Château de Pouancé

De Wiki-Anjou

Le château médiéval de Pouancé est situé dans la commune de Pouancé, dans le département du Maine-et-Loire, à la frontière entre la Bretagne et l'ancienne province de l'Anjou.

Avec l'enceinte urbaine de la ville, dont une partie est encore visible aujourd'hui, il couvre une superficie de 3 hectares, faisant de lui le plus grand château d'Anjou, après le château d'Angers[1]. Il fait partie des Marches de Bretagne et est le pendant angevin du château de Châteaubriant.

Il est le seul château angevin, avec celui de Champtocé-sur-Loire, à avoir conservé son aspect purement médiéval. Aucune partie du château n'est postérieur au XVe siècle.

Classé monument historique depuis le 7 juillet 1926, le château a subit 40 ans de fouilles ponctuelles et de rénovations. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens, dans l'attente d'une étude archéologique approfondie.


Construction

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Reproduction du Château de Pouancé vers le XVe

La date exacte de l'occupation militaire du site est encore inconnue. Selon Racineux, le château a probablement été construit par Manguinoë, premier seigneur de Pouancé, entre 990 à 1037[2]. Pour Jean-Louis Ormilières, il aurait pu être bâtit par Foulque Nerra[3]. Une seule certitude, la place forte de Pouancé est attestée dès le XIe siècle, vers 1050 puisque Geoffroy Martel, fils de Foulque Nerra, en fait mention en parlant de Landry, son vicaire de Pouancé (Landricum Vicarium de Poenciacum)[4]. Le style de la forteresse d'origine est encore inconnu, peut-être de style motte féodale, aucun vestige de donjon de pierre n'ayant à ce jour été retrouvé.

La construction du château médiéval débute vraisemblablement vers la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle. Les premières tours s'élèvent, bientôt suivi des courtines. Le château est construit en moellons de schiste du pays. De cette période datent encore la tour de la Dame Blanche et la tour Saint-Antoine, et les restes de la tour du Moulin et de la tour Criminelle, ainsi que certaines courtines.

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Moineau du château. Les moineaux sont des constructions défensives pour l'artillerie à poudre. Les moineaux bien conservés sont rares, et celui de Pouancé en fait partie.

Entre 1371 et 1379, Pierre II de Valois, propriétaire de la seigneurie, « fist faire ou castel de Pouencé une belle tour », probablement l'actuelle Grosse Tour. Il fit également poser des mâchicoulis. C'est vers le XIVe siècle que furent effectuées des reprises sur les tours du XIIIe, notamment la Saint-Antoine, afin d'y inclure des escaliers à vis.

Le XVe siècle vit l'utilisation de la première artillerie à poudre. Le château subit alors une réorganisation défensive, en condamnant l'accès des poternes nord et sud pour y inclure des éléments défensives, notamment des moineaux. On érigea également la tour Heptagonale, une caponnière, ainsi qu'un bastion dans la basse-cour.

Historique

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Vue en contre-plongée de la Grosse Tour (XIVe) avec sa caponnière (XVe) à gauche, et la tour de la Dame Blanche ( fin XIIe) à droite. Avec des meurtrières, des canonnières, des éléments tel que un bastion, une caponnière, un moineau, des chambres de tirs, le château de Pouancé est un des château les plus complet en éléments défensifs de l'époque médiéval et de l'artillerie à poudre.

Dès la fin du haut Moyen Age, le site de Pouancé, situé aux confins des Marches de Bretagne et de l'Anjou, fut certainement fortifié afin de contrecarrer la place-forte bretonne de Châteaubriant. La première mention du château remonte à la période 1049-1060 dans le cartulaire de Carbay; le comte d' Anjou y entretenait des hommes et un "vicarius". Des fragments de sarcophages datables du haut Moyen Age (découverts dans les murs de l'église de Saint-Aubin et de Grugé-l'Hôpital) prouvent l'existence de peuplements antérieurs à l'édification du château fort dans cette zone. De plus, dés 1066, le duc de Bretagne Conan II voulant s'emparer de l'Anjou, assiège Pouancé.

Le château subit un second siège par l'armée bretonne de Jean IV de Bretagne en 1379, où la forteresse est prise par trahison. Pierre de Valois échange avec Bertrand Du Guesclin les terres de Pouancé et de La Guerche contre des terres en Normandie. Pouancé est alors sous contrôle du duc Jean IV qui rend la forteresse à Olivier du Guesclin en 1381. Celui-ci la lui vendra en 1390. Suite au mariage entre Jean Ier d'Alençon et Marie de Bretagne, celle-ci reçoit en dot les seigneuries de Pouancé et La Guerche, qui appartiendrons dés lors à la famille d'Alençon. Sous leur règne, Pouancé sera assiégé à deux reprises, en 1432 par Jean V de Bretagne, et une seconde fois en 1443 par les anglais du duc de Somerset.

En 1488, la place forte de Pouancé voit le rassemblement de près de 12000 hommes de l'armée royale commandée par La Trémoille, qui mettra le siège de Châteaubriant, débutant ainsi une campagne militaire contre le duché de Bretagne qui aboutira à terme à son annexion au royaume de France.

Jusqu'au premier quart du XVIIe siècle, bien que délaissé d'un point de vue militaire et résidentiel, il trouve encore un usage administratif.

C'est probablement au XVIIIe que les habitants de la ville décident de détruire le châtelet d'entrée, de combler les fossés, et de construire plusieurs maisons et ateliers à l'intérieur de la haute-cour, le long des courtines. S'en suit une longue période d'abandon et de dégradation. En 1915, une des tours, la tour Criminelle, s'effondre, suivie de la Tour du Moulin en 1936.

Malgré les travaux de consolidation et de sauvegarde mises en place à partir de 1980, une partie de l'enceinte s'effondre de nouveau en 1982, puis en 1995.

Aujourd'hui

Le château est ouvert au public pendant la saison estivale de mi-juin à fin août. La visite dure environ 1 heure et permet de visiter les différentes tours, et éléments défensif du château (poternes, salle de tir) ainsi que les éléments civils comme la glacière.

Le château de Pouancé fait partie du projet des "Marches de Bretagne" initié par la ville de Vitré, qui convoite le classement des Marches au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.


Source

Fiche Base Mérimée sur le château

Références

  1. Le château sur le site de la ville de Pouancé
  2. op. cit., A. Racineux, p. 35
  3. Que sais-je ? Histoire de l'Anjou, Jean-Louis Ormilières
  4. Dictionnaire Historique, Géographique et Biographique de Maine-et-Loire; Célestin Port; édition de 1989