Bateaux de Loire
La Loire était jusqu'au XIXe siècle une voie maritime importante. L'Anjou ayant un réseau hydrographique conséquent (Loire, Mayenne, Sarthe, Authion, Layon), on y trouvait plusieurs types de bateaux, comme des fûtreaux, des toues, des gabarres, des auriers, des chalands ; bateaux traditionnels de Loire.
Batellerie de la Loire angevine
Dès le XVe siècle, il existe en Anjou une corporation maritime importante à laquelle appartient les marchands d'Angers, la « Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire et autres fleuves descendant en icelle ». On utilise alors plusieurs types de bateaux, comme les gabarres ou les fûtreaux[1], mais aussi des chalands, des sainte-rambertes, des saumuroises[2], etc.
Les bateaux de Loire sont légers et effilés pour remonter le courant[3]. Ils servent au transport de marchandises, vin[4],[5] ou autres productions agricoles, charbon, tuffeau, chanvre, etc[6],[7]. Ils sont utilisés aussi pour la pêche (saumon, alose, brochet, sandre…).
On compte au XVIIIe siècle, pour la seule batellerie d'Angers, plus de 130 bateaux employant environ 600 mariniers[1]. Au XIXe siècle le trafic sur la Loire est surtout celui d'une petite batellerie plutôt que d'une marine. Le tonnage transporté est de 360 000 tonnes en 1850 et de 67 000 tonnes en 1891. Peu à peu il diminue, notamment au profit du chemin de fer, pour disparaitre en amont de Bouchemaine à la fin du XIXe, bien que le nombre de mariniers restent important à Chênehutte-Trèves-Cunault et au Thoureil[7].
Au milieu du XXe siècle la batellerie a presque disparue, beaucoup de chalands ayant notamment été coulés par les troupes allemandes avant leur départ[8]. Ce n'est qu'à la fin des années 1980 qu'on assiste à la renaissance de la marine de Loire, comme à Montjean, Saumur et Chinon[9].
Embarcations de la Loire angevine
On y trouve notamment (du plus petit au plus grand), le fûtreau, la toue, la gabare et le chaland[10].
Chaland
Le chaland est un grand bateau plat qu'on utilise pour transporter les marchandises, équipé d'un mât abattable pour passer sous les ponts et d'une voile carrée. Sur la Loire on parle de chaland de Loire[11],[12]. Il est à fond plat afin de pouvoir naviguer à faible tirant d'eau[9].
Fûtreau
Le fûtreau (ou fustreau, futereau) est un petit bateau des riverains de la Loire, qui sert à transporter d'une rive à l'autre, ou bien à la petite pêche. On le trouve également dans la vallée pour les déplacements en période de crûe. C'est le plus petit des bateaux de Loire[11],[13],[6].
Cette petite embarcation permet d'aller facilement d'un endroit à un autre.
Gabare
La gabare est une embarcation à voile et à rames, servant à charger et décharger les grands. De construction inspirée des bateaux de mer, elles peuvent atteindre 30 mètres de longueur pour un poids de 22 tonnes, et une longueur de 33 mètres pour les auriers, forme de grande gabare. Le maître de la gabare s'appelle le gabarier[11],[13],[14],[6].
Il arrivait que l'on forme un « train » à partir de plusieurs bateaux. On positionnait en tête une gabare avec la voilure la plus haute, puis ensuite d'autres de voilures moins importantes, formant ainsi un convoi[15].
Toue
Plus petit que la gabare, la toue est un bateau plat qui sert de bac ou de bateau de pêche, d'une longueur de 20 à 30 mètres[16]. On trouve des toues équipées d'un mât et d'une cabane, appelée toue cabanée.
Aujourd'hui, les fûtreaux et les toues cabanées servent encore à la petite pêche.
Tourisme fluvial
On assiste depuis les années 1980 au renouveau de la batellerie. Il existe des possibilités d'effectuer des balades sur la Loire, comme au départ d'Angers, en descendant la Maine pour se rendre à Béhuard, ou à partir de Saint-Mathurin-sur-Loire ou de Saumur, pour y découvrir la Loire[17].
De vieux navires ont été restaurés et sont des lieux de visites. On peut par exemple découvrir à Monjean-sur-Loire un chaland, le Cap-Vert. Bateau racheté par la ville en 2001, il est intégré au parc Cap Loire, et est devenu un lieu d'histoire de la marine ligérienne.
On trouve également à Montjean La Montjeannaise, gabare gérée par l'association Loire et Marine, et labellisée patrimoine maritime et fluvial en 2012[18].
Ce peut-être parfois l'occasion d'actualités, comme en avril 2012 où une gabare fut mise à l'eau à La Ménitré[19].
Des fêtes sont aussi organisées autour de la batellerie, comme sur la commune du Thoureil, ancien village de mariniers, où se déroule tous les ans la fête des bateaux de Loire. Il est également possible d'y faire une sortie en bateau traditionnel depuis son port[20].
Notes
Sur le même sujet
- Dans le dictionnaire, les mots chaland, chalandoux, fûtreau, gabare, gabârage, gabârier, gobeux, plate, toue, ainsi que les termes de marine.
- Loire (fleuve)
- Tourisme fluvial en Maine-et-Loire
- Bateliers et négoce aux XVIIe et XVIIIe siècles
Bibliographie
- Philippe Mantellier, Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle, Imprimerie G. Jacob, 1864-1869
- Jeanne et Camille Fraysse, Les mariniers de la Loire en Anjou, 1971
- Abel Poitrineau, La Loire - Les peuples du fleuve, Le Coteau - Horvath, 1989
- François Beaudouin, La marine de Loire et son chaland, Cahiers du Musée de la Batellerie, 1989
- Thérésa de Chérisey, Le guide de l'Anjou, La Manufacture, 1990
- Françoise de Person, Bateliers, contrebandiers du sel, XVIIe-XVIIIe siècle, Éditions Ouest-France, 1999
- Dominique Martel, Pêcheurs en Loire - Mémoire d'eau douce, Cheminements, 2004
- Amélie Dubois-Richir, Les travailleurs de la Loire au XIXe siècle - Le fleuve et ses riverains, de Saumur à Bouchemaine, Petit Pavé, 2006
Sources et annotations
- ↑ a et b Florent Godelaine, La Loire et ses affluents : bateliers, négoce et mode de voiture aux XVIIe et XVIIIe siècles, novembre 2012 (document Wiki-Anjou)
- ↑ Paul Delsalle, La France industrielle aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, Ophrys, 1993
- ↑ Annales de Bretagne et des pays de l'ouest, Anjou, Maine, Touraine, Volume 112, Numéros 3 à 4, Université d'Angers, 2005, p. 38
- ↑ Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire, Librairie de Cosnier et Lachèse, 1852, p. 139
- ↑ Groupe de recherches ethnologiques de l'Anjou, Les vignerons en Anjou , L'Harmattan, 1990, p. 128
- ↑ a b et c Comité départemental du tourisme, La batellerie traditionnelle de Loire, juin 2013
- ↑ a et b Jacques-Guy Petit et André-Louis Sanguin, Les fleuves de la France Atlantique, L'Harmattan, 2003, p. 92 et 93
- ↑ Raymond Marchand, Le temps des restrictions - La vie des Angevins sous l'Occupation, 2000, Cheminements, p. 466
- ↑ a et b Alain Pelosato, Écologie et civilisation, Éditions Naturellement, 1998, p. 128
- ↑ Jean-Luc Flohic, Le patrimoine des communes de la Sarthe, Volume 1, Flohic éditions, 2001, p. 518
- ↑ a b et c A.-J. Verrier et R. Onillon, Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou, Germain & Grassin, 1908
- ↑ Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)
- ↑ a et b Dominique Martel, Pêcheurs en Loire - Mémoire d'eau douce, Cheminements, 2004
- ↑ Abel Poitrineau, La Loire - Les peuples du fleuve, Le Coteau - Horvath, 1989, p. 21 à 39
- ↑ Jeanne et Camille Frayse, Les mariniers de la Loire en Anjou - Le Thoureil, 1971, p. 26
- ↑ Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877
- ↑ Voir Tourisme fluvial en Maine-et-Loire.
- ↑ Voir Cap Loire à Montjean-sur-Loire
- ↑ Ouest-France, Marine de Loire. Mise à l’eau d’une gabare à La Ménitré, 5 avril 2012
- ↑ Office de tourisme du Saumurois, Balades en Loire - Rêves de Loire et d’ailleurs, septembre 2014