Proverbes d'Anjou par A.-J. Verrier et R. Onillon

De Wiki-Anjou
Langue et littérature angevine
Document   Proverbes angevins
Auteur   Anatole-Joseph Verrier et René Onillon
Année d'édition   1908
Éditeur   Germain et G. Grassin (Angers)
Note(s)   Extrait du Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou


Page 506 du second tome.

506 — FOLK-LORE


XVII — Proverbes (1)


Première série

Ah ! — N'y a point de hâs (haies) ni de bussons (buissons), dit-on à qqn qui use de cette exclamation.
Aide.Ein petit d'aide fait grand bien.
Aimer. — Quand on n'a pas ce que l'on aime,
Il faut aimer ce que l'on a.
— J'aime tout, ren ne m'aime.
Aller. — Faut ben aller comme va le temps.
— Petit à petit, on va loin.
— Les nouvelles vont ben.
Ane. — Ane de nature
Qui n'saurait lire son écriture.
— Faut ben faire l'âne pour avoir du son.
Angevine. — L'Angevine,
La fête à la navine. (Lg.)
N. — C'est à cette époque, 8 septembre, que l'on bine les navets. V. Folk-Lore.
Anoblir. — La trée n'anoblit pas le cochon (ou le gorin). Parodie du vx prov. : Le ventre anoblit.
Apprendre. — C'est apprendre aux jeunes mêles à manger des cenelles. (C.-à-d. : C'est une leçon.)
Apprenti. — Apprenti n'est pas maître.
Araignée. — Araignée du matin — chagrin ;
Araignée du soir — espoir.
Arc en ciel :
Arc-en-ciel du matin
Met la mare au chemin (la casse) ;
L'arc-en-ciel du soir
Est beau à voir. (Bon espoir.) — Lg.
Argent. — L'argent paye tout.
Arriver. — C'est pas le tout de se lever matin
c'est le tout d'arriver à l'heure.
Ascension :
A l'Ascension,
La fille vaut le garçon.
A la Pentecoute,
Alle en vaut quatre coûte à coûte.
Atout — Atout ! il vire de pique ! (Interj. par laquelle on marque les coups reçus dans un pugilat.)
Avaler. — Avale, Picard, c'est des fraises. (Mj.)
Avanger.Pus qu'on se dépêche, moins qu'on avange.
Avartir. — On n'avartit point ceusses qui se brûlent.
— On dit aussi : avertit.
Avenir. — Le temps qui est à venir n'est pas passé.
Averti. — Avarti. — Ein bon avarti en vaut deux.
Avoir. — Faut en voir, avant d'en avoir ! (par ex., de l'argent).
Bâilleux. — Ein bon bâilleux en fait bailler sept. (Lg.)

(1) Voir : Proverbes et Dictons rimés de l'Anjou, recueillis et mis en ordre par Aimé de Soland. Angers, Laine frères, 1858, in-12, VIII-188 pages.

Bas (à). — A bas, couvreur, la maison tombe.
Beau. — Y a ren d'si beau
Que d'chier dans l'eau (Mj., Lg.)
— C'est beau la jeunesse qui se porte au bien.
— C'est beau d'être jeune et point lassé.
Bergère. (Bergeronnette.)
Quand la bergère est sus le guéret,
C'est le moment de couvrer (faire les semailles (Lg.)
Bêtise. — Pas de bêtise dans l'eau quand on ne sait pas nager.
— La plus grande bêtise, c'est de fricasser des copeaux dans de la graisse.
Beurre. — Ce n'est pas le tout que des choux, faut du beurre avec.
Bise. — La pluie de bise
Trois jours pisse.
Blaireau. — Tousser. — Puer comme ein blaireau.
Bœufs. — On n'est pas des bœufs ! (N. Depuis qqs années, ce prov. fait florès dans toutes nos campagnes. Sans doute, ceux qui en usent veulent donner à sous-entendre qu'ils savent mieux vivre que leurs bestiaux. Mais certains lourdauds ont bien raison d'avertir de la sorte le public : à les voir, un observateur non prévenu aurait des motifs de croire exactement le contraire. — R. O.) — Je verrais là un refrain de chanson signifiant qu'on ne peut pas travailler autant que ces meveilleux serv'teurs de l'homme. — A. V.
Bon. — Les bons s'en vont, les mauvais restent.
— Tout est bon quand il gèle.
— Par être trop bon, on en devient bête.
Bouée. — Petite bouée, grand frais.
Boulanger. — N'y a pus de police, tout le monde boulange.
Bourcatin. — Bourcatin,
Le diable le teint,
La chaîne au cou.
Le diable le secoue. (Lg.)
Brave. — N'y a ren de pus brave qu'un poltron échauffé.
Breuyer. — Ça me breuye dans le vent(r)e :
C'est la foire qui détrempe.
Brouillard. — Autant de brouillards en mars, autant de gelées en mai.
Brûler. — On n'avertit point ceux qui se brûlent.
— C'est les plus près du feu qui se brûlant. (Lg.)
Caille (pêcher la). — V. Gloss.
Cane. — Il est de l'orîne des canes, bête et méchant.
Carême. — Après le Carême, il n'est pus temps de se mettre marchand.
Carreau.
— Carreau ! (Aux cartes.)
Les pus rouges sont les pus beaux.
— Qui garde carreau n'est jamais capot.
Casser. — A force de tirer, la corde casse.
Causer seul. — C'est les gens de grand esprit qui causent tout seuls. (Lg.)
Cendre. — Il faut manger six boisseaux de cendre pour aller en paradis.
— A Montjean, sept ; au Longeron, un seul suffit.
N. — Le Lg., apparemment, n'est peuplé que de justes.


507 — FOLK-LORE

Chance. — La chance est en l'ar, a tombe sus lus coquins.
Chandeleur. — Quand la Chandeleur est claire,
L'hiver est par derrière ;
Claire ou non,
Y en a toujours en réveston.
— Quand il pieut sus la chandelle,
Il pieut sus la javelle. (Pell.)
— Quand la Chandeleur est trouble.
L'hiver redouble ;
Et quand elle est claire
Le froid est par derrière :
Claire ou non,
Y a toujours ein transon. (Id.)
— Chandeleur, chandelier,
Deuxième jour de février.
— Quand il mouille sus la chandelle.
Il mouille sus la javelle. (Tiercé.)
Changement de fricot met en appétit.
Chantre. — Des gosiers de chantre, ça ne prend point l'eau. — N. Une plaisanterie courante consiste à dire que, pour faire une bonne paire de souliers, il faut mettre comme semelles des langues de femmes, qui sont inusables, et, comme empeignes, des gosiers de chantres, pour la raison ci-dessus énoncée.
Chemin. — Le chemin est de la messe.
Chêne. — C'est où que le chêne tombe qu'il laisse le pus de coupeaux.
Chétif. — N'y a si chétif fagot qui ne trouve sa rôrte. (Prononcez : ch'ti.)
— N'y a si chétif busson qui ne fasse abri.
— C'est chétif avec vauren. (Cf. Tient-main, Margol, Lundi.)
Chevilles. — Autant de trous, autant de chevilles. (Se dit d'un raisonneur qui a réponse à tout.)
Chèvre. — Où la chèvre est attachée, il faut qu'a broute.
Chez. — Ein petit chez soi vaut mieux qu'ein grand chez les autres.
Chien. — Pendant que le chien chie, le loup gangue le bois.
— On ne mène point les chiens à la chasse à coups de bâton.
— Ne faut pas tuer son chien pour eine mauvaise année.
— La viande de chien, c'est lourd.
— Quand on veut faire neyer son chien, on dit qu'il est enragé.
Chieux. — Il vaut mieux regarder un chieux (scieur) qu'un bûcheron, les copeaux ne volent pas si loin.
Choisit. — Qui choisit se trompe.
Choux. — V. Beurre, ci-dessus.
Cloche. — Qui n'entend qu'eine cloche n'entend qu'ein son.
Cochon. — Encore ein cochon de pendu. (Se dit irrévérencieusement du sonneur de cloches, à midi sonnant.)
Cœur. — Cœur qui soupire
N'a pas tout ce qu'il désire.
— Ce qui est fade à la bouche est doux au cœur.
— Cœur. — Les plus malades en meurent.
Commencement. — Y a commencement partout.
Commencer. — N'a pas fait (ou fini) qui commence.
Communauté. — L'âne de communauté
Est toujours mal bâté.
Compter. — Faut jamais compter les œufs au cul de la poule.
— Le bouc mange le blé les oueilles comptées.
N. — Ce vx prov. témoigne que la superstition du nombre caché a dû exister autrefois au Longeron. Toutefois, elle semble avoir disparu. — Pratique superstitieuse qui consiste à dissimuler le nombre exact des bêtes d'un troupeau, des bouillots d'un rucher, etc., pour les préserver des maléfices ou des voleurs. — C'est la méfiance de l'avare : « Comment ! j'ai assez de bien ? Ceux qui l'ont dit en ont menti. Il n'y a rien de plus faux, et ce sont des coquins qui font courir tous ces bruits-là. » (MOLIÈRE, L'Avare, I, 5.) Citat. de JAUBERT. — Cf. le roi David puni pour avoir, par orgueil, fait le dénombrement de ses sujets.
Connaître. — C'est pas au fût qu'on connaît le vin.
Conte. — C'est des contes
A Robart mon oncle.
Content. — C'est pas les pus battus qui sont les pus contents.
Corde. — Faut jamais parler de cordes dans la maison d'un pendu.
Cordonniers. — C'est toujours les cordonniers qui sont les pus mal chaussés.
Coucou. — Il a eine chance de... coucou. — Par atténuation.
Coup. — Le troisième coup fait feu.
— N'faut qu'ein coup pour tuer ein loup.
Courage. — Prenons courage, la peine nous veint.
Couteau. — Perd couteau, perd morceau.
Coutiâ (Couteau). — Qui perd son coutiâ
Perd son morciâ. (Lg.)
Couvrâilles.
— A la Saint-Denis,
Couvrâilles par tous pays ;
— A la Saint-Lucas,
Bonhomme, touche à grands pas ;
— A la Saint-Simon,
Bonhomme, serre ton aduillon. (Lg.)
Couvreur. — A bas, couvreur, la maison tombe.
Cramâillère (Branler la). — V. Gloss.
Croire. — Défunt je crayais
N'était qu'un niais.
Cruche. — Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin le cul illy reste.
Crue. — Eine crue de Vienne, c'est eine potée d'eau renvarsée.
Défendu. — Tout ce qui est fendu n'est pas défendu.
— Ça illi est défendu comme le Pater aux ânes.
Demain. — Y a ein demain.
— Demain est ein sot.
Demande.Queune demande, Monsieur le Curé !
— A sotte demande, point de réponse.
Désirer. — Mort désirée,
Longue durée.
Deux. — Pour se marier, faut être deux.
— Faut être deux pour faire un marché.
Devant. — La première fois va devant.


508 — FOLK-LORE

Diable. — Vaut mieux tuer le diable que le diable vous tue.
— C'est pas aisé de peigner un diable qu'a point de cheveux.
Dieu. — Vaut mieux parler au bon Dieu qu'à ses saints.
Difficile. — C'est toujours les pus sales qui sont les pus difficiles.
Donner. — La pus belle fille du monde ne sarait donner que ce qu'aile a.
— Donne-m'en, je t'en donnerai.
Douce. — Tout « à la douce », comme les marchands de sardines.
Durée. — Temps pommelé et fille fardée,
Ça n'a pas longue durée. (V. Désirer.)
Durer. — Faut ben durer (endurer) ce qu'on ne sarait empêcher.
— Ça ne durera pas, Colas ; manger deux œufs, n'avoir qu'eine poule.
Eglise. — On ne connaît point le monde à la porte de l'église.
Elever. — N'y a point de bête si difficile à élever que le chrétien.
Embarrassé. — N'y a que le joueur d'embarrassé.
Emblayures. — V. Couvrâilles.
En aller (s'). — On ne s'en va pas sus eine jambe. (Se dit après avoir bu un verre de vin.)
Encore. — Encore, c'est un mot de reproche.
— Encore eine fois : je vas te donner mon couteau ! (V. Couteau, au F.-Lore, Croyances.)
Enfants. — Petits enfants, petites peines.
ou Petits enfants, petits tourments ;
Grands enfants, grands tourments.
— Ne faut ren faire devant les enfants.
Ennuyant :
Le vent, la pluie et les parents
Après trois jours sont ennuyants.
Entendre. — Qui mal entend mal répond.
— Qui mal entend mal rapporte.
Errière (Arrière). — Ceux qui sont en errière gagnent tous les sept ans. — Long.
Esprit. — N'y a que les sots qui n'ont point d'esprit.
Etre. — On ne peut pas être et avoir été.
Fade (Amer). — Ce qui est fade à la bouche est doux au cœur.
Faim. — La faim fait tout faire.
Fait. — A donner son fait on perd ses rentes.
Fanfois (François). — Buffe le feu, Fanfois. — Mais, mon père, pas de feu pas de bois ! — Buffe tout de même. (Mj.)
— Fouffe le feu, Fanfois ! Papa le dit, maman le veut. Fouffe. (Lg. )
Fatiquer. — Quand tout travaille, ren ne fatique.
Faute. — J'aime mieux ine faute qu'ein beau joueur.
Femme. — Les femmes, c'est pas du monde. — Femme couchée et bois debout, on ne sait pas ce que ça peut porter. — Ou : Bois debout et femme couchée, ça n'a jamais trouvé son faix.
Fête. — N'y a pas de fête sans octave. (Lg.)
Feu. — N'y a que les méchants qui savent ben faire le feu.
— Qui a besoin de feu en charche.
Feuves. — Sème les feuves quand tu voudras,
Ein mois après tu les reverras.
Février. — Vaut mieux voir un loup enragé
Qu'un homme en chemise en février.
— En février — Bonhomme, fais ton civier.
V. Supplément.
Filer. — Tout gars qui file,
Toute fille qui suble.
Toute poule qui chante le jau
Sont bons à jeter à l'eau.
Ou : Mettent le malheur dans l'aireau.
Fin. — N'y a que la fin de triste.
Finir. — N'a pas fini qui commence.
Foi. — N'y a que la foi qui sauve.
Fois. — N'y a que la première fois de chère.
— Eine fois passe, deux fois lasse, trois fois casse.
— La première fois va devant. (Mj., Lg.)
Force. — Contre la force, pas de résistance. — La force, ç'appartient aux bêtes. (Mj., Lg., Tis.).
Fous. — On envoie toujours les pus fous aux preunes.
— Faut jamais mettre les pus fous au défi.
Galant. — Quand eine fille est mariée, a trouve toujours des galants.
— Les galants des noces, le vent les emporte (Lg.)
Galarne. — Avoir ein œil de bise et l'autre en galarne (loucher).
— Il mangerait ben galarne et tout ce qui en reveint.
Gale (Lg.). — Quand on a la gale, on la gratte :
Quand on ne l'a pas, on l'attrape.
Gangner. — Pour savoir gangner, faut savoir pardre.
Gars (bon) (Mj., Lg.) :
Il est bon gars quand il dort ;
Mais son réveil lui fait tort.
Geouriflée. Giroflée. (Langage des fleurs.) — Geourillée, je te foule aux pieds. (Lg.)
Gorins. — Les gorins n'engraissent pas d'eau claire.
— La trée n'anoblit pas le gorin.
Guerre. — La guerre est ben grande où il ne reste ren.
Haricots. — Sèmes-en en avril et moi en mai,
J'en arai aussitout comme té.
Haut. — Y a des hauts et des bas.
Herbe. — La mauvaise herbe veint toujours bèn.
Heureux. — Heureux qui échappe, malheureux qui est pris, — ou Hureux.
Hiver. — A la saint Pou,
L'hiver se casse le cou,
Ou a se le renoue
A trois nouds. (Lg.)
N. — La saint Pou doit être la saint Paul, le 25 janvier, et cela veut dire : A la saint Paul (?), l'hiver prend fin, ou bien il reprend avec plus de force. Il se casse le cou ou a (elle) se le renoue à trois nœuds.
Huge. — Belle huge n'est pas pain.
Ieun. — Ieun ; autant comme un cochon peut en compter.


509 — FOLK-LORE

Impossible. — N'y a ren d'impossible à l'homme ; ce qu'y n'peut pas faire, il le laisse.
Innocents. — Aux innocents les mains pleines.
Jamais. — Jamais, c'est longtemps !
Jartier. — Mon jartier est tombé, mon galant pense à moi.
Jeunesse. — V. Beau.
Joueur. — N'y a que le joueur d'embarrassé.
Jours. — Y a pus de jours que de semaines.
Juste. — A peu près n'est pas juste.
— N'y a que les justes qui vont au paradis.
— Juste et carré comme la goule d'un four.
— Juste, Auguste !
Langue. — Avec eine langue, on va à Rome, ou : partout.
Lelà. — Oh lelà ! la tête et les bras,
Et le reste du corps est bon à jeter dehors.
Lever (se). — V. Arriver.
— faudra se lever matin
Pour biger le cul à Martin ;
A la haute heure y ara la presse.
(On illi bisera avec les quesses. V. ce mot, plus bas.)
Lieue. — Eine lieue de fait ! (Se dit lorsque quelqu'un laisse tomber sa canne.)
Lilas. — Lilas, je te fous-là.
— Lilas, ma mie est là.
(Langage des fleurs. Lg.)
Lin. — Lin de mars, crais ou ne crais pas,
En mai tu fleuriras.
Longtemps. — Jamais, c'est longtemps !
— On est pu longtemps couché que debout.
Lourd. — N'y a ren de si lourd que la viande de chien.
L'quière. — V. Gloss.
Lundi. — Qui a fait Lundi a fait Mardi. (Qui a fait l'un a fait l'autre. — Jeu de mots. — Syn. Tient-main, Margot, Chétif.)
Maçon. — C'est au pied du mur qu'on connaît le maçon.
Madame. — Appeler une jeune fille : Madame, c'est la retarder de sept ans.
Mai. — V. Mars.
Maigre. — Ein bon coq, c'est toujours maigre.
Mal. — Chacun sent son mal.
— Le mal de l'un ne guérit point celui de l'autre.
— Où est le mal ? A l'hôpital.
Mal de dents. — C'est ein mal qui n'est point plaint.
Maldringue. — Quand la maldringue est sur les poules, le diable les ferait pas pondre.
Malheur. — Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
— Tote fille qui subie,
Tote poule qui chante le jau
Porte malheur dans l'aireau. (Lg.)
Malin. — C'est les pus malins qui attrapent les autres.
Manche. — Entre marchands de balais, on ne regarde pas à ein manche.
Manger. — Mange toujours, tu ne sais pas qui te mangera.
Marchandise. — On a de la marchandise pour son argent.
Marché. — Vaut mieux bon marché que boune marchandise.
— Pour faire ein marché, faut être deux.
— Y a dans les marchés ce que n'on illy met.
Marcit (merci). — Les grands marcit, les chiens en crèvent. (Mj.)
Marde. — La marde trop mâchée n'est pas bonne.
Mardi. — V. Lundi.
Margot. — Pierrot vaut ben Margot. V. Lundi, ci-dessus.
Marichal. — Avant de changer de marichal, faut payer les vieux fers.
Marier. — Pour se marier, faut être deux.
Mariés. — Y en a pus de mariés que de contents.
Mars :
Quand on sort les couettes en mars,
A se regroussissent des trois quarts.
Mais, en mai,
A n'se r'groussissent que de moitié.
— En mars, on couâre ;
En avril, on sommeille ;
Mais, en mai,
Je dormirai malgré té.
— Quand les arbres fleurissent en mars.
Le fruit est rare.
— Quand les grenouilles chantent en mars, a se taisent en avril.
— Le mois de mars
Emporte les trînards. (La Jumellière.)
N. — Trînard, pour Traînard, celui qui est atteint d'une maladie de langueur. V. au Gloss Triner, Entraînassé.
— A la mi-mars,
Le cocu dans les épinards ;
A Notre-Dame de Salut (25 mars).
Il est venu ou ben pardu.
N. — Je n'ai pu savoir si, par : cocu, il faut entendre le pissenlit ou le coucou (primevère), ou le coucou (oiseau). Je crois cependant que c'est de ce dernier qu'il s'agit, à condition d'admettre que Epinards signifie : fourré d'épines. (R. O.)
— Mars le grand.
Le pire de l'an. (Lg.)
— Pour que le mois de mars séje (soit) bon, faut qu'il sèche ses foussés, qu'il les remplie et qu'il les rende comme il les a pris. (Lg.)
V. Folk-Lore. Croyances.
Mauvais. — Les bons s'en vont, les mauvais restent.
— La mauvaise harbe pousse toujours ben.
Mémoire. — Quand on n'a point de mémoire, faut avoir des jambes. (Quand, par ex., on a oublié chez soi qq. objet, il faut retourner le chercher.)
Ménage. — Tout sert dans le ménage, jusqu'au pain et au beurre.
Messe. — On ne connaît pas le monde à la porte de la messe.
Mesure. — En trop et en point, n'y a point de mesure.
Mesurer. — On mesure les autres à son boisseau (à son aune).
Métier. — N'y a point de sot métier, n'y a que du sot monde.
Midi. — Midi, point de soupe !
Mi-Mars. — A la mi-mars.
Le jour et la nuit sont égars.
(Egaux. — Saint-Aubin et Mj.)


510 — FOLK-LORE

Misère. — Que la misère a de monde et que le monde a de misère.
— Douze métiers, trieze misères.
Mode (manière). — Chacun embrasse sa femme à sa mode. (Lg.)
Moine. — Rivière de Cholet.
— A Clisson,
La Moine perd son nom.
Moitié. — Les terres à moitié sont bonnes.
Monde. — V. Messe.
— Les femmes, c'est pas du monde. (Oh !)
— Le monde sont ben méchants.
— La vie du monde est ben sabotée.
Moquer. — Faut jamais se moquer des mal chaussés.
Mordre. — Ça me mord au cul (épreuntes) ; je vas manger de bonne soupe.
Mort. — Mort désirée, longue durée.
— On n'a jamais que d'eine mort à mourir.
— Quand on boit son café debout, on tremble après qu'on est mort. (T.-le-M.) (N. Semble se dire à qqn qui, invité à prendre une tasse de café, la prend debout, parce qu'il est pressé de partir : c'est une invitation à s'asseoir.)
— Quand on boit en mangeant la soupe, on ne voit point après qu'on est mort. (Mj.) — N. Pour la rime (?) on devrait dire : Quand on est mort, on n'y voit goutte.
Morvoux. — Vaut mieux laisser son queneau morvoux que de illi arracher le nez.
Mur. — Mur d'hivar — Mur d'enfar.
V. Maçon.
Muser. — Qui refuse, muse. (Celui qui refuse isque d'attendre longtemps.)
Nageur. — Beau nageur, beau noyeur.
Nau. — A Nau, (les jours s'allongent)
D'un pas de jau ;
A la saint Etienne,
D'une aiguillée de laine. (Lg.)
Nez. — Grand nez n'a jamais déparé beau visage. (Peut-être parce qu'il ne s'y est jamais rencontré. Cependant, c'était le cas de Cléopâtre.)
— Grand nez, belle. (Le reste se siffle.)
Niais. — Défunt J'créyais
N'était qu'ein niais.
(C'est une mauvaise excuse que de dire : Je croyais bien faire, quand on a mal fait. — Les Latins disaient : Errat, qui putat, — c'est se tromper que de croire.)
Nid. — Malheur à l'oiseau qui est né dans un mauvais nid.
Noce. — Faut être à ses noces pour qu'a soyent belles.
— Tout le monde sont riches quand ils vont aux noces.
Noceux. — Faut jamais plaindre les noceux.
Noël. — V. Nau, ci-dessus.
Notaire. — N'y a ren de si char que la sueur de notaire.
Nouvelles. — Les nouvelles vont ben.
Occuper (s'). — Ne t'occupe pas du pot de chambre ; chie toujours dans les draps.
Œufs. — Faut jamais compter les œufs au cul de la poule.
Oreille. — L'oreille drète
On maltraite ;
L'oreille gauche
Porte bonheur à l'autre.
(Lg. — Ce prov. a trait à la croyance suivant laquelle les bourdonnements d'oreille indiquent que l'on est en train de parler de vous en bien ou en mal.)
Outer. — Crapaud pilé, qui m'a donné, qui m'a outé ! (Cela ressemble plutôt à une incantation d'enfants, que je ne m'explique pas.)
Ovrage. — A faire et à défaire, y a toujours de l'ôvrage.
Pailler. — Ebouler son pailler, accoucher.
Relever son pailler, faire ses relevailles.
Pain. — Du pain d'ein jour, du beurre d'eine heure.
— Belle huche n'est pas pain.
— Le pain sec, ça fait les beaux yeux.
V. Gloss.
Paisan. — N'y a ren de pus sot qu'ein paisan qui lit le journal.
— Les paisans — qui ramassant la bouse avec leux dents.
— Les bourcatins — qui la ramassent avec leux mains,
(Lg. — Ce sont quolibets usuels, surtout entre enfants. Cf. Bourcatin, ci-dessus. — Ceux qui habitent les bourgs.) On dit encore : Paisan ! manant, qui ramasse... Cf. Vire-bouse, au Gloss.
Papier. — Le papier souffre tout.
Papillons. — Papillons jaunes,
Bonne femme, quitte tes chausses ;
Papillons blancs.
Bonne femme, quitte tes gants.
Pâques.
— A Pâques, haut ou bas,
Y a toujours des murlauds dans les hâs.
— Entre Pâques et la Pentecoute,
On fait son dessert d'une croûte.
— Pâques, tant haut, tant bas,
Y a toujours des petits marloquiâs.
Paradis. — Pour aller en paradis, faut manger sept boisseaux de cendre.
Parchaude. — La parchaude, c'est la pardrix de la Loire.
Parler. — Faute de parler, on meurt sans confession.
— Quand on parle d'eine bête.
On en voit la tête. (Ou : illi voit.)
— Quand on parle du loup, .
On en voit la quoue. (Mj., Lg.)
Paroles. — Cent paroles n'en valent qu'eune.
— Les paroles sont des fumelles ; les écrits sont des mâles. (T.-le-M.)
Parsil. — Pour avoir de bon parsil, faut être bon menteur.
Payer. — Y en a ben qui doivent et qui ne payent point.
Pays. — Chaque pays, chaque mode.
— Chaque pays fournit de son monde.
Péché. — Péché caché est à demi pardonné.
— N'y a point de pus grand péché que de fricasser des coupeaux dans de la graisse.
Pêcher :
Quand le pêcher fleurit.
Bonne femme, laisse tes fileries.
Quand la pêche est molle,
Bonne femme, prends ta quenoille.
(Le verbe.) Qui prend ein verdon pêche.


511 — FOLK-LORE

Peigner. — On ne peut pas peigner ein diable qui n'a point de cheveux.
Pendu. — V. Gorin, ci-dessus.
Percé. — Ein quart est percé aussi grous qu'eine barrique.
Petit. — Les petits sont toujours les petits.
— Faut être petit avant d'être grand.
— Petit à petit, on va loin.
Peu. — C'est peu de chouse que vout' fille, ma bonne femme. (Donnez-moi vite à souper, que je m'en aille, — ajoute-t-on souvent, un peu énergiquement.)
Piâcher. — La marde trop piâchée n'a pus de goût.
Pidié. — Seigneur, ayez pidié de nous et jetez des pierres aux autres.
Pie. — Eine pie, tant pis ; deux, tant mieux.
Piqua. — Pique, Denis, ta femme enrage. (Au jeu de cartes) Pique, ma fille, tu seras mon gendre. (Lrm.)
Plaire. — Faut être louis d'or pour plaire à tout le monde.
Pianche. — V. Gloss.
Pleume. — Quand on croit voler, la pleume vous tombe.
Poil. — Tout poil, bonne bête.
Poissons. — Tête de carpe, ventre de brème et queue de brochet. (Parties délicates à manger).
Police. — N'y a pus de police, tout le monde boulange. — Ou : N'y a que des polissons.
Poltron. — N'y a ren de pareil qu'ein poltron échauffé.
Pomper. — Pompez, Seigneur, pour les biens de la terre. (C.-à-d. laissez pleuvoir.)
Pot. — Dans les petits pots les bons onguents.
— Dans les vieux pots la bonne soupe.
Pouée. — Les pouées (poux), c'est noble ; les puces, c'est chien. — Que de pouées qui charchent maître ! — N. Ce proverbe est très vieux. Je l'ai entendu de mes arrière-grands-parents. A vrai dire, je ne le comprends pas très bien. Il s'appliquait ironiquement à ceux qui dépensent au-dessus de leurs moyens.
Pouvoir. — Qui ne peut, ne peut.
Premier. — N'y a que la première fois de chère.
— Le premier pris vaut deux.
— Le premier ne compte point, le second fait deux.
Pressés. — Les plus pressés vont devant.
Preune. — On envoyé toujours les plus fous aux prennes. — Prunes.
Prières. — Les prières sont bonnes à l'église. (Lg.) Et ailleurs. (A. V.)
Prime. — La prime vaut deux.
Pris. — Eine sourit' qui n'a qu'ein trou est bentout prise.
— Point vu, point pris.
Promettre et tenir sont deux.
Chouse promise est due.
Prophète. — Qui serait prophète et marchand ferait des affaires.
Pupute (Huppe). — La pupute, c'est la femme au cocu. (Jeu de mots. Lg.)
Quart. — V. Percé, ci-dessus.
Quesse (Cuisse). — V. plus haut. Lever.
Ramoneur. — A bon ramoneur toute cheminée est bonne. (Lg.)
Rapporter. — Le fort rapporte au faible. — Compenser.
Refuse. — Qui refuse muse. V. ci-dessus.
Regarder à. — V. ci-dessus : Manche.
Ren. — De ren, il ne reveint ren.
Renard. — Il est comme le renard, la peau vaut mieux que le charquois. (S.-P.)
Renoncier (désavouer). — Ne faut pas renoncier son cul pour ein pet.
Renouveau. — De renouveau, tout est beau.
Reprocher. — C'est le chaudron qui reproche à la marmite qu'alle a le cul noir.
Reste. — Y a de bons restes.
Retour. — Le retour vaut mieux que les noces.
Revenir. — Quand on s'en cognerait la tête contre les murs, il n'en reveindrait que des bosses.
V. Ren, ci-dessus.
Rhume. — Ein rhume de cul, ça dure sept ans et un carême (ou une quarantaine. — Les deux formes sont usitées. — Se dit pour empêcher de s'asseoir sur l'herbe humide). T.-le-M. — Mj.
Riche. — On est terjous riche à marier, mais pauvre à enterrer. (Lg.)
Risquer. — Qui ne risque ren n'a ren.
Rogations. — Telles les Rogations,
Telles les fenaisons. (Lg.)
Roillard. — (Alyte accoucheur.) Quand il chante en mars, il écoute en mai. (Lg.)
Route. — En route, mauvaise troupe.
Saint-Aubin
— Saint Aubin, prime de mars,
Si je (te) trouve dans mon pré, gare !
Je ne (te) tuerai pas,
Mais je te battrai tant que t'en mourras.
— A la saint Aubin,
Quand la rosée est sur l'ébaupin,
Il n'y a ni foin, ni lin.
Saint-Barnabé. — A la saint Barnabé,
La faux au pré.
— Quand il mouille à la saint Barnabé,
Ça décline de la nanse jusqu'au fond du pénier.
(Il s'agit du vin.)
Saint-Georges.
— Entre Georges et Marquet (saint Marc),
N'y a qu'ein jour seulet.
— Quand il mouille à saint Georges,
Il n'y a ni cerises ni cormes.
Saint-Jean :
— Quand saint Jean est clair et beau,
Il y a pus de vin que d'eau.
— C'est enhuit la Saint-Jean,
Qui quitte sa place la reprend.
Saint Jean doit eine averse ;
S'il ne la donne pas, saint Pierre la déverse.
— Entre juin et juillet,
La Saint-Jean s'y met.
Saint-Laurent :
A la saint Laurent,
La mouche quitte la vache pour la jument.
Saint Martin :
A la saint Martin,
Bonhomme, bonde ton vin. (Lg.)


512 — FOLK-LORE

Saint-Médard. — A la saint Médard,
Bonhomme, bats ton dard ;
A la saint Barnabé,
Bonhomme, fauche ton pré.
Saint-Nicolas. — Qui marie les filles avec les gas.
Saint-Pierre. — C'est anhuit la saint Pierre ;
Qui quitte sa place la perd.
Saint-Sauveur. — Quand il vente le jour de la saint Sauveur (Transfiguration), le grain sera cher : si le vent s'élève le matin, il faut le vendre de bonne heure ; s'il ne s'élève que le soir, il faut le vendre tard.
Saint-Vincent :
A la saint Vincent,
Petit à petit s'en reveint le temps.
(Les jours allongent.)
Sainte-Agathe. — A la sainte Agathe, les pies se marient.
Sainte-Agnès. — Avance, Agnès,
Mérance me presse.
(C'est saint Vincent, dont la fête tombe entre celles de sainte Agnès et de sainte Emérance, qui est censé tenir ce propos.)
Sarviette. — A force d'être sarviette, on devient torchon.
Sauce. — La sauce vaut mieux que le potiron.
Saut. — Ein saut ramène l'autre. (Allusion aux seaux des puits, doubles.)
Sauveur. — Après son Dieu, c'est son sauveur.
Semailles. — V. Couvrailles, ci-dessus.
Servi. — On n'est jamais si ben sarvi que par ses mains.
Si. — Avec des Si, on mettrait Paris en bouteilles
— Si n'est pas sept.
Silence. — Silence,
Que le chat danse !
Soupirer. — Cœur qui soupire
N'a pas tout ce qu'il désire.
Sourd (Salamandre). :
Si le sourd entendait,
Si l'envroille voyait,
Le monde finirait. (Lg.)
Sourit. — Eine sourit' qui n'a qu'ein trou est bentout prise.
Subler. — V. Filer.
Tard. — Vaut mieux tard que point.
Tardif. — Tardif n'a jamais ieu le rang.
Temps. — Le temps est trop haut pour le prendre.
— Faut ben prendre le temps comme il veint.
— Faut ben que le temps se passe.
— Faut le temps pour tout.
— Le temps ranime tout
— Faut donner le temps à la médecine de faire.
— Le temps, c'est pas aisé de le prendre, il est trop haut.
— Le temps qui est à venir n'est pas passé.
— Faut ben aller comme va le temps.
— Temps couvert. Bricard va gangner ses cent sous. (M.j) — Le domestique curé va gangner ses six francs. (Lg.) — N. La tradition rapporte qu'au temps jadis, alors que l'argent n'était pas aussi commeune qu'anuit et où les domestiques de ferme ne gagnaient pas, comme aujourd'hui, des cinquante à soixante pistoles, un nommé Bricard (il y en a encore dans la Varanne de Saint-Georges), s'était gagé aux conditions suivantes : il ne gagnerait rien le jour où le soleil paraissait, mais, les jours de temps couvert, lorsqu'il ne faisait pas la moindre petite rayée de soulé, il gagnerait cent sous, ce qui était une somme pour l'époque. On voit que cette tradition et le proverbe correspondant ont leur pendant au Longeron.
Terre. — Y a de bonnes terres à moitié.
— Les terres à moitié sont bonnes.
Tête. — La tête — C'est le pus haut de la bête.
Grousse tête, point d'esprit.
Tient-main. — La planche vaut ben le tient-main. (S.-A.) — Syn. Lundi, Margot, Chétif.
Tinter. — Y en a qui parlent de moi, les oreilles me tintent.
Tombereau. — Qui mène les tombereaux
Mène son tombeau. (Lg.)
Touche. — Qui touche mouille. — N. Ce prov., très courant, a un sens très énigmatique. Il signifie, entre autres sens : Celui qui boit un coup à un écot paye sa part de l'écot.
Toussaint. — Quelle Toussaint, quel Nau. (Telle, tel.)
— Quand octobre perd sa fin,
La Toussaint veint au matin.
— A la Toussaint, l'hirondelle tombe.
— Velà la Toussaint, on va quier (cueillir) les poires de coudaigre. (A T.-le-M., ces deux prov. signifient que les domestiques de ferme vont toucher leurs gages.)
Tout. — V. Choux.
— C'est pas le tout de se lever matin, faut arriver à l'heure.
Treize, le point de Judas.
Trompe. — Le jeu aime la trompe.
Tromper (se) — N'y a que ceux qui ne font ren qui ne se trompent point.
— Ein homme qui se trompe et ienne femme qui pète, ça fait trompette.
— Vaut mieux se tromper que de s'étrangler.
— Qui choisit se trompe.
Trop aise. — La trop-aise a le cul rond. (Est-ce un jeu de mots sur : trop pèse ?)
Trou. — V. Sourit.
Trouver. — Comme tu feras, tu trouveras. (On prononce : trouvairas. — Cf. Comme on fait son lit on se couche.)
Tué. — Vaut mieux deux blessés qu'ein tué.
Vaisseau. — On fait ben petite part dans grand vaisseau.
Valoir. — La lisière vaut le drap.
Vanter. — Fin qui le fait, sot qui s'en vante.
Veines. — Qui voit ses veines voit ses peines.
Vendredi est toujous le pus beau ou le pus laid. (Mj., Lg.)
Venir. — La queue du chien est ben venue sans l'arrouser. — V. Herbe.
Vent. — Dans l'ousée, y a du vent. (N. — A S.-A., Vern, on émet ironiquement cet aphorisme en parlant d'un vantard. — Jeu de mots : Vent, Vant.)
Vente. — Vaut mieux bonne vente (ou bon marché) que bonne marchandise.
Verdon (Vairon). — Qui prend ein verdon pêche. (T.-le-M.)

513 — FOLK-LORE

Vérité. — La vérité ne passe pas le seuil de la porte. (Prononcer : seil.)
Vie. — La vie du monde est ben sabotée.
Voile. — Quand la voile bat le mât,
Le marinier ne gangne pas.
Voir. — On ne se voit point ! — Traduction libre du : Nosce te ipsum, latin ; du Gnôthi seauton', grec.
Voleur. — Y a point de voleurs,
Y a que de hardis preneurs.
(Ou : voleux, preneux.)
Voyage. — Bon voyage et bon vent ;
La paille au cul, le feu dedans.
Vu-dire. — On va loin pour (par) les vu-dire. (Entendre dire, ouï dire.) Lg. — Les vu-dire vont pus loin que la lune. (Lg.)


Deuxième série

Abernotes. — V. F.-Lore, m.
Amuser (s') (Mj.). — On ne s'amusera pas pus jeunes ! — Pour excuser quelque folie de jeunesse.
Aveugles. — Les aveugles ne jouant poit (ne jouent point) aux cartes. (Lg.) — N. Prov. cher aux patineurs.
Baisé. — On est aussi ben baisé à Saint-Pierre comme en ville. Cf. Mordu. (Choletais.)
Bénisse ( M j.) :
Que le bon Dieu te bénisse !
Qu'il t'fass' le nez comm' j'ai la cuisse.
Bon-gars.
Il est bon gars quand il dort.
Mais son réveil illi fait tort.
Conte. — Des contes à Robert mon oncle !
Entendre (s'). — Entendons-nous et ne mangeons pas le beurre à poignées. (Mj.)
François, le père aux oies. (Mj., Lg.)
Heure perdue. — a qqn qui vous demande l'heure, on répond : L'heure perdue, l'àne la cherche. (Mj.)
Langue. — Avec eine langue, on va partout.
Maître (Lg.). — Vaut mieux user ses souliers à aller voir son maître que son chapeau à le saluer.
Marde (Mj.). — La marde trop mâchée n'est pus bonne.
Métiers. — N'y a point de sots métiers, n'y a que de sot monde.
Moitié. — Les terres à moitié sont bonnes.
Mordu. — On est aussi ben mordu du chien comme de la chienne. Cf. Baisé. (Mj.)
Paroles, Écrits (Lg.). — Les paroles sont des fumelles ; les écrits sont des mâles.
Part. — On fait ben petite part dans grand vaisseau (plat, récipient) (Mj.).
Partir. — On sait ben quand on part, on ne sait pas quand on reveint.
Passer (Mj.). — Ça illi passera avant que ça ne me reprenne, — dit un vieillard en parlant de quelque escapade d'un jeune homme. || Mj. — Ça se passera avant les impôts.
Père. — C'est le père qui est le mâle. (Lg.)
Père et fils. — Quand le Père sera mort, le Fils sera Dieu. V. F.-Lore.
Petit. — Faut être petit avant d'être grand.
Plaisir (Mj.). — On n'a que le plaisir qu'on se donne.
Pleume. — Quand on crait voler, la pleume vous tombe.
Primaud (Mj.). — Primaud n'a jamais ren demandé à Tardiveau. — Sans doute : Les premiers arrivés ... aux retardataires.
Sainte Nitouche (Lg.), qui guérit les chats de la foire !
Saint-Hubert (Lg.) :
A la Saint-Hubert,
Qui quitte sa place la perd.
N. — Plus souvent : Saint Lambert. Cf. saint Pierre.
Saint-Michel. — Saint Michel archange,
Qui galope les anges. (Mj.)
Salade. — Qui brasse la salade la mange. (Lg.)
N. Se dit surtout au jeu de cartes. Revient à dire : Tant pis pour celui qui a fait maldonne. — Correspond aussi au franc. : Comme on fait son lit on se couche.
Sot. — T'es un sot, ta mère t'aime pus.
Tirer. — A force de tirer, la corde casse.
Tonner. — Quand en automne il a tonné.
L'hiver est avorté.
Tuer. — Vaut mieux tuer le diable que le diable vous tue. (Sic., c.-à-d. que d'être tué par lui.) Partout.
Valet (Lg.). — In bon valet n'a jamais laissé périr son maître. Dicton usuel au jeu de cartes.
Venir. — Ça veindra ben : la queue du chien est ben venue sans l'arrouser. (Mj.) — La mauvaise harbe veint toujous ben. (Mj.)
Voir (Mj.). — On ne se voit point ! — Voir la fable de La Fontaine : La Besace.

Supplément

Chauffer (se) (Lg.) :
— Si tu te chauffes à Noël au pailler,
Tu te chaufferas à Pâques au foyer.
Janvier-Février (Lg.). — Janvier dit à Février : Si j'étais en ta place, je ferais crotter les bounes femmes dans le fouyer. (Je les ferais rester au coin du feu.)
Mettre (Dépenser). — Ein petit d'argent est bentout mis. (Mj.)
Niche (Lg.). — In petit chien est le pus fort dans sa niche.
Pieue (Pluie) (Lg.) :
En février,
La pieue vaut du fumier.
Taure. — Aller au marché avec un bodin et s'en revenir avec une taure, — revenir saoul.
Argent :
Ah ! mes chers amis,
Qu'in petit d'argent est bétôt mis ! (Lg.)
Menteux. — Les bouts de la table, c'est la place (piace) aux menteux. (Lg.)
Avril. (Lg.)
Avril, avrillaud,
Anet de la pieue, demain dô chaud.
Canne. — Faut que la canne aille. (Mauvais calembour). Mj.


514 — FOLK-LORE

Désarmer. — On ne désarme pas un bon soldat. — N. On répond de la sorte à l'offre de celui qui, ayant versé à boire une première l'ois, propose de céder son office à un autre.
Femme (Lg.). — Quand le diable peut pas ô faire, il va chercher la femme.
Lire (Mj.).
Ane de nature
Qui ne sarait lire son écriture.
Tête (Mj.) :
— J'ai mal à la tête.
C'est le pus haut de la bête.
— J'ai mal au ventre.
C'est la foire qui détrempe.
Mourir (Mj.). — Il n'en mourra jamais que les pus malades.
Ouvrir (Mj.) :
Attolite portas !
Ovrez la porte, ô ben je la casse !
N. — Allusion aux paroles de l'officiant qui, le dimanche des Rameaux, après la procession faite en dehors de l'église, trouve les portes de celle-ci fermées et les frappe du bâton de la croix en chantant : Attolite portas, principes, vestras.
Sauge (By.) :
Qui a d'ia sauge en son jardin
N'a jamais boésoin d'méd'cin.
Eutrope (Saint), 30 avril. — Chemillé.
A la foir' d'la saint Eutrope,
Les fill' et les gas s'galopent.
N. — Dans cette série, et dans quelques autres du même genre, il y a le plus souvent deux mots principaux ; de là des répétitions inévitables et même nécessaires.




Dictons angevins. Proverbes réunis par Anatole-Joseph Verrier et René Onillon. Extrait du Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l'Anjou : comprenant le glossaire proprement dit des dialogues, contes, récits et nouvelles en patois, le folklore de la province, Germain et G. Grassin (Angers), 1908, tome second — Troisième partie Folk-Lore, XVII - Proverbes, pages 506-514. Publication en deux volumes.

René Onillon (1854-19..), instituteur et écrivain angevin du XIXe-XXe siècle.

Anatole-Joseph Verrier (1841-1920), professeur, journaliste et écrivain du XIXe-XXe siècle.

Voir aussi page I et tome 1.


Sur le même sujet : Proverbes d'Anjou par Aimé de Soland (1858).

Autres documents : Dictons et croyances, Croyances et superstitions, Sorciers, Coutumes, Naissance, Arbre de mai, Mariage, Dictons agricoles, Cris angevins, Moulin à venter, Culture du chou, Proverbes, Chanson sur l'Anjou, Sonnet en angevin.


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