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Ligne 133 : | Ligne 133 : | ||
== Le château aérien == | == Le château aérien == | ||
En surface, le château porte l’empreinte de deux styles architecturaux : le style Renaissance, œuvre de la famille Maillé-Brézé au XVI{{s}}, et le style néogothique, choisi par les Dreux-Brézé au XIX{{s}}. | |||
A partir de 1560, Arthus de Maillé-Brézé remplace l'ancien château fort médiéval par une demeure plus élégante dans le style de la Renaissance. C’est de cette époque que date le corps du bâtiment, en forme de "U". L’aile privée, reconnaissable à son escalier à double volée, présente ainsi des lucarnes doubles et des décors d’inspiration antique, tels que les pilastres et les colonnes de marbre rouge qui encadrent la porte d’entrée. Sur le tympan de la porte se trouvait auparavant une Diane Chasseresse allongée à demi dévêtue. Mais une aïeule du propriétaire, jugeant sa tenue indécente, l’a fait jeter dans un puits ! | |||
Au XIX{{s}}, le château Renaissance est profondément modifié par la famille de Dreux-Brézé. | |||
En 1820, le marquis Henri-Evrard de Dreux-Brézé et sa femme Adélaïde de Custines font prolonger l’aile privée, qui, au XVI{{s}}, s’arrêtait au perron. | |||
Mais les modifications les plus importantes sont réalisées par le petit-fils d’Henri-Evrard, Henri-Simon de Dreux-Brézé, l’arrière-grand-père de l’actuel propriétaire. Avec son oncle, Pierre de Dreux-Brézé, évêque de Moulins, il fait appel au célèbre architecte angevin René Hodé pour restaurer et agrandir le château en style néogothique. | |||
Dans l’aile nord-est du château, René Hodé crée une galerie ouverte, au rez-de-chaussée, surmontée d’une galerie fermée contenant une grande salle de réception. Les fenêtres à meneau sont décorées des blasons des Dreux-Brézé et de leurs épouses. Il modifie également la Tour de l’Horloge par l’ajout d’une rotonde et surélève l’aile nord-ouest. Enfin, il construit la tour carrée selon le goût du XIX{{s}}, en utilisant des éléments défensifs moyenâgeux (créneaux, merlons et mâchicoulis…) comme décoration. | |||
Les initiales « PDB » entrelacées, visibles sur la tour carrée, sont les initiales du propriétaire et de son épouse, Madeleine du Prat. | |||
=== PIERRE DE DREUX BREZE === | |||
Pierre de Dreux-Brézé naît au château en 1811. C’est le dernier enfant du Marquis Henri-Evrard de Dreux-Brézé. | |||
Comme le veut la tradition, il étudie la théologie en Italie et devient prêtre en 1834. En 1850, il est consacré évêque de la ville de Moulins, dans l’Allier, et devient, à trente-huit ans, l’un des plus jeunes évêques de France. Au moment de son décès, quarante-trois ans plus tard, il en sera le doyen ! | |||
Dès le début de son épiscopat, il affiche fermement ses convictions ultramontaines, c’est-à-dire sa volonté de dépendre directement du Pape. Vous pouvez d’ailleurs voir le buste de Pie IX dans le vestibule. | |||
Doté d’un grand talent oratoire, il parvient à obtenir de nombreux changements au sein de son diocèse, tels l’adoption d’une liturgie romaine. Il aime les cérémonies fastueuses et transforme la tenue des évêques dans le goût néogothique. Alors qu’elle était jusque-là cintrée à la taille, elle est allongée et élargie, ainsi que vous pouvez le voir dans la vitrine | |||
Malgré ses préférences conservatrices, il est le premier à dire la messe face aux fidèles. Il a également marqué son temps par sa générosité envers les plus défavorisés. | |||
Il meurt en 1893 et est enterré à Moulins. Le buste le représentant est daté de 1862. | |||
« L’Oncle Evêque » s’est toujours montré très attaché à sa famille. Il lègue d’ailleurs à son neveu Henri-Simon de Dreux-Brézé une grande partie de sa fortune. | |||
A son retour d’Italie, vers 1840, il entreprend, avec ce dernier, qui est alors propriétaire du château, d’y aménager ses appartements dans le style néogothique, un style qui vise à faire revivre le Moyen-âge. | |||
=== LA CHAMBRE NÉOGOTHIQUE DE MONSEIGNEUR DE DREUX-BREZE === | |||
'''Le vestibule d’entrée'''<br> | |||
Derrière le buste de Pie IX est exposée une gravure présentant les 255 papes, de Saint Pierre à Grégoire XVI. | |||
'''La chambre Néo-gothique'''<br> | |||
Les murs sont recouverts de boiseries de chêne, sculptées de lancettes séparées par des pinacles rehaussées de noir et or. La poutre centrale est recouverte d’une toile peinte en bleu outre-mer, à rinceaux blancs, verts et roses, motifs que l’on retrouve peint sur les solives. M. Maison fut chargé d’éclaircir l’aspect sombre et austère de la pièce en la rehaussant de ses peintures. | |||
La cheminée, de couleur bleue outre-mer, rouge et or à fleurs présente un style médiéval. | |||
Le mobilier : il provient des ateliers d’un sculpteur angevin, Jacques Granneau. Les chaises et fauteuils ont des pieds hexagonaux, montants en forme de pinacles couronnés de fleurons et reliés par une galerie de lancettes à claire-voie interrompue par le gâble crocheté du dossier aux armes des Dreux-Brézé. | |||
Ce mobilier « restauration » est aussi appelé « troubadour » ou « cathédrale ». | |||
'''Le bureau Néo-renaissance'''<br> | |||
Le décor d'apparence "renaissance" date du XIX{{s}}. | |||
Cette pièce a les murs recouverts de lambris, peints en trompe l’œil imitant le chêne foncé. Le plafond contient des compartiments aux fonds bleus, rehaussés de rinceaux en stuc blanc. Aux angles des murs, les caissons sont pourvus de la lettre H de Henri-Simon de Dreux-Brézé (neveu de l’évêque et propriétaire du château) surmonté de la couronne comtale (son père, Henri-Evrard étant encore en vie, possédant lui, le titre de Marquis). | |||
Quatre personnages historiques sont représentés dans ce cabinet de travail car, au XIXème, des archives familiales ont fait apparaître l’affiliation des Dreux-Brézé aux Comtes de Dreux. Ces derniers, issus de lignée royale puisque descendants de Louis VI le Gros comptent parmi leurs membres un certain Simon Dreux vivant au XIVème siècle. | |||
Les Dreux-Brézé, triant ces documents, se sont découvert une ascendance directe avec ce même Simon Dreux. Ainsi Monseigneur de Dreux-Brézé décide de faire figurer dans cette pièce ces ancêtres royaux :<br> | |||
'''''Louis VI le Gros''''' apparaît ici avec au plafond les symboles royaux (le sceptre, la couronne et l’épée). Deux gravures l’entourent : à droite Notre Dame de Paris et à gauche la Basilique Saint Denis (la sépulture des rois de France). Ces deux monuments sont érigés sous son règne (né en 1081, roi en 1108, mort en 1137).<br> | |||
'''''Louis VII le Jeune''''' (né en 1120, roi en 1137, mort en 1180) épouse en 1137 Aliénor d’Aquitaine, ce mariage apportant au domaine royal tout le sud-ouest de la France. Issus de cultures et de traditions différentes, les époux divorcent en 1152. Aussitôt, Aliénor se remarie avec le Comte d’Anjou qui devient roi d’Angleterre sous le nom d’Henri II Plantagenêt. Cette alliance fut l’une des causes originelles de la Guerre de Cent Ans (1337-1453). | |||
'''''Robert 1er Comte de Dreux''''', le troisième fils de Louis VI le gros, est considéré au XIX{{s}} comme l’ancêtre direct des Marquis de Dreux-Brézé. C’est pourquoi l’accompagne sur la gauche une gravure du château avant les restaurations de 1850. Celle de droite montre les douves et la façade de la boulangerie souterraine.<br> | |||
'''''Anne de Bretagne''''', épouse en 1492 Charles VIII au Château de Langeais représenté à droite. Reine de France à deux reprises, elle s’unit sept ans plus tard au cousin du premier : Louis XII. Descendante de Robert de Dreux, la plus célèbre des Duchesse de Bretagne illustrée à gauche par une vue du Château de Nantes se voit donc apparentée à l’évêque de Moulins, enorgueilli d’avoir comme aïeule cette femme très pieuse. | |||
Plus tard, la famille de Dreux-Brézé découvre qu'elle n’avait rien à voir avec celle des Comtes de Dreux. En effet, à une même époque ont coexistés deux Simon Dreux n'ayant aucun lien de parenté entre eux : l'un descendant des Rois de France, l'autre issu de la bourgeoisie. A-t-on volontairement confondu ces deux personnages ? Ce qui est sur, c'est que l'évêque de Moulins n'était pas au courant de cette confusion. C'est pourquoi il a fait réaliser ce bureau en toute bonne foi. | |||
Comme dans beaucoup de châteaux, une porte secrète se cache dans le décor en trompe l’œil de cette pièce, sur la droite près des fenêtres. Elle ouvre sur un escalier dérobé menant aux latrines situées à l’étage. Les vestiges d’un système de communication par cloche sont encore visibles (à gauche, au niveau de la corniche séparant murs et plafonds), utilisé pour appeler les domestiques logeant au sommet de la tour. | |||
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