Glossaire de Verrier et Onillon (livre 1)
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Livre. Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou d'Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, tome premier, Germain & G. Grassin impr.-édit. (Angers), 1908 (extraits), comprenant le glossaire proprement dit, des dialogues, contes, récits et nouvelles en patois, le folk-lore de la province (notice BnF).
« Le lecteur qui consultera ce Glossaire s'inquiétera sans doute fort peu de savoir comment je fus amené à l'écrire ; mais j'ai, moi, besoin de le raconter, pour expliquer les imperfections et les lacunes qui pourront s'y rencontrer. C'est une question de conscience.
Il y a quelque trente-cinq ans, M. C. Port, l'archiviste distingué, l'auteur d'ouvrages si érudits sur l'Anjou, dont j'avais alors l'un des fils dans ma classe, d'après la manière dont je corrigeais les copies de son fils, me dit un jour : « Vous me semblez avoir des dispositions pour l'étude de l'étymologie ; procurez-vous donc la Grammaire et le Dictionnaire étymologique de Brachet (alors assez récents, 1869), ils vous intéresseront. »
Je suivis son conseil et je lus ces ouvrages non seulement avec curiosité, mais, je l'avouerai, avec passion. Peu à peu, j'enrichis ma bibliothèque des traités qui paraissaient sur cette question un peu spéciale et je finis par avoir de cette science — car c'en est une, actuellement — des notions assez étendues, quoique encore bien incomplètes, je le reconnais humblement.
Ces études, qui m'intéressaient si vivement, je crus que, présentées d'une certaine sorte et adaptées aux besoins des « gens du monde », elles ne seraient pas sans intérêt pour le grand public.
C'est ainsi que parut, le 10 décembre 1896, dans le Patriote de l'Ouest, sous le titre Voyage autour de ma langue, une série d'articles où j'expliquais l'étymologie des mots les plus curieux de notre langue française.
Après le quatorzième article, M. Narquet, qui m'avait introduit au Patriote, quitta la direction de ce journal, où je ne fus pas prié de continuer ma collaboration.
Le Petit Courrier m'offrit alors son hospitalité. J'y entrai le 20 juillet 1897 et, sous le titre, un peu modifié, de Zigzags autour de ma langue, je continuai ces études.
On me permettra de rappeler que j'avais imaginé, pour me servir d'interlocuteur, un certain Brigadier des Douanes, type assez bien venu, sans fausse modestie, dont on me parle souvent encore, quoique j'aie, forcément, dû le laisser depuis à la surveillance de son port.
Un beau jour, au n° 58, 15 avril 1901, j'eus, par hasard, à expliquer quelques mots de patois angevin, dont un lecteur me demandait le sens. J'eus le bonheur de satisfaire sa curiosité et celle de bien d'autres personnes, qui m'écrivirent en m'adressant d'autres vocables. « Voilà votre voie », me disait-on.
Une lettre, entre autres, me décida. Un vieil abonné me disait : « Ah ! Monsieur, vous ne sauriez croire le plaisir que j'ai eu à lire, dans votre dernier Zigzag, l'explication du simple mot : Echilette. Il m'a rappelé tous mes chers souvenirs d'enfance, alors que, armé de ces clochettes, je précédais, en les brandissant joyeusement, la procession des Rogations par les sentiers de la campagne que j'habitais ! »
De plus, certains lecteurs me reprochaient d'apporter trop de science — mettons pédanterie — dans mes explications ; il y avait même eu des plaintes à ce sujet, adressées au directeur du journal, mieux que cela, des menaces de désabonnement... Il était si facile de ne pas me lire ! D'autres, par contre y prenaient le plus vif plaisir.
Ces excursions dans le domaine, si riche, du patois seraient peut-être mieux accueillies.
Une difficulté, toutefois, se présentait ici. Je ne suis pas un patoisant, on me l'a même reproché, et, je l'avoue, mon fonds personnel de vocables ne m'eût pas mené bien loin.
Comme j'en parlais dans un cercle d'amis, l'un d'eux me dit : « J'ai un cousin qui s'occupe de patois depuis une vingtaine d'annés ; je lui connaies un superbe manuscrit, répertoire des mots particuliers à la région de Montjean. Peut-être consentirait-il à vous le prêter. »
J'écrivis à M. René Onillon, qui s'empressa gracieusement de mettre à ma disposition un manuscrit de 761 pages, grand in-quarto, calligraphié avec le soin qu'apportent à ces travaux MM. les Instituteurs, encadré de filets rouges et richement relié.
Je pouvais me lancer.
De tous côtés, les renseignements affluèrent, très intéressants, très curieux. A Angers même, sur les boulevards, dans les tramways, dans les rues, des amis, des inconnus m'abordaient, et ceux-ci : « C'est vous qui êtes M. V., me disaient-ils, connaissez-vous le mot jambion ? »
Et le trésor de mes notes s'enrichissait chaque semaine. J'ai recueilli, personnellement, à ce jour, 10.652 fiches (8 avril 1908).
Malheureusement, au début, n'ayant nullement la pensée de les réunir et de les publier plus tard, je négligeai de prendre des renseignements sur les lieux d'origine, la prononciation, etc. Mes correspondants étaient, le plus souvent, anonymes (je dirai plus loin pourquoi) ; aussi une ou deux centaines de mots du Glossaire laissent-ils à désirer sur ces points.
Aujourd'hui, j'ai réuni plus de 20.000 mots, et je suis loin d'être complet, je le reconnais. Mais notre œuvre ne sera pas inutile à celui qui, plus tard, voudra essayer de faire mieux.
D'une part, donc, de nombreux correspondants patoisants, mais ne pouvant ou ne voulant rien publier ; de l'autre, moi, assez ignare en cette matière, mais tout prêt et résolu à y consacrer mon temps et mon étude et à en faire une œuvre.
Cela rappelle la célèbre fable de l'Aveugle et le paralytique de Florian, le premier ne voyant pas à se conduire, le second incapable de marcher. Ils font société, l'un portant l'autre. Morale :
Nous vous présentons le résultat de cette collaboration.
A.-J. Verrier »
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