Jean Bodin

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Jean Bodin
Portrait.
Activités Juriste et philosophe
Période XVIe siècle
Notes Né à Angers
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Né en Anjou, Jean Bodin est un théologien, un humaniste et un juriste du XVIe siècle, dont les ouvrages ont marqué les humanistes européens de la Renaissance.


Biographie

Jean Bodin[note 1], à la fois anthropologue, économiste et théoricien des institutions, est sans doute la figure la plus représentative de cette époque bouleversée du XVIe, qui est aussi celle de Montaigne. Il est l'un des premiers penseurs à définir la notion de souveraineté[1].

Il naît en Anjou en 1529 ou 1530[note 2] à Angers, où habitent ses parents depuis environ quatre ou cinq ans. Son père est un modeste tailleur d'habits et sa mère appartient à la petite bourgeoisie angevine. Il a six frères et sœurs. Il entre chez les Carmes, ordre religieux catholique, où il termine son noviciat. Il a des curiosités multiples et son esprit s'intéresse aux sujets les plus variés. En 1548, à 18 ans, il quitte Angers pour Toulouse pour y parfaire son instruction juridique. Il n'abandonne pas ses préoccupations d'humaniste, tout en se familiarisant avec ses études de droit. Il lit aussi beaucoup, dans les matières d'histoire, de géographie et de langues. Il apprend les mathématiques, la science des astres, la physique et l'histoire naturelle. Il rédige sa première œuvre en 1555, une traduction de la Cynegetica d'Oppien. Conclusion de sa formation, il publie Oratorio, un discours sur l'éducation de la jeunesse. Par sa formation livresque, il est un théologien, un humaniste et un juriste de la Renaissance[2],[3],[4].

Après une formation au droit romain, il commence sa vie professionnelle en arrivant à Paris en 1561 où il exerce comme avocat au parlement, même s'il n'y consacre pas tous ses moments, entrant en rapport avec les milieux de la cour. Son second ouvrage Methodus est remarqué, ce qui lui vaut d'accompagner les juristes à l'Assemblée des Grands jours de Poitiers, ville où se tient à plusieurs reprises des sessions extraordinaires de justice. Quelques temps plus tard il se rend à Narbonne où se tiennent les États, avec à l'ordre du jour les problèmes économiques. Pour réfuter certaines propositions, il écrit Réponse aux Paradoxes. Si l'économie politique exerce sur Bodin un vif attrait, il ne fait que l'aborder momentanément. Il est d'abord légiste, il « dit le droit ». Il est avocat praticien, que la cour charge plusieurs fois d'importantes missions. Durant ces années qui précèdent la Saint-Barthélemy, il se mêle à l'entourage du duc d'Anjou. En 1576, il publie Les six livres de la République, une sorte de bréviaire pour l'action juste du monarque. L'ouvrage rencontre un grand succès mais se heurte aussi aux critiques notamment du juriconsulte Jacques Cujas qui souligne ses erreurs et ses ignorances ; ce à quoi Bodin lui répondra par une épître en latin après avoir corrigé quelques inexactitudes relevées par Cujas. Il n'oublie pas sa ville natale, Angers, signant ses œuvres « Jean Bodin angevin »[2],[3],[5],[6],[7].

Cette même année il exerce une importante influence sur les États généraux de Blois. Il l'emporte sur question de la guerre religieuse, où il fait triompher l'opinion des modérés. Il fait aussi adopter un point sur le pouvoir royal. Tout en étant un partisan de la monarchie absolue, il prétend que la royauté est un pouvoir délégué et non un pouvoir divin. Il en déduit que le roi ne peut, sans l'autorisation des députés, aliéner le domaine de la couronne, n'étant que le simple usager de celui-ci. Le fonds et la propriété appartiennent au peuple. Cette théorie, énoncée aussi clairement pour la première fois, est approuvée par la majorité des députés contre l'avis du roi[2],[3].

Son intervention en faveur du tiers lui vaut la disgrâce royale d'Henri III. Jean Bodin quitte Paris et s'établit en 1576 dans la région du Vermandois, dont Saint-Quentin en est la capitale, après son mariage avec Françoise Trouillard. Il s'intitule dès lors, Bodin de Saint-Amand. Il remplit plusieurs fonctions à Laon, où il se distingue dans plusieurs affaires qui lui attirent la confiance des gens du tiers état. Le jurisconsulte est favorable à une religion universelle, dont il expose les fondements dans l'Heptaplomérés. À Laon, il poursuit la publication de traités de droit : La Juris universi distributio, La démonomanie, puis à son retour d'Angleterre, Theatrum Naturae[2],[3].

Jean Bodin meurt de la peste à Laon en 1596. Il apparaitra aux yeux des critiques comme l'un des plus grands philosophes politiques de tous les temps[2],[3],[8].

Citations

« Il n'est de richesse que d'hommes[9],[10],[note 3]. »

« Le vrai naturel d'un peuple, c'est d'avoir pleine liberté sans frein ni mors quelconque, et que tous soient égaux en biens, en honneurs, en peines, en loyers, sans faire état ni estime de noblesse, ni de savoir, ni de vertu quelconque[11]. »

Bibliographie

Quelques publications de Jean Bodin[12] :

  • Oppiani de Venatione libri IIII. Joan. Bodino,... interprete... His accessit commentarius... ejusdem interpretis, apud M. Vascosanum (Lutetiae), 1555, traduction de la Cynegetica d'Oppien ;
  • Oratio de instituenda in Repub. juventute ad Senatum populumque Tolosatem, ex officina Petri Putei (Tolosae), 1559 ;
  • Methodus ad facilem historiarum cognitionem, Martinum Juvenem (Parisiis), 1566 ;
  • Discours de Jean Bodin sur le rehaussement et diminution des monnoyes, tant d'or que d'argent, & le moyen d'y remedier & responce aux Paradoxes de Monsieur de Malestroict, chez Jacques du Puys libraire juré en l'Université (Paris), 1578, réponse aux Paradoxes ;
  • Methodus ad facilem historiarum cognitione (Méthode pour un apprentissage aisé de l'histoire), Martinum Juvenem (Parisiis), 1572, écrit en latin et inspiré par la République de Platon ;
  • Les six livres de la République, Chez Jacques du Puys libraire Juré (Paris), 1576, écrit en français ;
  • Recueil de tout ce qui s'est négotié en la compagnie du Tiers Estat de France en l'assemblée géneralle des trois Estats, assignez par le roy en la ville de Bloys, au 15 novembre 1576, 1577 ;
  • l'Heptaplomérés ;
  • Lettre sur les causes que l'ont fait rendre ligueur ;
  • Juris universi distributio, authore Joanne Bodino..., apud J. Gymnicum (Coloniae Agrippinae), 1580, traité de droit ;
  • De la Démonomanie des sorciers..., chez J. du Puys (Paris), 1580 ;
  • Universae naturae Theatrum, in quo rerum omnium effectrices causae et fines contemplantur, et continuae series quinque libris discutiuntur, apud J. Roussin (Lugduni), 1596.

Les œuvres de Jean Bodin sont traduites en plusieurs langues et souvent rééditées[1],[8].

Dans son œuvre les Six Livres de la république qu'il publie en 1576[note 4], il énonce une conception politique de la souveraineté de l'État. Il définit trois formes de « république », la démocratie, l'aristocratie et la monarchie ; la monarchie française étant son type idéal de l'État moderne. Il contribue ainsi à la philosophie politique du XVIe siècle et fait de lui le précursseur des philosophes du XVIIIe, dont Montesquieu s'est certainement inspiré[3],[8],[13].

Bodin Jean - Les Six Livres de la République - 1576 - couverture.
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Bodin Jean - Les Six Livres de la République - 1576 - page 19.
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Bodin Jean - Les Six Livres de la République - 1576 - page 20.
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Annexes

Articles connexes

Gilles Ménage
Guillaume Poyet
Pierre-Paul Lemercier de La Rivière
Christophe Daniel
Économie de l'Anjou et de Maine-et-Loire

Notes

  1. Bodin, Jean (1529-1596)
  2. 1529 ou 1530 dans Un précurseur d'Henri Hauser (p. 379).
    1529 dans Jean Bodin du Centre Jean-Bodin (laboratoire de recherche en droit et science politique de l'université d'Angers), 2020-2022.
    1530 dans le dict. Célestin Port de 1965 (p. 392) et dans le Visages de l'Anjou (p. 95).
  3. « Il n'y a ni richesse ni force que d'hommes », « Il ne faut jamais craindre qu'il y ait trop de sujets, trop de citoyens, vue qu'il n'y a ny richesse ny force que d'hommes », Jean Bodin, dans Les six livres de la République, livre V, chapitre 7, Les moyens de remédier aux changements des Républiques, qui adviennent pour les richesses excessives des uns, et pauvreté extrême des autres, paru pour la première fois en 1576 à Paris chez Jacques du Puys.
  4. Jean Bodin, Les Six Livres de la République, Jacques du Puy (Paris), 1576 (sur Wikisource).

Références

  1. a et b Colloque L'Œuvre de Jean Bodin, dans Bulletin de l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance, n° 40, 1995, p. 7-10
  2. a b c d et e Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. I (A-C), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1965, 2e éd. (1re éd. 1874), p. 391-396
  3. a b c d e et f Jacques Levron, La Vie intellectuelle en Anjou, dans Visages de l'Anjou, coll. Provinciales, Horizons de France (Paris), 1951, p. 95-97
  4. Henri Hauser Un précurseur : Jean Bodin, Angevin (1529 ou 1530-1596), dans Annales d'histoire économique et sociale, 3ᵉ année, n° 11, 1931, p. 379-387
  5. Jean Bodin 1529-1596, dans : Philosophie des relations internationales, 2e édition revue et augmentée, avec la collaboration de David Cumin, Clémence Mallatrait et Emmanuel Vianès, coll. Références, Presses de Sciences Po (Paris), 2011, p. 111-117
  6. Simone Goyard-Fabre,... ,Jean Bodin et le droit de la République, coll. Léviathan, Presses universitaires de France (Paris), 1989
  7. Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle, Nouvelle édition, Tome troisième, Desoer libr. (Paris), 1820, p. 518
  8. a b et c Pierre Mesnard, Bodin Jean (1529-1596), dans Encyclopædia Universalis, éd. Encyclopædia Universalis France, 2010-2023
  9. Gilles Martin, Il n'est de richesse que d'hommes, dans Idées économiques et sociales, 2014/3 (n° 177), p. 1 (Les Six Livres de la République, 1576)
  10. Pierre-Yves Gomez, Travail invisible, 3 juillet 2014
  11. Le Monde, Dico - citations, juillet 2017
  12. Bibliothèque nationale de France (BnF), Catalogue général - Bodin Jean, 2017-2023
  13. Jean Bodin, dans Encyclopédie Larousse, Société Éditions Larousse, 2012-2019