Thomson Angers

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Thomson Angers
Logo.
Société Technicolor
Localisation Angers
(Maine-et-Loire, France)
Secteur électronique grand public
Créée en 1957 (fin en 2012)
Notes Thomson Multimédia en 1995
Entreprises de Maine-et-Loire.
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Thomson Angers était un site industriel de productions électroniques implanté à Angers, en Maine-et-Loire. Il comptait 2 800 personnes au début des années 1970.


Activité

C'est l'heure de la décentralisation industrielle, les usines quittent l'Île-de-France pour la province. À Angers, des centaines d'ouvrières sont licenciées par la filature Bessonneau qui est en déclin. La Chambre de commerce et d'industrie décide d'installer la première zone industrielle d'Angers sur le site de la Croix-Blanche, alors constitué de terrains agricoles. Ce contexte favorable séduit la Compagnie française de la société américaine Thomson-Houston (CFTH) qui décide de relocaliser son usine parisienne de production de téléviseurs à Angers. Le secrétaire d'État à la Reconstruction pose la première pierre le 17 juin 1956. La production démarre l'année suivante, en juin 1957, dans cette usine du boulevard Gaston-Birgé d'où sortent des unités de fabrication des électrophones, transistors et rasoirs électriques auxquels s'ajoutent l'année suivante des téléviseurs. Elle compte 450 salariés, effectif qui triple en 1961[1],[2],[3],[4].

C'est la première unité décentralisée de la Région parisienne. Son implantation s'inscrit alors dans un certain regroupement de l'électronique dans l'Ouest. Avec celle-ci, puis l'arrivée quelques temps après de Bull, Angers devient une ville de l'électronique. Thomson y représente le secteur des « biens d'expression » par la fabrication de récepteurs de télévision tandis que Bull fabrique des biens d'équipement comme des ordinateurs[5].

Cette implantation fait du site une usine-phare du groupe mondial durant plusieurs décennies[6]. Après avoir commencé par la fabrication de rasoirs et d'électrophones, l'établissement s'oriente vers l'électronique grand public et se spécialise dans la production de téléviseurs. Dans les années 1970, l'usine produit jusqu'à 300 000 téléviseurs par an. Mais Thomson subit ensuite la concurrence des pays en voie de développement. L'industriel contre-attaque en automatisant sa production et se sépare d'une partie de son personnel. Les 1 850 employés restants en 1981 produisent 550 000 appareils par an. Ce fleuron industriel d'Angers est alors le second constructeur européen après Philips. Les marques de téléviseurs sont à l'époque Thomson, Brandt, Continental-Edison, Pathé-Marconi ou Téléavia[1],[7],[2],[3],[4].

Les déboires se succèdent ensuite. Le groupe Thomson partage ses activités entre deux grands secteurs : l'électronique grand public et les équipements professionnels à vocation militaire. La branche télévision, reprise en 2003 par le groupe d'électronique chinois TCL, disparaît cinq ans plus tard entraînant 253 licenciements. Thomson Angers fabrique encore des cartes électroniques pour des boîtes d'accès à internet, pour des caméras professionnelles ou de surveillance[6], mais l'entreprise est minée par de mauvais choix stratégiques et un fort endettement[8]. Au début des années 2010, l'usine angevine, devenue Technicolor, perd le marché du futur décodeur d'Orange. C'est alors le dernier site de production européen du groupe. L'arrêt de la production, le 11 octobre 2012, marque la fin de cinquante-cinq ans de l'histoire industrielle de Thomson[1],[2],[3],[9],[10].

Dix ans plus tard, le site de 70 000 m2 reste toujours vacant avant que la communauté urbaine Angers Loire Métropole en prenne possession en 2023, de ce qui est devenu une friche industrielle[2],[3],[11],[12].

Actionnaires

L'usine d'Angers est installée par Thomson-Houston, société d'origine américaine. La Compagnie française Thomson-Houston (CFTH) et Hotchkiss-Brandt fusionnent en 1966 pour donner naissance à Thomson-Brandt. Le groupe électronique Thomson (filiale de Thomson-Brandt) et la Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF) se rapprochent en 1968 pour devenir Thomson-CSF. L'entreprise est nationalisée en 1982, puis fusionne avec la société Maugelec à Saint-Pierre-Montlimart, spécialisée dans le montage de sous-ensembles de télévision couleur pour le compte de l'usine d'Angers. Le groupe est organisé en deux pôles : Thomson CSF (qui deviendra Thales), pour la partie électronique professionnelle et de défense, et Thomson-Brandt (futur Thomson Multimédia) pour la partie électronique grand public, dont fait partie Angers. En 1996, l'État recapitalise l'entreprise. L'ensemble est partiellement privatisé en 1998, qui ne compte plus que 1 300 personnes. Thomson Multimédia devient Technicolor en 2010, avant de fermer définitivement deux ans plus tard. La société Technicolor est mise en liquidation judiciaire[1],[2],[3],[4].

Témoignages

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Notes

Sur le même sujet

Grolleau
Artus Meggitt
Bull
Coyard

Sources et annotations

  1. a b c et d Archives patrimoniales de la ville d'Angers (Mairie d'Angers), Fonds de l'entreprise Thomson Angers (84 J 1-147), 2011
  2. a b c d et e Angers Loire Métropole, Thomson, dix ans après la fermeture, 22 avril 2022
  3. a b c d et e Le Courrier de l'Ouest (Chloé Bossard), L'usine Thomson à Angers : zoom sur 55 ans d'une histoire industrielle tourmentée, 4 octobre 2022
  4. a b et c Ouest-France (Jean-Philippe Nicoleau), Angers. L'histoire de Thomson n'a pas été un long fleuve tranquille, 10 juin 2018
  5. Raymond Lazzarotti, L'industrialisation récente de l'agglomération d'Angers. Un aménagement volontaire nécessaire dans l'activité professionnelle angevine : un nouvel espace industriel organisé et l'exemple d'un grand établissement intégré : l'usine Thomson, dans Cahiers du Centre nantais de recherche pour l'aménagement régional, n° 7, 1973, La dynamisation des villes, p. 121-142
  6. a et b Challenges (Christophe Journet), Thomson va fermer son usine d'Angers, 17 octobre 2008
  7. Archives de la ville d'Angers (Sylvain Bertoldi), Chroniques historiques : L'électronique à Angers : naissance d'une vocation, dans Vivre à Angers n° 410, octobre 2017
  8. Le Monde (Cécile Ducourtieux et Laurence Girard), Thomson, une malédiction française, 15 juin 2009
  9. L'usine Nouvelle (Ridha Loukil), Les 40 usines de l'année : Thomson Angers condamnée à fermer, 23 décembre 2012
  10. Le Monde (Mathilde Damgé), Technicolor, fin de l'histoire européenne à Angers, 9 octobre 2013
  11. Les Échos (Emmanuel Guimard), Angers : 30 hectares de ville à requalifier autour de la friche Thomson, 11 janvier 2023
  12. Le Moniteur, Angers : Le site Thomson va renaître, 27 janvier 2023