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Il naît en Anjou en [[1529]] ou 1530<ref group="note">1529 ou 1530 dans ''Un précurseur'' d'Henri Hauser (p. 379).<br>1529 dans ''Jean Bodin'' du Centre Jean-Bodin (laboratoire de recherche en droit et science politique de l'[[université d'Angers]]), 2020-2022.<br>1530 dans le dict. Célestin Port de 1965 (p. 392) et dans le ''Visages de l'Anjou'' (p. 95).</ref> à [[Angers]], où habitent ses parents depuis environ quatre ou cinq ans. Son père est un modeste tailleur d'habits et sa mère appartient à la petite bourgeoisie angevine. Il a six frères et sœurs. Il entre chez les Carmes, ordre religieux catholique, où il termine son noviciat. Il a des curiosités multiples et son esprit s'intéresse aux sujets les plus variés. En 1548, à 18 ans, il quitte Angers pour Toulouse pour y parfaire son instruction juridique. Il n'abandonne pas ses préoccupations d'humaniste, tout en se familiarisant avec ses études de droit. Il lit aussi beaucoup, dans les matières d'histoire, de géographie et de langues. Il apprend les mathématiques, la science des astres, la physique et l'histoire naturelle. Il rédige sa première œuvre en 1555, une traduction de la ''Cynegetica'' d'Oppien. Conclusion de sa formation, il publie ''Oratorio'', un discours sur l'éducation de la jeunesse. Par sa formation livresque, il est un théologien, un humaniste et un juriste de la Renaissance<ref name="cport-1965">Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|I}} (A-C), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1965, 2e éd. (1re éd. 1874), {{p.|391-396}}</ref>{{,}}<ref name="vdla">[[Jacques Levron]], ''La Vie intellectuelle en Anjou'', dans ''Visages de l'Anjou'', coll. ''Provinciales'', Horizons de France (Paris), 1951, p. 95-97</ref>{{,}}<ref>Henri Hauser ''Un précurseur : Jean Bodin, Angevin (1529 ou 1530-1596)'', dans ''Annales d'histoire économique et sociale'', 3ᵉ année, n° 11, 1931, p. 379-387</ref>. | Il naît en Anjou en [[1529]] ou 1530<ref group="note">1529 ou 1530 dans ''Un précurseur'' d'Henri Hauser (p. 379).<br>1529 dans ''Jean Bodin'' du Centre Jean-Bodin (laboratoire de recherche en droit et science politique de l'[[université d'Angers]]), 2020-2022.<br>1530 dans le dict. Célestin Port de 1965 (p. 392) et dans le ''Visages de l'Anjou'' (p. 95).</ref> à [[Angers]], où habitent ses parents depuis environ quatre ou cinq ans. Son père est un modeste tailleur d'habits et sa mère appartient à la petite bourgeoisie angevine. Il a six frères et sœurs. Il entre chez les Carmes, ordre religieux catholique, où il termine son noviciat. Il a des curiosités multiples et son esprit s'intéresse aux sujets les plus variés. En 1548, à 18 ans, il quitte Angers pour Toulouse pour y parfaire son instruction juridique. Il n'abandonne pas ses préoccupations d'humaniste, tout en se familiarisant avec ses études de droit. Il lit aussi beaucoup, dans les matières d'histoire, de géographie et de langues. Il apprend les mathématiques, la science des astres, la physique et l'histoire naturelle. Il rédige sa première œuvre en 1555, une traduction de la ''Cynegetica'' d'Oppien. Conclusion de sa formation, il publie ''Oratorio'', un discours sur l'éducation de la jeunesse. Par sa formation livresque, il est un théologien, un humaniste et un juriste de la Renaissance<ref name="cport-1965">Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|I}} (A-C), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1965, 2e éd. (1re éd. 1874), {{p.|391-396}}</ref>{{,}}<ref name="vdla">[[Jacques Levron]], ''La Vie intellectuelle en Anjou'', dans ''Visages de l'Anjou'', coll. ''Provinciales'', Horizons de France (Paris), 1951, p. 95-97</ref>{{,}}<ref>Henri Hauser ''Un précurseur : Jean Bodin, Angevin (1529 ou 1530-1596)'', dans ''Annales d'histoire économique et sociale'', 3ᵉ année, n° 11, 1931, p. 379-387</ref>. | ||
Après une formation au droit romain, il commence sa vie professionnelle en arrivant à Paris en 1561 où il exerce comme avocat au parlement, même s'il n'y consacre pas tous ses moments, entrant en rapport avec les milieux de la cour. Son second ouvrage ''Methodus'' est remarqué, ce qui lui vaut d'accompagner les juristes à l'Assemblée des Grands jours de Poitiers, ville où se tient à plusieurs reprises des sessions extraordinaires de justice. Quelques temps plus tard il se rend à Narbonne où se tiennent les États, avec à l'ordre du jour les problèmes économiques. Pour réfuter certaines propositions, il écrit ''Réponse aux Paradoxes''. Si l'économie politique exerce sur Bodin un vif attrait, il ne fait que l'aborder momentanément. Il est d'abord légiste, il « dit le droit ». Il est avocat praticien, que la cour charge plusieurs fois d'importantes missions. Durant ces années qui précèdent la Saint-Barthélemy, il se mêle à l'entourage du duc d'Anjou. En 1576, il publie ''Les six livres de la République''. Il n'oublie pas sa ville natale, Angers, signant ses œuvres {{citation|Jean Bodin angevin}}<ref name="cport-1965" />{{,}}<ref name="vdla" />. | Après une formation au droit romain, il commence sa vie professionnelle en arrivant à Paris en 1561 où il exerce comme avocat au parlement, même s'il n'y consacre pas tous ses moments, entrant en rapport avec les milieux de la cour. Son second ouvrage ''Methodus'' est remarqué, ce qui lui vaut d'accompagner les juristes à l'Assemblée des Grands jours de Poitiers, ville où se tient à plusieurs reprises des sessions extraordinaires de justice. Quelques temps plus tard il se rend à Narbonne où se tiennent les États, avec à l'ordre du jour les problèmes économiques. Pour réfuter certaines propositions, il écrit ''Réponse aux Paradoxes''. Si l'économie politique exerce sur Bodin un vif attrait, il ne fait que l'aborder momentanément. Il est d'abord légiste, il « dit le droit ». Il est avocat praticien, que la cour charge plusieurs fois d'importantes missions. Durant ces années qui précèdent la Saint-Barthélemy, il se mêle à l'entourage du duc d'Anjou. En 1576, il publie ''Les six livres de la République'', une sorte de bréviaire pour l'action juste du monarque. L'ouvrage rencontre un grand succès mais se heurte aussi aux critiques notamment du juriconsulte Jacques Cujas qui souligne ses erreurs et ses ignorances ; ce à quoi Bodin lui répondra par une épître en latin après avoir corrigé quelques inexactitudes relevées par Cujas. Il n'oublie pas sa ville natale, Angers, signant ses œuvres {{citation|Jean Bodin angevin}}<ref name="cport-1965" />{{,}}<ref name="vdla" />{{,}}<ref>''Jean Bodin 1529-1596'', dans : ''Philosophie des relations internationales'', 2e édition revue et augmentée, avec la collaboration de David Cumin, Clémence Mallatrait et Emmanuel Vianès, coll. ''Références'', Presses de Sciences Po (Paris), 2011, p. 111-117</ref>{{,}}<ref>Simone Goyard-Fabre,... ,''Jean Bodin et le droit de la République'', coll. ''Léviathan'', Presses universitaires de France (Paris), 1989</ref>{{,}}<ref>''Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle'', Nouvelle édition, Tome troisième, Desoer libr. (Paris), 1820, p. 518</ref>. | ||
Cette même année il exerce une importante influence sur les États généraux de Blois. Il l'emporte sur question de la guerre religieuse, où il fait triompher l'opinion des modérés. Il fait aussi adopter un point sur le pouvoir royal. Tout en étant un partisan de la monarchie absolue, il prétend que la royauté est un pouvoir délégué et non un pouvoir divin. Il en déduit que le roi ne peut, sans l'autorisation des députés, aliéner le domaine de la couronne, n'étant que le simple usager de celui-ci. Le fonds et la propriété appartiennent au peuple. Cette théorie, énoncée aussi clairement pour la première fois, est approuvée par la majorité des députés contre l'avis du roi<ref name="cport-1965" />{{,}}<ref name="vdla" />. | Cette même année il exerce une importante influence sur les États généraux de Blois. Il l'emporte sur question de la guerre religieuse, où il fait triompher l'opinion des modérés. Il fait aussi adopter un point sur le pouvoir royal. Tout en étant un partisan de la monarchie absolue, il prétend que la royauté est un pouvoir délégué et non un pouvoir divin. Il en déduit que le roi ne peut, sans l'autorisation des députés, aliéner le domaine de la couronne, n'étant que le simple usager de celui-ci. Le fonds et la propriété appartiennent au peuple. Cette théorie, énoncée aussi clairement pour la première fois, est approuvée par la majorité des députés contre l'avis du roi<ref name="cport-1965" />{{,}}<ref name="vdla" />. | ||
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== Citations == | == Citations == | ||
{{citation|Il n'est de richesse que d'hommes | {{citation|Il n'est de richesse que d'hommes<ref>Gilles Martin, ''Il n'est de richesse que d'hommes'', dans ''Idées économiques et sociales'', 2014/3 (n° 177), p. 1 (''Les Six Livres de la République'', 1576)</ref>{{,}}<ref>Pierre-Yves Gomez, ''Travail invisible'', 3 juillet 2014</ref>{{,}}<ref group="note">« Il n'y a ni richesse ni force que d'hommes », {{citation|Il ne faut jamais craindre qu'il y ait trop de sujets, trop de citoyens, vue qu'il n'y a ny richesse ny force que d'hommes}}, Jean Bodin, dans ''Les six livres de la République'', livre V, chapitre 7, ''Les moyens de remédier aux changements des Républiques, qui adviennent pour les richesses excessives des uns, et pauvreté extrême des autres'', paru pour la première fois en 1576 à Paris chez Jacques du Puys.</ref>.}} | ||
{{citation|Le vrai naturel d'un peuple, c'est d'avoir pleine liberté sans frein ni mors quelconque, et que tous soient égaux en biens, en honneurs, en peines, en loyers, sans faire état ni estime de noblesse, ni de savoir, ni de vertu quelconque<ref | {{citation|Le vrai naturel d'un peuple, c'est d'avoir pleine liberté sans frein ni mors quelconque, et que tous soient égaux en biens, en honneurs, en peines, en loyers, sans faire état ni estime de noblesse, ni de savoir, ni de vertu quelconque<ref>Le Monde, ''Dico - citations'', juillet 2017</ref>.}} | ||
== Bibliographie == | == Bibliographie == | ||
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== Annexes == | == Annexes == | ||
Articles connexes | Articles connexes | ||
:• [[Gilles Ménage]] | |||
:• [[Guillaume Poyet]] | |||
:• [[Jacques Bruneau de Tartifume|Bruneau de Tartifume]] | |||
:• [[Pierre-Paul Lemercier de La Rivière de Saint-Médard|Pierre-Paul Lemercier de La Rivière]] | :• [[Pierre-Paul Lemercier de La Rivière de Saint-Médard|Pierre-Paul Lemercier de La Rivière]] | ||
:• [[ | :• [[Christophe Daniel]] | ||
:• [[Économie de l'Anjou et de Maine-et-Loire]] | :• [[Économie de l'Anjou et de Maine-et-Loire]] | ||