Foulques Nerra
Foulques III, dit Foulques Nerra ou Foulques le Noir, est un seigneur angevin du Moyen Âge. Il a marqué l'histoire de l'Anjou par ses conquêtes et l'édification de nombreuses places fortes.
Les conquêtes
Au milieu du Xe siècle, l'Anjou devient définitivement un bien héréditaire de la famille comtale des Ingelgeriens ; noblesse franque ayant établi l'autonomie du comté d'Anjou. Succèdent à Foulques le Roux (Foulques Ier d'Anjou, 870-942), premier comte d'Anjou de 930 à 942, son fils Foulques le Bon (Foulques II d'Anjou, 920-960), puis Geoffroy Grisegonelle (Geoffroy Ier d'Anjou, 938?-987) et ensuite Foulques Nerra (Foulques III d'Anjou, 972?-1040)[1]. Ce dernier est le personnage le plus marquant de la première dynastie des comtes d'Anjou. Sous son règne, la province se fixe dans des limites qui perdureront en grande partie jusqu'à la Révolution[2].
Foulques III d'Anjou, dit Foulques Nerra (« le Noir » en raison de son teint sombre), est le fils du comte d'Anjou Geoffroy Ier d'Anjou et d'Adèle de Vermandois. Il succède à son père en 987 (Moyen Âge), devenant par héritage, comte d'Anjou à 17 ans. Il décide d'agrandir son territoire, alors trop étriqué et trop dispersé. Il réalise un plan dès le début de son règne pour s'assurer la vallée de la Loire, d'une part en direction de la Bretagne et d'autre part en direction de la Touraine. À l'est, il s'attaque au comte Eudes Ier de Blois qui menaçait ses domaines, ravage ses terres jusqu'à Châteaudun, puis se tournant vers l'ouest, il combat le duc de Bretagne Conan Ier et prend Nantes. À l'est, il bâtit en 994 un ouvrage fortifié sur la Loire, le château de Langeais[3],[4],[5].
Au nord, il s'allie ensuite au comte du Maine Herbert Ier Éveille-Chien, construit à l'est près de Tours, la forteresse de Montboyau, prend Saumur et pousse ses conquêtes vers les vallées tourangelles du Cher et de la Loire. Au sud, il s'établit solidement dans les Mauges, intégrant ce territoire au comté d'Anjou[3],[4],[6].
Foulques Nerra passera une grande partie de sa vie en guerres et pèlerinages à Jérusalem. Il parviendra à agrandir son territoire, aux prix de nombreux affrontements, notamment avec Eudes de Blois ou avec son beau-frère, Conan 1er de Rennes qu'il tuera sur le champ de bataille en 992. Il donnera aussi une profonde impulsion à la renaissance du comté. Il restaura l'église Saint-Martin d'Angers, fonda l'abbaye de Beaulieu puis celle de Saint-Nicolas d'Angers. Les monastères, dévastés par les Normands, retrouvèrent leur prospérité[7],[4],[5].
Les constructions
Pour assoir ses conquêtes, Foulques III d'Anjou établit de nombreux châteaux sur son territoire ; la plupart du temps, des fortins opérationnels conçus pour les nécessités de ses campagnes. Les forteresses édifiées permettent le contrôle des territoires. Quand le comte de Blois, vicomte de Tours, installe un château à Chinon, le comte d'Anjou en érige un à Langeais[3],[7],[8]. Quelques-unes des forteresses de Foulques Nerra :
- La forteresse de Baugé, aux confluents du Couasnon et de l'Altrée, bâtie entre 1015 et 1025 pour Foulques Nerra[9] ;
- La forteresse de Bazouges (Château-Gontier, Mayenne)[10] ;
- Le château de Beaufort[11].
- L'édifice fortifié dit la Motte, demeure Villa Carolingienne à La Chapelle-sous-Doué reprise par Foulques Nerra à la fin du XIe siècle[12] ;
- La forteresse de Chaumont[13] ;
- Le château de Durtal, en 1040, pour neutraliser le château de la Flèche et garder un passage sur le Loir[14] ;
- Le château de Faye[13] ;
- Le château fort de Langeais (Indre-et-Loire), bâtit en 994 sur la Loire[3],[15] ;
- Le château de Maulévrier[13] ;
- Le château de Mirebeau-en-Poitou (Vienne)[16] ;
- Le château de Montbazon (Indre-et-Loire), complétant la ligne de ses forteresses sur l'Indre[14],[7] ;
- La forteresse de Montboyau[7],[4] ;
- Le château de Moncontour (Vienne)[13] ;
- Le château de Montfaucon, citadelle établie par Foulques Nerra vers 1026[4] ;
- Le château de Montrésor (Indre-et-Loire)[13] ;
- La forteresse de Montreuil-Bellay, château élevé sur la colline dominant la rivière (ville haute) par Foulques Nerra au moment de ses premiers démélés avec Eudes de Blois[17],[18] ;
- La forteresse de Montrevault, en 1003[19],[4] ;
- Le château de Montrichard (Loir-et-Cher)[20],[4] ;
- Le château de Passavant-sur-Layon, place forte créée par Foulques Nerra dans le premier quart du XIe siècle pour faire face au Poitou[21] ;
- Le donjon avec enceinte sur la butte du Mont-Glaume à Saint-Florent-le-Vieil, par Foulques Nerra vers 1030[22],[4] ;
- Le château fort de Saint-Hilaire-du-Bois, construit par Foulques Nerra vers 1010-1016[23] ;
- Le château de Sainte-Maure[13] ;
- Le château de Semblançay (Indre-et-Loire), donjon de bois élevé à la fin du Xe siècle par Foulques Nerra[24] ;
- Le château de Trèves, en 1020[4].
Le château d'Angers date pour ses parties les plus anciennes des Xe et XIe siècles, du temps des comtes ingelgériens (dont Foulques Nerra)[25].
Autres édifices :
- L'abbaye Saint-Nicolas à Angers, fondée au début du XIe siècle par le comte Foulques Nerra[26] ;
- L'église collégiale Saint-Aubin de Blaison, installée en 1020 par Foulques III, qui accueille quelques années plus tard une communauté de chanoines, des laïcs rémunérés pour assurer par leurs prières, le salut du comte d'Anjou[5] ;
- L'église de Seiches-sur-le-Loir construite au XIe siècle par Foulques Nerra[27] ;
- L'église du prieuré de Bénédictins Notre-Dame Saint-Jouin à Vihiers, dans la première moitié du XIe siècle[28].
Notes
Sur le même sujet
- • Édifices angevins du XIe siècle
- • Empire Plantagenêt
- • René d'Anjou
- • Personnalités angevines
- • Autres personnalités
Bibliographie
- • Alexandre de Salies, Histoire de Foulques-Nerra, comte d'Anjou, d'après les chartes contemporaines et les anciennes chroniques, E. Barassé impr.-libr. (Angers), 1874
- • Jean Sibenaler, Le Faucon noir : Foulques Nerra, 987-1040, Hérault (Maulévrier), 1987
- • Jacques Sigot (ill. de Kkrist Mirror), Foulque Nerra, Éd. CMD (Montreuil-Bellay), 1998 (ISBN 978-2-90982-666-0)
- • Christian Thévenot (avec la collaboration de Frédérique Thévenot), Foulque Nerra, A. Sutton (Saint-Cyr-sur-Loire), 2009 (ISBN 978-2-81380-004-6)
- • Noël-Yves Tonnerre, Foulque Nerra : un grand homme de l'an mil, Éditions Ouest-France (Rennes), 2015 (ISBN 978-2-73736-738-0)
Sources et annotations
- ↑ Wikipédia, Ingelgeriens, mai 2020, d'après Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume, d'Anselme de Sainte-Marie, 1726-1733 (Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, Fol-Lm3-398 A 6)
- ↑ Elisabeth Verry et Jean-Luc Marais, Histoire et art, dans Anjou Maine-et-Loire, Christine Botton éditeur (Paris), 2010, p. 17
- ↑ a b c et d Jacques Boussard, Histoire de l'Anjou, dans Visages de l'Anjou, coll. Provinciales, Édition des Horizons de France (Paris), 1951 p. 56
- ↑ a b c d e f g h et i Célestin Port (révisé par Jacques Levron, Pierre d'Herbécourt, Robert Favreau et Cécile Souchon), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. II (D-M), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1978, 2e éd. (1re éd. 1876), p. 180-181
- ↑ a b et c Le Courrier de l'Ouest, Blaison-Saint-Sulpice. À l'origine du village, la construction de la collégiale par Foulques Nerra, 22 juillet 2023 (d'après des documents du Sablier, société d'histoire de Blaison-Saint-Sulpice)
- ↑ Teddy Véron, L'intégration des Mauges à l'Anjou au XIe siècle, Presses univ. Limoges, 2007, p. 37 et 91
- ↑ a b c et d Marcel Deyres, Les châteaux de Foulque Nerra, dans Bulletin Monumental, tome 132, n° 1, année 1974, p. 7-28
- ↑ Jean Favier, Les Plantagenêts : Origines et destin d'un empire (XIe-XIVe siècle), coll. Texto, Éditions Tallandier (Paris), 2015-2019, p. 39-40
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA00032415), décembre 2004
- ↑ Bertrand de Broussillon, Cartulaire de l'Abbaye de Saint-Aubin d'Angers, tome I, Alphone Picard et fils, 1903, p. 1
- ↑ Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. I (A-C), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1965 (2e éd.), p. 276-277
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA00045547), février 2020
- ↑ a b c d e et f Les châteaux de Foulque Nerra par Deyres, op. cit., p. 9, d'après un texte attribué à Foulque le Réchin (Foulques IV d'Anjou).
- ↑ a et b Alexandre de Salies, Histoire de Foulques-Nerra, Comte d'Anjou, E. Barassé (Angers), 1874
- ↑ Adrien Blanchet, Fouilles exécutées au donjon de Foulques Nerra à Langeais (Indre-et-Loire), dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 74e année, n° 3, 1930, p. 220-231
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA00033215), septembre 2011
- ↑ Josèphe Chartrou-Charbonnel, L'Anjou de 1109 à 1151 : Foulque de Jérusalem et Geoffroi Plantegenêt, Les Presses universitaires de France (Paris), 1928, p. 27
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA00053857), juillet 2011
- ↑ L'Anjou historique, J. Siraudeau (Angers), 1931, p. 134
- ↑ Congrès archéologique de France, A. Picard et fils, 1981, p. 292
- ↑ Ministère de la Culture, Monuments historiques (base Mérimée PA49000023), mai 2020
- ↑ Ministère de la Culture, Monuments historiques (base Mérimée PA00109258), novembre 2019
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA00052413), juin 1990
- ↑ Ministère de la Culture, Monuments historiques (base Mérimée PA00098106), avril 2019
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA49000839), 25 novembre 2009
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA49006641), septembre 2012
- ↑ Ministère de la Culture, Monuments historiques (base Mérimée PA00109357), mai 2019
- ↑ Ministère de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel (base Mérimée IA00052406), juin 1989