Gilles de Rais

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Portrait de Gilles de rais.

Gilles de Montmorency-Laval, dit Gilles de Rais (ou de Retz), est un seigneur de la fin du Moyen Âge, compagnon d'armes de Jeanne d'Arc.


Gilles de Rais nait au château de Champtocé au début du XVe siècle, où il est baptisé dans sa chapelle en 1404. On ne possède aucune indication sûre quant à sa date de naissance. Il appartient à l'une des plus des plus influentes familles de ce début du XVe. Il est le fils de Guy II de Montmorency-Laval (dit Guy II de Laval-Rais, seigneur de Blaison, Briollay, Chemellier) et de Marie de Craon[1],[2],[3],[4],[5].

« C'est dans les paisibles travaux d'une éducation soignée que s'élevait le jeune seigneur de Rais, au sein de sa famille ou à la cour des ducs de Bretagne ; et sous les yeux de son père, ses commencements étaient bons et faisaient concevoir de lui de belles espérances. »

— E. Brossard, biographie de G. de Rais, 1886[6].

Ses parents décèdent alors qu'il à onze ans. Orphelin, il est élevé avec son frère René par son grand-père maternel Jean de Craon, qui se désintéresse totalement de leur éducation[1],[4],[3],[5].

À 16 ans, le 30 novembre 1420, il épouse sa cousine Catherine de Thouars, fille de Miles II de Thouars et de Béatrice de Montjean. Le mariage n'est officiellement célébré que deux ans plus tard en l'église Saint-Maurille de Chalonnes-sur-Loire, le 26 juin 1422, après dispense de Rome pour consanguinité. Catherine lui apporte Tiffauges, Pouzauges et Savenay[1],[4].

À la fin de la guerre de Cent Ans, de 1427 à 1435, il conduit des entreprises de reconquête militaire du roi de France, combattant les Anglais au côté de Jeanne d'Arc. Il est notamment le chef de son escorte qui se rend au château de Chinon en 1429, où elle rencontre Charles VII et le convainc de lui confier la libération d'Orléans, assiégée par les Anglais. Il participe ensuite à la bataille des Tourelles et à celle de Patay. Jeanne le désigne pour aller chercher la sainte Ampoule du sacre de Charles VII. Gilles de Rais est ensuite promu maréchal de France le 17 juillet 1429, jour du sacre royal de Charles VII à Reims. Celui-ci lui accorde de pouvoir ajouter à ses armes un semis de fleurs de lys[1],[7],[8],[9],[4],[3],[10].

Il se retire ensuite dans ses terres où il apparaît sous un autre jour. Bien que connu comme l'un des hommes les plus instruits de son temps, il mène une existence luxueuse, prodiguant l'argent pour satisfaire ses caprices[1],[8].

« Il va devenir chenille dans son cocon. Puis la métamorphose maligne accomplie‚ il en sortira‚ et c'est un ange infernal qui déploiera ses ailes. »

— M. Tournier, Gilles et Jeanne, 1983[11].

La voix publique l'accuse bientôt de pratiques des plus odieuses ; on lui impute notamment le meurtre d'un grand nombre de jeunes enfants. Dénoncé par Jean de Malestroit, évêque de Nantes et chancelier du duc de Bretagne, Gilles de Rais est arrêté dans son château de Machecoul. Reconnu coupable par la juridiction inquisitoriale, il est exécuté à Nantes le 26 octobre 1440[1],[8],[4].

Gilles de Rais devient un personnage de légende. La littérature et la tradition orale le donne tantôt en personnage pervers ou diabolique, tantôt en figure héroïque. Il est souvent confondu avec Barbe Bleue des contes de Perrault[12],[13].

Au XIXe siècle, le professeur d'histoire Salomon Reinach expose l'insuffisance de preuves et la singulière concordance des témoignages à charge, obtenus par la torture. Cet essai de réhabilitation est notamment repris au début du XXe par Ludovico Hernandez. Les faits sont encore discutés à la fin du XXe siècle. Un procès en réhabilitation se déroule par exemple en novembre 1992 à Paris au Palais du Luxembourg, qui est remis en cause par des historiens médiévistes[14],[15],[16],[17].

La bibliographie concernant Gilles de Rais est importante et variée. Des dizaines d'ouvrages ont été écrits sur ce personnage par des auteurs très divers ; historiens, journalistes, philosophes, polygraphes, etc. Il a aussi inspiré des textes littéraires ainsi que des œuvres musicales, sans compter son évocation dans des films[18].

Notes

Bibliographie

• Philippe Reliquet, Le Moyen Âge : Gilles de Rais. Maréchal, monstre et martyr, Belfond (Paris), 1982, 288 p. (ISBN 2-7144-1463-X)
• Jacques Heers, Gilles de Rais, coll. Vérités et légendes, Perrin (Paris), 1994, 249 p. (ISBN 2-262-01066-8)

Sur le même sujet

René d'Anjou
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Personnalités angevines

Sources et annotations

  1. a b c d e et f Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. III (N-R), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1989 (2e éd.), p. 383
  2. Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. I (A-C), H. Siraudeau et Cie (Angers), 1965 (2e éd.), p. 634-637 (Champtocé)
  3. a b et c Michel Bertrand, Gilles de Rais, le Saint et le Monstre : Roger Planchon, Tom Lanoye, Classicisme et modernité dans le théâtre des XXe et XXIe siècles, Presses universitaires de Provence (Aix-en-Provence), 2014, p. 233-249
  4. a b c d et e Pierre-Robert Leclerq, Rais, Rays ou Retz Gilles de (1404-1440), Encyclopædia Universalis, 2011-2021
  5. a et b Geo magazine (Charlotte Chaulin), Barbe Bleue : Gilles de Rais, serial killer avant l'heure, 25 janvier 2021
  6. Eugène Bossard, Gilles de Rais maréchal de France dit Barbe-Bleue (1404-1440), Deuxième édition, H. Champion libr.-édit. (Paris), 1886, p. 13
  7. Brice Rabot, Les structures seigneuriales rurales : Bretagne méridionale, XIVe-XVIe, Nouvelle édition, Presses universitaires de Rennes, 2017, p. 79-109
  8. a b et c Molinier Auguste, 4185. Gilles de Rais, maréchal de France, dans Molinier Auguste. Les Sources de l'histoire de France - Des origines aux guerres d'Italie (1494). IV. Les Valois, 1328-1461, A. Picard et fils (Paris), 1904, p. 265-266
  9. Jules Quicherat, Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle, t. 5, Jules Renouard et Cie (Paris), 1849, p. 129
  10. Le Courrier de l'Ouest, Blaison-Saint-Sulpice. Gilles de Rais, seigneur de Blaison et meurtrier, 5 août 2023 (d'après des documents du Sablier, société d'histoire de Blaison-Saint-Sulpice)
  11. Michel Tournier, Gilles et Jeanne, Gallimard (Paris), 1983, p. 40 (cité dans Gilles de Rais, le Saint et le Monstre, op. cit., 1984)
  12. Ouest-France, Rezé. Si Gilles de Rais m'était conté, aux Mardis de l'histoire, 11 janvier 2022
  13. Geo de janvier 2021, op. cit. (Les Contes de ma mère l'Oye, recueil de contes de fées de Charles Perrault paru en 1697)
  14. Reinach Salomon. Le procès de Gilles de Rais dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 48ᵉ année, n° 6, 1904, p. 694-695
  15. Pierre-François Fournier, Le procès inquisitorial de Gilles de Rais, maréchal de France, avec un essai de réhabilitation, par le Dr Ludovico Hernandez, Bibliothèque des curieux (Paris), 1921, dans Bibliothèque de l'école des chartes, 1924, t. 85, p. 170
  16. Le Soir (Jacques Cordy), Le procès de réhabilitation de Barbe Bleue à Paris, Gilles de Rais pas si démonique que ça, 10 novembre 1992
  17. De Gilles de Rais (1405-1440) au Barbe Bleue de Charles Perrault, dans 303 arts, recherches, créations, revue culturelle des Pays de la Loire du Centre d'étude et d'action sociale de la Mayenne (Laval), n° 164 de janvier 2021
  18. Pierre Savy, Le Procès dans l'histoire, l'histoire dans le Procès, dans L'Histoire-Bataille : L'écriture de l'histoire dans l'œuvre de Georges Bataille, Publications de l'École nationale des chartes (Paris), 2006, p. 85-98