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« Sorciers en Anjou » : différence entre les versions

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On trouvait des sorciers partout en Anjou : [[Longué-Jumelles|Jumelles]], [[Lasse]], etc. et même à [[Angers]]<ref>''En Anjou, quand 4 liards valaient un sou'', ''op. cit.'', p. 189 et 197</ref>. Ils étaient craints : quand le pain ne levait pas, que les aliments des animaux tournaient, que le beurre ne prend pas, que l'herbe des prés se couvre de taches blanches, c'est sans doute l'œuvre d'un sorcier<ref>André Bendjebbar, ''La Vie quotidienne en Anjou au XVIIIe siècle'', Hachette, 1983</ref>. On accuse les sorciers d'avoir conclu avec l'esprit malin un pacte leur donnant un pouvoir qu'ils emploient<ref>''Anjou : cadre naturel, histoire, art, littérature, langue, économie, traditions populaires'', C. Bonneton, 1985, p. 149 (citant Camille Fraysse père)</ref>.
On trouvait des sorciers partout en Anjou : [[Longué-Jumelles|Jumelles]], [[Lasse]], etc. et même à [[Angers]]<ref>''En Anjou, quand 4 liards valaient un sou'', ''op. cit.'', p. 189 et 197</ref>. Ils étaient craints : quand le pain ne levait pas, que les aliments des animaux tournaient, que le beurre ne prend pas, que l'herbe des prés se couvre de taches blanches, c'est sans doute l'œuvre d'un sorcier<ref>André Bendjebbar, ''La Vie quotidienne en Anjou au XVIIIe siècle'', Hachette, 1983</ref>. On accuse les sorciers d'avoir conclu avec l'esprit malin un pacte leur donnant un pouvoir qu'ils emploient<ref>''Anjou : cadre naturel, histoire, art, littérature, langue, économie, traditions populaires'', C. Bonneton, 1985, p. 149 (citant Camille Fraysse père)</ref>.


{{citation|En l'année 1595 il fust pris grand nombre de sorciers en Anjou ; ils furent jettez en l'eaue pour voir s'ils iroyent au fond ou non, et n'y allant , on les jugeoit estre sorciers, enfin ils furent renvoyez à faute de preuves.}} (J. B. Coulon, 1842<ref>J. B. Coulon, ''Epoques saumuroises ou Esquisses historiques et anecdotiques sur Saumur et ses environs'', Javaud libraire-éditeur, 1842, p. 270</ref>)
{{citation|En l'année 1595 il fust pris grand nombre de sorciers en Anjou ; ils furent jettez en l'eaue pour voir s'ils iroyent au fond ou non, et n'y allant , on les jugeoit estre sorciers, enfin ils furent renvoyez à faute de preuves.}} (Coulon, 1842<ref>J. B. Coulon, ''Epoques saumuroises ou Esquisses historiques et anecdotiques sur Saumur et ses environs'', Javaud libraire-éditeur, 1842, p. 270</ref>)


Les sorciers jetaient des sorts : {{citation|Si dans une ferme le beurre vient à manquer parce que le lait ne crême pas : un sorcier a passé par là et l'a emporté. Pour s'emparer du beurre, voici comment les sorciers s'y prennent : pendant la nuit du premier au deux [[Arbre de mai en Maine-et-Loire au XIXe siècle|mai]], ils traînent une guenille tout autour de la prairie où paissent les vaches, en faisant des invocations. Il n'est pas rare d'entendre un paysan dire : un tel nous a tout volé notre beurre, on n'en fait plus. }} (G. De Launay, 1893<ref>G. De Launay, ''Traditions et superstitions de l'Anjou'' dans ''Revue des traditions populaires'' de la Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris), 8{{e}} année, tome VIII, n° 2, février 1893, [[Dictons et croyances de l'Anjou|p. 94]]</ref>)
Les sorciers jetaient des sorts : {{citation|Si dans une ferme le beurre vient à manquer parce que le lait ne crême pas : un sorcier a passé par là et l'a emporté. Pour s'emparer du beurre, voici comment les sorciers s'y prennent : pendant la nuit du premier au deux [[Arbre de mai en Maine-et-Loire au XIXe siècle|mai]], ils traînent une guenille tout autour de la prairie où paissent les vaches, en faisant des invocations. Il n'est pas rare d'entendre un paysan dire : un tel nous a tout volé notre beurre, on n'en fait plus. }} (De Launay, 1893<ref>G. De Launay, ''Traditions et superstitions de l'Anjou'' dans ''Revue des traditions populaires'' de la Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris), 8{{e}} année, tome VIII, n° 2, février 1893, [[Dictons et croyances de l'Anjou|p. 94]]</ref>)


Ils volaient le beurre : La nuit du 1{{er}} mai est spécialement la nuit des sourciers et des voleurs de beurre. Pour déjouer les maléfices des sorciers qui volaient le beurre, les fermières tiraient leurs vaches dans un pot de cuivre jaune. (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''Vol du beurre'', t. 2 p. 452 et [[Glossaire Verrier et Onillon - volume 2 - page 432|p. 432]]</ref>)
Ils volaient le beurre : La nuit du 1{{er}} mai est spécialement la nuit des sourciers et des voleurs de beurre. Pour déjouer les maléfices des sorciers qui volaient le beurre, les fermières tiraient leurs vaches dans un pot de cuivre jaune. (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''Vol du beurre'', t. 2 p. 452 et [[Glossaire Verrier et Onillon - volume 2 - page 432|p. 432]]</ref>)
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{{citation|A Saint-Paul, les commères croient qu'il suffît de cacher une racine de bryone dans le fumier des étables pour faire crémer le lait, ou plutôt pour rendre impossible le vol du beurre par les sorciers. }} (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''naveau-puant'', t. 2 p. 54</ref>)
{{citation|A Saint-Paul, les commères croient qu'il suffît de cacher une racine de bryone dans le fumier des étables pour faire crémer le lait, ou plutôt pour rendre impossible le vol du beurre par les sorciers. }} (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''naveau-puant'', t. 2 p. 54</ref>)


On se protégeait avec l'herbe aux sourciers : Sorte d'herbe qui a la propriété de végéter encore longtemps une fois détachée de son pied, ainsi nommée parce qu'on croit qu'elle se flétrit quand un sorcier entre dans la maison. (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''Herbes aux sourciers'', t. 1 p. 479 et t. 2 p. 54</ref>) Mais on n'avait rien à craindre d'un sourcier si, lorsqu'on en croisait un, on fermait le poing en repliant le pouce en dedans. (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''Sorciers'', t. 2 p. 503</ref>)
On se protégeait avec l'herbe aux sourciers : Sorte d'herbe qui a la propriété de végéter encore longtemps une fois détachée de son pied, ainsi nommée parce qu'on croit qu'elle se flétrit quand un sorcier entre dans la maison. (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''Herbes aux sourciers'', t. 1 p. 479 et t. 2 p. 54</ref>) Le bâton de [[mêlier]] passait aussi pour empêcher l'influence des sorciers. (Ménière, 1881<ref>Charles Ménière, ''Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes'', dans ''Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire'', Lachèse et Dolbeau, t. XXXVI, 1881, p. 432</ref>) Mais on n'avait rien à craindre d'un sourcier si, lorsqu'on en croisait un, on fermait le poing en repliant le pouce en dedans. (Verrier et Onillon, 1908<ref>Glossaire des parlers de l'Anjou, ''op. cit.'', ''Sorciers'', t. 2 [[Glossaire Verrier et Onillon - volume 2 - page 503|p. 503]]</ref>)


Lorsqu'un maléfice était jeté par un sorcier, on faisait appel au conjureur. (F. Lebrun, {{XVIIe}} et {{XVIIIe}} s.<ref>François Lebrun, ''Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles : Essai de démographie et de psychologie historiques'', Librairie Maloine - Mouton & Co, 1971, p. 405</ref>)
Lorsqu'un maléfice était jeté par un sorcier, on faisait appel au conjureur. (Lebrun, {{XVIIe}} et {{XVIIIe}} s.<ref>François Lebrun, ''Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles : Essai de démographie et de psychologie historiques'', Librairie Maloine - Mouton & Co, 1971, p. 405</ref>)


== Notes ==
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