Aller au contenu

« Château de Brézé » : différence entre les versions

ajout d'une ref
Aucun résumé des modifications
(ajout d'une ref)
Ligne 8 : Ligne 8 :
}}
}}


Datant de la Renaissance (XVI{{s}}), le '''château de Brézé''' est un monument historique angevin se trouvant sur la commune de [[Brézé]] ([[Maine-et-Loire|49 Maine-et-Loire]]). Outre le château, on y trouve une galerie souterraine et de profondes douves sèches.
Datant de la Renaissance (XVI{{s}}), le '''château de Brézé''' est un monument historique angevin se trouvant sur la commune de [[Brézé]] ([[Maine-et-Loire|49 Maine-et-Loire]]), au sud de Saumur. Outre le château, on y trouve une galerie souterraine et de profondes douves sèches.


C'est l'un des sites les plus visités de la région, avec {{formatnum:79642}} visiteurs en 2011<ref>CDT Maine-et-Loire, [[Sites les plus visités de Maine-et-Loire|Chiffres clés]], 2011</ref>.
C'est l'un des sites les plus visités de la région, avec {{formatnum:79642}} visiteurs en 2011<ref>CDT Maine-et-Loire, [[Sites les plus visités de Maine-et-Loire|Chiffres clés]], 2011</ref>.
Ligne 18 : Ligne 18 :
Le château de Brézé se situe sur la commune éponyme<ref>Éponyme : nom propre qui est devenu un nom commun.<br />La plupart des explications de mots sont issues du dictionnaire [http://fr.wiktionary.org/ Wiktionnaire] (juin 2013).</ref> de Brézé (49260), dans le [[Saumurois]], à 10 kilomètres au sud de Saumur, soit à l’extrême sud-est du département de [[Maine-et-Loire]], dans la région administrative des [[Pays de la Loire|Pays-de-la-Loire]].
Le château de Brézé se situe sur la commune éponyme<ref>Éponyme : nom propre qui est devenu un nom commun.<br />La plupart des explications de mots sont issues du dictionnaire [http://fr.wiktionary.org/ Wiktionnaire] (juin 2013).</ref> de Brézé (49260), dans le [[Saumurois]], à 10 kilomètres au sud de Saumur, soit à l’extrême sud-est du département de [[Maine-et-Loire]], dans la région administrative des [[Pays de la Loire|Pays-de-la-Loire]].


Brézé est une commune rurale de l'ouest de la France qui se trouve au carrefour de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou. Le village s'est développé au pied du château<ref>Mairie de Brézé, juin 2013</ref>. Sous l'Ancien Régime, Brézé dépendait du diocèse de Poitiers et de l'élection de Saumur<ref name="IA00054113">Ministère de la Culture, [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00108988 Base Mérimée (IA00054113)], juillet 2013</ref>.
Brézé est une commune rurale de l'Ouest de la France qui se trouve au carrefour de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou. Le village s'est développé au pied du château<ref>Mairie de Brézé, juin 2013</ref>. Sous l'Ancien Régime, Brézé dépendait du diocèse de Poitiers et de l'élection de Saumur<ref name="IA00054113">Ministère de la Culture, [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00108988 Base Mérimée (IA00054113)], juillet 2013</ref>.


== SON HISTOIRE ==
== SON HISTOIRE ==
=== Les "Brézé" ===
=== Les "Brézé" ===
Les premières fondations d’un ensemble fortifié remontent au XI{{s}} ; d’après une charte retrouvée dans l’abbaye de Saint-Florent, près de Saumur, qui prouve son existence dès 1063<ref name="cp-1965-518">Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518</ref>{{,}}<ref name="IA00053646">Ministère de la Culture, [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA00053646 Base Mérimée (IA00053646)], juillet 2013</ref>. Le cartulaire<ref>Cartulaire : ensemble de parchemins du Moyen Âge.</ref> de Brézé mentionne la présence d’une structure seigneuriale, ou habergement à l’emplacement du château actuel. Un siècle plus tard, la terre de Brézé apparaît déjà dans les textes comme formant un fief de belle importance. Les actes notariés de cette époque mentionnent les Brézé comme faisant état d’un rang seigneurial élevé. Il faut dire que « Brezay<ref>Formes anciennes du nom de lieu de Brézé : ''Brezay'' en 1105, ''Brezé'' en 1160 (Édition révisée de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 517), ''Brezé'' en 1793 et 1801, avant de devenir ''Brézé'' (EHESS, [http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=5872 Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui], juin 2013).</ref> » est depuis toujours un site stratégique<ref>Des traces du Néolithique ont été retrouvé sur la commune en 1876 (Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518).</ref>, à l’origine à la croisée de plusieurs grandes tribus celtes et traversé par la route ancienne qui menait de Saumur à Loudun et Poitiers.
Les premières fondations d’un ensemble fortifié remontent au XI{{s}} ; d’après une charte retrouvée dans l’abbaye de Saint-Florent, près de Saumur, qui prouve son existence dès 1063<ref name="cp-1965-518">Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518</ref>{{,}}<ref name="IA00053646">Ministère de la Culture, [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA00053646 Base Mérimée (IA00053646)], juillet 2013</ref>{{,}}<ref name="point-15aout2012">Le Point, ''En Val de Loire, l'étonnant château de Brézé se hisse dans la cour des grands'', août 2012</ref>. Le cartulaire<ref>Cartulaire : ensemble de parchemins du Moyen Âge.</ref> de Brézé mentionne la présence d’une structure seigneuriale, ou habergement à l’emplacement du château actuel. Un siècle plus tard, la terre de Brézé apparaît déjà dans les textes comme formant un fief de belle importance. Les actes notariés de cette époque mentionnent les Brézé comme faisant état d’un rang seigneurial élevé. Il faut dire que « Brezay<ref>Formes anciennes du nom de lieu de Brézé : ''Brezay'' en 1105, ''Brezé'' en 1160 (Édition révisée de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 517), ''Brezé'' en 1793 et 1801, avant de devenir ''Brézé'' (EHESS, [http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=5872 Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui], juin 2013).</ref> » est depuis toujours un site stratégique<ref>Des traces du Néolithique ont été retrouvé sur la commune en 1876 (Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518).</ref>, à l’origine à la croisée de plusieurs grandes tribus celtes et traversé par la route ancienne qui menait de Saumur à Loudun et Poitiers.


De cette époque subsistent de nombreux habitats souterrains (troglodytiques<ref name="troglodytique">Troglodytique(s) : voir [[Troglodytique|dictionnaire]].</ref>) dont on trouve la trace dans les archives sous le nom de roches munis de systèmes défensifs, vraisemblablement plus efficaces pour faire face aux envahisseurs que ceux des châteaux de surface. Bien avant l’existence des châteaux de pierre, les hommes ont cherché refuge au sein de la terre et ont, comme à Brézé, creusé le tuffeau, cette roche caractéristique de la vallée de la Loire et de l’Anjou. De nombreux documents font état de ces habitats, dont l’origine est attestée dès le IX{{s}} (époque des invasions barbares, les Normands remontent la Loire). Fréquemment, la désignation de « roche » est suivie du nom de son propriétaire et seigneur fondateur. La roche de Brézé, est l’une des mieux préservées parmi les cavités médiévales fortifiées dont on connaît pourtant de très nombreux exemples dans la région. Accessible au public, elle a conservé la plus grande partie de ses aménagements primitifs : puits de lumière, boyaux<ref>Boyau(x) : galerie étroite servant de communication entre deux galeries plus larges.</ref> défensifs, silos à grains, niches ou placards, mangeoires pour les animaux…
De cette époque subsistent de nombreux habitats souterrains (troglodytiques<ref name="troglodytique">Troglodytique(s) : voir [[Troglodytique|dictionnaire]].</ref>) dont on trouve la trace dans les archives sous le nom de roches munis de systèmes défensifs, vraisemblablement plus efficaces pour faire face aux envahisseurs que ceux des châteaux de surface. Bien avant l’existence des châteaux de pierre, les hommes ont cherché refuge au sein de la terre et ont, comme à Brézé, creusé le tuffeau, cette roche caractéristique de la vallée de la Loire et de l’Anjou. De nombreux documents font état de ces habitats, dont l’origine est attestée dès le IX{{s}} (époque des invasions barbares, les Normands remontent la Loire). Fréquemment, la désignation de « roche » est suivie du nom de son propriétaire et seigneur fondateur. La roche de Brézé, est l’une des mieux préservées parmi les cavités médiévales fortifiées dont on connaît pourtant de très nombreux exemples dans la région. Accessible au public, elle a conservé la plus grande partie de ses aménagements primitifs : puits de lumière, boyaux<ref>Boyau(x) : galerie étroite servant de communication entre deux galeries plus larges.</ref> défensifs, silos à grains, niches ou placards, mangeoires pour les animaux…
Ligne 81 : Ligne 81 :
Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, Grand maître de la Vénerie du « Bon Roi René » (René d'Anjou<ref name="roi-rene" />), obtient de celui-ci l’autorisation de fortifier le domaine de Brézé. À partir de 1448-1450, les douves atteignent une profondeur de 10 à 12 mètres et l’on commence à creuser les premières salles souterraines autour des fossés. Le premier niveau de creusement est visible au pied du pilier maçonné qui soutient la passerelle piétonnière.  
Au XV{{s}}, Gilles de Maillé-Brézé, Grand maître de la Vénerie du « Bon Roi René » (René d'Anjou<ref name="roi-rene" />), obtient de celui-ci l’autorisation de fortifier le domaine de Brézé. À partir de 1448-1450, les douves atteignent une profondeur de 10 à 12 mètres et l’on commence à creuser les premières salles souterraines autour des fossés. Le premier niveau de creusement est visible au pied du pilier maçonné qui soutient la passerelle piétonnière.  


Vers 1525, Guy de Maillé-Brézé, son petit-fils, intensifie le creusement des douves pour parvenir à une profondeur de 15 à 18 mètres<ref name="douves-profondes" />. Les fossés font alors le tour complet du château. Dans les salles déjà existantes, on aménage d’importantes dépendances seigneuriales : lieux de stockage, boulangerie, magnanerie, salle des pressoirs… Les six immenses celliers où étaient entreposées les récoltes du château témoignent de la puissance des châtelains à cette époque. Leur taille est en effet adaptée à celle du domaine, qui couvrait alors une surface de {{formatnum:1850}} hectares, comme l’indique la taille de la fuye (le pigeonnier érigé à l’entrée du parc).
Vers 1525, Guy de Maillé-Brézé, son petit-fils, intensifie le creusement des douves pour parvenir à une profondeur de 15 à 18 mètres<ref name="douves-profondes" />{{,}}<ref name="point-15aout2012" />. Les fossés font alors le tour complet du château. Dans les salles déjà existantes, on aménage d’importantes dépendances seigneuriales : lieux de stockage, boulangerie, magnanerie, salle des pressoirs… Les six immenses celliers où étaient entreposées les récoltes du château témoignent de la puissance des châtelains à cette époque. Leur taille est en effet adaptée à celle du domaine, qui couvrait alors une surface de {{formatnum:1850}} hectares, comme l’indique la taille de la fuye (le pigeonnier érigé à l’entrée du parc).


Parallèlement, le système défensif est complété par un pont-levis souterrain à contrepoids protégeant l’accès à la grande galerie depuis les douves<ref name="douves" />. Il reposait à la place du plancher de bois sur une fosse de quatre mètres de profondeur, elle-même équipée d’un poste de guet relié à d’autres postes de garde par une galerie souterraine. En cas d’attaque, le tablier basculait le long d’un axe de métal et venait s’encastrer dans la roche.  
Parallèlement, le système défensif est complété par un pont-levis souterrain à contrepoids protégeant l’accès à la grande galerie depuis les douves<ref name="douves" />. Il reposait à la place du plancher de bois sur une fosse de quatre mètres de profondeur, elle-même équipée d’un poste de guet relié à d’autres postes de garde par une galerie souterraine. En cas d’attaque, le tablier basculait le long d’un axe de métal et venait s’encastrer dans la roche.