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Sa population est de {{unité|140|habitants}} en 1793, 169 en 1806, 156 en 1831<ref name="cassini" />.
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Le village est réuni le {{date|15 juillet [[1840]]}} à Saint-Georges-des-Sept-Voies, avec Bessé, Le Thoureil et Saint-Pierre-en-Vaux, pour former [[Saint-Georges-le-Thoureil]]<ref>Lois relatives à des changements de Circonscriptions territoriales, du 15 juillet 1840, Quatrième loi, ''Bulletin des lois du Royaume de France'', B. n° 751, IXe série, Deuxième semestre de 1840, tome 21e, N<sup>nos</sup> 739 à 782, Imprimerie royale (Paris), février 1841, p. 209-210</ref>. [[Le Thoureil]] devient en [[1873]] une commune constituée à partir de Saint-Georges-des-Sept-Voies et recevant de celle-ci les hameaux de [[Bessé]] et de Saint-Maur<ref>Loi portant que le territoire de la commune de Saint-Georges-le-Thoureil, du 28 juin 1873, n° 2130, ''Bulletin des lois de al République française'', XIIe série, Premier semestre de 1873, tome 6e, N<sup>nos</sup> 118 à 141, Imprimerie nationale (Paris), 1873, p. 825</ref>{{,}}<ref name="cport-1996">Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|IV}} (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996, 2e éd. (1re éd. 1878), {{p.|188-191}}</ref>{{,}}<ref>Pierre-Louis Augereau, ''Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire'', Cheminements (Le Coudray-Macouard), 2004, p. 240 et 197</ref>.
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La localité est mentionnée au {{VIs}} sous le nom de ''[[Maur|Prœdium quod Glannafolium dicebatur]]'', période où {{abréviation|saint Maur|né à Rome vers 512 et mort vers 584}} s'établit dans l'ancienne villa gallo-romaine de Glanfeuil. Une puissante [[abbaye Saint-Maur de Glanfeuil|abbaye]] se constitue, comprenant quatre églises. La remontée de la Loire au {{IXs}} par les Normands obligent les religieux à s'enfuir et se réfugier en Bourgogne. De nouveaux bâtiments monastiques sont installés au {{XIs}}. Ils sont occupés par les Anglais au {{XIVe}} s. durant la guerre de Cent Ans. Les moines s'y rétablissent au siècle suivant. L'abbaye est ensuite plusieurs fois pillée durant les guerres de Religion. Les bâtiments sont vendus à la Révolution<ref name="cport-1996" />{{,}}<ref name="merimee" />.
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Saint-Maur
(ancienne commune)
Département Maine-et-Loire
Territoire Saumurois
Commune Le Thoureil
Note(s) Saint-Maur,
Saint-Georges-le-Thoureil en 1840,
Le Thoureil en 1873.
Situation dans le département

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Anciennes communes

Saint-Maur est une ancienne commune de Maine-et-Loire (49) située sur la rive gauche de la Loire, intégrée au Thoureil en 1873 dont elle constitue un hameau.


Généralités

Saint-Maur est érigée en municipalité à la Révolution (Saint-Maur en 1793 et 1801). Elle se trouve en 1840 dans le canton de Gennes (Saint-Georges-des-Sept-Voies en 1793, Gennes en 1801)[1].

Sa population est de 140 habitants en 1793, 169 en 1806, 156 en 1831[1].

Le village est réuni le 15 juillet 1840 à Saint-Georges-des-Sept-Voies, avec Bessé, Le Thoureil et Saint-Pierre-en-Vaux, pour former Saint-Georges-le-Thoureil[2]. Le Thoureil devient en 1873 une commune constituée à partir de Saint-Georges-des-Sept-Voies et recevant de celle-ci les hameaux de Bessé et de Saint-Maur[3],[4],[5].

La localité est mentionnée au VIe siècle sous le nom de Prœdium quod Glannafolium dicebatur, période où saint Maur s'établit dans l'ancienne villa gallo-romaine de Glanfeuil. Une puissante abbaye se constitue, comprenant quatre églises. La remontée de la Loire au IXe siècle par les Normands obligent les religieux à s'enfuir et se réfugier en Bourgogne. De nouveaux bâtiments monastiques sont installés au XIe siècle. Ils sont occupés par les Anglais au XIVe s. durant la guerre de Cent Ans. Les moines s'y rétablissent au siècle suivant. L'abbaye est ensuite plusieurs fois pillée durant les guerres de Religion. Les bâtiments sont vendus à la Révolution[4],[6].

L'abbaye Saint-Maur de Glanfeuil est un édifice classé aux Monuments historiques, dont l'emplacement remonte à l'époque gallo-romaine. Cette ancienne abbaye bénédictine, Saint-Maur de Glanfeuil, date du XIIe siècle, est reconstruite aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec quatre églises dont ne subsiste que la chapelle Saint-Martin (XIIe)[4],[6].

Le hameau se trouve dans le Saumurois en bord de Loire, au sud du Thoureil et de Saint-Maur[7].

Photographie de l'abbaye Saint-Maur.

Célestin Port (1878)

Saint-Maur dans le dictionnaire Célestin Port de 1878[8] :

« Saint-Maur, vill., cne du Toureil. — In Andegavensem pagum in monasterio, quod dicitur Glannafolium, in quo venerabilis Maurus, patris Benedicti discipulus,... videtur... prœesse 560 circa (Cart. St-Maur, fol. 16 ; Bodin, Saumur, I, 530). — Prœdium quod Glannafolium dicebatur XIe s. (Bolland, janvier, II, 328). — Cella nomine Glannafolium 1036 (Cart. de St-Maur, ch. 33). — Sanctus Maurus in Glannafolio 1252 (Hauréau, fol. 784). — En Poitou ... cilz moaters ... appelé Glannefoueles ... (D. Bouqnet, III, 296).

Son Vocable primitif est Glanna ou Glonna, — comme celui de St-Florent-le-Vieil, — accru ici d’une désinence populaire, Glannafolium, indiquant sans doute les bois d’alentour, — comme à St-Florent, un suffixe indiquait la montagne, mons Glonna. — Le pays doit son nom nouveau au grand saint, qui le premier en France vint inaugurer là, dans ce petit vallon aujourd’hui si oublié, la grande règle Bénédictine, mère de tant d’œuvres illustres. Né vers 812 dans une famille patricienne de Rome, il fut confié à l’âge de 12 ans à St Benoît, qui se l’associa bientôt et tout jeune encore dans la direction du monastère du Mont-Cassin. En décembre 541 une députation l’y vint trouver de la part de l’évêque du Mans, qui sollicitait l’envoi d’une colonie de religieux, avec toute promesse de bienvenue. Saint Maur fut désigné par son maître et partit le 8 janvier 542, avec 4 compagnons, Antoine, Constantinien, Simplicien et Faustus. Ce dernier devait revoir l’Italie et plus tard raconter le voyage et l’œuvre de la mission. A Orléans la petite troupe apprit la mort de l’évêque qui les avait conviés, et son remplacement par un ennemi ; mais Harderade, qui conduisait les apôtres, leur offrit une retraite sûre et honorée sur le domaine de son cousin Florus, homme puissant à la cour du roi d’Austrasie, Théodebert. C’était le seigneur de Glanfeuil, qui les reçut avec des larmes de joie. Florus fit un don solennel du domaine à St Maur, lui confia le lendemain son fils Bertulfe, âgé de 8 ans, et lui-même bientôt prit l’habit monastique, en présence du roi Théodebert qui voulut assister à la cérémonie. En même temps s’élevaient des constructions dignes de l’œuvre nouvelle et qui comprenaient 4 églises, dédiées la première à St Martin, la deuxième et la principale à St Pierre, la troisième à St Séverin, la quatrième à St Michel, dans une tour carrée, qui gardait l’entrée du monastère. L’évêque Eutrope vint bénir en 551 l’achèvement des travaux, entrepris depuis 8 ans. Vers 560 la maison reçut la visite du roi Clotaire, qui reconnut aux religieux le privilège d’élire leur abbé. — Vers le même temps mourut Florus (21 août 560), dont le nom fut inscrit sur la liste des bienheureux. Pour régler et contenir le développement de sa fondation, St Maur avait arrêté à 140 le chiffre des frères. Une épidémie en enleva sous ses yeux en cinq mois 116, dont deux des quatre Italiens, Constantinien et Antoine. — Enfin, l’œuvre de nouveau assurée par de nombreuses recrues, il déposa en 580 toute autorité et d’un consentement commun désigna pour lui succéder Bertulfe, le fils de leur bienfaiteur ; puis il se relira avec deux disciples, dans une humble retraite, domuncula, qu’il s’était fait bâtir près l’église Saint-Martin. Il y mourait le 15 janvier 583 ou 584, âgé de 72 ans, et fut inhumé dans l’église St-Martin, au côté droit du grand autel. — Sa vie, racontée par Faustus, n’a été connue en Gaule qu’au IXe s. et mise en lumière par l’abbé Eudes, Odo, qui, l’ayant acquise par hasard d’un clerc, eut le tort d’y ajouter des élégances et quelques détails erronés, qui n’en peuvent infirmer l’authenticité. Basnage s’en est pourtant autorisé pour nier même l’existence de St Maur ; Baillet, au contraire, en reconnaît deux, en niant que le second fût le disciple de St Benoît ; — mais Dom Ruinart et Mabillon ont su défendre et maintenir la tradition Bénédictine.

L’œuvre se continua prospère jusqu’au règne de Pépin le Bref, qui, s’emparant des biens d’église, fit don de Glanfeuil à Gaidulfe, de Ravenne. Celui-ci se plut à persécuter les moines, qui, réduits à 14, quittèrent leur règle, prirent l’habit des chanoines et furent expulsés au profit d’un petit groupe de clercs séculiers. Gaidulfe bientôt abattit églises et monastère et emporta à Angers le mobilier des autels et les chartes, mais il périt dans un banquet, frappé par le poignard vengeur d’un des religieux. La ruine était complète, quand le comte Rorgo, gendre de Charlemagne, rebâtit l’église sous le vocable de St Sauveur, et y fit venir des moines d’abord de Marmoutier, puis de St-Pierre-des-Fossés près Paris, où son cousin Gausbert était religieux. L’abbé Ingelbert y vint installer, sous la direction de ce dernier, une colonie nouvelle, tout en réservant dès lors à son abbaye, s’il fallait en croire divers actes d’autorité incertaine, une suprématie entière. C’est pourtant plutôt à l’abbaye du Mont-Cassin, que devait revenir cette suzeraineté et sur sa réclamation elle en obtint la reconnaissance de la cour romaine et de l’Empereur.

Sous le gouvernement de l’abbé Ebroin (840 circa), Saint-Maur reprend un reste d’indépendance sans qu’on le trouve autrement qualifié que d’un humble titre, monasteriolum. L’invasion normande anéantit tout. Le passage des barbares pendant cinquante ans (853-903) y fait place nette. Les moines fuient dès la première heure, emportant les reliques du fondateur. Réfugiés d’abord en Bourgogne, Charles le Chauve les rappelle à St-Pierre-des-Fossés, qui prend dès lors, comme l’abbaye Angevine, le nom du saint patron. Elle devait conserver pendant près de IX s. sa châsse vénérée, qui ne fut transférée que le 30 août 1750 à St-Germain-des-Prés et s’y trouvait encore à la Révolution.

L’orage passé, un petit groupe revint camper au bord de la Loire, dans les mines, et rétablir une modeste chapelle, simple annexe des Fossés, sous la direction d’un simple prieur, — Durand, vers 1005, Guillaume, ..... Cadilon, 1042, Durand, 1066, Pierre, 1067, qui dans certains actes est même qualifié abbé, Malbert, 1090. — Dès les premières années du XIe s. L’abbé des Fossés avait reconstruit les bâtiments monastiques et, à sa prière, l’évêque d’Angers, Hubert, les vint consacrer en 1039 sous l’invocation de St Sauveur, que devait remplacer bientôt le nom populaire de St Maur, en présence du comte Geoffroy, de la comtesse Agnès et des grands « de son royaume », regni sui. Le pape Urbain II, s’y arrêta, se rendant au Concile de Tours, et les religieux, le comte, l’évêque, le pressèrent de rendre à la maison, pillée par des étrangers, sa dignité abbatiale en renouvelant ses relations antiques avec l’abbaye-mère du Mont-Cassin. Une bulle du 21 mars 1098 n. s., rendue après une discussion solennelle dans le Concile même, consacra ces vœux, déjà exaucés depuis 1095 par la nomination d’un abbé en titre, Gérard, prieur de l’abbaye St-Aubin d’Angers. — Le 3 septembre 1119 le pape Callixte II consacra l’église reconstruite et célébra la translation des reliques retrouvées des premiers religieux ; — mais le principal trésor, le corps du fondateur, restait en pays lointain et par suite s’étaient perdus la ferveur des foules et le renom des miracles. L’abbaye même au XIIIe s. n’occupe que le dernier rang dans les synodes. En 1271 elle obtient de se dégager de la suprématie, devenue importune, du Mont-Cassin et de rentrer sous l’autorité immédiate de l’évêque, mais sans y trouver chance meilleure de prospérité. Les misères des temps s’y joignirent, puis les guerres, qui dans sa situation, dominant le grand passage de deux routes et de la Loire, en faisait un point désigné à toute occupation militaire. — Chassés de Saumur en 1369, les Anglais, commandés par Cressewelle et Calviley, prirent logis à St-Maur et pendant un an rançonnèrent le pays. Après la victoire de Pontvallain, Duguesclin vint en force faire sommation aux deux chefs, qu’il avait connus aux guerres d’Espagne. Il manda tout aussitôt Gressewelle à sa tente et Froissard fait de leur entrevue tout un beau conte, qu’ont répété, que répètent sans exception tous les livres, — M. Marchegay, comme les autres, — où l’on voit le connétable jurant, menaçant, terrifiant l’ennemi de si belle peur, que l’Anglais s’engage à rendre la place, si elle n’est secourue dans un prompt délai, et qui en fin de compte l’évacué en l’incendiant. L’histoire est autrement faite. Duguesclin traita tout simplement avec les « ennemis du royaume » et leur « promit et accorda ... pour rendre et délivrer le fort de St-Mor qu'ils tenoient », une forte rançon, qu’il garantit avec le sire de Bueil, et dont il prit soin de se rembourser en établissant « certain subside, trespas ou acquêt sur les marchandises montans, descendans et traversans par la rivière de Loire entre Candes et Chantoceaux ». C’est l’origine du Trépas-de-Loire, dont les ducs et les rois tiraient profit encore au XVIIIe s. — Les Anglais bien payés partirent en mettant le feu à l’abbaye. Les moines s’y rétablirent tant bien que mal et par lettres du 15 juin 1434, confirmées le 18 par le roi Charles VII, furent autorisés à la « clorre, fortiffier, et emparer de murs, fossez, paliz, portaux, tours, guérites, eschiffles, barlacanes, pons-leveys et autres fortifficacions et emparemens nécessaires à forteresse ; » — attirail dangereux en somme plutôt que protecteur, bon à donner quelque abri contre les coureurs mais à attirer l’assaut des gens de guerre. Oublié à peu près pendant un siècle, St-Maur est par trois fois en 40 ans mis au pillage pendant les luttes religieuses, en 1568 par d’Andelot, en 1585 par la Boulaie, lieutenant de Condé, en 1589 par Duplessis-Mornay, qui expulse de vive force le poste de ligueurs. Pendant ce temps les religieux erraient tantôt à Angers, tantôt à Saumur, réclamant par justice quelque refuge et, à peine rentrés à la paix, obligés de faire guet, avec l’épée ou l’arquebuse. Le gouvernement réparateur de l’abbé de St-Offange rétablit la règle, — et la réforme complète s’introduisit le 6 novembre 1668 par convention du 6 août précédent, conclue avec les religieux de la nouvelle congrégation de Saint-Maur. Les anciens obtinrent de rester dans la maison, où le dernier, Franç. de la Grandière, mourut en 1713, âgé de 94 ans. Dès le 11 juin 1685 un marché passé avec l’architecte Parage, d’Angers, traita pour la reconstruction du monastère, dont la première pierre fut posée le 15 juillet ; l’œuvre était achevée en 1690. De 1690 à 1697, Violette, de Saumur, éleva les cloîtres. L’église, ornée en 1672 d’une grande statue de Vierge par Plouvier, fut voûtée en 1700-1701 ; — tous les bâtiments restaurés — et la dernière pierre mise aux murailles du jardin le 17 novembre 1709. — Une vue d’ensemble en est gravée dans le Monasticum Benedictinum ; — un dessin du temps s’en conserve au Musée archéologique, — un autre dessin dans les Mss. de Berthe, t. II, f. 20.

L’œuvre nouvelle d’ailleurs est presque tout entière encore debout et ressort, au pied du coteau, au bord de la Loire, sur le fond de la verdure sombre des vignes et des taillis. Sur la façade vers N., au fronton du bâtiment conventuel, se lisent les dates 1687-1743, — plus haut, quelques lettres d’une inscription effacée : Sanctus Maurus ... Benedict... apostol... Rien à l’intérieur à signaler qu’un plan Mss. du domaine signé Juteau, de Nantes. Des cloîtres qui y attenaient vers S. subsistent seulement l’aile N., décorée d’un cadran solaire avec l’inscription : Sol rapit me, vos umbra ; et plus bas : Horam expecta ; plus bas encore : Joseph Bornery hanc fecit anno Domini 1789, — et l’aile vers l’O., où se rattache extérieurement l’abbatiale, reconstruite en 1710 et bien conservée. La galerie vers l’E. a disparu, avec la sacristie, les dortoirs et la bibliothèque garnie de livres en 1701 ; — l’hôtellerie reste debout. L’aile S. fermait l’enclos en se complétant dans l’alignement par la grande église, rasée comme elle, sauf les dernières assises du mur vers S. de la nef, qui servent encore de clôture — et le pignon vers l’O., engagé à demi dans le bâtiment voisin. Le portail, surmonté d’une grande fenêtre cintrée, s’ouvre dans une baie de quatre archivoltes ogivales concentriques, reposant sur des colonnettes avec chapiteaux à dent de scie, précédant un long porche, qui sert aujourd’hui de cellier.

Suit une liste des Abbés, dressée d’après M. Hauréau, qui discute et rectifie nombre de textes faux ou confus. J’ai ajouté ce que j’ai pu : — St Maur, 543-580. — Bartulfe, fils de Florus, 580-586. — Florian, .... — Gausbert, 835. — Ebroin, 840, nommé évêque de Poitiers vers 841. — Goslen, fils du comte Rorgon, neveu de l’abbé Gausbert, 845, qui devint abbé de Saint-Germain-des-Prés, puis évêque de Paris. — Theodradus, .... — Godefroi, Godofredus, ...., plus tard abbé de St-Maur-des-Fossés. — Eudes, Odo, qui émigré avec les reliques devant l’approche des Normands et se réfugie à Saint-Maur-des-Fossés (868), où un diplôme impérial réunit St-Maur-sur-Loire (869) pour plus de deux siècles. — Gérard, prieur de Saint-Aubin d’Angers, consacré abbé en 1095 (Chron. d’Anj., II, 14). — Galeran, Walerannus, 1099. — Ramnulfus, 1105, 1123. — Gérard II, 1124, 1129. — Dreux, Drogo, 1133. — Guill. de Gascogne, 1138. — Guill. de Normandie, moine de St-Florent, 1202. — Hamericus, † en 1234. — Etienne, avril 1234, † en 1240. — Lisiard ou Hyscard, décembre 1240, qui abdique. — Pierre, pourvu par bulle du 15 mai 1248. — Etienne II, 1271, † en 1287 le samedi après la Saint-André. — Jean Houdry ou Heudry, élu le dimanche avant Noël 1287, 1293. — Etienne III, 1320. — Guillaume III, 1344. — Denis Vaslin, 1357, † vers 1363. — Geoffroy, pourvu par bulle le 12 juin 1363. — Jean II, 1398, 1404. — Jacques, 1409. — Guillaume IV, 1427, qui résigne en novembre 1450, infirme et âgé de 70 ans. — Charles Ier, précédemment abbé de N.-D. de Turpenay, bachelier en décrets, novembre 1450, † en 1463. — Hamelin, pourvu par bulle du 28 novembre 1463, qui résigne en 1477. — Hilaire Ragot, par bulle du 12 février 1477, † le 24 mars 1496. — Guy de la Roche, 1497, qui résigne en 1518, † le 1er septembre 1533. — Guyon — et non Jean — de la Roche, son neveu, 1518, 1532. — Franç. Maurice — et non Maurier, — 1538, 1548. — Eustache Du Bellay, commendataire, comme les trois suivants, 1544, qui devient évêque de Paris en 1550. — Louis Garnier, 1564, † en 1571. — Jean Pierres, V. ce nom, déjà abbé du Perray-Neuf, 21 septembre 1571, 1584. — Claude de Salles, 3 octobre 1585, 1591. — Claude de St-Offange, V. ce nom, abbé régulier, 1591, qui résigne en 1626. — Claude-Madelon de St-Offange, 1626, qui résigne en 1671, † le 24 avril 1682. — René-Madelon de St-Offange, commendataire, 1671, † le 8 avril 1707. — Jean-François Martineau, archidiacre d’Angers, 23 avril 1707, † le 11 décembre 1719. — Charles-Louis de Froullay, 8 janvier 1721, qui résigne en 1728, en acceptant l’abbaye de la Couture. Il était évêque du Mans depuis le 17 octobre 1723. — Martin-Maurice de Lossendière, chanoine de Nancy, 1729. — Charles-Marc de Livenne, chanoine de Saintes, qui bénit l’église paroissiale le 12 avril 1753. — Etienne Delisle, 1754, 1765. — Gaspard Henri-François Lejeune de Créquy, 1765, † en août 1773. — Eustache Lejeune de Créquy, 1773-1790.

Le domaine abbatial comprenait, outre d’importants vignobles et de vastes taillis, les métairies de Beaulieu et des Guets et l’île de St-Jean en Loire, avec plusieurs petits îlots et droit d’herbage et d’usage dans les bois de vallée, sans autre redevance à la recette du comté qu’un fromage et un pain de deux deniers le jour de la St-Jean-Baptîste.

L’abbé présentait dans le diocèse d’Angers, — outre le prieuré de l’Ile, dans la grande île Saint-Maur, dont la chapelle était dédiée à Notre-Dame et à Marie-Madeleine, — les prieurés de Denée et du Moul, les cures de St-Maur, Bessé, St-Vétérin de Gennes, Coutures et Denée, — dans le diocèse de Poitiers, les prieurés de Concourson, de la Chapelle-sous-Doué, de Bournan, de St-Cyr-en-Bourg et de St-Maur de Loudun, et les cures de Concourson, de la Chapelle, de St-Cyr, de Bournan et de St-Just-des-Verchers ; — dans le diocèse de Maillezais, les prieurés de Faveraie et du Coural et la cure du Voide.

On donne pour armoiries à l’abbaye : d’azur à 7 fleurs de lys d’or posées 3, 3 et 1. — Sa mesure seigneuriale comptait 12 boisseaux pour 10 et un quart 1/2 des Ponts-de-Cé.

Un peu à l’écart vers S. s’élève la petite église de St-Martin, Sanctus Martinus prope Sanctum Maurum 1640 (G Cures), restée seule des quatre églises antiques. L’œuvre, en appareil régulier du XIIIe s., repose au chevet sur un noyau en amplecton d’un édifice plus antique, dont il a été recueilli un curieux chapiteau, sculpté d’une syrène tenant d’une main le poisson mystique et de l’antre sa queue. Elle comprend deux nefs ou chapelles, accolées parallèlement et communiquant par une arcade ogivale, chacune d’une seule travée avec une abside semi-circulaire. — La nef vers N., plus longue, avec le grand autel, s’éclairait autrefois de trois fenêtres plein cintre, longues et étroites ; celle vers S. abrite un autel de la Vierge, dont le retable montre des traces de peintures à peu près disparues. Un vulgaire appentis y a été ajouté sur toute la longueur, du N. au S., et l’église reçut une bénédiction nouvelle le 12 avril 1753, date inscrite sur l’arcade intermédiaire. — A hauteur d’homme, sur le mur N., a été encastrée une inscription en lettres gothiques du XVe s. : (...) sans qu’aucune trace existe extérieurement de l’oratoire détruit. — A l’opposé, sur le pied du pilier, qui sépare les deux nefs, une antre pierre porte écrit : La date donnée ici est inexacte, mais le fait est vrai, comme je l’ai raconté, et M. Fillon a poblié les sceaux des deux chefs mentionnés. — Vis-à-vis, une pensée ingénieuse et patriotique a fait placer un autre fragment recueilli dans les décombres, qui rappelle la délivrance de la patrie. Il n’en reste que ces mots : (...) Dans le carrelage, la pierre tnmulaire « de dame | Marie Catherine de la Vi | llarmois, veve de meesi | re François de St-Offan | ge, chevallier, seigneur de | la Jaille, ... et mère de Mre | Magdelon de St-Of | fange, à présent abbé de | céans, laquelle dece | da le 22e mars 1679 |, aagée de 40 ans | six moix ... ; à côté, celle du curé Bernardin Belliard, — et la dalle armoriée d’un abbé, portant écartelé au 1er d’une croix, cantonnée de 4 roses ? au 3e bandé de 10 fasces, au 2e lozangé de ... au franc quartier d’hermine, au 4e d’hermine à 2 fasces de ... » — Une statue de St Fiacre et deux belles châsses, récemment restaurées, décorent un autel.

C’était là l’église paroissiale, fondée en 543 et la plus ancienne, peut-être, qui ait été dédiée à St Martin dans le diocèse. Elle était desservie d’abord par les religieux, qualifiés jusqu’à la Révolution du titre de curés primitifs. Ils instituèrent plus tard un vicaire perpétuel ou curé, dont la résidence était à un quart de lieue perdue au milieu des bois.

Les registres datent de 1598.

Curés : Denis Tessier, 1547. — Guill. Garnier, † le 30 octobre 1602. — Jean Mouton, 1603, 1625. — Pierre Perrault, 1642, qui résidait à St-Rémy et y faisait office de maître d’école. — Abraham Rousseau, 1660, qui résigne en 1662. — Urbain Perrault, nommé le 30 décembre 1662, † le 12 octobre 1709, âgé de 72 ans. — Louis Liberge, vicaire de Brain-sur-Longuenée, installé le 8 novembre 1700 et qui s’en retourne mourir le 19 à Bran, âgé de 43 ans. — Toussaint Bouffard, installé le 8 juin 1710, qui résigne. — Simon Sigougne, originaire de Chemellier, installé le 4 novembre 1714. Il n’avait reçu encore que les ordres mineurs. — Claude Dudoyer, mort le 20 novembre 1721, au château de Gonnord, dont son père était receveur. — Hilaire Mesnard, 1721, † le 2 décembre 1735, âgé de 50 ans. — Bernardin Belliard, 1736, † le 3 octobre 1738, âgé de 63 ans, comme l’indique son épitaphe dans l’église. — Franç. Denouault, installé le 8 octobre 1738. — Florent Lemoine, 1768, † le 22 février 1772, âgé de 46 ans. — Hardy, 1772, 1786. — Poineau, originaire de Rochefort-sur-Loire, 1787, qui suivit ramée Vendéenne en 1793 outre-Loire, revint se cacher à St-Lambert-du-Latay et y est mort le 19 juillet 1828, âgé de 75 ans, en léguant 25,000 fr. à St-Lambert.

La chapelle fut supprimée comme succursale et le service réuni par ordonnance épiscopale du 20 février 1809 au Toureil, où furent transportés les ornements du culte. La chapelle vide et délabrée fut même délaissée à partir de 1857 par la procession des Rogations. On a commencé à la restaurer en 1862 avec une première allocation votée par la Société archéologique de France dans sa réunion de Saumur, — et depuis lors avec des offrandes particulières.

La paroisse comptait 43 feux en 1748, — 37 feux en 1793. Elle fut érigée, comme ses voisines, en commune, comprenant 371 hect., et eut pour maires : Blanchet, an II-1808. — Avril, 2 janvier 1808. — Pierre-Charles Leveux, 10 février 1813, installé le 22, démissionnaire le 15 mars 1822. — René Artif, 14 mai 1822. — Pierre Martin, 8 février 1830.

La loi du 15 juillet 1840 l’a réunie à Saint-Georges-le-Toureil, d’où l’a détachée de nouveau la loi du 18 juin 1873, pour former avec le Toureil et Bessé la commune du Toureil.

Deux Assemblées s’y tiennent le 24 juin et le 25 août, qui ont remplacé les foires antiques.

Arch. de M.-et-L. C 193 et 196 ; E 1366 ; H Abbaye de Saint-Maur. Son Chartrier comprend 50 volumes ou registres, une quarantaine de liasses, et un curieux petit cartulaire XIIe siècle, de 29 folios à 2 colonnes, avec la reproduction des monogrammes et des dessins des sceaux, appendus primitivement aux chartes originales (560-1147). Il a été publié par M. Marchegay, t. I., p. 253-403 de ses Archives d’Anjou. V. aussi T. I, p. 293-350 ; II, 887 et Not. et Docum., p. 379. — Bolland, janvier, t. I, p. 1049 ; t. II, p. 329 ; t. III, p. 414. — Mabillon, Prœfationes Actis SS. ord. S. Ben, (Rouen, 1732, in-4°), ch. v, p. 19-25. — D. Ruinard, Apologie de la mission de St Maur (Paris, 1702, in-8° de 180 p. — ubi p. 142 la bulle d’Urbain II. — L’abbé Ansard. Hist. de St Maur (Paris, 1772, in-12). — D. Bastide, De Ordinis S. Bened. propagat. (Auxerre, 1658, in-4°). — St Maur et le sancruaire de Glanfeuil en Anjou [par D. Jausions] (Angers, 1868, in-12). — D. Chamard, Vie des Saints de l’Anjou, t. I, p. 237-291. — Journal de Maine-et-Loire, 21-23 février 1843. — Répert. archéol., 1860, p. 153, 160-165 ; 1865, p. 104 ; 1868, p. 180. — Godard-Faultrier, Nouvelles archéol., n° 50, — et l’Anjou et ses Monum., t. I, p. 135-145 ; t. II. p. 302-304. — Revue de l’Ouest, t. III, p. 200, art. de M. Benj. Fillon. — Roger, Hist. d’Anjou, p. 51-54, 227-232. — Bodin, t. I, p. 252 et 530. — Comité hist. des Arts et Monum., 1844, t. III, p. 107.— Hist. littéraire de la France, t. V, p. 384. — D. Martène, Hist. de Marmoutier, I, 164. — Revue d’Anjou, 1869, p. 12-20 ; 1876, p. 170. - Mém. de la Soc. d’Agric., Sc. et Arts d’Angers, t. II, p. 151. — Berthe, Mss. 896, t. II, p. 20. — Grandet, Notes Mss. — Hist., Mss. 772, de l’abb. de St-Maur.  »

Notes

Articles connexes

Saint-Georges-le-Thoureil
Gennes-Val-de-Loire

Sources et annotations

  1. a et b École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui - Notice communale de Saint-Maur, 2007
  2. Lois relatives à des changements de Circonscriptions territoriales, du 15 juillet 1840, Quatrième loi, Bulletin des lois du Royaume de France, B. n° 751, IXe série, Deuxième semestre de 1840, tome 21e, Nnos 739 à 782, Imprimerie royale (Paris), février 1841, p. 209-210
  3. Loi portant que le territoire de la commune de Saint-Georges-le-Thoureil, du 28 juin 1873, n° 2130, Bulletin des lois de la République française, XIIe série, Premier semestre de 1873, tome 6e, Nos 118 à 141, Imprimerie nationale (Paris), 1873, p. 825
  4. a b et c Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. IV (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996, 2e éd. (1re éd. 1878), p. 188-191
  5. Pierre-Louis Augereau, Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire, Cheminements (Le Coudray-Macouard), 2004, p. 240 et 197
  6. a et b Ministère de la Culture, Base Mérimée (Le Thoureil), mai 2012
  7. Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), Géoportail – Saint-Maur (49), janvier 2025
  8. Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. 3 (N-Z), Lachèse & Dolbeau (Angers), 1878, pages 428 à 431
Les formes anciennes du nom.