Magazine L'Illustration du 18 février 1922 - Verre à vin d'Anjou

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Langue et littérature angevine
Document   Le verre à vin d'Anjou
Auteur   Louis Forest
Année d'édition   1922
Éditeur   dans L'Illustration, Paris, éditeur.
Note(s)   Article paru dans le numéro 4120 du 18 février 1922.


Le verre à vin d'Anjou dans L'Illustration du 18 février 1922.

« LE VERRE A VIN D'ANJOU

Les viticulteurs de l'Anjou étaient, depuis longtemps, jaloux. Dans tous les repas qui se respectaient et dans tous les restaurants, il y avait des verres spéciaux pour le bourgogne, le bordeaux, le champagne. L'Anjou n'était point honoré d'une coupe originale. Une telle inégalité ne se pouvait supporter.

En 1914, un grand concours fut offert entre tous les artistes de France pour créer le verre à vin rêvé, et une exposition des projets eut lieu à Angers. La guerre survint qui fit, au lieu de la fortune d'une forme fragile et cristalline, celle du modeste quart à pinard. Mais, quand un projet tient au cœur de tout un pays, la guerre passe, et l'idée reste. Dès le lendemain de l'armistice, on reparlera du verre angevin ; et, à la foire aux vins de 1919, toutes autorités présentes, préfet, maire et président du conseil général, un modèle, entre trois cent, fut primé. Il réunissait toutes les qualités requises pour le concours : forme inédite ; capacité, douze centilitres ; élégance, pas trop de fragilité, facilité de lavage, mise en valeur de l'éclat blond du vin doré.

M. Recouvreur, président de la Société des Amis des Arts d'Angers, avait écrit ces considérations de morale supérieure : « L'Anjou est essentiellement féodal ; une forme altière, aristocratique s'impose. Une ampoule haut montée, avec un regain de modernité, la vague stylisation d'une olfactif une discrète exploration. Il y faut donc une ouverture suffisante, mais un peu resserrée, pour qu, dans le geste d'un toast, on ne risque pas de verser le contenu sur le voisin. »

Dans son rapport de fin de concours, le docteur Maisonneuve a écrit : « Le jury a fait le choix d'un verre à l'allure simple et noble, assez haut monté, dont la tige droite porte une coupe à fond plat et large, d'où les parois s'élèvent en s'inclinant légèrement en dedans, de manière à en rétrécir quelque peu l'orifice. » La forme est volontairement de ligne simple, son rôle étant surtout de mettre en valeur les caractères du vin : sa beauté doit être sobre, le contenant devant modestement s'effacer devant le contenu et ne pas se substituer à lui en attirant sur ses fioritures l'admiration des convives. Le fond large et plat comme une glace est éminemment propre à faire valoir, en même temps que la limpidité du vin, sa belle couleur un peu ambrée qui gagne singulièrement à être vue sous l'odorat...

Le prix fut décerné à M. Louis Mignot, qui est le plus célèbre des vignerons angevins, un animateur régional bien connu, plein de goût, d'imagination, de persévérance et de science.

Des difficultés de fabrication empêchèrent jusqu'à présent le récipient primé de faire son chemin, son chemin de table ; mais aujourd'hui elles sont vaincues, et on commence à voir un peu partout, à Angers et aux environs, le nouveau verre à vin. On pouvait craindre qu'il ne restât qu'idée artiste. Or, il est en train de devenir populaire, et il compte pour la fierté locale.

Ainsi qu'on peut le voir et que le déclare le jury, ce verre est d'une élégance sobre. Souhaitons que tous ceux qui l'auront en mains, doré de vin, sachent garder eux-mêmes ce plaisant équilibre ! »




Texte de l'article « Le verre à vin d'Anjou » par Louis Forest, dans L'Illustration (Paris) du 18 février 1922 (n° 4120), magazine hebdomadaire français publié de 1843 à 1944 (notice BnF). Autres titres du numéro : Le sixième anniversaire de Verdun, l'épopée du bois des Caures, le couronnement de Pie XI, les intérieurs de Paul Thomas, la famine russe vue par Nansen, le concours des voitures à neige, la mort tragique de l'aviateur Joseph Romanet, etc. Louis Forest (1872-1933), pseudonyme de Louis Nathan, écrivain, homme politique, et journaliste-pigiste pour divers journaux dont L'Illustration et Le Figaro.

Sur le même sujet : verre à vin d'Anjou, Vignes et vins d'Anjou de P. Maisonneuve, L'Illustration du 9 février 1918.


Autres périodiques : Affiches d'Angers et de l'Anjou (1773), Affiches et annonces de Saumur (1825), Courrier de Saumur (1849), L'Écho saumurois (1853), Le Monde illustré (1864), Le Parterre (1865), Le Guignol (1866), L'Abeille (1877), Le Bonhomme angevin (1881), Le Choletais illustré (1886), L'entr'acte (1886), Angers Artiste (1888), La Petite Loire (1888), Le journal de Cholet (1891), Le Théâtre illustré (1896), Revue poitevine et du Saumurois (1897), Le Petit Courrier (1911), L'Anjou illustré (1912), L'Illustration (1918), Le Courrier de l'Ouest, L'Anjou agricole, Ouest-France.


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