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Né dans le années 1910, le '''verre à vin d'Anjou''' a une silhouette très particulière, identitaire de la région.
Né dans le années 1910, le '''verre à vin d'Anjou''' a une silhouette très particulière, identitaire de la région. Il est l'objet traditionnel pour déguster le vin blanc liquoreux de Maine-et-Loire.




== Les verres à vin ==
== Les verres à vin ==
À chaque vin, son verre. L'usage des verres se généralise au {{XIXs}}. À la fin du {{XIXe}} apparaît une première distinction de forme entre les verres à pied de Bordeaux et de Bourgogne. Le verre à Bordeaux est effilé, refermé vers l'intérieur, avec une ouverture large. Celui à Bourgogne est de forme arrondie et ouvert vers l'extérieur. Le verre à Champagne est effilé<ref name="illustr">Louis Forest, ''Le verre à vin d'Anjou'', dans ''L'Illustration'' (Paris), n° 4120 du 18 février 1922 ([[Magazine L'Illustration du 18 février 1922 - Verre à vin d'Anjou|lire]])</ref>{{,}}<ref name="vaa">Mairie d'Angers, ''Le premier verre à vin d'Anjou'', dans ''Vivre à Angers'' n° 360, février 2012</ref>{{,}}<ref>Le Figaro, ''Vins rouges : choisir les meilleurs verres'', juin 2012</ref>.
À chaque vin, son verre. L'usage des verres se généralise au {{XIXs}}. À la fin du {{XIXe}}, les grandes régions productrices de vin commencent à avoir leur verre qui portent leur nom. Il apparaît une première distinction de forme entre les verres à pied de Bordeaux et de Bourgogne. Le verre à Bordeaux est effilé, refermé vers l'intérieur, avec une ouverture large. Celui à Bourgogne est de forme arrondie et ouvert vers l'extérieur. Le verre à Champagne est effilé<ref name="illustr">Louis Forest, ''Le verre à vin d'Anjou'', dans ''L'Illustration'' (Paris), n° 4120 du 18 février 1922 ([[Magazine L'Illustration du 18 février 1922 - Verre à vin d'Anjou|lire]])</ref>{{,}}<ref name="vaa">Archives de la ville d'Angers, ''Le premier verre à vin d'Anjou'', dans ''Vivre à Angers'' n° 360, février 2012</ref>{{,}}<ref>Le Figaro, ''Vins rouges : choisir les meilleurs verres'', juin 2012</ref>.


== Le verre à vin d'Anjou ==
== Le verre à vin d'Anjou ==
C'est dans les années 1910 qu'apparait l'idée d'un verre à vin d'Anjou, notamment à l'initiative du viticulteur André Gilles-Deperrière, président de la Société des arts et du comité de Maine-et-Loire pour le Touring-Club de France, propriétaire-récoltant à La Possonière, et du journaliste Raymond Brunet, rédacteur en chef de la ''Revue de viticulture''<ref name="vaa" />{{,}}<ref name="co-28mai2023">Le Courrier de l'Ouest (Sylvain Bertoldi), ''Un verre à vin spécifique à l'Anjou'', journal du 28 mai 2023, p. 7</ref>.
C'est dans les années 1910 qu'apparait l'idée d'un verre à vin d'Anjou, notamment à l'initiative du viticulteur André Gilles-Deperrière, président de la Société des arts et du comité de Maine-et-Loire pour le Touring-Club de France, propriétaire-récoltant à La Possonnière, et du journaliste Raymond Brunet, rédacteur en chef de la ''Revue de viticulture''<ref name="vaa" />{{,}}<ref name="co-28mai2023">Le Courrier de l'Ouest (Sylvain Bertoldi), ''Un verre à vin spécifique à l'Anjou'', journal du 28 mai 2023, p. 7</ref>.


En avril 1914, l'Union des viticulteurs de Maine-et-Loire lance un concours pour la création d'un verre. Il doit être de forme inédite, pas trop fragile, élégant, et mettre en valeur les qualités du vin d'Anjou. Plus de trois cents projets sont présentés, dont beaucoup en provenance du Nord. [[Marc Leclerc]], y présente également son projet. Plus de trois cent projets sont proposés dans la Salle des amis des arts à Angers<ref name="illustr" />{{,}}<ref name="asvsv">Paul Maisonneuve, ''L'Anjou, ses vignes et ses vins'', Impr. du commerce (Angers), 1925, p. 225-238 ([[L'Anjou ses vignes et ses vins de Paul Maisonneuve - p 225|lire]])</ref>{{,}}<ref name="co-28mai2023" />.
{{citation bloc|Les viticulteurs de l'Anjou étaient, depuis longtemps, jaloux. Dans tous les repas qui se respectaient et dans tous les restaurants, il y avait des verres spéciaux pour le bourgogne, le bordeaux, le champagne. L'Anjou n'était point honoré d'une coupe originale. Une telle inégalité ne se pouvait supporter. |''L'illustration'' du 18 février 1922<ref name="illustr" /> }}


Le {{date|30 mai [[1914]]}} le jury retient le projet de [[Louis Mignot]], viticulteur à Rochefort-sur-Loire. Le verre à vin d'Anjou est né. Un comité de patronage est mis en place pour procéder à sa fabrication, mais la Première Guerre mondiale retarde le projet. Le verre est finalement présenté au public en janvier [[1920]] à l'occasion de la 15{{e}} foire aux vins d'Anjou<ref name="illustr" />{{,}}<ref name="asvsv" />{{,}}<ref name=grea">Groupe de recherches ethnologiques de l'Anjou (coord. Janine Brouard), ''Les Vignerons en Anjou dans la première moitié du XXe siècle'', Éd. l'Harmattan (Paris), 1990, p. 32</ref>.
En avril 1914, l'Union des viticulteurs de Maine-et-Loire lance un concours pour la création d'un verre. Il doit être de forme inédite, pas trop fragile, élégant, et mettre en valeur les qualités du vin d'Anjou. Plus de trois cents projets sont présentés, dont beaucoup en provenance du Nord. [[Marc Leclerc]], y présente également son projet. Les projets sont proposés dans la Salle des amis des arts à Angers<ref name="illustr" />{{,}}<ref name="asvsv">Paul Maisonneuve, ''L'Anjou, ses vignes et ses vins'', Impr. du commerce (Angers), 1925, p. 225-238 ([[L'Anjou ses vignes et ses vins de Paul Maisonneuve - p 225|lire]])</ref>{{,}}<ref name="co-28mai2023" />.


{{citation bloc|Le jury a fait le choix d'un verre à l'allure simple et noble, assez haut monté, dont la tige droite porte une coupe à fond plat et large, d'où les parois s'élèvent en s'inclinant légèrement en dedans, de manière à en rétrécir quelque peu l'orifice. |M. Maisonneuve, cité dans ''L'illustration'' du 18 février 1922<ref name="illustr" /> }}
Le {{date|30 mai [[1914]]}} le jury retient celui de [[Louis Mignot]], propriétaire et vigneron à Rochefort-sur-Loire. Le {{nobr|verre à vin d'Anjou}} est né. Un comité de patronage est mis en place pour procéder à sa fabrication, mais la Première Guerre mondiale retarde le lancement. Le verre est finalement présenté au public en janvier [[1920]] à l'occasion de la 15{{e}} foire aux vins d'Anjou<ref name="illustr" />{{,}}<ref name="asvsv" />{{,}}<ref name=grea">Groupe de recherches ethnologiques de l'Anjou (coord. Janine Brouard), ''Les Vignerons en Anjou dans la première moitié du XXe siècle'', Éd. l'Harmattan (Paris), 1990, p. 32</ref>{{,}}<ref name="jjc-2023">Jean-Jacques Chiron (avec Raymond Bois, Jean-Louis Fardeau et Gérard Tremblay), ''Saint-Aubin de Luigné au fil du temps : Histoires et paysages de la « perle du Layon »'', Éditions du Petit Pavé (Brissac-Loire-Aubance), 2023, p. 102-103</ref>.
 
{{citation bloc|Le jury a fait le choix d'un verre à l'allure simple et noble, assez haut monté, dont la tige droite porte une coupe à fond plat et large, d'où les parois s'élèvent en s'inclinant légèrement en dedans, de manière à en rétrécir quelque peu l'orifice. |M. Maisonneuve, cité dans ''L'illustration'' du 18 févr. 1922<ref name="illustr" /> }}


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{{citation bloc|Le vin d'Anjou, le vin blanc de nos riches coteaux, l'un des meilleurs de France, et d'un caractère si spécial, n'avait-il pas droit d'être présenté dans un verre fait pour lui, dans son «verre », qui, mieux que tout autre, mettrait en valeur sa limpidité merveilleuse, ses belles nuances, qui vont du pur cristal à la teinte ambrée et à l'or le plus chaud, et dont le parfum si fin et si délicat ne ressemble à aucun autre. |M. Maisonneuve, dans ''Vignes et vins d'Anjou'', 1925<ref name="asvsv" /> }}


En 1925, sa vente atteint {{unité|100000|exemplaires}}. Cette même année, c'est au tour de la [[bouteille à vin d'Anjou]] d'être créée, fabriquée par les Verreries mécaniques de l'Anjou<ref name="vaa" />{{,}}<ref name="co-28mai2023" />{{,}}<ref name=grea" />.
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Ce verre régional est haut sur pied, simple et élégant, immédiatement reconnaissable avec son fond plat et sa chaînette gravée<ref name="of-23sept2023">Ouest-France (Jean-François Vallée), ''Jugé démodé et peu efficace, le verre à vin d'Anjou ne sera plus fabriqué'', 23 septembre 2023</ref>. En 1925, sa vente atteint {{unité|100000|exemplaires}}. Cette même année, c'est au tour de la [[bouteille à vin d'Anjou]] d'être créée, fabriquée par les Verreries mécaniques de l'Anjou<ref name="vaa" />{{,}}<ref name="co-28mai2023" />{{,}}<ref name=grea" />.
 
Devenu symbole de l'Anjou, il fait partie pendant longtemps des cadeaux de mariage incontournables. À la fin du {{XXs}}, il tombe peu à peu en désuétude. Faute de marché, trop limité localement, la production du verre à vin d'Anjou s'arrête en 2023<ref name="of-23sept2023" />.


== Notes ==
== Notes ==
Bibliographie
:• Henri Raimbault, ''Les Vins d'Anjou et de Saumur'', Impr. S.E.T.I.G. (Angers), 1967
Sur le même sujet
Sur le même sujet
:• [[Bouteille à vin d'Anjou]]
:• [[Bouteille à vin d'Anjou]]

Dernière version du 4 octobre 2024 à 15:56

Né dans le années 1910, le verre à vin d'Anjou a une silhouette très particulière, identitaire de la région. Il est l'objet traditionnel pour déguster le vin blanc liquoreux de Maine-et-Loire.

Page 235 de L'Anjou ses vignes et ses vins de Paul Maisonneuve.


Les verres à vin

À chaque vin, son verre. L'usage des verres se généralise au XIXe siècle. À la fin du XIXe, les grandes régions productrices de vin commencent à avoir leur verre qui portent leur nom. Il apparaît une première distinction de forme entre les verres à pied de Bordeaux et de Bourgogne. Le verre à Bordeaux est effilé, refermé vers l'intérieur, avec une ouverture large. Celui à Bourgogne est de forme arrondie et ouvert vers l'extérieur. Le verre à Champagne est effilé[1],[2],[3].

Le verre à vin d'Anjou

C'est dans les années 1910 qu'apparait l'idée d'un verre à vin d'Anjou, notamment à l'initiative du viticulteur André Gilles-Deperrière, président de la Société des arts et du comité de Maine-et-Loire pour le Touring-Club de France, propriétaire-récoltant à La Possonnière, et du journaliste Raymond Brunet, rédacteur en chef de la Revue de viticulture[2],[4].

« Les viticulteurs de l'Anjou étaient, depuis longtemps, jaloux. Dans tous les repas qui se respectaient et dans tous les restaurants, il y avait des verres spéciaux pour le bourgogne, le bordeaux, le champagne. L'Anjou n'était point honoré d'une coupe originale. Une telle inégalité ne se pouvait supporter. »

— L'illustration du 18 février 1922[1]

En avril 1914, l'Union des viticulteurs de Maine-et-Loire lance un concours pour la création d'un verre. Il doit être de forme inédite, pas trop fragile, élégant, et mettre en valeur les qualités du vin d'Anjou. Plus de trois cents projets sont présentés, dont beaucoup en provenance du Nord. Marc Leclerc, y présente également son projet. Les projets sont proposés dans la Salle des amis des arts à Angers[1],[5],[4].

Le 30 mai 1914 le jury retient celui de Louis Mignot, propriétaire et vigneron à Rochefort-sur-Loire. Le verre à vin d'Anjou est né. Un comité de patronage est mis en place pour procéder à sa fabrication, mais la Première Guerre mondiale retarde le lancement. Le verre est finalement présenté au public en janvier 1920 à l'occasion de la 15e foire aux vins d'Anjou[1],[5],[6],[7].

« Le jury a fait le choix d'un verre à l'allure simple et noble, assez haut monté, dont la tige droite porte une coupe à fond plat et large, d'où les parois s'élèvent en s'inclinant légèrement en dedans, de manière à en rétrécir quelque peu l'orifice. »

— M. Maisonneuve, cité dans L'illustration du 18 févr. 1922[1]

« Le vin d'Anjou, le vin blanc de nos riches coteaux, l'un des meilleurs de France, et d'un caractère si spécial, n'avait-il pas droit d'être présenté dans un verre fait pour lui, dans son «verre », qui, mieux que tout autre, mettrait en valeur sa limpidité merveilleuse, ses belles nuances, qui vont du pur cristal à la teinte ambrée et à l'or le plus chaud, et dont le parfum si fin et si délicat ne ressemble à aucun autre. »

— M. Maisonneuve, dans Vignes et vins d'Anjou, 1925[5]

« Ce verre est la simplicité même. Il est constitué par trois lignes droites. Sa beauté est sobre, le contenant devant s'effacer devant le contenu et ne pas se substituer à lui en attirant sur ces fioritures l'admiration des convives. »

— Grands crus et vins de France, sept. 1932[7]

Ce verre régional est haut sur pied, simple et élégant, immédiatement reconnaissable avec son fond plat et sa chaînette gravée[8]. En 1925, sa vente atteint 100 000 exemplaires. Cette même année, c'est au tour de la bouteille à vin d'Anjou d'être créée, fabriquée par les Verreries mécaniques de l'Anjou[2],[4],[6].

Devenu symbole de l'Anjou, il fait partie pendant longtemps des cadeaux de mariage incontournables. À la fin du XXe siècle, il tombe peu à peu en désuétude. Faute de marché, trop limité localement, la production du verre à vin d'Anjou s'arrête en 2023[8].

Notes

Bibliographie

• Henri Raimbault, Les Vins d'Anjou et de Saumur, Impr. S.E.T.I.G. (Angers), 1967

Sur le même sujet

Bouteille à vin d'Anjou
Tire-bouchon cep de vigne
Fête des vins d'Anjou
Viticulture en Anjou

Sources et annotations

  1. a b c d et e Louis Forest, Le verre à vin d'Anjou, dans L'Illustration (Paris), n° 4120 du 18 février 1922 (lire)
  2. a b et c Archives de la ville d'Angers, Le premier verre à vin d'Anjou, dans Vivre à Angers n° 360, février 2012
  3. Le Figaro, Vins rouges : choisir les meilleurs verres, juin 2012
  4. a b et c Le Courrier de l'Ouest (Sylvain Bertoldi), Un verre à vin spécifique à l'Anjou, journal du 28 mai 2023, p. 7
  5. a b et c Paul Maisonneuve, L'Anjou, ses vignes et ses vins, Impr. du commerce (Angers), 1925, p. 225-238 (lire)
  6. a et b Groupe de recherches ethnologiques de l'Anjou (coord. Janine Brouard), Les Vignerons en Anjou dans la première moitié du XXe siècle, Éd. l'Harmattan (Paris), 1990, p. 32
  7. a et b Jean-Jacques Chiron (avec Raymond Bois, Jean-Louis Fardeau et Gérard Tremblay), Saint-Aubin de Luigné au fil du temps : Histoires et paysages de la « perle du Layon », Éditions du Petit Pavé (Brissac-Loire-Aubance), 2023, p. 102-103
  8. a et b Ouest-France (Jean-François Vallée), Jugé démodé et peu efficace, le verre à vin d'Anjou ne sera plus fabriqué, 23 septembre 2023