René d'Anjou

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Portrait.

Né à Angers, René d'Anjou dit le roi René ou le bon roi René, est un seigneur angevin de la fin du Moyen Âge. Il est l'un des personnages emblématique de l'Anjou.


Sa vie

René d'Anjou naît au château d'Angers le 16 janvier 1409 (Moyen Âge). Il est le fils cadet de Louis II d'Anjou (1377-1417), duc d'Anjou et comte de Provence, et de Yolande d'Aragon (vers 1380-1442). L'apanage angevin est un vaste territoire de plus de 7 000 km². Au plan politique, la situation de la France est alors tourmentée ; les crises de démence du roi Charles VI (1368-1422) aiguise la compétition entre les princes[1]. René est élevé avec le futur Charles VII, fiancé de sa sœur. Dès son plus jeune âge, René est formé aux armes. Son père décède alors qu'il n'a que huit ans.

Il épouse Isabelle de Lorraine le 24 octobre 1420, fille aînée du duc de Lorraine Charles II et de Marguerite de Bavière. Il fait ainsi entrer le duché lorrain de Bar dans le giron angevin.

Ami du roi Charles VII, il assiste en juillet 1429 à son sacre en la cathédrale Notre-Dame de Reims et devient ardent chevalier de Jeanne d'Arc. Il est par la suite fait prisonnier, puis libéré en 1436 contre une rançon et la cession de ses domaines de Flandres.

À la mort en 1434 de son frère aîné, Louis III d'Anjou, il devient duc d'Anjou, comte du Maine et de Provence, puis l'année suivante roi de Naples et roi de Jérusalem. Autant de territoires éparpillés où il devra combattre pour son maintien, subissant plusieurs échecs. René d'Anjou appartient à la seconde maison d'Anjou, issue de Jean le Bon (1319-1364), comprenant Louis Ier (1339-1384), son fils Louis II (1377-1417), puis Louis III (1403-1434), René (1409-1480), et Charles IV du Maine qui lui succèdera[2].

Le roi René revient à Angers en mars 1437, puis s'embarque vers la Sicile l'année suivante. Après avoir été défait par Alphonse d'Aragon, il rentre en France en juin 1442. Il organise un tournoi près de Saumur, à Villebernier, en juin 1446, puis séjourne en Provence de février 1447 à juillet 1949 ; joutes prenant des formes moins brutales et mettant au premier plan l'apparat et à la galanterie. Il donnera à nouveau un tournoi en 1449 à Tarascon[3]. En août 1448, il fonde l'ordre du croissant, dont les assises se tiendront en la cathédrale d'Angers.

Isabelle de Lorraine décède à Angers le 28 février 1453. Sa disparition le plonge dans une grande douleur.

Appelé par Charles VII, il conduit en mai 1453 la guerre en Italie du Nord et revient en France l'année suivante, séjournant d'abord six mois en Provence avant de revenir en Anjou.

René se remarie le 10 septembre 1454 avec Jeanne de Laval, fille de Guy XIV de Laval et d'Isabelle de Bretagne. Il délaisse ensuite la politique et les opérations militaires pour une vie champêtre et des projets architecturaux, comme la construction du manoir de La Ménitré ou celui de Sainte-Gemmes[4],[5].

Après avoir dressé l'inventaire de ses domaines pour son petit fils Nicolas d'Anjou qu'il institue légataire universel, il quitte l'Anjou en 1471 pour s'installer en Provence. Les relations avec son neveu Louis XI, roi de France, se dégradent. Ce dernier œuvre à la réunification du royaume et fera saisir par la suite les duchés de Bar et d'Anjou.

René d'Anjou s'éteint au château d'Aix-en-Provence le 10 juillet 1480, à l'âge de 71 ans, et son corps est ramené à Angers pour être inhumé en la cathédrale. L'Anjou est réunie au domaine royal. René Ier d'Anjou aura été seigneur et comte de Guise (1417-1425), duc de Bar (1430-1480), duc de Lorraine (1431-1453), duc d'Anjou (1434-1480), comte de Provence et Forcalquier (1434-1480), roi de Naples (1435-1442) et roi de Jérusalem (1435-1442)[6],[7],[8].

« Oncques prince n'ayma tant ses subjets qu'il aymoit les siens, et en fut pareillement aymé et bien voulu qu'il estoit d'eulx. » (Bourdigné)[9]

Les arts

René d'Anjou (dit le roi René ou le bon roi René)[10] fait partie de ces princes angevins qui ont encouragés les lettres et les arts. Il connaît plusieurs langues (latin, italien, grec, hébreu, catalan et français) et lit beaucoup. Amateur d'art, il est mécène et l'ami des artistes. Souvent piètre politique, il donne sa préférence aux beaux tournois, aux fleurs, aux jardins. Il est lui-même artiste, écrivain et peintre. Il rédige au milieu du XVe siècle son Livre des tournois ou Traictié de la forme et devis d'ung tournoy. Ce recueil de règles concernant le déroulement de tournois sera son plus grand succès littéraire en tant qu'écrivain. Après le décès en 1453 de sa première épouse, Isabelle de Lorraine, il compose le Mortifiement de Vaine Plaisance. Plus tard, remarié avec Jeanne de Laval, il écrit, peint, compose des poèmes, et rédige le roman de chevalerie Livre de Cuer d'Amour espris[10],[6],[3].

Le bâti

Le roi René a aussi un rôle non négligeable sur l'évolution du bâti de la région angevine, où il est à l'origine de nombreux chantiers de constructions ou de transformations : châteaux d'Angers, des Ponts-de-Cé, de Baugé et de Saumur, manoirs de plaisance Haute-Folie alias Epluchard (Angers), Chanzé (Sainte-Gemmes-sur-Loire), Reculée (Angers), Les Rivettes (Les-Ponts-de-Cé), Villechien (Angers), La Rive (Bouchemaine), Belligan (Sainte-Gemmes-sur-Loire), etc. Beaucoup de ses réaménagements sont agrémentés de jardins[7],[11].

Il introduit, de 1450 à 1473, un grand nombre de plantes et d'arbres circaméditerranéens au château et dans ses demeures de Chanzé, Epluchard, La Baumette, Reculée, Les Ponts-de-Cé, Rivette[12].

Notes

Bibliographie

Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires, Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 1875, 2 vol., 576 et 551 pages (notice BnF no FRBNF30769060) (sur Gallica)

Sur le même sujet

Livre des tournois de René d'Anjou
Gilles de Rais
Joachim Du Bellay
Jean Delespine
Foulques Nerra
Personnalités angevines

Sources et annotations

  1. Jean-Michel Matz, Laissez-vous conter le roi René (1409-1480), dans Vivre à Angers - Fiche patrimoine, 2009
  2. Christof Ohnesorge, Les ambitions et l'échec de la seconde maison d'Anjou (vers 1380-vers 1480), dans Les princes angevins du XIIIe au XVe siècle, sous la dir. de Noël-Yves Tonnerre et Élisabeth Verry, coll. Histoire, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 265-276
  3. a et b Christian de Mérindol, Le Livre des tournois du roi René. Nouvelles lectures, dans Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1992, 1994, p. 177-190
  4. Christian de Mérindol, Les demeures du roi René en Anjou et leur décoration peinte, dans Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1978-1979, 1982, p. 180-193
  5. Francis Salet, Le roi René, dans Bulletin Monumental, tome 141, no 3, année 1983, p. 321-323
  6. a et b Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. III (N-R), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1989, 2e éd. (1re éd. 1878), p. 405-407
  7. a et b Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. 3, Lachèse & Dolbeau (Angers), 1878, p. 237-243
  8. Archives départementales de Maine-et-Loire, Le roi René donne à Saumur un tournoi (1446) (Histoire de l'Anjou - Il était une fois l'Anjou), 2013
  9. Bourdigné, Dictionnaire Célestin Port, t. 3 de 1878, op. cit., p. 241
  10. a et b Jacques Levron, La Vie intellectuelle en Anjou, dans Visages de l'Anjou, coll. « Provinciales », Horizons de France, 1951, p. 85-86
  11. Jean-René Morice, Les châteaux et manoirs de l'agglomération angevine, dans Norois no 178, avril-juin 1998, Villes et tourisme, p. 209-225
  12. Louis Germain, Les Jardins et les Parcs publics d'Angers, dans Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 21e année, bulletin no 239-240, juillet-août 1941, p. 365-386