Wiki-Anjou:Rencontres/Notes du 18 février 2017

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Visite du musée de l'ardoise de Trélazé le 18 février 2017.

L'ardoise, son histoire, le travail aux ardoisières, le musée et l'association ont été présentés par Patrick Bilien puis par Alain Roger, respectivement vice-président et président de l'association des Amis de l'Ardoise.

Le schiste et l'ardoise

Le schiste c'est la pierre, l'ardoise c'est le produit finit qui doit faire environ 3 millimètres d'épaisseur. La création de l'ardoise date des XIe et XIIe siècles. Le schiste de moins bonne qualité est utilisé comme matériau de construction, les premiers objets construits avec de la pierre de schistes seraient des urinoirs, on a pu construire également des murs, des dallage, des tables de billard, les ardoises des écoliers, etc.

Origine de la pierre de schiste : au fond des océans se sont déposées des vases argileuses qui se sont transformées en schiste (manque l'étape de transformation) et qui se sont presque mis à la verticale.

Dans une veine, il y a toujours un mur et un toit.

Les ardoisières de Trélazé

Trélazé se situe sur une veine verticale, dont la formation remonterait à 450 ou 500 millions d'années. À Trélazé, on a pu extraire le schiste à fleur de sol.

Autrefois, la ville étaient constitués de plusieurs villages, des hameaux, qui s'étalaient le long de la veine jusqu'aux Justices. La ville a été construite en suivant le filon d'ardoise, c'est pour cela que Trélazé est tout en longueur.

Son ardoise est de qualité car elle est issue d'un schiste très compressé.

On y trouve une cinquantaine de carrières. On trouve sur la commune huit chevalements (= structure métallique) encore en état.

La première carrière de Trélazé, Tire-Poche, a été créée en 1406. En 1898, on dénombrait environ 150 carrières creusées sur 300 hectares. On peut encore en voir une quinzaine aujourd'hui, les autres ont été bouchées. Sur les buttes de bourrier, au-dessus du musée, se trouve la carrière « Le petit pré », qui va à environ 25 à 30 mètres de profondeur. Juste derrière la maison du musée, se trouve la carrière « Le petit bois », à 25 mètres de profondeur.

Le siège social des ardoisières étaient à Angers, c'est pour cela qu'on parle des Ardoisières d'Angers-Trélazé.

Les ardoisières avaient des maisons pour loger leurs ouvriers. Vers 1920, construction de la cité des logements par les ardoisières. Elles ont d'ailleurs créé la 1re société d'HLM : Val de Loire.

La maison du musée (la bouteillerie ?) daterait de la fin du XVIe ou début du XVIIe siècle. Au départ c'était la maison du maître de la carrière, comme en témoigne la présence de pigeonniers sur la maison, signe de richesse à l'époque. Ensuite, il y a eu jusqu'à quatre familles à y habiter.

Les ardoisières avaient sa propre équipe de couvreurs.

Aujourd'hui, il n'y a presque plus d'ardoises à Trélazé, elle ne sert plus que pour les démonstrations.

En 1861, construction de la 1re manufacture allumettes, elle est construite sur les déchets de schiste. Elle ferme en 1982, maintenant, les murs accueillent le musée et la médiathèque. L'ancienne cheminée, qu'on voit encore aujourd'hui dépasser, est appelée « l'allumette ».

Le travail dans les ardoisières

Le langage des ardoisiers est principalement constitué de mots issus du bas latin.

Les conditions de travail étaient difficiles, en dessous on était dans les gaz. Même si à la fin il y avait moins de pénibilité.

Le travail était rémunéré par :

  • le marchandage, plus on travaillait, plus on gagnait ;
  • la qualité ;
  • la sécurité, il ne fallait pas remonter plus de 5 tonnes, sinon on décalquait de l'argent pour avoir pris trop de risque.

La poudre était payée par les ouvriers.

L'arrivée des horaires dans le travail est arrivé en 1920.

Le travail des femmes dans les ardoisières a duré environ une centaine d'années, mais en discontinu, avec la révolution industrielle. Avant, vers 1800, elles faisaient un travail de manœuvre, les compteux. Blavier a eu l'idée de faire travailler les femmes, surtout pendant la première guerre mondiale, de 14-18, jusqu'à 1933. Elles ont été ensuite ré-embauchées pendant la Deuxième Guerre mondiale, de 39-45. (Note : le 6 avril 2017 : conférence sur le travail des femmes dans les ardoisières). En 1964, la dernière femme dans les ardoisières.

Le fendeur

C'est le fendeur qui extrait l'ardoise de schiste. Il suivait une formation de 5 ans auprès de son maître.

Il faut compter 70 à 80 % de déchets pour obtenir de l'ardoise. Les buttes autour du musée en sont constituées (accumulation des déchets schiste).

Pour 100 tonnes de pierre abattue au fond de la mine, on extrayait 4 tonnes d'ardoises. Une machine fait plus de déchets qu'un fendeur, environ 90 %.

Le fendeur achetait la pierre, même s'il appartenait aux ardoisières (+ à vérifier dans la vidéo : le fendeur était payé à la production, à laquelle on soustrayait le pris de la pierre de schiste).

Un vieux fond est une ancienne carrière qui s'est remplie d'eau. À Angers, l'étang Saint-Nicolas est une ancienne carrière à ciel ouvert, dont le schiste servit de matériau de construction pour une partie du château d'Angers.

Les termes bourrier désigne la poussière d'ardoise, les déchets, et ramasse-bourrier est utilisé pour désigner le fait de balayer/ramasser la poussière, les déchets d'ardoise.

Les différents types d'extraction du schiste

Évolution des sites de production :

  • Les perrières, petites structures à ciel ouvert (4 à 5 mètres de profondeur). On appelait les perrieux (perreyeux ?) les travailleurs.
  • Vint ensuite les carrières à ciel ouvert. Pour dégager une carrière, il fallait dégager la terre et le mauvais schiste, cela pouvait parfois durer plusieurs années. Ensuite, on définissait le sens d'extraction. On creusait au plus profond, et on élargissait au fur à mesure, on recommençait ensuite au milieu et on recommençait. Cela ressemblait à une pyramide à l'envers. Elles pouvaient parfois descendre à plus de 100 mètres. L'eau était un problème, il fallait la pomper au fur et à mesure, au début avec des baquets, ensuite avec l'aide des chevaux et enfin avec l'arrivée de la machine à vapeur, avec l'utilisation de pompes.
  • Puis ensuite ce fut les puits bouteille car en forme de bouteille (on creusait un puits et ensuite on creusait en dessous), dits aussi méthode Blavier (du nom d'un ingénieur des Mines né à Montjean). Ils sont apparus vers 1830. Les puits bouteille, qui allaient jusqu'à 50 à 60 mètres, se sont arrêtés assez vite suite aux nombreux accidents liés à la structure même de ce type de puits. Les voutes étaient fragiles, il fallait les surveiller, il y a eu beaucoup d'accidents et de morts (19 mineurs morts dans les ardoisières de Misengrain). On en a compté une vingtaine sur Trélazé, comme le Grand carreau et Perrière.
  • Enfin, ce fut les puits de mine, en extraction, des mines avec galeries. On descendait à 500 mètres et ensuite on creusait des galeries, pouvant aller jusqu'à 3 kilomètres, comme l'une d'entre elles qui va jusqu'à La Daguenière. Le sous-sol de Trélazé compte environ 350 kilomètres de galeries, aujourd'hui remplies d'eau. Les puits de mine pouvaient aller jusqu'à 500 mètres. On suivait les veines d'ardoises : le Nord (au-dessus) et le Sud (en-dessous).

Chaque carrière avait son nom.

Terminologie :

  • Une ardoisière est une exploitation.
  • Une ardoiserie, quand on travaille le schiste mais pour faire autre chose que des ardoises.
  • Une descendrie : La première a été construite à La Pouëze, mais elle s'est effondrée. On descendait en escalier, en camion.
  • Une monterie : On va au plus bas et on remonte. Le Puit Sept Montibert, creusé à 725 mètres, puis 3 kilomètres de galerie avant de remonter en escalier. Il y avait une voie ferrée dans la galerie, un petit train pour remonter les blocs de schistes, ensuite ce sont les camions qui les remontaient.

L'industrie ardoisière en Anjou

En Anjou, les premières carrières se situaient à Avrillé (XIIe siècle), Juigné-sur-Loire (environ 1350), Angers (quartier Saint-Michel), Saint-Barthélémy, puis Trélazé. La production s'est faite à Juigné avant d'être à Trélazé. Celle de Juigné a servie à la reconstruction de Londres, suite au grand incendie de 1666.

La production angevine a été principalement faite par deux sociétés concurrentes (Commission des ardoisières et Société des ardoisières d'Anjou ???). L'exploitation nécessite de gros investissements.

Au départ, les perrières (ardoisières) étaient gérées par le clergé. Des termes en sont issus : le clerc était le chef dans les ardoisières, le contremaître.

Il y a eu 3 000 à 4 000 ouvriers sur le département. Trélazé était le plus gros site.

L'association

L'association des Amis de l'Ardoise a été créée en avril 1979 par des anciens ardoisiers qui voulaient conserver ce savoir-faire, faire des démonstrations dans les villages. Le musée a vu le jour en 1983. C'était difficile au début, les syndicats d'ardoisiers étaient contre car ils se battaient sur l'avenir et non le passé. En 2003, classement comme site remarquable de l'Anjou.

L'objectif de l'association est de sauver le patrimoine, l'histoire et le savoir-faire.

L'association est financée par une subvention versée par la mairie de Trélazé (26 000 euros), par le fait que la ville a en propriété la maison de l'Union (qui date de la fin du XVIe siècle) et les salles d'exposition, ainsi que les entrées et la boutique. L'association est propriétaire des 3 hectares autour de la maison.

Elle compte trois salariés, dont deux fendeurs qui font les démonstrations. Depuis peu, elle propose également des ateliers pour enfants.

Le musée

L'amphithéâtre sert pour la démonstration de la fente d'ardoise, il peut accueillir 100 personnes. L'un des fendeurs, qui témoigne de ce savoir-faire, a été formé par d'anciens fendeurs qui lui ont transmis le « vrai » savoir-faire, à l'ancienne.

Au début de la visite, on peut voir des matériels récupérés au moment de l'arrêt de l'activité des ardoisières de Trélazé en 2014, avant que la mine soit vidée. L'association attend des fonds pour pouvoir les remettre en état puis les exposer.

L'association restaure aussi un moulin d'exhaure (moulin cavier permettant de remonter l'eau des carrières) présent sur le site, à partir de documents de l'époque, dans le cadre d'un travail avec un chantier d'insertion.

Cage-ardoisières

La cage blanche (voir photo), permettait de descendre 17 personnes dans le fond.

Machine mystère : À côté de la maison, une machine inconnue. Servait-elle dans les ardoisières ? À priori, c'est une machine qui marche à air comprimé, ce n'est pas une machine du fond car elle est montée sur roue, au fond elle serait sur rail.

Les salles d'exposition

Sur le site du musée on y trouve également des salles d'exposition.

Vidéo

1838, première ardoisière souterraine. Puits de bouteille. Méthode Blavier, on creuse à côté de la veine. Deux puits : un pour descendre et l'autre pour extraire le schiste ou comme sortie de secours.

1878, méthode montante, on creuse un puits dans la veine. Utilisation des explosions. On remblaye le sole avec les déchets.

Méthode descendante, plus moderne, pour remplacer l'explosif, utilisation du découpage mécanique, une machine pour faire des saignées.

Le fendeur était assisté d'un ou deux apprentis, il travaillait à l'abri de son tue-vent ou dans quelques ardoisières dans une cabane en ardoise.

Le rondissage : pour bien couper l'ardoise.

Avec la mécanisation, utilisation d'une machine à fendre avec ventouse, le fendeur devait encore trier les ardoises. puis utilisation d'une machine à commande numérique, qui trie directement les ardoises (beaucoup de perte)

Panneaux

Datation des schistes : découverte de fossiles, des tribolites (animaux marins), dont les derniers représentant ont disparu il y a près de 250 millions d'années.

Avec le mouvement des plaques, la pelite, la roche compact née du dépôt des sédiments, se transforme et devient du schiste.

Avant l'exploitation d'une veine (forage et extraction), on procède à un carottage, cela consiste à extraire des carottes de schiste de 1,5 à 3 mètres avec un tube. La carotte est cassée en tronçon de 1 mètre puis en 100 rondelles pour être analysées par un géologue.

La production de Trélazé connait son apogée en 1911 et 1925 avec environ 3 000 ouvriers (et 17 500 ou 175 000 tonnes de produites...). Fin de l'exploitation en mars 2014.

Étape du travail de fendeur :

  • Alignage : faire des plaques de schiste ;
  • Débitage (ou boucage) : faire des plaques ;
  • Quernage (ou repartonage) : diviser en repartons ;
  • Fente : division des repartons en feuillets (ou fendis), c'est la limite de taille pour le commerce ;
  • Rondissage ou taille.

Démonstration de taille

L'une des animations assurées par le musée est la présentation de la fente d'ardoise.

Vocabulaire :

  • Querne : la pierre.
  • Querner : casser « le fendis est en train de querner ».
  • Une jarvelle : un grand tas de fendis.
  • Le rondissage (origine du mot) : on prend, on taille, on pose, on fait un rond au-dessus de la machine.
  • Le chanfrein de l'ardoise : l'épaufrure, facilite l'écoulement de la pluie et améliore la capillarité de la pluie.
  • Couvreur : on l'appelait le coucou ou le couvreur de bleu.

En 1916, il existait une fendeuse qui avait 16 ans, elle avait mauvais caractère et a fait tous les ateliers de fente d'ardoise de Trélazé, son surnom était le pigeon voyageur. C'était une excellente fendeuse.

Dernière fendeuse en 1964.

800 ardoises par jour pour un fendeur à la main contre 800 ardoises par heure à l'usine.

Angers est la capitale européenne de la couverture.

Notes

Notes prises par les auteurs de la page à l'occasion de la sortie de Wikipédiens et Wikiangevins le 18 février 2017 ; action organisée par l'association Wikimédia France.

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