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  | titre = Domaine de l'Isle Briand
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Le domaine de l'Isle-Briand se situe sur la commune du [[Le Lion-d'Angers|Lion-d'Angers]], dans le département de [[Maine-et-Loire]]. Au cœur d'un parc départemental de {{unité|162|hectares}}, le château du {{XVIIIs}} côtoie la ferme modèle du {{XIXe}} et le Haras National inauguré en 1975.
Le '''domaine de l'Isle-Briand''' se situe sur la commune du [[Le Lion-d'Angers|Lion-d'Angers]], dans le département de [[Maine-et-Loire]]. Au cœur d'un parc de {{unité|162|hectares}}, le château du {{XVIIIs}} côtoie la ferme modèle du {{XIXe}} et le Haras national inauguré en 1975.




== Un modèle d'organisation ==
== Un modèle d'organisation ==
[[Fichier:liondangers islebriand vue aerienne.png|left|thumb|alt=Vue aérienne, vers 1980.|Vue aérienne, vers 1980.<br>(Collection Haras national de l'Isle-Briand)]]
Le domaine de l'Isle-Briand est bien plus que le temple du cheval célébré de nos jours : il illustre les transformations sociales, agricoles et économiques du [[Segréen]] au {{XIXs}}, à travers son histoire, ses propriétaires successifs, les édifices et le parc qui subsistent.  
Le domaine de l'Isle-Briand est bien plus que le temple du cheval célébré de nos jours : il illustre les transformations sociales, agricoles et économiques du [[Segréen]] au {{XIXs}}, à travers son histoire, ses propriétaires successifs, les édifices et le parc qui subsistent.  


Cette région a en effet connu de profondes mutations agricoles dans la lignée du [[Pierre-Paul Lemercier de La Rivière de Saint-Médard|courant physiocratique]] du {{XVIIIs}}. La modernité agricole s'affirme avec l'apparition de nouveaux matériels (doubles-brabants, faucheuses, faneuses…), une meilleure rentabilité des terres grâce à l'amendement par la chaux et le développement de l'élevage avec l'introduction d'une nouvelle race bovine, ''la Durham''. Les fermes et les métairies sont ainsi systématiquement remaniées ou agrandies, reconstruites parfois en totalité. Toutes répondent aux exigences modernes qui assurent que les rendements de l'agriculture et de l'élevage passent par une meilleure organisation et une meilleure hygiène des bâtiments.
Cette région a en effet connu de profondes mutations agricoles dans la lignée du [[Pierre-Paul Lemercier de La Rivière de Saint-Médard|courant physiocratique]] du {{XVIIIs}}. La modernité agricole s'affirme avec l'apparition de nouveaux matériels (doubles-brabants, faucheuses, faneuses…), une meilleure rentabilité des terres grâce à l'amendement par la chaux et le développement de l'élevage avec l'introduction d'une nouvelle race bovine, ''la Durham''. Les fermes et les métairies sont ainsi systématiquement remaniées ou agrandies, reconstruites parfois en totalité. Toutes répondent aux exigences modernes qui assurent que les rendements de l'agriculture et de l'élevage passent par une meilleure organisation et une meilleure hygiène des bâtiments.


Avec la rénovation ou l'édification d'un nouveau château entouré le plus souvent d'un parc paysager, aménagé en lieu et place du traditionnel jardin régulier, c'est bien le paysage rural du [[Segréen]] qui est transformé tout au long de la seconde moitié du {{XIXs}} avec comme clef de lecture le trio : château - parc - ferme.
Avec la rénovation ou l'édification d'un nouveau château entouré le plus souvent d'un parc paysager, aménagé en lieu et place du traditionnel jardin régulier, c'est bien le paysage rural du [[Segréen]] qui est transformé tout au long de la seconde moitié du {{XIXs}} avec comme clef de lecture le trio : château, parc et ferme.
 
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| texte=<big>'''Le parc'''</big>
Le parc est attribué au comte de Choulot (Paul de Lavenne, mort en 1863), dont on retrouve certains traits. Le paysagiste subordonne chaque projet de parc à ce qui existe, tire parti de la nature, s'adapte au style et à la position du château, au caractère de la localité, aux beaux arbres... Il établit des liens visuels entre l'intérieur des domaines et la nature environnante.<br>
On peut remarquer ici la séparation en deux d'une île située sur la Mayenne, face au château, pour dégager une perspective donnant sur un moulin et l'introduction d'un élément pittoresque romantique (une passerelle). Les espaces dévolus à l'exploitation agricole et les abords du château (fonction d'agrément) sont nettement dissociés ; la ferme et ses nuisances sont dissimulées par des bosquets d'arbres et un tunnel creusé sous l'allée menant au château permettait autrefois le passage discret du bétail. Le château est entouré de grandes surfaces de gazon et une perspective est dégagée, permettant la mise en valeur d'arbres remarquables.
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== Histoire et architecture ==
== Histoire et architecture ==
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Le lieu relève en 1143 de l'abbaye du Ronceray d'Angers<ref>Ministère de la Culture (Viviane Manase, Service de l'Inventaire du patrimoine), ''Base Mérimée - Château actuellement haras de l'Isle-Briand (IA49001481)'', 2008-2015</ref>.
Le lieu relève en 1143 de l'abbaye du Ronceray d'Angers<ref>Ministère de la Culture (Viviane Manase, Service de l'Inventaire du patrimoine), ''Base Mérimée - Château actuellement haras de l'Isle-Briand (IA49001481)'', 2008-2015</ref>.
[[Fichier:liondangers islebriand chateau vestibule.png|thumb|alt=Vestibule du château.|Vestibule du château]]
 
Seigneurie de la famille Briand au {{XVs}}, c'est cependant la famille d'Andigné qui sera le plus longtemps attachée à ce domaine, de 1491 à 1872. La situation stratégique du lieu, à la confluence de la [[Mayenne]] et de l'[[Oudon]], a suscité l'édification d'une forteresse mentionnée au {{XVIs}}.
Seigneurie de la famille Briand au {{XVs}}, c'est cependant la famille d'Andigné qui sera le plus longtemps attachée à ce domaine, de 1491 à 1872. La situation stratégique du lieu, à la confluence de la [[Mayenne]] et de l'[[Oudon]], a suscité l'édification d'une forteresse mentionnée au {{XVIs}}.


Vers 1775, le château-fort est remplacé par un château d'agrément, élevé près de la Mayenne, accompagné d'une ferme et de communs. L'équilibre des espaces et des formes, les salons largement éclairés de cette demeure classique, sont les traits communs de ce type d'édifice qui ponctuent çà et là nos campagnes. Ce qui deviendra le domaine actuel est alors composé de prés, de labours, de quatre fermes, d'un moulin à eau et du château avec ses dépendances. Deux propriétaires successifs vont complètement renouveler cet ensemble hétérogène et en faire un vaste domaine de 161 hectares, comprenant un parc agricole et paysager, un bois, de nombreux édifices (beaucoup sont détruits) liés à la fois au château, à l'exploitation agricole du domaine, puis au cheval.  
Vers 1775, le château-fort est remplacé par un château d'agrément, élevé près de la Mayenne, accompagné d'une ferme et de communs. L'équilibre des espaces et des formes, les salons largement éclairés de cette demeure classique, sont les traits communs de ce type d'édifice qui ponctuent çà et là nos campagnes. Ce qui deviendra le domaine actuel est alors composé de prés, de labours, de quatre fermes, d'un moulin à eau et du château avec ses dépendances. Deux propriétaires successifs vont complètement renouveler cet ensemble hétérogène et en faire un vaste domaine de 161 hectares, comprenant un parc agricole et paysager, un bois, de nombreux édifices (beaucoup sont détruits) liés à la fois au château, à l'exploitation agricole du domaine, puis au cheval.  


[[Fichier:liondangers islebriand ferme etable abreuvoir.png|left|thumb|alt=Ferme modèle, avec la grande étable centrale et l'abreuvoir.|Ferme modèle, avec la grande étable centrale et l'abreuvoir.]]
Charles Emmanuel d'Andigné de Mayneuf, issu de la grande aristocratie foncière de la région, est maire du Lion-d'Angers de 1848 à 1871. Il agrandit considérablement le domaine familial, regroupe les terres à l'origine du parc, assure les limites du domaine, notamment lors de l'ouverture de la route de [[Thorigné]] (vers 1844-1845). On lui doit probablement le parc, un vaste potager et une pompe à eau établie en 1852 (disparus) afin d'assurer l'irrigation du domaine. Il déclasse les métairies en place en simples bâtiments ruraux en 1858, y compris la ferme du domaine, et fait sans doute rehausser le château d'un étage attique. Sa résidence principale est alors le château des Halliers à Chambellay (commune voisine), dont il rénove en 1856 la ferme, primée comme ferme-modèle.
Charles Emmanuel d'Andigné de Mayneuf, issu de la grande aristocratie foncière de la région, est maire du Lion-d'Angers de 1848 à 1871. Il agrandit considérablement le domaine familial, regroupe les terres à l'origine du parc, assure les limites du domaine, notamment lors de l'ouverture de la route de [[Thorigné]] (vers 1844-1845). On lui doit probablement le parc, un vaste potager et une pompe à eau établie en 1852 (disparus) afin d'assurer l'irrigation du domaine. Il déclasse les métairies en place en simples bâtiments ruraux en 1858, y compris la ferme du domaine, et fait sans doute rehausser le château d'un étage attique. Sa résidence principale est alors le château des Halliers à Chambellay (commune voisine), dont il rénove en 1856 la ferme, primée comme ferme-modèle.


[[Fichier:liondangers islebriand logis fermier.png|right|thumb|alt=Ferme modèle : le logis du fermier.|Ferme modèle : le logis du fermier]]
L'Isle-Briand est ensuite acheté en 1872 par le vicomte de Trédern, pour sa femme Jeanne-Marie Say, auparavant marquise de Cossé-Brissac. Cette personnalité hors du commun sera véritablement l'instigatrice de la ferme modèle de l'Isle-Briand, élevée vers 1872-1873 à partir de l'ancienne métairie, mais aussi de l'agrandissement du château (1875) et d'un nombre impressionnant d'autres constructions d'une qualité architecturale similaire (aujourd'hui détruites).  
L'Isle-Briand est ensuite acheté en 1872 par le vicomte de Trédern, pour sa femme Jeanne-Marie Say, auparavant marquise de Cossé-Brissac. Cette personnalité hors du commun sera véritablement l'instigatrice de la ferme modèle de l'Isle-Briand, élevée vers 1872-1873 à partir de l'ancienne métairie, mais aussi de l'agrandissement du château (1875) et d'un nombre impressionnant d'autres constructions d'une qualité architecturale similaire (aujourd'hui détruites).  


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Le château, actuellement haras de l'Isle-Briand, date des {{XVIIIe}}, {{XIXe}} et {{XXs}}s. Localisation : Château de L'Isle-Briand, Parc de l'Isle Briand, Le Lion d'Angers ([https://www.openstreetmap.org/#map=18/47.62211/-0.69785 sur OSM]).
Le château, actuellement haras de l'Isle-Briand, date des {{XVIIIe}}, {{XIXe}} et {{XXs}}s. Localisation : Château de L'Isle-Briand, Parc de l'Isle-Briand, Le Lion-d'Angers ([https://www.openstreetmap.org/#map=16/47.62211/-0.69785 sur OSM]).
 
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Fichier:liondangers islebriand chateau.png|alt=Vue d'ensemble du château.|Vue d'ensemble.
Fichier:liondangers islebriand chateau vestibule.png|thumb|alt=Vestibule du château.|Vestibule du château.
Fichier:liondangers islebriand ferme etable abreuvoir.png|left|thumb|alt=Ferme modèle avec la grande étable centrale et l'abreuvoir.|Ferme modèle avec étable et abreuvoir.
Fichier:liondangers islebriand logis fermier.png|right|thumb|alt=Ferme modèle : le logis du fermier.|Ferme modèle : logis du fermier.
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== Le parc ==
Le parc de l'Isle-Briand est un site naturel de {{unité|180|hectares}}, classé zone naturelle sensible, comprenant des centaines d'espèces végétales et de nombreuses espèces animales. Il est bordé sur deux côtés par la [[Mayenne]] et l'[[Oudon]]<ref name="cncp">Catherine Nédélec et Coralie Pilard, ''Tout sur l'Anjou'', Éditions Ouest-France (Rennes), 2022, p. 98-99</ref>.
 
Cinq kilomètres de sentiers balisés permettent de le parcourir à pied ou à vélo<ref name="cncp" />.
 
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| texte=<big>'''Le parc'''</big>
Le parc est attribué au comte de Choulot (Paul de Lavenne, mort en 1863), dont on retrouve certains traits. Le paysagiste subordonne chaque projet de parc à ce qui existe, tire parti de la nature, s'adapte au style et à la position du château, au caractère de la localité, aux beaux arbres... Il établit des liens visuels entre l'intérieur des domaines et la nature environnante.<br>
On peut remarquer ici la séparation en deux d'une île située sur la Mayenne, face au château, pour dégager une perspective donnant sur un moulin et l'introduction d'un élément pittoresque romantique (une passerelle). Les espaces dévolus à l'exploitation agricole et les abords du château (fonction d'agrément) sont nettement dissociés ; la ferme et ses nuisances sont dissimulées par des bosquets d'arbres et un tunnel creusé sous l'allée menant au château permettait autrefois le passage discret du bétail. Le château est entouré de grandes surfaces de gazon et une perspective est dégagée, permettant la mise en valeur d'arbres remarquables.
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}}


== Notes ==
== Notes ==
Sur le même sujet
Sur le même sujet
:• [[Patrimoine angevin]]
:• [[Liste des châteaux de Maine-et-Loire|Châteaux angevins]] (dont le [[château de la Grandière]])
:• [[Espaces naturels de Maine-et-Loire|Espaces naturels]]
:• [[Mondial du Lion d'Angers]]
:• [[Mondial du Lion d'Angers]]
:• [[Patrimoine angevin]]
:• [[Château de la Grandière|Château de la Grandière (XVIII{{e}})]]
:• [[Liste des châteaux de Maine-et-Loire|Châteaux angevins]]


Source initiale de l'article
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