« Rimiaux d'Anjou par M. Leclerc - Paisans » : différence entre les versions

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c’est [[ben]] conv’nu, c’est tout réglé :

[[ein]] [[paisan]], c’est ein imbécile,

ein [[pétras]], ein [[gâs]] point [[Renâré|r’naré]],

qui n’a point d’esprit en la tête ;

î n’ fréquent’ guèr’ que des bestiaux...

î n’ saurait causer que d’ patates !...

Et, vous, en connaissez-vous point

pourraient quant’ [[Meime|meime’]] manger du foin ?...

Ya des bêt’s qui sont ben malines,  

et, société pour société,

séy’ ben meilleure, en vérité ?

C’est-î donc qu’la fumée des villes

que d’ respirer dans la Vallée

la vigne en fleurs, les blés nouveaux,

I faut que j’ vous l’ dise, enter nous :

qu’îs vaudraient mieux... Et si je l’ dis,

c’est point seul’ment pas’que j’ les aime ;

vous allez m’ trouver ben hardi :

Vous auriez [[Bentout|bentoût]] l’ venter creux

si vous vouliez vous passer d’eux.

Qui c’est-î, qu’est [[terjous]] buté

à tourner et r’tourner la terre,

qui sue [[pûs]] souvent qu’ein notaire ?

Qui c’est, qui cultiv’ la vendange

du vin qui n’ séy’ point fabriqué

du vrai jus d’ raisin sans mélange ?

C’ que vous mangez, c’ que vous buvez,

les épic’s, les fruits, [[la légume]],

c’est [[terjous]] à eux qu’ vous l’ devez :

tout c’ fait là est sorti d’la terre,

pour l’en tirer, à vout’ profit !

Et c’est quand vous leur devez tout

rapport à c’ qu’is n’ caus’nt point coum’ vous ?

Qu’ vous iriez leû’ fair’ des chicanes

coum’ des bourgeoés qui portent canne ?

et, pour si peu, d’ mépriser l’ monde ;

vous auriez, ma foé, point raison,

des complets d’trent’ quatre-vingt disse

qu’ont l’air taillés à coup d’hach’reaux

qui n’est ni lain’ ni reparon,

et qui leû’ font des dos tout ronds ;

les pus grands n’ont point-assez d’ manches

tandis qu’on dirait, des pus p’tits,

— moé, j’aime autant point en user.

Vous m’ direz p’t-êtr’ que c’est la mode...

je l’ veux ben... Mais vous auriez tort

là-d’ssus, je n’ serions point d’accord.

pour vous, c’est ein [[jargoin]] d’ sauvages ;

mais moé, malgré mon air paisan,

qui disaient qu’ nout’ parler terrien

c’est ein langag’ vraiment ancien,

qu’écrivit un app’lé {{abréviation|Rabelais|François Rabelais, écrivain de la Renaissance}}

ein gâs qu’on n’a point égalé,

que c’est l’ vieux français d’auterfoés,

et qu’î n’a ben ses avantages...

qu’on n’ pourrait point en disposer  

î n’est vieux... î n’est point usé !

[[Marc Leclerc]] (1874-1946), écrivain angevin, créateur des ''[[rimiaux]]'', poèmes ou contes rimés en langue angevine.

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