Poètes angevins par M. Leclerc - Émile Marchand

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Langue et littérature angevine
Document   Émile Marchand
Auteur   Marc Leclerc
Année d'édition   1922
Éditeur   P. Lefebvre libr.-édit. (Paris)
Note(s)   dans Poètes angevins d'aujourd'hui, essais anthologiques, p. 41-42


Émile Marchand


Au rebours de Pinguet, Emile-René Marchand n'est Angevin ni d'origine, ni d'exclusive inspiration : Né à Saint-Jean-de-Boiseau, dans le Pays Nantais, en 1863, il a acquis droit de cité en Anjou par près de trente ans de collaboration quotidienne au Le Petit Courrier (presse angevine)|Petit Courrier]], où ses chroniques journalières, pleines de bon sens, tirent des événements mondiaux d'utiles leçons de choses. Avant de faire partie de la Presse Angevine, où il ne compte que des sympathies, il avait débuté à Nantes, en publiant dans les principaux journaux de cette ville des chroniques fantaisistes et littéraires ; il a collaboré à diverses revues. Emile Marchand a fait paraître chez l'éditeur parisien L. Vasnier, sous le pseudonyme d'Aymerillot, deux plaquettes de vers : Douceur d'Aimer, et Il Faut Aimer ; il y a aussi fait paraître une étude sur le peintre Henri Picou, l'émule de Gérôme.

« Faites des vers pour vous et vos amis », lui avait dit Coppée ; Marchand a pris si bien à la lettre la parole du Maître, qu'il ne s'est jamais inquiété du sort de ses deux plaquettes, aujourd'hui introuvables, qu'Adolphe Brisson, dans les Annales, avait pourtant appréciées dans les termes les plus louangeurs.

(En collaboration avec quelques amis, il a fait paraître aussi une plaquette intitulée Les Eglantines, honorée d'une préface par Lecomte de Lisle).

La vie a passé, avec ses absorbantes occupations quotidiennes, ses déceptions, ses deuils, ses peines, et le pimpant Aymerillot a laissé choir sa viole enrubannée ; mais on n'est pas impunément poète, et Emile Marchand rime maintenant des chants plus graves, telle cette douloureuse élégie, où saigne la plaie d'un cœur paternel incurablement blessé :

Pour sa fête
Ce matin, dès que l'aube eut azuré les deux,
J'ai pensé qu'aujourd'hui c'était ton jour de fête,
Et, le long des faubourgs encor silencieux,
J'ai suivi pas à pas la route déjà faite.
J'ai parcouru le triste et douloureux chemin
Qui mené vers l'enclos fatal où, tu reposes ;
J'y suis allé tenant un bouquet à la main,
Un bouquet de lys blancs où, se mêlaient des roses.
J'ai cru que tu serais contente, et dans ce jour
Qui pour moi possédait autrefois tant de charmes,
Je t'ai porté mon cœur avec tout son amour,
Je t'ai porté mes yeux avec toutes leurs larmes.
Vers le granit scellé qui te dérobe à moi
Je me suis avancé dans mon affreux martyre,
Et, prosterné pour être encor plus près de toi,
J'ai voulu te parler et n'ai rien pu te dire.
Que t'aurais-je donc dit avec mon cœur brisé
Qui venait te donner le meilleur de lui-même,
Puisqu'il reste pour toi toujours inépuisé,
Et que tous mes sanglots te criaient que je t'aime.
0 mon Dieu ! Je n'ai pas blasphémé contre vous
Parce que j'ai connu la souffrance éternelle,
Parce que je reviens ici d'un pas jaloux,
Et que je m'agenouille en pleurant auprès d'elle.
De lys épanouis et de roses en fleur
J'ai parfumé la tombe sainte, ô ma jolie,
Où j'ai vu, l'autre automne, à travers ma douleur,
Disparaître à jamais ta grâce ensevelie.
Et j'ai repris le triste et pénible chemin.
Regagnant lentement les lares solitaires.
Folle était m,a pensée et vide était ma main.
Et mon cœur en lambeaux saignait le long des pierres.




Extrait de l'ouvrage Poètes angevins d'aujourd'hui, essais anthologiques de Marc Leclerc, Société des artistes angevins, Paul Lefebvre libr.-édit. (Paris), 1922, 134 p.

Marc Leclerc (1874-1946), homme de lettres angevin, créateur des rimiaux, peintre, conférencier, membre de la Société des artistes angevins.

Émile Marchand (1863-19..), journaliste et poète, a aussi utilisé le pseudonyme de Aymerillot pour deux recueils de poésies : Douceur d'aimer et Il faut aimer.


Du même ouvrage : Paul Pionis, Paul Sonniès, René Bazin, Olivier de Rougé, Auguste Pinguet.


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