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« Plantagenêt » : différence entre les versions

321 octets ajoutés ,  27 janvier 2022
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[[Fichier:fontevraudlabbaye interieur gisants.jpg|thumb|alt=Abbaye de Fontevraud, intérieur avec gisants.|Abbaye de Fontevraud, intérieur avec gisants.]]
[[File:fontevraudlabbaye interieur gisants.jpg|thumb|alt=Abbaye de Fontevraud, intérieur avec gisants.|Abbaye de Fontevraud, intérieur avec gisants.]]
Dynastie princière des {{XIIe}} et {{XIIIs}}s, ce nom résonne encore aujourd'hui dans la mémoire collective des Angevins. L''''empire des Plantagenêt''' s'étendit à l'ouest de l'Europe, de l'Écosse aux Pyrénées, durant quelques soixante-dix ans.
Dynastie princière des {{XIIe}} et {{XIIIs}}s, ce nom résonne encore aujourd'hui dans la mémoire collective des Angevins. L''''empire des Plantagenêt''' s'étendit à l'ouest de l'Europe, de l'Écosse aux Pyrénées, durant quelques soixante-dix ans.


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== L'Empire Plantagenêt ==
== L'Empire Plantagenêt ==
=== Origine de l'Empire ===
=== Origine de l'Empire ===
En 1128, Geoffroy Plantagenêt<ref group="N">Geoffroy V d'Anjou (1113-1151) dit le Bel ou Plantagenêt, et surnommé Plantagenêt à cause du brin de genêt qu'il avait l'habitude de porter à son chapeau (cf. ''Histoire et art'' de Verry et Marais, ''op. cit.'', p. 19).</ref> épouse Mathilde l'Emperesse, la petite fille de Guillaume le Conquérant, héritière de la Normandie et de l'Angleterre. Assumant la charge du comté, après le départ de son père pour l'Orient, Geoffroy poursuit les combats pour assoir l'autorité comtale et reconstruit la palais comtale dans l'ancienne forteresse des comtes d'Anjou. En 1144, il s'empare du duché de Normandie<ref name="vm19-2010">Élisabeth Verry et Jean-Luc Marais, ''Histoire et art'', dans ''Anjou Maine-et-Loire'', Christine Botton éditeur, 2010, p. 19</ref>.
Les principautés sont la base géographique et politique de l'empire Plantagenêt qui va se sonstituer, et dont l'Anjou en est le départ<ref>Jean Favier, ''Les Plantagenêts : Origine et destin d'un empire'', Fayard (Paris), 2004, p. 85</ref>.


Leur fils ainé Henri II est à l'origine de l'empire Plantagenêt. Il passe au premier plan en 1131 par son mariage avec la duchesse Aliénor d'Aquitaine. Premier roi d'Angleterre héritier de la maison d'Anjou, il rassemble un grand nombre de territoires, contrôlant un vaste espace atlantique, s'étendant de la Northumbrie<ref group="N">La Northumbrie (latin ''Northumbria'', anglo-saxon ''Norþanhymbra'') désigne les terres qui se trouvent au nord (''north'') de la rivière Humber.<br>Le Humber est un grand estuaire maritime de la côte est du Nord de l'Angleterre situé entre les comtés traditionnels du Yorkshire au nord, et du Lincolnshire au sud.</ref> à la Gascogne<ref>La Gascogne était au Haut Moyen Âge une principauté du sud-ouest de la France.</ref> et du centre de l'Irlande à l'Auvergne<ref name="maurell-2004">Martin Aurell, ''L'Empire des Plantagenêt, 1154-1224'', Perrin, 2004, p. 9-31</ref>{{,}}<ref name="jfavier-2004">Jean Favier, ''Les Plantagenêts : Origine et destin d'un empire'', Fayard, 2004</ref>{{,}}<ref name="vm19-2010" />.
En 1128, Geoffroy Plantagenêt<ref group="N">Geoffroy V d'Anjou (1113-1151) dit le Bel ou Plantagenêt, et surnommé Plantagenêt à cause du brin de genêt qu'il avait l'habitude de porter à son chapeau (cf. ''Histoire et art'' de Verry et Marais, ''op. cit.'', p. 19).</ref> épouse Mathilde l'Emperesse, la petite fille de Guillaume le Conquérant, héritière de la Normandie et de l'Angleterre. Assumant la charge du comté, après le départ de son père pour l'Orient, Geoffroy poursuit les combats pour assoir l'autorité comtale et reconstruit la palais comtale dans l'ancienne forteresse des comtes d'Anjou. En 1144, il s'empare du duché de Normandie<ref name="vm19-2010">Élisabeth Verry et Jean-Luc Marais, ''Histoire et art'', dans ''Anjou Maine-et-Loire'', Christine Botton éditeur (Paris), 2010, p. 19</ref>.
 
Leur fils ainé Henri II est à l'origine de l'empire Plantagenêt. Il passe au premier plan en 1131 par son mariage avec la duchesse Aliénor d'Aquitaine. Premier roi d'Angleterre héritier de la maison d'Anjou, il rassemble un grand nombre de territoires, contrôlant un vaste espace atlantique, s'étendant de la Northumbrie<ref group="N">La Northumbrie (latin ''Northumbria'', anglo-saxon ''Norþanhymbra'') désigne les terres qui se trouvent au nord (''north'') de la rivière Humber.<br>Le Humber est un grand estuaire maritime de la côte est du Nord de l'Angleterre situé entre les comtés traditionnels du Yorkshire au nord, et du Lincolnshire au sud.</ref> à la Gascogne<ref>La Gascogne était au Haut Moyen Âge une principauté du sud-ouest de la France.</ref> et du centre de l'Irlande à l'Auvergne<ref name="maurell-2004">Martin Aurell, ''L'Empire des Plantagenêt, 1154-1224'', Perrin (Paris), 2004, p. 9-31</ref>{{,}}<ref name="jfavier-2004">Jean Favier, ''Les Plantagenêts : Origine et destin d'un empire'', Fayard (Paris), 2004</ref>{{,}}<ref name="vm19-2010" />.


Pour désigner cet espace on utilise soit l'appellation « Empire Plantagenêt » soit l'appellation « Empire angevin <ref>''L'Empire des Plantagenêt'' de Aurell, ''op. cit.'', p. 10</ref>». Cet empire est pour un demi-siècle le plus puissant ensemble européen<ref name="vm19-2010" />.
Pour désigner cet espace on utilise soit l'appellation « Empire Plantagenêt » soit l'appellation « Empire angevin <ref>''L'Empire des Plantagenêt'' de Aurell, ''op. cit.'', p. 10</ref>». Cet empire est pour un demi-siècle le plus puissant ensemble européen<ref name="vm19-2010" />.
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Henri II marque de son empreinte la région angevine : sans cesse il fortifie ses châteaux, embellit les villes, construit un pont à Chinon, construit le monastère de Chartreux, et dote richement l'[[Abbaye de Fontevraud]] qui sera sa sépulture.
Henri II marque de son empreinte la région angevine : sans cesse il fortifie ses châteaux, embellit les villes, construit un pont à Chinon, construit le monastère de Chartreux, et dote richement l'[[Abbaye de Fontevraud]] qui sera sa sépulture.


La civilisation en Anjou au {{XIIs}} atteint un niveau brillant. On y trouve de grandes abbayes : Saint-Aubin, Saint-Serge, Saint-Nicolas, le Ronceray, etc. C'est à cette époque que Robert d'Arbrissel<ref group="N">Réformateur religieux et itinérant, [[Abbaye de Fontevraud|Robert d'Arbrissel]] (1047-1117) se retrouve à la tête d'un groupe de plusieurs centaines de personnes, à majorité féminine. Après avoir sillonné l'Anjou, le Maine et la Normandie, en 1101, il installe sa communauté mixte, en Anjou, au fond du vallon de Fontevraud.</ref> fonde l'abbaye et l'ordre de Fontevraud<ref name="jboussard-1951">Jacques Boussard, ''Histoire de l'Anjou'', dans ''Visages de l'Anjou'', Horizons de France, 1951, p. 58-61</ref>{{,}}<ref name="nedelec-2010" />.
La civilisation en Anjou au {{XIIs}} atteint un niveau brillant. On y trouve de grandes abbayes : Saint-Aubin, Saint-Serge, Saint-Nicolas, le Ronceray, etc. C'est à cette époque que Robert d'Arbrissel<ref group="N">Réformateur religieux et itinérant, [[Abbaye de Fontevraud|Robert d'Arbrissel]] (1047-1117) se retrouve à la tête d'un groupe de plusieurs centaines de personnes, à majorité féminine. Après avoir sillonné l'Anjou, le Maine et la Normandie, en 1101, il installe sa communauté mixte, en Anjou, au fond du vallon de Fontevraud.</ref> fonde l'abbaye et l'ordre de Fontevraud<ref name="jboussard-1951">Jacques Boussard, ''Histoire de l'Anjou'', dans ''Visages de l'Anjou'', coll. ''Provinciales'', Édition des Horizons de France (Paris), 1951, p. 58-61</ref>{{,}}<ref name="nedelec-2010" />.


La vie urbaine se développe, et grâce aux routes mieux entretenues le commerce renaît. La culture de la vigne s'étend à cette époque sur tout l'Anjou<ref group="N">Voir par exemple les [[vins du Layon]].</ref>, et la pêche est une industrie très importante. La monnaie d'Angers est stable et l'[[Maine-et-Loire|Anjou]] joue un rôle important dans l'économie générale de l'Empire<ref name="jboussard-1951" />.  
La vie urbaine se développe, et grâce aux routes mieux entretenues le commerce renaît. La culture de la vigne s'étend à cette époque sur tout l'Anjou<ref group="N">Voir par exemple les [[vins du Layon]].</ref>, et la pêche est une industrie très importante. La monnaie d'Angers est stable et l'[[Maine-et-Loire|Anjou]] joue un rôle important dans l'économie générale de l'Empire<ref name="jboussard-1951" />.  
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Transition du roman au gothique<ref group="N">L'art [[Glossaire#R|roman]] se situe sur une période qui s'étend de 1030 à la moitié du {{XIIs}}, entre l'art préroman et l'art gothique, <br>et l'art [[Glossaire#G|gothique]] se situe sur la fin du Moyen Âge, du {{XIIe}} au {{XIVs}}.</ref>, les [[Gothique angevin|voutes angevines]] ou Plantagenêt sont bombées et sont probablement issues des coupoles d'Aquitaine (influence d'Aliénor d'Aquitaine).
Transition du roman au gothique<ref group="N">L'art [[Glossaire#R|roman]] se situe sur une période qui s'étend de 1030 à la moitié du {{XIIs}}, entre l'art préroman et l'art gothique, <br>et l'art [[Glossaire#G|gothique]] se situe sur la fin du Moyen Âge, du {{XIIe}} au {{XIVs}}.</ref>, les [[Gothique angevin|voutes angevines]] ou Plantagenêt sont bombées et sont probablement issues des coupoles d'Aquitaine (influence d'Aliénor d'Aquitaine).


La voûte angevine présente un profil très bombé (clef de voûte sensiblement plus haute que les doubleaux et les formerets), et est souvent armées de huit nervures toriques qui rayonnent autour d'une clef de voute ronde. Ce voûtement à nervures multiples concerne en Anjou une quarantaine d'édifices<ref name="jboussard-1951" />{{,}}<ref name="nedelec-2010">Philippe et Catherine Nédélec, ''L'Anjou entre Loire et tuffeau'', Éditions Ouest-France, 2010, p. 13-14</ref>.
La voûte angevine présente un profil très bombé (clef de voûte sensiblement plus haute que les doubleaux et les formerets), et est souvent armées de huit nervures toriques qui rayonnent autour d'une clef de voute ronde. Ce voûtement à nervures multiples concerne en Anjou une quarantaine d'édifices<ref name="jboussard-1951" />{{,}}<ref name="nedelec-2010">Philippe et Catherine Nédélec, ''L'Anjou entre Loire et tuffeau'', Éditions Ouest-France (Rennes), 2010, p. 13-14</ref>.


Quelques édifices de style gothique angevin ou comportant des voutes angevines :
Quelques édifices de style gothique angevin ou comportant des voutes angevines :
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:• Jean Flori, ''Aliénor d'Aquitaine, la reine insoumise'', Édition Payot, 2004 (ISBN 978-2-22889-829-4 )
:• Jean Flori, ''Aliénor d'Aquitaine, la reine insoumise'', Édition Payot, 2004 (ISBN 978-2-22889-829-4 )
:• Gérard Denizeau, ''L'Art gothique'', Nouvelles éditions Scala, 2010 (ISBN 978-2-35988-021-2)
:• Gérard Denizeau, ''L'Art gothique'', Nouvelles éditions Scala, 2010 (ISBN 978-2-35988-021-2)
:• Dan Jones, ''Les Plantagenêts'', Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-28612-717-6)
:• Dan Jones, ''Les Plantagenêts'', Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-28612-717-6)
:• Amaury Chauou, ''Les Plantagenêts et leur cour (1154-1216)'', Presses Universitaires de France, 2019 (ISBN 978-2-13082-215-8)
:• Amaury Chauou, ''Les Plantagenêts et leur cour (1154-1216)'', Presses Universitaires de France, 2019 (ISBN 978-2-13082-215-8)
:• Jacques Boussard, ''Le Comté d'Anjou sous Henri II Plantagenêt et ses fils (1151-1204)'', Éditions des régionalismes, 2019 (ISBN 978-2-82400-952-0)
:• Jacques Boussard, ''Le Comté d'Anjou sous Henri II Plantagenêt et ses fils (1151-1204)'', Éditions des régionalismes, 2019 (ISBN 978-2-82400-952-0)