne date
a la St Luc, à la St Mathieu, à la Ste Catherine,
— trois foires nouvelles à tenir les mardis après
l’Ascension et la St Jean-Baptiste et le jour de la
St Aubin, avec marché et assemblée tous les
mardis, qui furent seulement en décembre 1762
transférés à Cunaud, ainsi que les foires.
 
Ces privilèges royaux, qui enrichissaient la
pays et qui rapportaient surtout an seigneur
de beaux droits de prévôté, permirent au chancelier
Lemaçon d’entreprendre et d’achever eu
1435 la reconstruction de son manoir seigneurial
et notamment du principal donjon. Le bourg,
qu’il abritait, était devenu un véritable centre
d’activité. Ses foires, ses péages, son port, l’importance
de ses seigneurs y attiraient volontiers
les habitants, les marchands, des populations de
tout genre et avec elles aussi plus d’une misère.
Il y existait dès le XIV{{e}} s. une Maison-Dieu et
une aumônerie, et quand le chancelier mourut le
2 janvier 1443 n. s», il venait d’y établir « une
maladrerie pour ladres, parce qu’il y est sourvenu
pauvres gens mallades d’icelle maladie. »
 
Par son testament en date du 29 décembre
1437, il avait légué, à défaut d’enfants, à son
neveu Jean Le Maçon son château de Trêves ;
mais sa veuve Jeanne de Mortimer en fut ensaisinée
en vertu d’un acte de donation mutuelle de
1424 et, s’étant remariée en 1445, elle l’apporta à
Guy d’Acigné, d’où un héritage de seconde main le
transmit à la petite nièce du chancelier, Roberte
Fillastre, femme de Jean de Montecler. — En est
dit seigneur en 1443, 1452 Hélie Dallée, par sa
femme Thiennette de Hoges, René de Villeprouvée
1474, 1489, mari de Marie de Monteclerc, Franç.
de Villeprouvée 1491, 1533, René de Thory, mari
d’Anne Asse, 1541, Guyenne de Villeprouvée 1559,
1566, femme de Guy d’Avaugour, Claude d’Avaugour,
1570, 1582, leur fille unique, femme de
Jacq. de Clérembault, Jacqueline de Clérembault,
femme de Pierre de Laval, 1590, Pierre de Laval
1616, leur fils, conseiller d’Etat, capitaine de
50 hommes d’armes, baron de Lezay, mari
d’Isabelle de Rochechouart-Mortemart. Il fit
ajouter, vers la rivière, aux deux corps distincts
du logis un pavillon neuf d’habitation
que desservait un grand jardin en terrasse.
V. un plan et une vue d’ensemble dans Gaignières.
Devant le pont-levis, s’élevait encore
au XVII{{e}} s. une motte dite la motte de Montsoreau,
qui avait porté sans doute le manoir primitif
et qui restée nue et vide jusqu’au XVI{{e}} s., fut
chargée alors d’un corps de logis adossé à la chapelle reconstruite ; — vers l’E., une autre motte
dite Barbacane ; — vers la rivière et devant la
tour, qu’en séparait seulement un second jardin
bas planté en verger, des halles logeaient les
marchands venus aux foires et les bouchers
détaillants. Au haut des halles se tenait l’auditoire,
où le sénéchal rendait tous les quinze
jours la justice pour les tenanciers de dix-sept
paroisses. Tout auprès, dans la vallée, vers le
coteau, s’étendaient autrefois deux étangs, dont
un seul conservé au XVII{{e}} s. Il alimentait à travers
le jardin, par un canal en pierre de taille, un moulin
banal qu’y avait construit Le Maçon et où
le seigneur prélevait le vingtième du blé apporté.
Quatre grands clos de vignes, entourés de
murs, de larges fossés ou de haies vives, attenaient
à la garenne seigneuriale semée de jeune futaie.
— Sur un des quatre Ilots dépendant du domaine
étaient plantés les piliers de justice.
 
Le seigneur avait droit de prélever sur les
pêcheurs le premier saumon péché dans l’année.
Il donnait cinq sons à qui le lui apportait ;
par contre, les antres pécheurs, appréciation
faite de la prise, étaient tenus d’en payer au
seigneur la valeur, pour autant qu’elle dépassait
cette somme de cinq sous. Chaque filet devait
aussi une nuit entière de travail au profit du
château. Le mardi gras de chaque année, prés
la borne qui séparait le fief de la baronnie et
celui du prieuré de Cunaud, on voyait venir
le cuisinier et le boulanger du prieur, l’un
« gamy de sa lardouère », l’autre « garny de son
bluteau », avec leurs aides portant une pièce de
bœuf d’un pied carré, trois pintes de vin dans un
baril et une miche. Le seigneur de Trêves ou
son officier se trouvaient là — et avec eux
sans doute aussi des pauvres, pour en profiler.
 
Pierre de Laval et sa femme, pour conserver au-
près d’eux leur fille Catherine qui avait pris le
voile aux religieuses Bénédictines réformées
de la Fidélité de Poitiers, fondèrent le 14 août
1618 dans le logis dit de l’Argentier, à l’orient
du château, sur le bord de la Loire, un prieuré conventuel
de ce nouvel ordre, où leur fille fut installée
en qualité de supérieure le 1{{er}} janvier 1619
avec deux religieuses et deux novices ; — mais
dés le 8 septembre 1626 la petite communauté
était réduite à quitter la place, envahie par les
eaux à chaque cruee et se transférait à Saumur,
V. ci-dessus, p. 492.
 
Le maréchal de Maillé-Brézé, qui enviait
depuis longtemps d’ajouter ce beau domaine à sa
terre de Milly, dut faire intervenir la haute
influence de Richelieu, son beau-frère, pour violenter
les refus persistants d’Hilaire de Laval. Le
cardinal, en son propre nom, par acte du 8 mars
1642, se porta acquéreur — moyennant 200,000 l.,
dont 114,000 étaient déjà réclamés par des créanciers,
avec la promesse d’ériger Lezay en marquisat,
— et transmit le 16 la baronnie au maréchal,
dont la fille unique, Claire-Clémence de Maillé,
V. ce nom, venait d’épouser le grand Condé. Par
échange du 23 mars 1747 la terre passa plus tard
au comte Louis-César d’Estrées et au maréchal
Adrien-Maurice de Noailles, qui quatre jours
après en firent cession, pour la somme de
510,000 livres, à Jean de Stapleton, seigneur irlandais,
un des compagnons du roi Jacques, avec
les châtellenies de Milly, Pocé, Villeneuve-Maillard,
Sourches, Marson, la Tour-de-Ménives et
nombre d’antres. C’est en faveur de ce nouveau
venu que Louis XV par lettres du 23 août 1747
érigea la baronnie en comté, en y réunissant
les terres de Laillou, Milly, Villeneuve-Maillard,
Baucheron, Virelais, Saugré, Sourches, la Mimerolle,
Pocé, Marson, les Noyers-Aménard et
Laleau. Dès 1750 l’acquéreur fit abattre le château,
n’en conservant que le seul donjon, dont le
faite fut même ragréé à neuf et la plomberie renouvelée.
— Jean de Stapleton mourut le 1{{er}} juin
1776, âgé de 80 ans, en sa terre d’Ervallières, et
fut transféré inhumer dans le chœur de Trêves.
Sa fille Marie avait épousé le 7 novembre 1774
J.-B.-Charles de Laurens. C’est à elle qu’échut
dans le partage de la succession paternelle le
domaine de Trêves, advenu plus tard à M»* de
Castelnau. Le 29 octobre 1832, M. de Fos, déjà
propriétaire d’une grande partie du domaine, y
ajouta par acquêt la belle tour de Robert Le
Maçon qu’un acquêt nouveau le 2 mars 1873 a
transmis à M. le docteur Maupoint, propriétaire
déjà du prieuré St-Aubin.
 
Du puissant manoir du XV{{e}} s. refait en partie
au XVII{{e}} s. il ne reste plus que le donjon,
haute tour ronde engagée pour un quart dans
une tour carrée, la masse entière se dressant
intacte encore et comme construite d’hier dans
son enveloppe de pierre blanche. V. une litho-
graphie dans l’Anjou du baron de Wismes.
On y pénétrait autrefois par des couloirs sou-
terrains, qui s’écroulant ont comblé le passage.
Un immense escalier monumental y gravit aujourd’hui,
tout couvert de mousse et d’herbe, laissant
voir, presque à l’entrée, à gauche, les restes
d’une poterne et d’un corps-de-garde écroulés,
et à chaque palier, les attaches des murs du
logis détruit Au débouché s’étend l’immense
terrasse découpée à pie dans le flanc d’un
grand massif de roc, escarpé de trois côtés et
dont le sommet aplani, aujourd’hui envahi
par des poussées d’arbres et les restes des jardins,
portait autrefois en bordure de hauts et
puissants corps de logis, communiquant par un
pont-levis. — L’escalier intérieur du donjon
dessert, en tournoyant, les diverses salles,
aujourd’hui nues et désertes, — sauf la principale,
remise en état pour servir de rendez-vous de
chasse, — jusqu’au faite, couronné de mâchicoulis
et de créneaux. Sur les murs de la gaite
et de la cheminée, qui émerge de la plateforme,
se lisent de nombreux noms, dont les plus
anciens, — Jacques Renault, vitrier, 1759,
''Fecit Nicou Blouin de Fontevem'' 1750, — rappellent
la date même de la restauration. De cette
hauteur, — V. une gravure dans l’Anjou de
M. Godard, par Hawke, — se découvre un des
plus admirables panoramas de l’Anjou, plongeant
sur les deux rives de la Loire, l’une à gauche,
d’aspect sombre et sévère, tout abrupte et peuplée
de mines antiques, l’autre à droite, plongeant
à perte de vue sur la vallée bordée d’églises
neuves et jusqu’aux coteaux échelonnés de Blou
on de Vernantes. — Des cuisines, occupent le
soubassement ; plus bas encore, les prisons ; —
et tout à l’entrée, sur la descente, quelque main
de page ou de chevalier a gravé en lettres gothiques.
 
Le domaine de ''Clementiniacus'', au moment
où le comte y établit un poste de guerre, appartenait
depuis prés de trois siècles, par la donation
du roi Pépin, renouvelée par Charlemagne
et Charles le Chauve, aux moines de St-Aubin
d’Angers. Ils durent ne pas tarder à y constituer
une paroisse, avec une église, quoiqu’aucun
texte n’en fasse mention avant le milieu du XI{{e}} s.
 
On voit l’église établie alors dans le château
reconstruit. Un prêtre la dessert, qui percevait
les offrandes et les dîmes, sous l’autorité des
religieux. Mais au commencement du XII{{e}} s. encore
la demeure des religieux s’élevait sur le coteau,
au milieu des vignes, ''inter vineas''. Geoffroy Fulcrade
les en fit descendre en 1106 pour les attacher
de plus près au service de l’église du château,
en les autorisant à bâtir à l’entour, dans
l’emplacement compris entre leurs vignes, le
marché et les deux petits ruisseaux, un bourg dont
les habitants devaient jouir de toutes les immunités
féodales et n’être astreints à d’autre obligation
que le service de guerre pour le comte et la
garde du manoir, sous les ordres d’un agent de
l’abbaye. La même année le bienfaiteur fondait
encore au profit des mêmes bénédictins le prieuré
de St-Macé, V. ce mot ; — et peut-être ne faisait-il
ainsi que restaurer l’ancienne et primitive
chapelle, probablement restée vide par le départ
de la première colonie des moines.
 
Le domaine du prieuré régulier de St-Aubin
comprenait aux XVII{{e}}-XVIII{{e}} s. une maison seigneuriale,
une chapelle, un grand enclos muré le
long de la Loire, 949 boisselées de terre dont
465 en bois abattus tous les dix ans, en vertu
d’un arrêt du Conseil d’Etat du 27 mars 1736,
— sauf une réserve sise près la métairie de
Clames, qui en dépendait, — et dans la vallée
outre-Loire un fief important dit la Grange de
Trêves, avec maison neuve et fuie.
 
On donne pour armoiries au prieuré : d’azur à
un bâton prioral d’argent, accosté de 2 tours
de même.
 
Prieurs : Et. Le Dan, 1366, 1375, prieur en
même temps du Coudray-Macouard. — Jean
Lemoine, 1426, 1438. — Jean de Velly, commandataire,
conseiller du roi, doyen de l’église
d’Orléans, 1473. — Etienne Girard, 1505. —
Elie Girard, 1530. — Jean Girard, 1570, 1594.
— Thomas Jallet, 1598, 1627. — Claude Pasquier,
1609. — Claude Lemarié, chanoine de
St-Maurice, 1679, 1681. — Julien Cherbonnel,
1700. — Franç. Palluau, 1725, 1759. — Firmin
Lévêque, 1764, qui permute le 28 mars 1773
avec le prieur de Champigny-le-Sec, Delacroix.
 
Le prieur était tenu à trois messes par
semaine. Il en déléguait la charge à un prêtre
habitué, qu’il payait 300 livres par an. Il devait
même rente, comme portion congrue, au vicaire
perpétuel ou curé, et encore 150 livres au desservant
de la chapelle de St-Clément-des-Levées,
V. ce mot, qui bientôt après la construction des
levées devint le principal centre habité de la
paroisse. En dehors du bourg, à peine en effet
comptait-on quelques rares habitations dispersées
à distance au milieu des bois, tandis que
près de 200 feux s’étaient groupés outre-Loire et
se détachèrent absolument de la paroisse en
1696.
 
Curés : Vincent Lavocat, qui permute —
avec Jean de Pontoise, archiprêtre de la Flèche,
chanoine de St-Pierre d’Angers, en 1529. — Et.
Girard, 1558. — Jean Girard, 1571. — André
d’Espeignet, 1625. — Thomas Jallet, 1627, en
même temps curé de Briolay. — Nic. Berthelot,
1649. — Jean Huvé, 1700, 1709. — Simon
Brullé, 1723. — Louis Palluau, † le 24 décembre
1735, âgé de 33 ans, à Angers (GG 157).
— Louis Beusnier, décembre 1735, qui résigne
dans les premiers jours d’octobre 1759 et est
inhumé le 24. — René Langlois, octobre 1759,
qui résigne en 1783. — Huard, installé on juin
1783, † le 5 novembre 1786. — André Béatrix,
installé le 12 novembre 1786.
 
L’église orientée, à haut et large pignon, dont
la base est décorée d’un bandeau porté par des
modillons, s’ouvre par un portail plein cintre à claveaux
réguliers, sans moulure, où apparaît encore
la peinture d’un écusson à demi-effacé. Un large
arceau roman l’encadre, accosté de deux arceaux
ogivaux, formant ensemble comme un petit porche
en avancement. La nef comprend cinq travées,
éclairées chacune autrefois d’une fenêtre romane,
dont le cintre, à claveaux réguliers, sans moulure,
reposait directement sur l’appareil. Au-dessous,
s’entrevoient d’étroites et minuscules
baies, de dessin identique, xi« s — Plus bas
encore les murs ont été ouverts de chaque côté
au XIII{{e}} s. par des arceaux, aujourd’hui enmurés,
qui communiquaient sans doute dans un cloître. —
La voûte du transept est surtout remarquable, —
quoiqu’on n’ait pas pris soin encore de la signaler,
— par tous les caractères de la coupole nettement
accusés et mieux peut-être que nulle part ailleurs
en Anjou, Elle porte le pied d’une large tour
carrée, où s’aligne un rang de baies romanes,
enclavé actuellement dans le toit et qu’on n’aperçoit
que de l’intérieur de l’église ; au-dessus ressort
sur chaque face une couple de fenêtres
romanes. — mais cette œuvre primitive est restée
inachevée ; et sur lé côté méridional de la nef
se dresse, envahissant à demi la quatrième travée
et tout entière la cinquième, un second clocher,
construit du pied jusqu’au faite au XIII{{e}} s., en
masse carrée, de deux ordres, dont les faces supérieures
portent chacune une large fenêtre ogivale
doublée de tores ronds concentriques. — L’abside
ronde, éclairée de trois fenêtres, est accolée de
deux absidioles ouvrant dans les bras du transept,
que termine un pignon avec fenêtre et porte plein
cintre. — A l’entrée de la nef se rencontre un très-curieux
bénitier rond, en porphyre, découpé de
quatre masques bizarres en saillie, dont un à barbe
tailladée en carré à la romane, un autre, grimaçant
comme un masque de grenouille, XII{{e}} s. ; —
au fond, vers N., un charmant lampadaire hexagonal,
en pierre, évidé à jour, sur chaque face,
de trois étages de petites fenêtres tréflées à double
meneau quadrilobé avec hauts fleurons, l’œuvre
entière couronnée d’une flèche ornementale et mesurant
environ 4 m. de haut., XV{{e}} s. — Un dessin par
M. de Lorière en existe au Musée d’Angers. — A l’opposé,
le long du mur, vers S., git la statue couchée
du chancelier Lemaçon, V. t. II, p. 494-495. —
 
— Extérieurement, sur la face orientale du bras
du transept S., qu’enveloppe le cimetière, on lit,
en belles lettres onciales : ''Cy gist le corps de''
''messire Jean Brèche, chappelain de ce lieu,''
''qui déceda le X décembre 1650''. — A côté,
dans un bloc de pierre est entaillée une statue de
St Avertin XV{{e}} s.
 
La paroisse, réduite par la distraction de St-Clément
à 60 feux, restait chargée de pauvres et
de mendiants, délaissés sans secours par la non-résidence
des seigneurs. Elle a été supprimée et
réunie à celle de Cunaud en vertu d’une ordonnance
épiscopale du 20 février 1809. Par suite l’église entièrement
à l’abandon, envahie par la moisissure
et l’humidité, tombait délabrée. Vers 1865, elle
fut remise tant bien que mal en état aux frais
de l’évêque Maupoint, V. ce nom, enfant du
pays. — La commune, constituée en 1790, a
été à son tour supprimée en 1839 et réunie avec
Cunaud, pour former une commune nouvelle
sous le nom de Trèves-Cunaud, V. ce mot.


Maires : Jean Péan, 1{{er}} messidor an VIII,
démissionnaire en 1813. — Charles-Marie Guillon,
30 juin 1813, démissionnaire en 1828. — Maurice-Nic.-Marie
Hue, marquis de Montaigu,
29 octobre 1828. — Louis Piau, 15 novembre
1830-1839.


Sur le même sujet : [[Treves, Trêves, Trèves|formes anciennes du nom]].
<small>Arch. de M.-et-L. E 1322-1366, 45 volumes comprenant le chartrier à peu près complet de la baronnie ; G Cures ; H Cart. de St-Maur et Prieuré de Trêves. — Arch. comm. Et.-C. — Bibl. d’Angers. Cartul. de St-Aubin, Mss. 745, p 70-74. — ''Chron. d’Anj.'', 1876, p. 159. — De Wismes, ''l’Anj.'' — Bodin, ''Saumuur'', t. I, p. 379. — Liv. noir, f. 260. </small>
}}
 
== Notes ==
{{Références}}


Articles connexes : [[Chênehutte]], [[Chênehutte-les-Tuffeaux]], [[Chênehutte-Trèves-Cunault]], [[Cunault]], [[Les Tuffeaux]], [[Trèves-Cunault]].


{{Quartier à compléter}}
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[[Catégorie:Ancienne commune|Treves]]
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[[Catégorie:Chênehutte-Trèves-Cunault]]
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