Angers - Rue Saint-Laud
La rue Saint-Laud est une voie du centre-ville d'Angers, en Maine-et-Loire. Elle se situe dans Angers intra-muros en contrebas de la place du Ralliement, allant de la rue Plantagenêt aux rues du Cornet et des Poëliers.
Historique
La rue Saint-Laud est l'une des plus anciennes rue de la ville d'Angers, déjà désignée ainsi au Moyen Âge. Son tracé date de l'époque gallo-romaine. C'est alors l'entrée centrale de la ville. La rue devient piétonne en 1976[1],[2],[3].
Cette voie commerçante était souvent empruntée par les processions, la rue conduisant au Pilori et à l'hôtel de ville. C'est dans celle-ci qu'ouvre au XVIIe siècle le premier café d'Angers, créé par un Italien[4]. On y trouve des commerces de luxe et de nouveautés (orfèvres, parfumeurs, marchands de draps de soie, confiseurs, etc.)[5] et au XIXe des imprimeurs : imprimerie de Billault (rue Saint-Laud), Lainé frères (9 rue Saint-Laud), Tandron et Daloux (9 rue Saint-Laud), Eugène Barassé (83 rue Saint-Laud), Fourrier-Mame (rue Saint-Laud), Germain et G. Grassin (rue Saint-Laud). Un cabaret, dit café-concert L'Alcazar (38 rue Saint-Laud), est édifié au tout début du XXe siècle (1901-1902). Il deviendra plus tard le club privé Le Boléro[6]. Une sous-station électrique est aussi construite à l'angle des rues Saint-Laud (n° 45) et des Deux-Haies vers 1925-1926[7].
On y trouve d'anciennes bâtisses : au 15, maison du XVIe siècle dite maison Gaillard avec façade en pan-de-bois, remaniée au XVIIIe ; au 19, maison du XVIe dite maison Mequin avec façade en pan-de-bois, remaniée au XVIIIe ; au 21, maison du XVIe (entre 1510 et 1520) dite maison Desprez, à pans de bois, classée aux Monuments historiques[8], etc[9].
Témoignage
Nous habitions rue Saint-Laud à Angers, côté rue Plantagenêt et gare routière, au deuxième étage du numéro 57. C’était dans les années 1940 et 1950.
En bas de l’appartement il y avait une épicerie, le commerçant habitait le premier étage. C’était monsieur Puymirail. Il avait deux enfants et il était veuf. On trouvait de tout dans son magasin : des œufs, du beurre, des conserves, etc. et un étalage de fruits et légumes qu’il mettait sur le trottoir. Il y avait aussi des bonbons ; j’allais y chercher des carambars avant d’aller à l’école. Du même côté, sur la gauche, il y avait des bureaux d’EDF. De l’autre côté, séparé par la porte des appartements du 57, il y avait une autre épicerie, plus petite, tenue par madame Chaillot. Le couple avait une fille. Le monsieur travaillait au rayon confection pour homme des Nouvelles Galeries, place du Ralliement[N 1]. Il y avait un petit peu plus loin, toujours du même côté, un charcutier. Tous les matins, j’emmenais leur petit garçon à la maternelle de l’école du Sacré-Cœur. Après, il y avait une auto-école, puis en angle de la rue Plantagenêt, les autocars STAO[N 2]. Certains d’entre eux allaient jusqu’à La Flèche, peut-être même plus loin. Je ne sais plus.
En face il y avait une papeterie de renom, qui faisait aussi de la découpe de feuilles. Elle était tenue par une femme de petite taille, rigolote mais pas facile. Après il y avait un café (La Baumette ?). Le cafetier avait une belle-fille avec qui j’allais au théâtre dans le cadre des JMF, les Jeunesses musicales de France. Ils y expliquaient les œuvres musicales, comme Les quatre saisons de Vivaldi. Après il y avait un magasin de musique tenu par monsieur Leblanc, successeur de monsieur Defais. Il réparait aussi les instruments à vent. Il y avait ensuite une impasse, puis des maisons et ensuite une ancienne menuiserie qui servait de dépôt des Nouvelles Galeries. Après il y avait un magasin dédié à la Bretagne, dont l’enseigne était Le Breton. La dame avait un chien noir, à qui le facteur donnait dans sa gueule le courrier pour le porter ensuite à sa maitresse. Un peu plus loin il y avait une teinturerie. Ensuite, à l’angle de la rue des Deux-Haies, il y avait un magasin de farces et attrapes.
Après la rue Plantagenêt, il y avait la gare routière, à la place des halles d’aujourd’hui. On y trouvait un petit bâtiment où on achetait les billets pour prendre le car.
Papa, qui jouait de la flûte traversière et du saxophone, allait souvent chez M. Leblanc. Tous les deux faisaient partis de la cipale[N 3]. Et comme ils s’entendaient bien, ils se retrouvaient souvent au café d'à côté. La première voiture de Papa fut une 201 Peugeot noire. Dans les premiers temps, voulant se stationner dans la rue, il a fait une marche arrière et est rentré dans les cageots de l'épicerie de Mme Chaillot. Les oranges se promenaient sur le trottoir… Si bien que tous les commerçants étaient sur leur pas de porte et riaient. Il n’y avait que Papa qui riait moins ; il était vexé.
La rue était très animée à cette époque-là.
Jacqueline H. — Août 2019
Notes
Sur le même sujet
- • Quartier du centre-ville d'Angers
- • Place du Ralliement
- • Balade dans le centre-ville d'Angers
- • Les Angevins racontent
Sources
- ↑ Luc Simon, Souvenirs d'Angers : la vie en 1900, Éditions LNG (Nantes), 1992, p. 58
- ↑ Archives municipales de la ville d'Angers et d'Angers-Loire-Métropole, Dictionnaire des rues - Saint-Laud (rue), 2019
- ↑ Le Courrier de l'Ouest, Angers La rue Saint-Aubin est piétonne depuis 40 ans, 2 décembre 2016
- ↑ Le Courrier de l'Ouest, Le café, un nouveau commerce à Angers, journal du 15 avril 2018, p. 7
- ↑ Le Courrier de l'Ouest, Le luxe et la nouveauté rue Saint-Laud, journal du 6 janvier 2019, p. 8
- ↑ Région des Pays de la Loire (Service du patrimoine) et Ville d'Angers (Service Patrimoine historique, inventaire), Inventaire général du patrimoine culturel - inventaire topographique - Cabaret dit café-concert L'Alcazar actuellement club privé Le Boléro, 1975
- ↑ Ministère de la Culture, Base Mérimée (45 rue Saint-Laud, sous-station électrique, IA49006875), 25 novembre 2009
- ↑ Ministère de la Culture, Base Mérimée (21 rue Saint-Laud, maison, PA00108933), 10 décembre 2015
- ↑ Ministère de la Culture, Base Mérimée (Angers, rue Saint-Laud), 2009-2015
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