Château de Pocé

De Wiki-Anjou
Château de Pocé
(monument)
Époque Moyen Âge
Classement Monument historique (1862)
Localité Cizay-la-Madeleine
Notes Édification du XVe siècle
Propriété privée
Monuments de Maine-et-Loire.
Châteaux angevins
Moulins angevins
Églises angevines
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Datant du XVe siècle, le château de Pocé est un monument historique angevin se trouvant à Distré, en Maine-et-Loire, à 4 kilomètres au sud-ouest de Saumur.


Histoire

Distré est une localité située dans le Saumurois, dans la partie sud-est de l'Anjou. C'est une place ancienne occupée dès la Préhistoire. Pocé (Villa nomine Poziacum in pago Andegavense en 845) est au Moyen Âge une importante possession faisant partie du fief de Distré et relevant de Saumur. Au IXe siècle, sous l'impulsion de Charles II le Chauve, les religieux de l'abbaye Saint-Florent achètent des terres pour asseoir leur puissance, parmi lesquelles la villa de Pocé en juin 845[1],[2],[3].

Un château-fort est édifié au sommet de la butte de Distré. L'édifice est ensuite reconstruit au au [[1401|XVe siècle}} et modifié aux XVIIe et XVIIIe siècles. À la fin du XVIIIe, sa composition n'est plus ce qu'elle est aujourd'hui, qui présente des analogies avec le château des Ponts-de-Cé. Sur quatre tours, deux sont encore debout. Subsistent un haut châtelet d'entrée entre deux tours, couronné de mâchicoulis et coiffé d'une toiture d'ardoise. Le corps de ferme et d'autres dépendances font face à l'entrée, surplombant des douves sèches et portant encore les vestiges de son pont-levis. La partie des fortifications a disparu[2],[4],[3],[5].

Droits féodaux

Suite des droits seigneuriaux liés au château de Pocé, sur la commune de Distré, par Jean-François Bodin (1847) :

« Au nombre des témoins qui signèrent l'acte d'amortissement des droits sur les vignes accordé par Geoffroy le Bel aux Saumurois, se trouve Pocé, seigneur du château de ce nom, que l'on trouve sur la route de Doué, à deux lieues de Saumur. Ce petit château, flanqué de deux tours crénelées, occupe une place dans l'histoire à cause de la singularité de ses droits féodaux, dont l'un s'étendait jusque dans la ville de Saumur 1.

1 Histoire Universelle, t. 74, p. 85.

En vertu du premier de ces droits, tous les chaudronniers qui passaient à la vue de Pocé, étaient obligés, sous peine de confiscation de leurs marchandises au profit du seigneur, de venir au château offrir de raccommoder la batterie de cuisine. Si on jugeait à propos de les faire travailler, on ne leur devait, pour salaire et fourniment, qu'un petit pain et une demi-bouteille de vin.

Le second obligeait tous les marchands verriers, sous la même peine, à donner la plus belle pièce de leur boutique ambulante; ils recevaient, en échange, un verre de vin.

Ces droits n'étaient qu'onéreux, et n'avaient rien d'humiliant pour ceux qui étaient obligés de s'y soumettre. Il n'en était pas de même du troisième ; il dut souvent faire verser des larmes de dépit et de douleur aux dames de Saumur, dont, à l'exception des nobles, aucune n'était exempte.

Ce droit permettait au seigneur de Pocé de faire amener, le jour de la Trinité, par ses officiers ou ses gens, toutes les femmes jolies de la ville et des faubourgs ; par ce mot jolies, on entendait alors les femmes sages et honnêtes. Chacune devait payer aux officiers du seigneur quatre deniers, leur donner un chapeau de roses, et danser avec eux devant la dame du château. Il était permis aux valets de se servir d'un aiguillon, marqué aux armes de leur maître, pour piquer, jusqu'à trois fois, les fesses de celles qui refusaient de danser. Toutes les femmes « non jolies et notoirement diffamées de ribauderie » (libertinage), devaient se présenter avec les autres ou payer une amende de cinq sous.

Les hommes étaient aussi soumis à un droit féodal qui appartenait à l'abbesse de Fontevrault, mais il n'était que ridicule; cependant il aurait pu servir à former de bons écuyers, et on pourrait même croire que c'était là l'objet de son institution, si l'on ne savait pas que les nobles, qui en étaient exempts, avaient seuls le droit de monter à cheval à la guerre.

Tous les ans, aussi le jour de la Trinité, les nouveaux mariés étaient obligés de se présenter sur la grande place du Chardonnet à Saumur. Ils montaient à cheval et couraient au grand galop, avec une gaule à la main qu'ils devaient rompre en touchant un trou pratiqué dans le poteau qui servait de but à leur course. Ceux qui manquaient leur coup, ce qui arrivait le plus souvent, étaient accueillis par les ris et les huées des spectateurs, qui avaient déjà ou devaient donner, à leur tour, un pareil spectacle à leurs concitoyens.

Ce droit s'appelait Quintaine, vieux mot qui signifie pieu qui sert de but. Le seigneur de Brézé faisait aussi courir la quintaine à ses vassaux le jour de la Trinité.

Tous les roturiers ou vilains, qui se mariaient sur le fief d'Ecottiers, canton de Doué, étaient obligés de se trouver, le même jour de la Trinité, la première année de leur mariage, près le ruisseau nommé le Saut des Mariés, sauter ledit ruisseau en travers, et s'ils défaudroient à icelui sauter et qu'ils tombassent dans l'eau, ou qu'ils fissent défaut de se trouver audit lieu, devoient payer quinze boisseaux d'avoine d'amende. » Ce ruisseau du Saut des Mariés a dix-huit pieds de largeur.

Les vassaux du seigneur de Somloire étaient soumis à des droits bien plus avilissants. L'un de ces droits donnait au sergent de la seigneurie celui de faire payer, à chaque femme non jolie qui passait sur la chaussée, quatre deniers, ou, si elle n'avait pas d'argent, il pouvait lui prendre la manche du bras droit de sa robe ou disposer d'elle, à son choix.

Par un autre usage, tous ceux qui se mariaient sur le fief de Somloire étaient obligés, huit jours avant leurs noces, d'y inviter le sergent du château. S'il lui plaisait de se rendre à l'invitation, il se plaçait à table devant la mariée, ayant à ses côtés deux chiens courants et un lévrier auxquels on devait aussi donner à dîner. Après le festin, il dansait avec la mariée et chantait la première chanson.

Ces deux derniers droits furent abolis par sentence du présidial d'Angers, le 4 mars 1600 ; mais le seigneur de Somloire ayant interjeté appel, le parlement de Paris, par arrêt du 6 mars 1601, infirma en partie la sentence du présidial, et maintint le seigneur en la jouissance du droit concernant les noces de ses vassaux 1.

1 Arrêt célèbre de la prov. d'Anjou, page 1219[6]. »

Classement

Le château de Pocé est un patrimoine protégé, classé au titre des Monuments historiques par liste en 1862. Ses principales périodes de construction datent du XVe et XVIIe, XVIIIe. Les élévations du château sont parementées de pierres de taille de tuffeau blanc propre au Saumurois. Le domaine est la propriété d'une personne privée[7],[4],[3].

Localisation : Château de Pocé, rue du Château (sur la route de Doué-la-Fontaine), Distré (sur OSM).

À proximité : le château de Chacé à Bellevigne-les-Châteaux, le château d'Épinats à Cizay-la-Madeleine, le château de Marson à Rou-Marson. Également, sur la commune, l'église Saint-Julien.

Notes

Sur le même sujet

Château du Vieux Bagneux (XVe)
Château du Bois Saumoussay (XVIe)
Château de Marson (XIXe)
Châteaux angevins
Monuments historiques de Maine-et-Loire

Bibliographie

• Lucie Gaugain, Le château de Pocé en Anjou (Distré, Maine-et-Loire), vers 1200-vers 1400, dans Bulletin Monumental, t. 177, n° 1, année 2019, p. 15-37 (lire)

Références

  1. Célestin Port (révisé par Jacques Levron, Pierre d'Herbécourt, Robert Favreau et Cécile Souchon), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. II (D-M), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1978, 2e éd. (1re éd. 1876), p. 47-48 (Distré)
  2. a et b Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. III (N-R), H. Siraudeau et Cie (Angers), 1989, 2e éd. (1re éd. 1878), p. 228-229 (Pocé)
  3. a b et c Lucie Gaugain, Le château de Pocé en Anjou (Distré, Maine-et-Loire) vers 1200-vers 1400, dans Bulletin Monumental, t. 177, n° 1, année 2019, p. 15-37
  4. a et b Ministère de la Culture, Base Mérimée - Château fort dit château de Pocé (IA49009397), 2003-2012
  5. Le Courrier de l'Ouest (Camille Ferronnière), Saumur. Le château fort de Pocé, à Distré, est vendu, 22 mai 2021
  6. Jean-François Bodin, Recherches historiques sur l'Anjou, seconde édition, tome premier, Cosnier et Lachèse impr.-libr. (Angers), 1847, chapitre XLIX, p. 296-299
  7. Ministère de la Culture, Base Mérimée - Château de Pocé (PA00109082), 1993-2023