Guillaume Poyet

De Wiki-Anjou
Guillaume Poyet
Portrait.
Activités Magistrat et avocat
Période XVIe siècle
Notes Né à Angers
Personnalités de Maine-et-Loire
Personnalités
Loisirs et culture
Agenda
Aide à la rédaction.

Né en Anjou, Guillaume Poyet, est un magistrat et avocat, chancelier de France et le principal rédacteur de l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui instaure la langue française dans les actes publics.


Guillaume Poyet[note 1],[note 2] naît vers 1473[note 3] à Angers[note 4] de Guy Poyet, avocat et échevin, et de Marguerite Hellaut de Vallières. Il a pour frère, Pierre Poyet, qui deviendra notamment échevin et avocat du Roi en la sénéchaussée[1],[2].

Après avoir étudié le droit dans les plus célèbres universités de France, il s'établit avocat dans sa ville natale, qu'il quitte en 1510 pour s'inscrire au barreau du Parlement de Paris. Il prononce sa première plaidoirie en décembre 1512 et devient assez rapidement reconnu et renommé. À lui seul, il plaide plus que ces confrères. Par exemple, pendant l'année judiciaire 1526-1527, il plaide au moins 39 fois (20 au criminel et 19 au civil). Il plaide aussi pour un nombre de grands personnages, dont Louise de Savoie, mère de François Ier, contre le connétable Charles III de Bourbon[1],[3],[4],[5]. Il devient ensuite avocat du roi en 1529, puis président à mortier au parlement de Paris et premier président du parlement de Bretagne. Il est alors sous la protection de Louise de Savoie et de François Ier[1],[2],[5],[6],[7],[8].

« Ce personnage estoit d'une grande eloquence, lumiere & rigueur d'esprit qui le porterent a la charge d'avocat du roy, puis a celle de president au parlement de Paris et es divers emplois importans mesme hors le roiaume & depuis l'eleva à la dignité de chancellier. »

— Actes de la condamnation de Poyet, 1545[9]

Au terme d'une longue carrière juridique, il est nommé chancelier de France le 12 novembre 1538, devenant ainsi le premier personnage du royaume après le roi. Premier magistrat, le chancelier est le chef de la justice, l'inspirateur et le rédacteur de la législation. Guillaume Poyet se distingue grâce à ses qualités de juriste polyvalent. Cette époque a une intense activité législative dans l'ordre judiciaire. Ainsi, l'année suivante, il participe à la promulgation de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, qui porte notamment sur l'emploi du français dans toutes les procédures et qui fait partie d'un ensemble de lois qui construisent alors la France moderne[1],[2],[5],[6].

Signé en août 1539 par le roi, et enregistrée au Parlement de Paris le 6 septembre 1539, ce texte sur le fait de la justice comprend 192 articles. Il touche à plusieurs domaines : compétence des tribunaux ecclésiastiques, règles de la procédure criminelle, réglementation de la question, tenue des registres des baptêmes (origine de l'état civil), etc. Il impose aussi l'usage du français (au lieu du latin) dans la rédaction des actes judiciaires et notariés. C'est le premier acte royal à faire l'objet d'une diffusion massive et organisée dans tout le royaume[10],[11],[12].

L'ordonnance de Villers-Cotterêts fait ainsi du français la seule langue utilisée dans les actes judiciaires du royaume : « Nous voulons d'oresnavant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, […] soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel françois et non autrement »[13]. Ce texte est aussi appelé « la Guillemine » en référence au prénom de Poyet. Il servira de fondement à la procédure criminelle pendant une partie de l'Ancien Régime[6],[14],[15] et reste le plus ancien texte encore en vigueur en France, par ses articles 110 et 111, qui imposent l'usage de la langue française dans la rédaction des actes d'administration et de justice[11],[note 5].

Poyet, qui a prit le parti d'Anne de Montmorency, maréchal puis connétable de France, est mis en disgrâce après avoir participé aux poursuites contre Philippe Chabot, amiral de France dit l'Amiral de Brion, et rival de Montmorency. Ce dernier ayant été réhabilité, François Ier suspend Guillaume Poyet de ses fonctions et le fait arrêter le 2 août 1542 puis emprisonner à la Bastille. Il est ensuite libéré après avoir payé une importante amende. Retiré dans sa maison de Paris, il y meurt le 27 avril 1547[1],[2],[6].

Annexes

Articles connexes

Gilles Ménage
Jean Bodin
Pierre-Paul Lemercier de La Rivière
Benoît Giraud

Notes

  1. Poyet, Guillaume (1473-1548)
  2. À ne pas confondre avec Guillaume Poyet, né en 1974, compositeur de musique.
  3. Né en 1473 selon l'édition révisée du Célestin Port de 1989 (op. cit., selon arch. mun. BB 21, fos 53 et 85) et selon Anjou Maine-et-Loire : Littérature (op. cit.), vers 1473 selon Les conseillers de François Ier (op. cit.), en 1474 selon Vivre à Angers de décembre 1989 (op. cit., selon le témoignage des registres de délibération du conseil de ville).
  4. Né à Angers selon l'édition révisée du Célestin Port de 1989 (op. cit.) et selon Vivre à Angers de décembre 1989 (op. cit.),
    et à Saint-Rémy-la-Varenne selon Les conseillers de François Ier (op. cit.) et Messire Guillaume Poyet, chancelier de France de 1867 (op. cit.).
  5. L'ordonnance de Villers-Cotterêts ne fait pas du français la langue officielle du royaume. Elle fait du français la seule langue utilisée dans les actes judiciaires du royaume.
    C'est avec la Révolution (décret du 2 thermidor an II) que le français commence à s'imposer comme la langue de toute l'Administration : « nul acte public ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire français, être écrit qu'en langue français ».
    En 1975, la loi dite Bas-Lauriol rend l'emploi du français obligatoire dans différents domaines : audiovisuel et commerce, établissements publics, monde du travail (loi n° 75-1349 du 31 décembre 1975 relative à l'emploi de la langue française). Il faut attendre 1992 pour que la Constitution enregistre ce principe : « la langue de la République est le français » (art. 2 de la constitution, loi constitutionnelle n° 92-554 du 25 juin 1992, JORF du 26 juin 1992, p. 8406, art. 1er).

Références

  1. a b c d et e Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. III (N-R), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1989, 2e éd. (1re éd. 1878), p. 308
  2. a b c et d Archives de la ville d'Angers (Sylvain Bertoldi), Guillaume Poyet, auteur de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, Chronique historique dans Vivre à Angers, n° 130, décembre 1989
  3. Armand Parrot, Messire Guillaume Poyet, chancelier de France, E. Dentu libr. (Paris), 1867, p. 1-2
  4. Guillaume Poyet, avocat et chancelier, Thèse pour le doctorat en droit, présentée par Maurice Deubel, Université de Nancy - Faculté de droit, Sté anonyme des imprimeries Géradin (Versailles), 1900, p. 3
  5. a b et c Marie Houllemare, Guillaume Poyet (v. 1473-1548), dans Les conseillers de François Ier, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 365-379
  6. a b c et d Jacques Levron, La vie intellectuelle en Anjou, dans Visages de l'Anjou, Horizons de France (Paris), 1951, p. 94
  7. Jean Foyer, L'Ordonnance de Villers-Cotterêts, dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133ᵉ année, N. 3, 1989, p. 636-646
  8. (en) Guillaume Poyet, dans Encyclopædia Britannica (Chicago, États-Unis), 1998-2023
  9. AN, K 649, 14, fo 176, actes de la condamnation du chancelier Poyet, 1545 (dans Guillaume Poyet (v. 1473-1548) de Marie Houllemare (op. cit.).
  10. Ordonnance de Villers-Cotterêts (août 1539), Encyclopédie Larousse, 2014-2023
  11. a et b Digithèque MJP Université de Perpignan (Jean-Pierre Maury), Ordonnance 188 d'août 1539 (ou « ordonnance de Villers-Cotterêts »), 2020
  12. Geneviève Guilleminot-Chrétien, La diffusion de l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539-1542), dans La Prise de décision en France (1525-1559), Publications de l'École nationale des chartes (Paris), 2008, p. 149-159
  13. Ordonnance du 25 août 1539 sur le fait de la justice, dite ordonnance de Villers-Cotterêts, version en vigueur depuis le 25 août 1539, toujours appliquée par la Cour de cassation.
  14. Georges Cesbron, Littérature, dans Anjou Maine-et-Loire, coll. Encyclopédie Bonneton, Christine Botton éditeur (Paris), 2010, p. 192
  15. Le Courrier de l'Ouest (Pierre-Louis Augereau), Histoire : Guillaume Poyet, l'Angevin oublié qui rédigea l'ordonnance de Villers-Cotterêts, 10 avril 2022