Dictionnaire Célestin Port/1874 - Tome 1 - Page I
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INTRODUCTION
Tout le territoire, compris aujourd’hui dans le Département de Maine-et-Loire,
ne formait, on peut l’affirmer, dans les temps antiques, qu’une suite
de forêts immenses, au travers desquelles circulait la grande Loire, abordée
pendant des siècles, jusque sur sa rive aplanie vers Nord, par les hautes futaies
des Bois-de-Vallée et de Belle-Poule[1]. Des populations inconnues, vivant de chasse
et de pêche, y erraient, campant à portée des rivages, an confluent des gros
ruisseaux, dans les escarpements du sol crayeux, sans qu’on ait rencontré d’elles
aucune trace, si ce n’est sous Roc-en-Paille, à l’embouchure du Layon, quelques-uns
de ces débris, qui ont fait un renom aux grottes du Périgord. Nul doute qu’en
remontant ces coteaux ou ceux du Thouet, vers Saumoussay, — et le long aussi de la
Moine et de l’Èvre, — vers N.-E. encore, dans les étroites vallées du Couesnon et
de la Marconne, — une recherche sérieuse ne fît dépister nombre de ces refuges primitifs,
qui ont fourni dans d’autres pays, mieux étudiés, de si curieux vestiges[2]. —
Mais c’est déjà une civilisation nouvelle, qu’attestent les foyers de la Pelouse, les poteries
grossières, les haches, les silex taillés en instruments de travail des sépultures de
Brézé[3], du Bois-Brard, des Quinze-Deniers, ces celtæ ou pierres du tonnerre, si
communes dans tous les champs, ces dolmens[4], ces peulvans, ces galgals, qu’une
- ↑ La plupart de ces forêts, aujourd’hui disparues, avaient pris, en se morcelant, des dénominations nouvelles. Il suffit de signaler les seuls vocables antiques, — sur la rive gauche, des forêts de Born, Brignon, le Latay, Leppo, — sur la rive droite, de Bareil, Chandelais, Chambiers, les Echats, Longuenée, Ombrée, Flée, l’Ourzais.
- ↑ V. Courtiller, Observations sur les armes et les campemens des premiers habitants de nos contrées (Saumur, 1855, 3 p. avec une planche, extrait des Mém. de la Soc. Linn. de M.-et-L., t. II. p. 115) ; — Em. Farge, Mémoire sur la découverte faite par lui, à Chalonnes, de cavernes anté-historiques de l’époque des animaux éteints, dans le Congrès archéol. d’Angers, 1871, p. 38-52.
- ↑ La découverte date seulement de 1875, V. aux Additions, t. III.
- ↑ J’ai constaté l’existence, en 1878, — dans un état plus ou moins intact, — de 47 dolmens sur les cnes d’Aubigné, Bagneux, Beaulieu, Beauvau, Broc, Chemellier, Cholet, Corzé, Courchamps, Coutures, Charcé, Dénezé-sous-Doué, Distré, la Ferrière, Jarzé, le Lion-d’Angers, Fontaine-Guérin, Gennes, La Meignanne, Montsoreau, Pontigné, Miré, Rou, St-Georges-des-Sept-Voies, St-Germain-lès-Monffaucon, St-Lambert-la-Potherie, Saumur, Seiches, Soucelles, Thouarcé, le Toureil, les Ulmes ; — de 3 roulers, sur St-Germain-lès-Montfaucon, la Séguinière, Torfou ; — de 4 galgals sur la Séguinière, Distré, Trémentines et Verrie ; — de 4 cromlechs assez incertains à Beaucouzé, Marcé, Martigné-Briant, Montguillon ; — de 81 peulvans, sur les cnes d’Artannes, Bagneux, la Breille, les Cerqueux-de-MauIévrier, Chambellay, Charcé, Cholet, Coron, Cuon, Dénezé-sous-Doué, Echemiré, le Fief-Sauvin, Freigné, Gennes, la Lande-Chasle, Louresse, Luigné, Martigné-Briant, Maulévrier, la Meignanne, Nyoiseau, la Potherie, la Renaudière, St-André-de-la-Marche, Ste-Gemmes-d’Andigné, Salnt-Georges-des-Sept-Voies, Saint-Germain-lès-Montfaucon, St-Macaire-en-Mauges, St-Martin-d’Arcé, St-Michel-du-Bois, la Séguinière, Torfou, le Toureil, la Tour-Landry, Trémentines. — Cf Notice des Monum. celtiques visités dans le Département de Maine-et-Loire par MM. L. M. Réveillère-Lépeaux, J.-B. Leclerc et Pilastre en octobre 1806 (s.l. in-8°, de 35 p.) ; — Godard-Faultrier, Monuments Gaulois de l’Anjou ou Mémoire sur la Topographie celtique du Département de Maine-et-Loire (Angers, Cosnier et Lachèse, in-8° de 136 p., extr. du Répert. archéol. de M.-et-L. 1859-1860). L’auteur, en mentionnant même les monuments détruits, compte en tout seulement 36 dolmens et 39 peulvans.