Sorciers en Anjou
En Anjou, les sorciers étaient désignés au XIXe siècle sous le nom de sourciers[1],[2]. On trouve la trace de ces sorciers dans plusieurs ouvrages.
On trouvait des sorciers partout en Anjou : Jumelles, Lasse, etc. et même à Angers[3]. Ils étaient craints : quand le pain ne levait pas, que les aliments des animaux tournaient, que le beurre ne prend pas, que l'herbe des prés se couvre de taches blanches, c'est sans doute l'œuvre d'un sorcier[4]. On accuse les sorciers d'avoir conclu avec l'esprit malin un pacte leur donnant un pouvoir qu'ils emploient[5].
« En l'année 1595 il fust pris grand nombre de sorciers en Anjou ; ils furent jettez en l'eaue pour voir s'ils iroyent au fond ou non, et n'y allant , on les jugeoit estre sorciers, enfin ils furent renvoyez à faute de preuves. » (Coulon, 1842[6])
Les sorciers jetaient des sorts : « Si dans une ferme le beurre vient à manquer parce que le lait ne crême pas : un sorcier a passé par là et l'a emporté. Pour s'emparer du beurre, voici comment les sorciers s'y prennent : pendant la nuit du premier au deux mai, ils traînent une guenille tout autour de la prairie où paissent les vaches, en faisant des invocations. Il n'est pas rare d'entendre un paysan dire : un tel nous a tout volé notre beurre, on n'en fait plus. » (De Launay, 1893[7])
Ils volaient le beurre : La nuit du 1er mai est spécialement la nuit des sourciers et des voleurs de beurre. Pour déjouer les maléfices des sorciers qui volaient le beurre, les fermières tiraient leurs vaches dans un pot de cuivre jaune. (Verrier et Onillon, 1908[8])
« A Saint-Paul, les commères croient qu'il suffît de cacher une racine de bryone dans le fumier des étables pour faire crémer le lait, ou plutôt pour rendre impossible le vol du beurre par les sorciers. » (Verrier et Onillon, 1908[9])
On se protégeait avec l'herbe aux sourciers : Sorte d'herbe qui a la propriété de végéter encore longtemps une fois détachée de son pied, ainsi nommée parce qu'on croit qu'elle se flétrit quand un sorcier entre dans la maison. (Verrier et Onillon, 1908[10]) Le bâton de mêlier passait aussi pour empêcher l'influence des sorciers. (Ménière, 1881[11]) Mais on n'avait rien à craindre d'un sourcier si, lorsqu'on en croisait un, on fermait le poing en repliant le pouce en dedans. (Verrier et Onillon, 1908[12])
Lorsqu'un maléfice était jeté par un sorcier, on faisait appel au conjureur. (Lebrun, XVIIe et XVIIIe s.[13])
Notes
Sur le même sujet
Sources et annotations
- ↑ Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou, Germain & Grassin, 1908, t. 1er, p. 256
- ↑ Jean Renard, En Anjou, quand 4 liards valaient un sou, Cheminements, 1997, p. 198
- ↑ En Anjou, quand 4 liards valaient un sou, op. cit., p. 189 et 197
- ↑ André Bendjebbar, La Vie quotidienne en Anjou au XVIIIe siècle, Hachette, 1983
- ↑ Anjou : cadre naturel, histoire, art, littérature, langue, économie, traditions populaires, C. Bonneton, 1985, p. 149 (citant Camille Fraysse père)
- ↑ J. B. Coulon, Epoques saumuroises ou Esquisses historiques et anecdotiques sur Saumur et ses environs, Javaud libraire-éditeur, 1842, p. 270
- ↑ G. De Launay, Traditions et superstitions de l'Anjou dans Revue des traditions populaires de la Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris), 8e année, tome VIII, n° 2, février 1893, p. 94
- ↑ Glossaire des parlers de l'Anjou, op. cit., Vol du beurre, t. 2 p. 452 et p. 432
- ↑ Glossaire des parlers de l'Anjou, op. cit., naveau-puant, t. 2 p. 54
- ↑ Glossaire des parlers de l'Anjou, op. cit., Herbes aux sourciers, t. 1 p. 479 et t. 2 p. 54
- ↑ Charles Ménière, Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes, dans Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, Lachèse et Dolbeau, t. XXXVI, 1881, p. 432
- ↑ Glossaire des parlers de l'Anjou, op. cit., Sorciers, t. 2 p. 503
- ↑ François Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles : Essai de démographie et de psychologie historiques, Librairie Maloine - Mouton & Co, 1971, p. 405