Trèves

De Wiki-Anjou
Trèves
(ancienne commune)
Département Maine-et-Loire
Territoire Saumurois
Commune Trèves-Cunault
Note(s) Fusion en 1839
Situation dans le département

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Aide à la rédaction.
Anciennes communes

Trèves est une ancienne commune de Maine-et-Loire (49) située sur la rive gauche de la Loire, au sud de Cunault et au nord de Chênehutte, à une dizaine de kilomètres de Saumur. C'est un bourg de la commune de Chênehutte-Trèves-Cunault.

Nom des habitants : Les Trèvois.


Généralités

En 1839 les communes de Trèves et de Cunault fusionnent pour créer la commune nouvelle de Trèves-Cunault, qui disparaît en 1974 pour former Chênehutte-Trèves-Cunault[1].

Elle se trouve jusqu'alors dans le canton de Gennes (Gennes en 1793 et 1801) et l'arrondissement de Saumur[2].

Sa population est de 783 habitants en 1836[2], appelés Trèvois, Trèvoise.

Une première motte féodale est édifiée par Foulques Nerra (Foulques III d'Anjou) au début du XIe siècle. Un château est construit à son emplacement à la fin du XIe par Foulques Réchin (Foulque IV d'Anjou). Une trêve, dont le lieu en gardera le nom, y est signé au XIIe entre les rois de France et d'Angleterre. Un nouveau château est reconstruit au XVe siècle par Robert Le Maçon (chancelier de France sous Charles VII), puis Jean II Stapleton (armateur nantais) le fait reconstruire au milieu du XVIIIe (château fort dit château de Trèves), ne conservant que le donjon (tour de Trèves)[3]. Trèves fut un important port de péages et de commerce.

Éléments du patrimoine[4] :

  • la tour de Trèves ;
  • l'église Saint-Aubin de Trèves construite en pierre de taille entre le XIe et le XIIIe siècle.

Le sentier de grande randonnée GR 3 (Montsoreau, Champtoceaux) passe par la commune.

Randonnées à pied en Maine-et-Loire

Cunault  
Sentier GR 3
  Trèves  

  Chênehutte

Formes anciennes du nom : Treves, Trêves, Trèves.

Articles connexes : Chênehutte, Chênehutte-les-Tuffeaux, Chênehutte-Trèves-Cunault, Cunault, Les Tuffeaux, Trèves-Cunault.

Photographie de la tour de Trèves.
La tour de Trèves

Célestin Port (1878)

Trèves dans le dictionnaire Célestin Port de 1878[5] :

« Trêves bourg, cne de Trèves-Cunaud. — Clementiniacus 769 (Cart. St-Aubin, f. 3). — G. de Trevie 1036 (Cart. St-Maur, ch. 33). — In Trevis Castro 1035-1055 (Liv. N., ch. 260). — Castro quod dicitur Trevis 1056-1060 (Cart. St-Aubin, f. 70). — Trevis castrum 1101 (Liv. Bl., f. 34). — Obedientia de Treviis, — Senior Treverensis, — insula proxima Treveris, — homines qui morantur Treviis, — Treverense castrum 1060-1080 (Cart. St-Aubin, f. 70 v°). — Castrum de Treviensis 1069 (Cart. Saint-Jouin, p. 21). — H. de Triviis 1070 circa (Liv. N., ch. 209). — Clementiniacus 1077 (Cart. St-Aubin. f. 6). — Clementiniacensis ecclesia 1060-1081 (Ibid., f. 70 v°). — R. de Treviis 1098 (Ib., f. 56 v°). — G. de Trebiis (Liv. Bl., f. 37). — Castellum quod Trevis dicitur 1070-1118 (Ibid., f. 42). — Ad Treuvas XIe s. (Chron. d’Anj., II, 212). — Dominus castri Treveris 1105 (G 851, f. 975). — A. de Triveris 1115 circa (Cartul. de Fontev., f. 845 bis). — Curtis que vocata est olim Clementiniacus, in qua modo castellum, quod dicitur Trevias situm est, 1134 (Top. Grille). — Treveris castrum 1206 (Chron. d’Anj., II,56). — In locum Clementiniacum prius dictum, castrum quod Trevas nuncupavit, XIIe s. (Chron, d’Anj., II, 276). — Apud Trevias 1209 (Pr. des Loges, ch. or.). — Treviarum dominus 1220 (G 842, f. 63). — Dominus de Trevis 1228 (Fontev., ch. anc. 142). — Apud Treves 1252 (H Breuil-Bellay, ch. or.). Villa et castellaria de Treviis, — la ville de Trèves 1269 (E 1322). — Prior de Trabis 1449, 1555 (G 9, f. 11). — Ecclesia parochialis et curata Sti Albini de Trabis 1529 (G Gures). — Du mot breton Treb, Tref, Trec, qui veut dire chapelle succursale ou fillette.

Le pays, que traverse sur les hauteurs la grande voie d’Angers à Saumur par la rive gauche, doit sa dénomination antique de Clementiniacus à l’habitation sans doute de quelque noble romain ou gallo-romain du nom de Clément ou Clémentin, que rappelle encore sur la rive droite le vocable de la cne de St-Clément-des-Levées. Jusqu’au XIe s., quoique dépendant du pagus angevin, il est soumis à la domination du comté de Blois et en particulier du château de Saumur, qui s’étendait jusqu’à Gennes et où commandait le terrible Gelduin, V. ce nom. Surpris un jour par l’approche imprévue d’une armée angevine, il envoya au-devant du comte Foulques Nerra pour lui proposer de faire accord et trêve. — « Trêve, soit, dit le comte, et je veux la faire ici », — et il prit pied sur le terrain ennemi, en élevant, là-même où il campait, pour tenir en bride le Saumurois, ad Salmurensium reprimendam potentiam, un château-fort, qui resta baptisé par ce bon mot. — Ainsi du moins le raconte le chroniqueur de St-Florent, presque contemporain de l’histoire — et cette explication du nouveau nom, sans être acceptable, vaudrait mieux encore que celle qui y prétend voir l’indication de trois voies, Tresviœ, avec autant de raison qu’on en voit sept à St-Georges, V. ci-dessus, p. 372, col. 1. — Ce premier château, de construction antérieure à la prise de Saumur (1025) paraît avoir été inféodé tout d’abord par le comte au seigneur de Sablé, Herbert Le Rasoir, Rasorius, qui le servait dans sa guerre de Touraine, — plus tard à Thibaud le Boutelier, Buticularius, puis à Geoffroy Le Fort, dictus Fortis, dès 1036, qui sans doute prit parti dans la querelle entre les deux neveux de Geoffroy Martel pour Geoffroy le Barbu. Foulques Réchin, vainqueur, rasa le château (19 juin 1069) et en le reconstruisant quinze ou vingt ans plus tard en fit don au chef d’une nouvelle famille de chevalerie, Geoffroy Fulcrade, qui prit l’habit de moine vers 1089 à St-Florent. Son fils Geoffroy, 1093-1142, fonda le bourg et les deux prieurés. — En 1147 on trouve pour seigneur Renaud le Roux, Rufus cognomine, qui suivit Louis VII à la croisade ; — après lui, Aimery de Loudun, de Losduno, neveu de Gautier de Montsoreau. — Le manoir assiégé en 1206 par Jean sans Terre résista et tint bon jusqu’à l’approche de l’armée royale. — Un Geoffroy de Loudun est encore seigneur en 1220, 1228 ; — Bouchard de Marmande en 1258, 1259 ; — le dauphin d’Auvergne en 1391. — La terre fut à la fin du XIVe s. divisée en deux parts, l’une et la principale, attribuée à la comtesse de Sancerre, femme de Jacques de Montberon, l’autre au sieur de Maulévrier, — puis, par un acquêt du 18 août 1416 et par un échange se trouva réunie de nouveau aux mains du chancelier de France, Robert Le Maçon, V. ce nom, dont le sénéchal en prit possession le 18 juillet 1417.

Le nouveau seigneur, avec l’aide toute-puissante du dauphin, qui allait être Charles VII, devait donner à son domaine une splendeur inespérée. Il y existait de tonte ancienneté sans doute un double péage, établi d’une part sur les bateaux passant en Loire, de l’autre sur les marchandises cheminant à terre par les routes de Gennes, de Poitiers ou de Saumur ; et à chaque frontière de la baronnie, depuis le ponceau des Tuffeaux jusqu’au ponceau de Gennes, à Grésillé, à Louerre, à Coutures, à Louresse, « des branchées à boète et billettes pendant sur les chemins » en avertissaient les passants. C’était là le grand revenu, la richesse du château. Par lettres patentes du 7 novembre 1430, le Dauphin, régent « connoissant et ayant en mémoire les notables, bons et grans services dignes de mémoire que nostre amé et féal chevalier, — dit-il, — « a fais en grand travail, soin et diligence à Monseigneur, à Madame, à nous et à la chose publicque de ce royaume, jà a pluseurs ans..., et ainsi que par sa constance et industrie, avec aucuns autres nos conseilliers, il fnst cause que nous fusmes préservez et retraiz des dangiers des périlleuses céditions et meurdres inhumains et rebellions advenus à Paris l’an 1418..., et lui meu, comme loyal serviteur, du grand désir qu’il avoit au salut de nostre personne, en mettant arriére la seurté de sa vie pour nous retraire, descendi de son cheval. .. et icelui nous bailla pour nous partir, et en recou- vra un autre pour son salut... ; et icelluy nostre chancelier, considéré qu’il est baron et seigneur du chastel de Trêves, qui est lieu d’ancienneté noble, séant en la rivière de Loire au duché d’Anjou et auquel chastel a péage et travers anciens, tant par eau comme par terre, et est iceluy chastel, assis en moulte forte place sur lad. rivière de Loire, et que si vertueulx et hautz services doibvent estre recognuz par prérogative et noblesse espéciaulx », le prince lui concède le privilège de lever « par devoir, tribut et péage sur chaque pipe de vin passant lad. rivière de Loire, en dévallant ou en montant parbattel ou batteaux devant ledit chastel, ou traversant par charoy par lad. chastellenie », la somme de 10 deniers, — sur chaque muids de vin 5 deniers, — de même, un minot de sel sur chaque muids de sel. La perception de ces droits ne devait être supprimée qu’en 1564 par un arrêt du Parlement de Paris rendu sur la requête des marchands fréquentant la rivière de Loire. — Le Dauphin, devenu roi, s’empressa de confirmer cette concession par lettres patentes du 13 décembre 1423, et quelques jours après, le 16 février 1424 n. s., il accordait au chancelier, — outre les trois anciennes foires, qui se tenaient dans le bourg d’ancienne date a la St Luc, à la St Mathieu, à la Ste Catherine, — trois foires nouvelles à tenir les mardis après l’Ascension et la St Jean-Baptiste et le jour de la St Aubin, avec marché et assemblée tous les mardis, qui furent seulement en décembre 1762 transférés à Cunaud, ainsi que les foires.

Ces privilèges royaux, qui enrichissaient la pays et qui rapportaient surtout an seigneur de beaux droits de prévôté, permirent au chancelier Lemaçon d’entreprendre et d’achever eu 1435 la reconstruction de son manoir seigneurial et notamment du principal donjon. Le bourg, qu’il abritait, était devenu un véritable centre d’activité. Ses foires, ses péages, son port, l’importance de ses seigneurs y attiraient volontiers les habitants, les marchands, des populations de tout genre et avec elles aussi plus d’une misère. Il y existait dès le XIVe s. une Maison-Dieu et une aumônerie, et quand le chancelier mourut le 2 janvier 1443 n. s», il venait d’y établir « une maladrerie pour ladres, parce qu’il y est sourvenu pauvres gens mallades d’icelle maladie. »

Par son testament en date du 29 décembre 1437, il avait légué, à défaut d’enfants, à son neveu Jean Le Maçon son château de Trêves ; mais sa veuve Jeanne de Mortimer en fut ensaisinée en vertu d’un acte de donation mutuelle de 1424 et, s’étant remariée en 1445, elle l’apporta à Guy d’Acigné, d’où un héritage de seconde main le transmit à la petite nièce du chancelier, Roberte Fillastre, femme de Jean de Montecler. — En est dit seigneur en 1443, 1452 Hélie Dallée, par sa femme Thiennette de Hoges, René de Villeprouvée 1474, 1489, mari de Marie de Monteclerc, Franç. de Villeprouvée 1491, 1533, René de Thory, mari d’Anne Asse, 1541, Guyenne de Villeprouvée 1559, 1566, femme de Guy d’Avaugour, Claude d’Avaugour, 1570, 1582, leur fille unique, femme de Jacq. de Clérembault, Jacqueline de Clérembault, femme de Pierre de Laval, 1590, Pierre de Laval 1616, leur fils, conseiller d’Etat, capitaine de 50 hommes d’armes, baron de Lezay, mari d’Isabelle de Rochechouart-Mortemart. Il fit ajouter, vers la rivière, aux deux corps distincts du logis un pavillon neuf d’habitation que desservait un grand jardin en terrasse. V. un plan et une vue d’ensemble dans Gaignières. Devant le pont-levis, s’élevait encore au XVIIe s. une motte dite la motte de Montsoreau, qui avait porté sans doute le manoir primitif et qui restée nue et vide jusqu’au XVIe s., fut chargée alors d’un corps de logis adossé à la chapelle reconstruite ; — vers l’E., une autre motte dite Barbacane ; — vers la rivière et devant la tour, qu’en séparait seulement un second jardin bas planté en verger, des halles logeaient les marchands venus aux foires et les bouchers détaillants. Au haut des halles se tenait l’auditoire, où le sénéchal rendait tous les quinze jours la justice pour les tenanciers de dix-sept paroisses. Tout auprès, dans la vallée, vers le coteau, s’étendaient autrefois deux étangs, dont un seul conservé au XVIIe s. Il alimentait à travers le jardin, par un canal en pierre de taille, un moulin banal qu’y avait construit Le Maçon et où le seigneur prélevait le vingtième du blé apporté. Quatre grands clos de vignes, entourés de murs, de larges fossés ou de haies vives, attenaient à la garenne seigneuriale semée de jeune futaie. — Sur un des quatre Ilots dépendant du domaine étaient plantés les piliers de justice.

Le seigneur avait droit de prélever sur les pêcheurs le premier saumon péché dans l’année. Il donnait cinq sons à qui le lui apportait ; par contre, les antres pécheurs, appréciation faite de la prise, étaient tenus d’en payer au seigneur la valeur, pour autant qu’elle dépassait cette somme de cinq sous. Chaque filet devait aussi une nuit entière de travail au profit du château. Le mardi gras de chaque année, prés la borne qui séparait le fief de la baronnie et celui du prieuré de Cunaud, on voyait venir le cuisinier et le boulanger du prieur, l’un « gamy de sa lardouère », l’autre « garny de son bluteau », avec leurs aides portant une pièce de bœuf d’un pied carré, trois pintes de vin dans un baril et une miche. Le seigneur de Trêves ou son officier se trouvaient là — et avec eux sans doute aussi des pauvres, pour en profiler.

Pierre de Laval et sa femme, pour conserver au- près d’eux leur fille Catherine qui avait pris le voile aux religieuses Bénédictines réformées de la Fidélité de Poitiers, fondèrent le 14 août 1618 dans le logis dit de l’Argentier, à l’orient du château, sur le bord de la Loire, un prieuré conventuel de ce nouvel ordre, où leur fille fut installée en qualité de supérieure le 1er janvier 1619 avec deux religieuses et deux novices ; — mais dés le 8 septembre 1626 la petite communauté était réduite à quitter la place, envahie par les eaux à chaque cruee et se transférait à Saumur, V. ci-dessus, p. 492.

Le maréchal de Maillé-Brézé, qui enviait depuis longtemps d’ajouter ce beau domaine à sa terre de Milly, dut faire intervenir la haute influence de Richelieu, son beau-frère, pour violenter les refus persistants d’Hilaire de Laval. Le cardinal, en son propre nom, par acte du 8 mars 1642, se porta acquéreur — moyennant 200,000 l., dont 114,000 étaient déjà réclamés par des créanciers, avec la promesse d’ériger Lezay en marquisat, — et transmit le 16 la baronnie au maréchal, dont la fille unique, Claire-Clémence de Maillé, V. ce nom, venait d’épouser le grand Condé. Par échange du 23 mars 1747 la terre passa plus tard au comte Louis-César d’Estrées et au maréchal Adrien-Maurice de Noailles, qui quatre jours après en firent cession, pour la somme de 510,000 livres, à Jean de Stapleton, seigneur irlandais, un des compagnons du roi Jacques, avec les châtellenies de Milly, Pocé, Villeneuve-Maillard, Sourches, Marson, la Tour-de-Ménives et nombre d’antres. C’est en faveur de ce nouveau venu que Louis XV par lettres du 23 août 1747 érigea la baronnie en comté, en y réunissant les terres de Laillou, Milly, Villeneuve-Maillard, Baucheron, Virelais, Saugré, Sourches, la Mimerolle, Pocé, Marson, les Noyers-Aménard et Laleau. Dès 1750 l’acquéreur fit abattre le château, n’en conservant que le seul donjon, dont le faite fut même ragréé à neuf et la plomberie renouvelée. — Jean de Stapleton mourut le 1er juin 1776, âgé de 80 ans, en sa terre d’Ervallières, et fut transféré inhumer dans le chœur de Trêves. Sa fille Marie avait épousé le 7 novembre 1774 J.-B.-Charles de Laurens. C’est à elle qu’échut dans le partage de la succession paternelle le domaine de Trêves, advenu plus tard à M»* de Castelnau. Le 29 octobre 1832, M. de Fos, déjà propriétaire d’une grande partie du domaine, y ajouta par acquêt la belle tour de Robert Le Maçon qu’un acquêt nouveau le 2 mars 1873 a transmis à M. le docteur Maupoint, propriétaire déjà du prieuré St-Aubin.

Du puissant manoir du XVe s. refait en partie au XVIIe s. il ne reste plus que le donjon, haute tour ronde engagée pour un quart dans une tour carrée, la masse entière se dressant intacte encore et comme construite d’hier dans son enveloppe de pierre blanche. V. une litho- graphie dans l’Anjou du baron de Wismes. On y pénétrait autrefois par des couloirs sou- terrains, qui s’écroulant ont comblé le passage. Un immense escalier monumental y gravit aujourd’hui, tout couvert de mousse et d’herbe, laissant voir, presque à l’entrée, à gauche, les restes d’une poterne et d’un corps-de-garde écroulés, et à chaque palier, les attaches des murs du logis détruit Au débouché s’étend l’immense terrasse découpée à pie dans le flanc d’un grand massif de roc, escarpé de trois côtés et dont le sommet aplani, aujourd’hui envahi par des poussées d’arbres et les restes des jardins, portait autrefois en bordure de hauts et puissants corps de logis, communiquant par un pont-levis. — L’escalier intérieur du donjon dessert, en tournoyant, les diverses salles, aujourd’hui nues et désertes, — sauf la principale, remise en état pour servir de rendez-vous de chasse, — jusqu’au faite, couronné de mâchicoulis et de créneaux. Sur les murs de la gaite et de la cheminée, qui émerge de la plateforme, se lisent de nombreux noms, dont les plus anciens, — Jacques Renault, vitrier, 1759, Fecit Nicou Blouin de Fontevem 1750, — rappellent la date même de la restauration. De cette hauteur, — V. une gravure dans l’Anjou de M. Godard, par Hawke, — se découvre un des plus admirables panoramas de l’Anjou, plongeant sur les deux rives de la Loire, l’une à gauche, d’aspect sombre et sévère, tout abrupte et peuplée de mines antiques, l’autre à droite, plongeant à perte de vue sur la vallée bordée d’églises neuves et jusqu’aux coteaux échelonnés de Blou on de Vernantes. — Des cuisines, occupent le soubassement ; plus bas encore, les prisons ; — et tout à l’entrée, sur la descente, quelque main de page ou de chevalier a gravé en lettres gothiques.

Le domaine de Clementiniacus, au moment où le comte y établit un poste de guerre, appartenait depuis prés de trois siècles, par la donation du roi Pépin, renouvelée par Charlemagne et Charles le Chauve, aux moines de St-Aubin d’Angers. Ils durent ne pas tarder à y constituer une paroisse, avec une église, quoiqu’aucun texte n’en fasse mention avant le milieu du XIe s.

On voit l’église établie alors dans le château reconstruit. Un prêtre la dessert, qui percevait les offrandes et les dîmes, sous l’autorité des religieux. Mais au commencement du XIIe s. encore la demeure des religieux s’élevait sur le coteau, au milieu des vignes, inter vineas. Geoffroy Fulcrade les en fit descendre en 1106 pour les attacher de plus près au service de l’église du château, en les autorisant à bâtir à l’entour, dans l’emplacement compris entre leurs vignes, le marché et les deux petits ruisseaux, un bourg dont les habitants devaient jouir de toutes les immunités féodales et n’être astreints à d’autre obligation que le service de guerre pour le comte et la garde du manoir, sous les ordres d’un agent de l’abbaye. La même année le bienfaiteur fondait encore au profit des mêmes bénédictins le prieuré de St-Macé, V. ce mot ; — et peut-être ne faisait-il ainsi que restaurer l’ancienne et primitive chapelle, probablement restée vide par le départ de la première colonie des moines.

Le domaine du prieuré régulier de St-Aubin comprenait aux XVIIe-XVIIIe s. une maison seigneuriale, une chapelle, un grand enclos muré le long de la Loire, 949 boisselées de terre dont 465 en bois abattus tous les dix ans, en vertu d’un arrêt du Conseil d’Etat du 27 mars 1736, — sauf une réserve sise près la métairie de Clames, qui en dépendait, — et dans la vallée outre-Loire un fief important dit la Grange de Trêves, avec maison neuve et fuie.

On donne pour armoiries au prieuré : d’azur à un bâton prioral d’argent, accosté de 2 tours de même.

Prieurs : Et. Le Dan, 1366, 1375, prieur en même temps du Coudray-Macouard. — Jean Lemoine, 1426, 1438. — Jean de Velly, commandataire, conseiller du roi, doyen de l’église d’Orléans, 1473. — Etienne Girard, 1505. — Elie Girard, 1530. — Jean Girard, 1570, 1594. — Thomas Jallet, 1598, 1627. — Claude Pasquier, 1609. — Claude Lemarié, chanoine de St-Maurice, 1679, 1681. — Julien Cherbonnel, 1700. — Franç. Palluau, 1725, 1759. — Firmin Lévêque, 1764, qui permute le 28 mars 1773 avec le prieur de Champigny-le-Sec, Delacroix.

Le prieur était tenu à trois messes par semaine. Il en déléguait la charge à un prêtre habitué, qu’il payait 300 livres par an. Il devait même rente, comme portion congrue, au vicaire perpétuel ou curé, et encore 150 livres au desservant de la chapelle de St-Clément-des-Levées, V. ce mot, qui bientôt après la construction des levées devint le principal centre habité de la paroisse. En dehors du bourg, à peine en effet comptait-on quelques rares habitations dispersées à distance au milieu des bois, tandis que près de 200 feux s’étaient groupés outre-Loire et se détachèrent absolument de la paroisse en 1696.

Curés : Vincent Lavocat, qui permute — avec Jean de Pontoise, archiprêtre de la Flèche, chanoine de St-Pierre d’Angers, en 1529. — Et. Girard, 1558. — Jean Girard, 1571. — André d’Espeignet, 1625. — Thomas Jallet, 1627, en même temps curé de Briolay. — Nic. Berthelot, 1649. — Jean Huvé, 1700, 1709. — Simon Brullé, 1723. — Louis Palluau, † le 24 décembre 1735, âgé de 33 ans, à Angers (GG 157). — Louis Beusnier, décembre 1735, qui résigne dans les premiers jours d’octobre 1759 et est inhumé le 24. — René Langlois, octobre 1759, qui résigne en 1783. — Huard, installé on juin 1783, † le 5 novembre 1786. — André Béatrix, installé le 12 novembre 1786.

L’église orientée, à haut et large pignon, dont la base est décorée d’un bandeau porté par des modillons, s’ouvre par un portail plein cintre à claveaux réguliers, sans moulure, où apparaît encore la peinture d’un écusson à demi-effacé. Un large arceau roman l’encadre, accosté de deux arceaux ogivaux, formant ensemble comme un petit porche en avancement. La nef comprend cinq travées, éclairées chacune autrefois d’une fenêtre romane, dont le cintre, à claveaux réguliers, sans moulure, reposait directement sur l’appareil. Au-dessous, s’entrevoient d’étroites et minuscules baies, de dessin identique, XIe s — Plus bas encore les murs ont été ouverts de chaque côté au XIIIe s. par des arceaux, aujourd’hui enmurés, qui communiquaient sans doute dans un cloître. — La voûte du transept est surtout remarquable, — quoiqu’on n’ait pas pris soin encore de la signaler, — par tous les caractères de la coupole nettement accusés et mieux peut-être que nulle part ailleurs en Anjou, Elle porte le pied d’une large tour carrée, où s’aligne un rang de baies romanes, enclavé actuellement dans le toit et qu’on n’aperçoit que de l’intérieur de l’église ; au-dessus ressort sur chaque face une couple de fenêtres romanes. — mais cette œuvre primitive est restée inachevée ; et sur lé côté méridional de la nef se dresse, envahissant à demi la quatrième travée et tout entière la cinquième, un second clocher, construit du pied jusqu’au faite au XIIIe s., en masse carrée, de deux ordres, dont les faces supérieures portent chacune une large fenêtre ogivale doublée de tores ronds concentriques. — L’abside ronde, éclairée de trois fenêtres, est accolée de deux absidioles ouvrant dans les bras du transept, que termine un pignon avec fenêtre et porte plein cintre. — A l’entrée de la nef se rencontre un très-curieux bénitier rond, en porphyre, découpé de quatre masques bizarres en saillie, dont un à barbe tailladée en carré à la romane, un autre, grimaçant comme un masque de grenouille, XIIe s. ; — au fond, vers N., un charmant lampadaire hexagonal, en pierre, évidé à jour, sur chaque face, de trois étages de petites fenêtres tréflées à double meneau quadrilobé avec hauts fleurons, l’œuvre entière couronnée d’une flèche ornementale et mesurant environ 4 m. de haut., XVe s. — Un dessin par M. de Lorière en existe au Musée d’Angers. — A l’opposé, le long du mur, vers S., git la statue couchée du chancelier Lemaçon, V. t. II, p. 494-495. —

— Extérieurement, sur la face orientale du bras du transept S., qu’enveloppe le cimetière, on lit, en belles lettres onciales : Cy gist le corps de messire Jean Brèche, chappelain de ce lieu, qui déceda le X décembre 1650. — A côté, dans un bloc de pierre est entaillée une statue de St Avertin XVe s.

La paroisse, réduite par la distraction de St-Clément à 60 feux, restait chargée de pauvres et de mendiants, délaissés sans secours par la non-résidence des seigneurs. Elle a été supprimée et réunie à celle de Cunaud en vertu d’une ordonnance épiscopale du 20 février 1809. Par suite l’église entièrement à l’abandon, envahie par la moisissure et l’humidité, tombait délabrée. Vers 1865, elle fut remise tant bien que mal en état aux frais de l’évêque Maupoint, V. ce nom, enfant du pays. — La commune, constituée en 1790, a été à son tour supprimée en 1839 et réunie avec Cunaud, pour former une commune nouvelle sous le nom de Trèves-Cunaud, V. ce mot.

Maires : Jean Péan, 1er messidor an VIII, démissionnaire en 1813. — Charles-Marie Guillon, 30 juin 1813, démissionnaire en 1828. — Maurice-Nic.-Marie Hue, marquis de Montaigu, 29 octobre 1828. — Louis Piau, 15 novembre 1830-1839.

Arch. de M.-et-L. E 1322-1366, 45 volumes comprenant le chartrier à peu près complet de la baronnie ; G Cures ; H Cart. de St-Maur et Prieuré de Trêves. — Arch. comm. Et.-C. — Bibl. d’Angers. Cartul. de St-Aubin, Mss. 745, p 70-74. — Chron. d’Anj., 1876, p. 159. — De Wismes, l’Anj. — Bodin, Saumuur, t. I, p. 379. — Liv. noir, f. 260.  »

Notes

  1. École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui - Notice communale de Chênehutte-Trèves-Cunault, 2007
  2. a et b École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui - Notice communale de Trèves (Trèves-Cunault), 2007
  3. Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. IV (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996, 2e éd. (1re éd. 1878), p. 598-601
  4. Ministère de la Culture, Base Mérimée (Chênehutte-Trèves-Cunault), mai 2012
  5. Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. 3 (N-Z), Lachèse & Dolbeau (Angers), 1878, pages 627 à 631