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Version du 26 janvier 2013 à 08:46

Que reste-t-il du gaulois dans le vocabulaire spécialisé ?


Les rares mots gaulois qui se soient conservés appartiennent surtout au vocabulaire agricole et, par conséquent, au fonds dialectal ou aux domaines spécialisés des cultures et des productions. Parmi celles-ci, il en est une qui a fait la réputation des gaulois au point d’inquiéter sérieusement les romains : la vigne et le vin. Non seulement les gaulois ont inventé la barrique mais les rendements de leurs vignobles ont été tels qu’un grand courant d’importation de ces vins est signalé par Martial et Plutarque vers la fin du 1er siècle. L’Anjou n’est pas en reste même si la Narbonnaise est au premier plan de la production. Les fouilles de Mazières-en-Mauges ont révélé en effet la présence d’amphores romaines et gauloises dès le 1er siècle dans la région.
Rien d’étonnant dès lors à trouver dans le lexique spécialisé de la vigne et du vin quelques mots d’origine celte.


Citons par exemple :

  • GRAVES, n. pl. (XIIe s, lat. pop. *grava d’orig. gaul. « sable, gravier »), nom donné en Bordelais aux dépôts alluviaux de la Garonne, pauvres en calcaires mais riches en quartzites qui retiennent bien la chaleur. Sur la rive gauche de la Garonne, ils ont été drainés au XVIIIe s. pour former, avec de la terre végétale, les terroirs des plus grands crus bordelais. Montaigne évoque au livre I des Essais « le vin de graves ». Dér. : Gravelle, n. f (1120) : en ancien français, ce terme désignait la lie de vin brûlée et, en français moderne, il qualifie le tartre laissé par le vin ou la lie dans les cuves et tonneaux.
  • CHAI, n. m. (XVIe s., gaul. caio : « pierre »), dans le Sud-Ouest : cave pour les vins et les eaux de vie. Cit. de J. Chardonne : « Une faible lumière tombe des petites ouvertures découpées dans le toit et l’on distingue à peine des rangées d’antiques barriques où le cognac mûrit au contact du bois […] ». Dicton : « Le bourgeon de mars/ Remplit les chars/ Celui d’avril/ Le baril/ Celui de mai/ Le chai ».
  • BONDE, n. f. (1373, gaul. *bunda : « base »). C’est l’orifice, au centre d’une des douves du tonneau, destiné à son remplissage et, en même temps, le bouchon qui obture ce trou, appelé aussi bondon, n. m. (1300). D’abord en chiffon, cuir, bois ou liège, les bondes sont maintenant en métal ou en plastique et peuvent se visser pour assurer une étanchéité parfaite. Une soupape permet souvent l’échappement du gaz carbonique. Mais, pendant la fermentation, la bonde reste évidemment ouverte. Citation de Pierre de L’Estoile (Chanson des foulons) : « Nous sommes pourvus de Bondons,/ Fournis de Drapeaux et d’Estouppe ;/ Si quelque vaisseau se détoupe/ Gentiment nous le rebondons ». Dicton : « A la bonne Dame de septembre,/ Bonde ton vin et prends ta lampe ».
  • TANIN, n. m. (1797, dér. de tan, XIIIe s., gaul *tann- « chêne »). L’écorce du chêne qui a été employée très tôt pour la préparation du cuir a donné son nom à la substance contenue dans de nombreux végétaux qui rend les peaux imputrescibles et fournit aussi des encres. Le tanin du vin, contenu dans la peau et les pépins des raisins lui donne sa couleur, son caractère et sa longévité. Sa teneur est d’autant plus élevée que la fermentation en cuve a été longue. Un excès de tanin confère de l’amertume et de l’astringence aux vins jeunes mais c’est aussi dans le tanin que se trouvent les polyphénols bénéfiques pour le système cardiovasculaire.


Le vin se boit dans un gobelet qui peut prendre plusieurs formes :

  • GOBELET, n. m. (XIIIe s., a. pr. gobel, *gob, gaul *gobbo : « bec, bouche »). Récipient pour boire, généralement sans pied et sans anse ainsi que son contenu. Au Moyen-Age, sous la forme gobet, puis gobelet, il désigne une petite coupe en terre ou en métal. Rabelais en propose une grande variété (Quart Livre, chap. 1 et Cinquiesme Livre, chap. XXXIV) : un potet, un brocq, un bourraquin, un guoubelet de lierre, une brinde, une breusse, une pourtouoire, un barraul, des verres à pied, des cuveulx, retumbes, hanatz, jadaulx, salvernes, taces, gobelets. Ce mot a donné lieu à un dérivé, le verbe gobelotter, v. intr. (1680) qui signifie familièrement « boire » au XVIIe s. Dans le parler local de Châlons, il a pour sens : « se couvrir de verrues, en parlant des feuilles de la vigne ».


Mais on peut aussi y déguster d’autres boissons issues de la production agricole , comme la cervoise ou le cormé :

  • CERVOISE, n. f. (XIIe s., gaul. cervesia : « bière »). Il s’agit d’une bière à base d’orge, sans houblon, mais le terme désigne également, au Moyen-Age, la taverne elle-même où l’on boit la cervoise. Cette boisson a été supplantée au XVe s. par la bière d’importation nordique. Citation du Martyre de Saint Bacchus (1313) : « Que par ses mérites, elle [la vierge] nous accorde chaque jour de boire du meilleur vin, du terroir de son choix, car Geoffroy qui a composé ce dit n’a cure de cidre ni de cervoise tant qu’il a du vin de la vigne ».
  • CORME, n. m. (XIIIe s., dér. de corme, gaul. *corma : « boisson fermentée faite avec des cormes »). Le cormé, jusqu’au XVIe s., désigne le cidre. Mais, par confusion, dans les parlers de l’Ouest de corme avec corne, le mot corme y a pris le sens de « cornouille ».


Notes

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