Plantagenêt
Dynastie princière des XIIe et XIIIe siècles, ce nom résonne encore aujourd'hui dans la mémoire collective des Angevins. L'empire des Plantagenêt s'étendit à l'ouest de l'Europe, de l'Écosse aux Pyrénées, durant quelques soixante-dix ans.
L'Empire Plantagenêt
Origine de l'Empire
Les principautés sont la base géographique et politique de l'empire Plantagenêt qui va se sonstituer, et dont l'Anjou en est le départ[1].
En 1128, Geoffroy Plantagenêt[N 1] épouse Mathilde l'Emperesse, la petite fille de Guillaume le Conquérant, héritière de la Normandie et de l'Angleterre. Assumant la charge du comté, après le départ de son père pour l'Orient, Geoffroy poursuit les combats pour assoir l'autorité comtale et reconstruit la palais comtale dans l'ancienne forteresse des comtes d'Anjou. En 1144, il s'empare du duché de Normandie[2].
Leur fils ainé Henri II est à l'origine de l'empire Plantagenêt. Il passe au premier plan en 1131 par son mariage avec la duchesse Aliénor d'Aquitaine. Premier roi d'Angleterre héritier de la maison d'Anjou, il rassemble un grand nombre de territoires, contrôlant un vaste espace atlantique, s'étendant de la Northumbrie[N 2] à la Gascogne[3] et du centre de l'Irlande à l'Auvergne[4],[5],[2].
Pour désigner cet espace on utilise soit l'appellation « Empire Plantagenêt » soit l'appellation « Empire angevin [6]». Cet empire est pour un demi-siècle le plus puissant ensemble européen[2].
L'apogée de l'Empire
Au plus fort de l'Empire, celui-ci est constitué de la partie ouest de l'Irlande, du royaume d'Angleterre, du duché de Normandie, du comté de Bretagne, du comté d'Anjou, du vicomté de Limoges, du comté d'Auvergne et du comté de Gascogne.
Henri II marque de son empreinte la région angevine : sans cesse il fortifie ses châteaux, embellit les villes, construit un pont à Chinon, construit le monastère de Chartreux, et dote richement l'Abbaye de Fontevraud qui sera sa sépulture.
La civilisation en Anjou au XIIe siècle atteint un niveau brillant. On y trouve de grandes abbayes : Saint-Aubin, Saint-Serge, Saint-Nicolas, le Ronceray, etc. C'est à cette époque que Robert d'Arbrissel[N 3] fonde l'abbaye et l'ordre de Fontevraud[7],[8].
La vie urbaine se développe, et grâce aux routes mieux entretenues le commerce renaît. La culture de la vigne s'étend à cette époque sur tout l'Anjou[N 4], et la pêche est une industrie très importante. La monnaie d'Angers est stable et l'Anjou joue un rôle important dans l'économie générale de l'Empire[7].
Face à cet empire, le domaine capétien[N 5] fait piètre figure, et comparée à Angers, Paris passe pour une grosse bourgade[7],[4],[5],[9].
Les Plantagenêt
La dynastie des Plantagenêt[N 6] régna sur cet empire de 1154 à 1399.
Cette dynastie débute avec Geoffroy V d'Anjou (1113-1151), comte d'Anjou et de Touraine (1129-1151), comte du Maine (1129-1151), duc de Normandie (1144-1151), dont le père Foulques V d'Anjou[N 7] rattacha le Maine au comté d'Anjou par mariage.
Henri II d'Angleterre, ou Plantagenêt, (1133-1189) lui succède, et par son mariage avec Aliénor d'Aquitaine[N 8], finit la construction de l'empire Plantagenêt. Henri II sera roi d'Angleterre (1154-1189), duc d'Aquitaine (1152-1189), duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine (1151-1189).
De leur union naît huit enfants, dont Richard Ier (1157-1199) surnommé Cœur de Lion, qui succédera à son père à la tête de l'Empire (duc d'Aquitaine de 1172 à 1199, roi d'Angleterre, duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine de 1189 à 1199), et Jean dit Jean sans Terre (1166-1216), surnommé ainsi car dernier fils, il n'était pas destiné à recevoir de territoires en héritage. Il succède à son frère Richard, mort en 1199 (seigneur d'Irlande de 1177 à 1216, roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine de 1199 à 1202, comte d'Angoulême de 1202 à 1216)[10].
Voutes Plantagenêt
La dynastie Plantagenêt a marqué l'architecture de la région, à l'origine de plusieurs châteaux, prieurés[N 9] et abbayes à la fin du XIIe siècle.
Transition du roman au gothique[N 10], les voutes angevines ou Plantagenêt sont bombées et sont probablement issues des coupoles d'Aquitaine (influence d'Aliénor d'Aquitaine).
La voûte angevine présente un profil très bombé (clef de voûte sensiblement plus haute que les doubleaux et les formerets), et est souvent armées de huit nervures toriques qui rayonnent autour d'une clef de voute ronde. Ce voûtement à nervures multiples concerne en Anjou une quarantaine d'édifices[7],[8].
Quelques édifices de style gothique angevin ou comportant des voutes angevines :
- Ancienne abbaye Saint-Serge d'Angers, voûte angevine du choeur principal de l'église abbatiale, du XIIIe siècle[P 1] ;
- Ruines de l'ancienne abbaye d'Asnière (Cizay-la-Madeleine), voûtes angevines[P 2] ;
- Ancienne abbaye de la Boissière (Dénezé-sous-le-Lude), voûtes angevines[P 3] ;
- Abbaye de Fontevraud (Fontevraud-l'Abbaye), voûtes angevines de la nef et du chœur, du XIIIe siècle[P 4] ;
- Ancienne abbaye Notre-Dame des Fontenelles de La Roche-sur-Yon (Vendée), voûte angevine du transept de l'abbatiale, du XIIIe siècle[P 5] ;
- Ancienne abbaye Saint-Florent (Saint-Florent-le-Vieil), voûte angevine de l'ancien porche de la chapelle du Bon Pasteur, du XIIe siècle[P 6] ;
- Chapelle de la Commanderie de Saulgé-l'Hôpital, ensemble des voûtes angevines du XIIe-XIIIe siècle[P 7] ;
- Chapelle Saint-Jean de Saumur, voûte angevine de la nef du XIIIe siècle[P 8] ;
- Collégiale Saint-Martin d'Angers, voûte angevine de l'abside de la chapelle des Anges, du XIIe-XIIIe siècle[P 9] ;
- Ancienne commanderie des Moulins, Bournand (Vienne), voûte angevine du chapiteau de la chapelle, du XIIIe siècle[P 10] ;
- Ancien hôpital Saint-Jean d'Angers (actuel Musée Jean-Lurçat) ;
- Église d'Aubigné-sur-Layon, voûte angevine du transept[P 11] ;
- Église de Bourgueil (Indre-et-Loire), voûte angevine du XIIe siècle[P 12] ;
- Église Saint-Aignan de Courmemin (Loir-et-Cher), reconstruite au XIIIe siècle en style gothique angevin[P 13] ;
- Église de Cunault (Trèves-Cunault), voûtes angevines des travées de la nef, du XIIe siècle[P 14] ;
- Église de Limeray (Indre-et-Loire), voûtes angevines du chœur, du XIIe siècle[P 15] ;
- Église de Montsoreau, voûtes angevines de la croisée et du chœur, du XIIIe siècle[P 16] ;
- Église du Plessis-Grammoire, voûte angevine du transept du XIIIe siècle[P 17] ;
- Église de Saint-Jean-de-la-Motte (Sarthe), voûtes angevines du XIIe-XIIIe siècle[P 18] ;
- Église Saint-Martin de Seigy (Loir-et-Cher), édifice du XIIIe siècle à nef unique terminée par un chevet plat de style gothique angevin[P 19] ;
- Église de Saint-Lambert-des-Levées (Saumur), ensemble de douze voûtes d'ogives, de type angevin, très bombées[P 20] ;
- Église de Saint-Nicolas de Saumur, voûte angevine de l'ancienne absidiole sud, du XIIe siècle[P 21] ;
- Église du Vieil-Baugé, voûtes angevines du chœur du XIIIe siècle[P 22] ;
- Ancien prieuré de La Jaillette (Louvaines), fondé au XIIe siècle, voûte angevine des travées du chœur[P 23].
Le gothique angevin ou gothique Plantagenêt est une variante de l'architecture gothique classique.
Notes
Sur le même sujet
- • Carte de la maison d'Anjou
- • Bataille de la Roche aux Moines
- • Architecture angevine
- • Gothique angevin
- • anglo-angevin
Bibliographie
- • J. L. M. Nogués (abbé.), A propos des Voûtes Plantagenet - Le fer à hosties de Dampierre-sur-Boutonne
- • Martin Aurell, La cour Plantagenêt (1154-1204), actes du colloque tenu à Thouars du 30 avril au 2 mai 1999, Université de Poitiers, Centre d'études supérieures de civilisation médiévale, 2000
- • Amaury Chauou, L'idéologie Plantagenêt : royauté arthurienne et monarchie politique dans l'espace Plantagenêt, XIIe-XIIIe siècles, Presses universitaires de Rennes, 2001 (ISBN 978-2-86847-583-1)
- • Martin Aurell, Culture politique des Plantagenêt, 1154-1224, actes du colloque tenu à Poitiers du 2 au 5 mai 2002, Centre d'études supérieures de civilisation médiévale, 2003
- • Martin Aurell, L'Empire des Plantagenêt, 1154-1224, Perrin, 2004 (ISBN 978-2-26202-282-2)
- • Jean Favier, Les Plantagenêts : Origine et destin d'un empire, Fayard, 2004 (ISBN 978-2-21362-136-4)
- • Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, la reine insoumise, Édition Payot, 2004 (ISBN 978-2-22889-829-4 )
- • Gérard Denizeau, L'Art gothique, Nouvelles éditions Scala, 2010 (ISBN 978-2-35988-021-2)
- • Dan Jones, Les Plantagenêts, Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-28612-717-6)
- • Amaury Chauou, Les Plantagenêts et leur cour (1154-1216), Presses Universitaires de France, 2019 (ISBN 978-2-13082-215-8)
- • Jacques Boussard, Le Comté d'Anjou sous Henri II Plantagenêt et ses fils (1151-1204), Éditions des régionalismes, 2019 (ISBN 978-2-82400-952-0)
Annotations
- ↑ Geoffroy V d'Anjou (1113-1151) dit le Bel ou Plantagenêt, et surnommé Plantagenêt à cause du brin de genêt qu'il avait l'habitude de porter à son chapeau (cf. Histoire et art de Verry et Marais, op. cit., p. 19).
- ↑ La Northumbrie (latin Northumbria, anglo-saxon Norþanhymbra) désigne les terres qui se trouvent au nord (north) de la rivière Humber.
Le Humber est un grand estuaire maritime de la côte est du Nord de l'Angleterre situé entre les comtés traditionnels du Yorkshire au nord, et du Lincolnshire au sud. - ↑ Réformateur religieux et itinérant, Robert d'Arbrissel (1047-1117) se retrouve à la tête d'un groupe de plusieurs centaines de personnes, à majorité féminine. Après avoir sillonné l'Anjou, le Maine et la Normandie, en 1101, il installe sa communauté mixte, en Anjou, au fond du vallon de Fontevraud.
- ↑ Voir par exemple les vins du Layon.
- ↑ Paris et Orléannais, territoires de Philippe II (1165-1223), dit Philippe Auguste. Capétien, dont la famille a régné en France de 987 à 1848.
- ↑ Plantagenêt étant un nom propre, on ne met pas de « s » à la fin (cf. L'Empire des Plantagenêt de Aurell, op. cit.).
- ↑ Foulques V d'Anjou (1092-1143), dit le Jeune, comte d'Anjou et de Tours, comte du Maine puis roi de Jérusalem.
- ↑ Aliénor d'Aquitaine (1122-1204), dite également Éléonore de Guyenne, se retirera en 1200 à l'abbaye de Fontevraud.
- ↑ Un prieuré est un édifice religieux généralement subordonné à une abbaye plus importante.
- ↑ L'art roman se situe sur une période qui s'étend de 1030 à la moitié du XIIe siècle, entre l'art préroman et l'art gothique,
et l'art gothique se situe sur la fin du Moyen Âge, du XIIe au XIVe siècle.
Sources générales
- ↑ Jean Favier, Les Plantagenêts : Origine et destin d'un empire, Fayard (Paris), 2004, p. 85
- ↑ a b et c Élisabeth Verry et Jean-Luc Marais, Histoire et art, dans Anjou Maine-et-Loire, Christine Botton éditeur (Paris), 2010, p. 19
- ↑ La Gascogne était au Haut Moyen Âge une principauté du sud-ouest de la France.
- ↑ a et b Martin Aurell, L'Empire des Plantagenêt, 1154-1224, Perrin (Paris), 2004, p. 9-31
- ↑ a et b Jean Favier, Les Plantagenêts : Origine et destin d'un empire, Fayard (Paris), 2004
- ↑ L'Empire des Plantagenêt de Aurell, op. cit., p. 10
- ↑ a b c et d Jacques Boussard, Histoire de l'Anjou, dans Visages de l'Anjou, coll. Provinciales, Édition des Horizons de France (Paris), 1951, p. 58-61
- ↑ a et b Philippe et Catherine Nédélec, L'Anjou entre Loire et tuffeau, Éditions Ouest-France (Rennes), 2010, p. 13-14
- ↑ Nathalie Pujo (sous la direction de), Anjou, Guide Évasion, Hachette Tourisme, 2011
- ↑ L'Empire des Plantagenêt de Aurell, op. cit., p. 351-355
Sources architecturales
- ↑ Ministère de la Culture (Jacques Chauliat), Photographies (Mémoire) - église abbatiale, partie droite du choeur principal, voûte angevine (APMH00337671), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûtes angevines (APMH00138254, APMH00138256), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûtes angevines (APMH00138339), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture (Charles Hurault), Photographies (Mémoire) - voûtes angevines de la nef et du choeur (APMH00156789, APMH00156790), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - bras nord du transept de l'abbatiale, voûte angevine (APMH00288846), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture (Charles Hurault), Photographies (Mémoire) - voûte angevine de l'ancien porche de la chapelle du Bon Pasteur (APMH00156776), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - ensemble des voûtes angevines (APMH00156769, APMH00156772), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûte angevine de la nef (APMH00156777), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûte angevine de l'abside de la chapelle des Anges (APMH00156758), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - chapiteau du mur droit sud de la chapelle, voûte angevine (APMH00291601), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Patrimoine architectural (Mérimée) - voûte angevine du bras sud du transept (APMH00156768), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûte angevine du choeur (APMH00154459), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Patrimoine architectural (Mérimée) - église paroissiale Saint-Aignan (IA00012431), 13 mai 2020
- ↑ Ministère de la Culture (Charles Hurault), Photographies (Mémoire) - voûtes angevines des trois premières travées de la nef (APMH00156773, APMH00156774), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûtes angevines du choeur (APMH00156146), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûtes angevines de la croisée et du choeur (APMH00156791), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûte angevine du bras gauche nord du transept (APMH00156764), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûtes angevines du choeur (APMH00156076, APMH00156075), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Patrimoine architectural (Mérimée) - église Saint-Martin (PA00098594), 3 avril 2019
- ↑ Ministère de la Culture (Christian Cussonneau), Patrimoine mobilier (Palissy) - ensemble de 12 voûtes d'ogives de la nef (IM49001531), 27 décembre 2001
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - ancienne absidiole sud, voûte angevine (APMH00156781), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûtes angevines du choeur (APMH00156748, APMH00156747), 23 juillet 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Photographies (Mémoire) - voûte angevine de l'avant dernière travée du choeur (APMH00156740), 23 juillet 2020