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Jusqu'en 1998 on trouvait sur la ville [[Maine-et-Loire|angevine]] d'[[Avrillé]] l{{'}}'''aérodrome d'Angers-Avrillé''', transféré ensuite à Marcé (Angers Loire aéroport). Il se situait dans l'actuel quartier [[Avrillé - Ardenne Raffoux Mayenne|Ardenne-Raffoux-Mayenne]]. | |||
L'aérodrome | == L'aérodrome == | ||
À Avrillé, un vaste terrain, au sud-est du bourg, est utilisé par la garnison d'Angers pour y faire ses manœuvres d'instruction. Il est partagé en deux parties par le chemin des Raffoux<ref name="cport-1965">Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|I}} (A-C), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1965, 2e éd. (1re éd. 1874), {{p.|213}}</ref>. | |||
À l'aube de l'aviation les frères René et Pierre Gasnier fondent en [[1907]] un aéro-club, qui obtient en 1910 l'autorisation de l'aménager pour un premier meeting en 1910. Des meetings aériens y sont organisés, comme celui de 1910, ou des compétitions, comme en 1912 le premier Grand prix de l'Aéro-club de France en [[L'Anjou illustré - janvier 1912 - n° 50 - p 184|juin 1912]]. L'aéro-club de l'Ouest obtient ensuite de pouvoir enlever tous les arbres et construit un premier hangar d'aviation après avoir signé une convention avec la direction de l'Aéronautique militaire. L'activité s'arrête durant la Première Guerre mondiale<ref name="cport-1965" />, avant que la « halte d'atterrissage » d'Avrillé, dite aussi « champ d'aviation », soit officiellement inaugurée le 16 mai 1914<ref name="vaa-387">Archives patrimoniales de la ville d'Angers (Mairie d'Angers), ''Le premier aérodrome'' par Sylvain Bertoldi, dans ''Vivre à Angers'' n° 387, janvier 2015</ref>. | |||
Un premier centre d'entraînement des pilotes de réserve voit le jour en 1920, et l'année suivante une école d'aviation. L'aviation civile s'impose lentement à Avrillé. De nombreux travaux d'aménagements sont par la suite réalisés : aire d'atterrissage, chemins d'accès, etc. Le terrain est définitivement affecté à l'aviation au début des années 1930<ref name="cport-1965" />{{,}}<ref name="vaa-387" />. La pratique de l'aviation se structure autour de l'aéro-club de l'Ouest et de l'école de pilotage. L'enseignement est confié à la Compagnie française d'aviation (CFA) et l'école est rapidement à l'étroit dans ses baraquements de la route de Cantenay-Épinard. La compagnie envisage alors la construction d'un nouveau bâtiment et pour ce faire acquiert un terrain en bordure de l'aérodrome pour son implantation. Le bâtiment est construit en 1938<ref>Sandrine Prouteau (C.A.U.E. de Maine-et-Loire), Mairie d'Angers, ''Laissez-vous conter la Compagnie Française d'Aviation'', 2008</ref>. | |||
La [[Station météorologique de Maine-et-Loire|station météorologique départementale]] est installée sur l'aérodrome d'Avrillé en [[1935]] pour répondre aux besoins des aviateurs<ref>CMD de Maine-et-Loire, ''Histoire de la station météorologique d'Angers'', 2011</ref>. | |||
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, l'aérodrome est réquisitionné par l'Armée de l'air puis la Wehrmacht en prend possession le {{date|19 juin [[1940]]}}. Des aménagements sont effectués avec l'installation de batteries de la {{abréviation|DCA|défense contre l'aviation}}. La zone, avec le quartier [[Avrillé - Bois du Roy|Bois du Roy]] situé à proximité, est une cible pour les Alliés et subit plusieurs bombardements. C'est par exemple le cas le {{date|17 juin [[1944]]}} où une vague de {{unité|80|appareils}} y lâche près de {{unité|200|tonnes}} de bombes<ref>Ouest-France, ''En 1944, le terrain d'aviation ravagé par les bombes'', 27 mai 2014 (avec François Blondeau, président du Musée régional de l'air de Marcé)</ref>{{,}}<ref>Mairie d'Avrillé, ''L'histoire des quartiers'', 2012-2025</ref>. | |||
Dans les années 1960, l'aérodrome d'Angers-Avrillé comporte une grande piste d'une longueur de {{unité|1030|mètres}} et une petite piste de {{unité|585|mètres}}<ref name="cport-1965" />. L'évolution des transports rapides à grande distance condamne au fil du temps le petit aérodrome. Sa délocalisation est étudié à partir de 1968 et la direction de l'Aviation civile décide de sa fermeture en 1988. Il est déplacé à la fin des années 1990 à une vingtaine de kilomètres au nord-est d'Angers, à [[Marcé]]. Le transfert a lieu le {{date|3 septembre [[1998]]}}<ref>J. Danion et Ph. Violier, ''L'ouverture de l'aéroport d'Angers à Marcé'', dans ''Norois'' (universités du Grand Ouest), n° 182, 1999-2, p. 331-335</ref>{{,}}<ref>Le Courrier de l'Ouest, ''Angers. Il y a 20 ans, Marcé prenait l'air'', 6 septembre 2018</ref>. | |||
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J’y ai vu décoller et atterrir, Junkers, Stuka et Dornier 17<ref>Durant la Seconde Guerre mondiale, l'aviation allemande comprenait notamment des Junkers et des Stuka, construits par la société allemande Junkers & Co, ainsi que des Dornier, construits par la société allemande du même nom.</ref> de la Luftwaffe<ref>Luftwaffe : désigne les différentes armées de l'air de l'Allemagne au cours de son histoire, et ici en particulier l'aviation allemande durant la Seconde Guerre mondiale.</ref>. Puis un certain 17 juin 1944 il a été en partie (par erreur) bombardé par les alliés<ref>Alliés : Nom donné aux pays (États-Unis, Union soviétique, Royaume-Uni, etc) qui s'opposèrent aux forces de l'Axe (Rome-Berlin-Tokyo) durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).</ref>. Je dis par erreur car la plupart des bombes qui lui étaient destinées sont tombées sur les habitations du Bois du Roi, et ailleurs aussi, faisant une soixantaine de victimes. | J’y ai vu décoller et atterrir, Junkers, Stuka et Dornier 17<ref group="N">Durant la Seconde Guerre mondiale, l'aviation allemande comprenait notamment des Junkers et des Stuka, construits par la société allemande Junkers & Co, ainsi que des Dornier, construits par la société allemande du même nom.</ref> de la Luftwaffe<ref group="N">Luftwaffe : désigne les différentes armées de l'air de l'Allemagne au cours de son histoire, et ici en particulier l'aviation allemande durant la Seconde Guerre mondiale.</ref>. Puis un certain 17 juin 1944 il a été en partie (par erreur) bombardé par les alliés<ref group="N">Alliés : Nom donné aux pays (États-Unis, Union soviétique, Royaume-Uni, etc) qui s'opposèrent aux forces de l'Axe (Rome-Berlin-Tokyo) durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).</ref>. Je dis par erreur car la plupart des bombes qui lui étaient destinées sont tombées sur les habitations du Bois du Roi, et ailleurs aussi, faisant une soixantaine de victimes. | ||
C’est là, à quarante mètres de l’aérodrome que j’ai vu pour ma première fois, j’avais onze ans, extraire des ruines d’un café une dizaine d’amis et voisins, morts ou pantelants… | C’est là, à quarante mètres de l’aérodrome que j’ai vu pour ma première fois, j’avais onze ans, extraire des ruines d’un café une dizaine d’amis et voisins, morts ou pantelants… | ||
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Quelques années plus tard, adolescent, j’ai passé beaucoup de temps sur ce « champ d’aviation », passionné par les avions et les planeurs de l’Aéro club de l’Ouest renaissant. Mes vieux oncle et tante y étaient devenus concierges. J’étais connu de tous les pilotes et autre acteurs de l’aviation locale. Je me rendais utile sur les pistes, notamment au vol à voile<ref>Vol à voile : Activité de loisir et de compétition au cours de laquelle on utilise un planeur.</ref> et j’étais fier de tenir le bout d’aile d’un 301<ref>Avion, modèle 301 : Castel 301S, planeur basique monoplace d'entrainement.</ref>, d’un 310 P<ref>Avion, modèle 310 : Castel 310P, planeur monoplace d'entrainement à la performance datant de 1942.</ref> ou d’un Grunaü<ref>Avion, modèle Grunaü : Planeur Nord 1300, copie française du planeur allemand Grunau Baby de 1932.</ref> au décollage. | Quelques années plus tard, adolescent, j’ai passé beaucoup de temps sur ce « champ d’aviation », passionné par les avions et les planeurs de l’Aéro club de l’Ouest renaissant. Mes vieux oncle et tante y étaient devenus concierges. J’étais connu de tous les pilotes et autre acteurs de l’aviation locale. Je me rendais utile sur les pistes, notamment au vol à voile<ref group="N">Vol à voile : Activité de loisir et de compétition au cours de laquelle on utilise un planeur.</ref> et j’étais fier de tenir le bout d’aile d’un 301<ref group="N">Avion, modèle 301 : Castel 301S, planeur basique monoplace d'entrainement.</ref>, d’un 310 P<ref group="N">Avion, modèle 310 : Castel 310P, planeur monoplace d'entrainement à la performance datant de 1942.</ref> ou d’un Grunaü<ref group="N">Avion, modèle Grunaü : Planeur Nord 1300, copie française du planeur allemand Grunau Baby de 1932.</ref> au décollage. | ||
Je connaissais les caractéristiques de tous les avions et planeurs à force de parler, et surtout d’écouter des gens admirables de connaissances et de compétences dont j’ai encore beaucoup de noms en tête, notamment celui du merveilleux et flegmatique René Hersen<ref>René Hersen : Chef pilote de l'Aéro club de l'Ouest, aviateur du XX<sup>e</sup> siècle.</ref>, le "Patron" du vol à voile, qui m’a un jour d'été offert un baptême de l’air sur le bon vieux C800 Drouelle<ref>Avion, modèle C800 : Planeur Caudron C-800 biplace côte à côte, un des premiers planeurs école. Il a contribué à former des milliers de jeunes pilotes de la fin de la guerre.<br />Drouelle : Nom de baptême angevin du planeur en l'honneur, je crois me souvenir, d'une célébrité aéronautique locale (?).</ref>. | Je connaissais les caractéristiques de tous les avions et planeurs à force de parler, et surtout d’écouter des gens admirables de connaissances et de compétences dont j’ai encore beaucoup de noms en tête, notamment celui du merveilleux et flegmatique René Hersen<ref group="N">René Hersen : Chef pilote de l'Aéro club de l'Ouest, aviateur du XX<sup>e</sup> siècle.</ref>, le "Patron" du vol à voile, qui m’a un jour d'été offert un baptême de l’air sur le bon vieux C800 Drouelle<ref group="N">Avion, modèle C800 : Planeur Caudron C-800 biplace côte à côte, un des premiers planeurs école. Il a contribué à former des milliers de jeunes pilotes de la fin de la guerre.<br />Drouelle : Nom de baptême angevin du planeur en l'honneur, je crois me souvenir, d'une célébrité aéronautique locale (?).</ref>. | ||
L’ascension se fit « à l’aide de l’antédiluvien treuil Landreau<ref>Treuil Landreau : Treuil fixe de traction de planeur bricolé par la Maison Landreau, à partir d'un train arrière de camion (?). Il fut remplacé à Avrillé par un treuil Ford beaucoup plus élaboré et plus puissant. Le treuil Ford a équipé quasiment la totalité des écoles de vol à voile dès 1950.<br />Antédiluvien : Terme pour désigner quelque chose de très ancien (qui a existé avant le déluge).</ref> », enroulant dans un bruit infernal, un câble aux nombreux nœuds qui - ce fut ma grande peur ce soir là - se rompit à nouveau à 200 mètres. Le temps était magnifique en ce mois de juillet, et je vis pour la première fois, et pendant quelques inoubliables minutes, l’aérodrome et ses abords, « d’en haut ». | L’ascension se fit « à l’aide de l’antédiluvien treuil Landreau<ref group="N">Treuil Landreau : Treuil fixe de traction de planeur bricolé par la Maison Landreau, à partir d'un train arrière de camion (?). Il fut remplacé à Avrillé par un treuil Ford beaucoup plus élaboré et plus puissant. Le treuil Ford a équipé quasiment la totalité des écoles de vol à voile dès 1950.<br />Antédiluvien : Terme pour désigner quelque chose de très ancien (qui a existé avant le déluge).</ref> », enroulant dans un bruit infernal, un câble aux nombreux nœuds qui - ce fut ma grande peur ce soir là - se rompit à nouveau à 200 mètres. Le temps était magnifique en ce mois de juillet, et je vis pour la première fois, et pendant quelques inoubliables minutes, l’aérodrome et ses abords, « d’en haut ». | ||
Une grande ferveur pour les choses de l’aéronautique m’est restée au cœur depuis ce soir là. Malheureusement je n’eus point les moyens financiers de devenir l’un de ces pilotes qui plus tard ont laissé leurs noms dans les annales de l’aviation angevine et je devins…marin. | Une grande ferveur pour les choses de l’aéronautique m’est restée au cœur depuis ce soir là. Malheureusement je n’eus point les moyens financiers de devenir l’un de ces pilotes qui plus tard ont laissé leurs noms dans les annales de l’aviation angevine et je devins…marin. | ||
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Jusqu'en 1998 on trouvait sur la ville angevine d'Avrillé l'aérodrome d'Angers-Avrillé, transféré ensuite à Marcé (Angers Loire aéroport). Il se situait dans l'actuel quartier Ardenne-Raffoux-Mayenne.
L'aérodrome
À Avrillé, un vaste terrain, au sud-est du bourg, est utilisé par la garnison d'Angers pour y faire ses manœuvres d'instruction. Il est partagé en deux parties par le chemin des Raffoux[1].
À l'aube de l'aviation les frères René et Pierre Gasnier fondent en 1907 un aéro-club, qui obtient en 1910 l'autorisation de l'aménager pour un premier meeting en 1910. Des meetings aériens y sont organisés, comme celui de 1910, ou des compétitions, comme en 1912 le premier Grand prix de l'Aéro-club de France en juin 1912. L'aéro-club de l'Ouest obtient ensuite de pouvoir enlever tous les arbres et construit un premier hangar d'aviation après avoir signé une convention avec la direction de l'Aéronautique militaire. L'activité s'arrête durant la Première Guerre mondiale[1], avant que la « halte d'atterrissage » d'Avrillé, dite aussi « champ d'aviation », soit officiellement inaugurée le 16 mai 1914[2].
Un premier centre d'entraînement des pilotes de réserve voit le jour en 1920, et l'année suivante une école d'aviation. L'aviation civile s'impose lentement à Avrillé. De nombreux travaux d'aménagements sont par la suite réalisés : aire d'atterrissage, chemins d'accès, etc. Le terrain est définitivement affecté à l'aviation au début des années 1930[1],[2]. La pratique de l'aviation se structure autour de l'aéro-club de l'Ouest et de l'école de pilotage. L'enseignement est confié à la Compagnie française d'aviation (CFA) et l'école est rapidement à l'étroit dans ses baraquements de la route de Cantenay-Épinard. La compagnie envisage alors la construction d'un nouveau bâtiment et pour ce faire acquiert un terrain en bordure de l'aérodrome pour son implantation. Le bâtiment est construit en 1938[3].
La station météorologique départementale est installée sur l'aérodrome d'Avrillé en 1935 pour répondre aux besoins des aviateurs[4].
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, l'aérodrome est réquisitionné par l'Armée de l'air puis la Wehrmacht en prend possession le 19 juin 1940. Des aménagements sont effectués avec l'installation de batteries de la DCA. La zone, avec le quartier Bois du Roy situé à proximité, est une cible pour les Alliés et subit plusieurs bombardements. C'est par exemple le cas le 17 juin 1944 où une vague de 80 appareils y lâche près de 200 tonnes de bombes[5],[6].
Dans les années 1960, l'aérodrome d'Angers-Avrillé comporte une grande piste d'une longueur de 1 030 mètres et une petite piste de 585 mètres[1]. L'évolution des transports rapides à grande distance condamne au fil du temps le petit aérodrome. Sa délocalisation est étudié à partir de 1968 et la direction de l'Aviation civile décide de sa fermeture en 1988. Il est déplacé à la fin des années 1990 à une vingtaine de kilomètres au nord-est d'Angers, à Marcé. Le transfert a lieu le 3 septembre 1998[7],[8].
Témoignage
Le champ d’Aviation
L’aérodrome, parlons-en… Quand j’étais gamin, on l’appelait « le champ d’aviation ». Nous habitions, juste en face, rue des Chênes.
Durant la guerre
J’y ai vu décoller et atterrir, Junkers, Stuka et Dornier 17[N 1] de la Luftwaffe[N 2]. Puis un certain 17 juin 1944 il a été en partie (par erreur) bombardé par les alliés[N 3]. Je dis par erreur car la plupart des bombes qui lui étaient destinées sont tombées sur les habitations du Bois du Roi, et ailleurs aussi, faisant une soixantaine de victimes.
C’est là, à quarante mètres de l’aérodrome que j’ai vu pour ma première fois, j’avais onze ans, extraire des ruines d’un café une dizaine d’amis et voisins, morts ou pantelants…
L’Aéro club de l’Ouest
Quelques années plus tard, adolescent, j’ai passé beaucoup de temps sur ce « champ d’aviation », passionné par les avions et les planeurs de l’Aéro club de l’Ouest renaissant. Mes vieux oncle et tante y étaient devenus concierges. J’étais connu de tous les pilotes et autre acteurs de l’aviation locale. Je me rendais utile sur les pistes, notamment au vol à voile[N 4] et j’étais fier de tenir le bout d’aile d’un 301[N 5], d’un 310 P[N 6] ou d’un Grunaü[N 7] au décollage.
Je connaissais les caractéristiques de tous les avions et planeurs à force de parler, et surtout d’écouter des gens admirables de connaissances et de compétences dont j’ai encore beaucoup de noms en tête, notamment celui du merveilleux et flegmatique René Hersen[N 8], le "Patron" du vol à voile, qui m’a un jour d'été offert un baptême de l’air sur le bon vieux C800 Drouelle[N 9].
L’ascension se fit « à l’aide de l’antédiluvien treuil Landreau[N 10] », enroulant dans un bruit infernal, un câble aux nombreux nœuds qui - ce fut ma grande peur ce soir là - se rompit à nouveau à 200 mètres. Le temps était magnifique en ce mois de juillet, et je vis pour la première fois, et pendant quelques inoubliables minutes, l’aérodrome et ses abords, « d’en haut ».
Une grande ferveur pour les choses de l’aéronautique m’est restée au cœur depuis ce soir là. Malheureusement je n’eus point les moyens financiers de devenir l’un de ces pilotes qui plus tard ont laissé leurs noms dans les annales de l’aviation angevine et je devins…marin.
Aujourd’hui, le « Champ d’aviation » n’est plus, mais je m’y vois encore les jours de grand soleil d’été, avec les pilotes au repos, à l’abri de la petite chênaie que l’on a conservée près de la route d’Avrillé.
Quand je ferme les yeux, je LE vois encore d’EN HAUT…
Henri Vincent, Avrillé, 9 mars 2013
Notes
Sur le même sujet
Références
- ↑ a b c et d Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. I (A-C), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1965, 2e éd. (1re éd. 1874), p. 213
- ↑ a et b Archives patrimoniales de la ville d'Angers (Mairie d'Angers), Le premier aérodrome par Sylvain Bertoldi, dans Vivre à Angers n° 387, janvier 2015
- ↑ Sandrine Prouteau (C.A.U.E. de Maine-et-Loire), Mairie d'Angers, Laissez-vous conter la Compagnie Française d'Aviation, 2008
- ↑ CMD de Maine-et-Loire, Histoire de la station météorologique d'Angers, 2011
- ↑ Ouest-France, En 1944, le terrain d'aviation ravagé par les bombes, 27 mai 2014 (avec François Blondeau, président du Musée régional de l'air de Marcé)
- ↑ Mairie d'Avrillé, L'histoire des quartiers, 2012-2025
- ↑ J. Danion et Ph. Violier, L'ouverture de l'aéroport d'Angers à Marcé, dans Norois (universités du Grand Ouest), n° 182, 1999-2, p. 331-335
- ↑ Le Courrier de l'Ouest, Angers. Il y a 20 ans, Marcé prenait l'air, 6 septembre 2018
Annotations
- ↑ Durant la Seconde Guerre mondiale, l'aviation allemande comprenait notamment des Junkers et des Stuka, construits par la société allemande Junkers & Co, ainsi que des Dornier, construits par la société allemande du même nom.
- ↑ Luftwaffe : désigne les différentes armées de l'air de l'Allemagne au cours de son histoire, et ici en particulier l'aviation allemande durant la Seconde Guerre mondiale.
- ↑ Alliés : Nom donné aux pays (États-Unis, Union soviétique, Royaume-Uni, etc) qui s'opposèrent aux forces de l'Axe (Rome-Berlin-Tokyo) durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).
- ↑ Vol à voile : Activité de loisir et de compétition au cours de laquelle on utilise un planeur.
- ↑ Avion, modèle 301 : Castel 301S, planeur basique monoplace d'entrainement.
- ↑ Avion, modèle 310 : Castel 310P, planeur monoplace d'entrainement à la performance datant de 1942.
- ↑ Avion, modèle Grunaü : Planeur Nord 1300, copie française du planeur allemand Grunau Baby de 1932.
- ↑ René Hersen : Chef pilote de l'Aéro club de l'Ouest, aviateur du XXe siècle.
- ↑ Avion, modèle C800 : Planeur Caudron C-800 biplace côte à côte, un des premiers planeurs école. Il a contribué à former des milliers de jeunes pilotes de la fin de la guerre.
Drouelle : Nom de baptême angevin du planeur en l'honneur, je crois me souvenir, d'une célébrité aéronautique locale (?). - ↑ Treuil Landreau : Treuil fixe de traction de planeur bricolé par la Maison Landreau, à partir d'un train arrière de camion (?). Il fut remplacé à Avrillé par un treuil Ford beaucoup plus élaboré et plus puissant. Le treuil Ford a équipé quasiment la totalité des écoles de vol à voile dès 1950.
Antédiluvien : Terme pour désigner quelque chose de très ancien (qui a existé avant le déluge).