Amain
En Anjou
- amain
Mot
Nom commun, masculin singulier.
En parler angevin (partout), amain pour
- côté le plus facile pour saisir un objet, porter un fardeau, exécuter un travail ;
- adroit (être amain, être à sa main).
Exemple : « J’ traveuchons chacun à nout’ amain et annuit ren n’aurait pu nous bourder de venir à toute c’te funéraille. » (Verrier et Onillon, Discours)
Glossaire V. et O.
Dans le glossaire de Verrier et Onillon : « Amain (partout.), s. m. — Côté le plus commode pour saisir un objet, porter un fardeau, exécuter un travail. Ex. : C'est ça mon amain ; ça n'est point à l'amain. \\ N'y a jamais d'amain ! — pas possible ! \\ A l'amain de, — dans le proche voisinage, à proximité de. Ex. : Je sommes ben à l'amain de la rivière ; c'est ben à l'amain de l'eau. N'aie pas peur, mon vilain laid, si j'étais à l'amain de toi, je te relèverais le cul ! \\ Etre à l'amain de, — être capable de, en état de. Ex. : Ceté méchante pâgnon-là, j'sé pas à Vamain de la faire craire ! — Je n'ai jamais été à l'amain de la faire s'en venir avec moi. — Fu. — J'sé pas à l'amain d'où (cela) faire, j'sé pas en l'amain — j'sé pas en le cas d'où faire. \\ De l'autre amain — de l'autre côté. (Zig. 150.)
Et. — A Saint-Paul, on dit dans le même sens : C'est ma main, c'est sa main, c'est la main. Par suite, il est évident que le mot montjeannais Amain n'est autre qu'un composé du mot main, avec le préf. A, dernière lettre de l'article La. (V. Ahaie.) D'ailleurs, il faut regarder le mot Amain comme un mot unique, distinct, un vrai subst., puisqu'on dit : Ein amain, mon amain, son amain, leux amain, et qu'il a fourni le composé Désamain. Enfin Amain, en dépit de l'étymol., est du masc, puisqu'on dit : Le bon amain, le vrai amain.
Hist. — « Il n'est chose tant facile et tant à main. » (Rab., P., V, 490.)
— « Avoir aussy sens, propos, temps, a main Pour faire chose agréable aux seigneurs. » (G.-C. Bucher, 146, p. 170.)
— « En prenant, se tu es a main. Porras bien touchier à sa main. (Clef d'Amors, p. 33, H. de G.)
— « N'essayez pas d'ouvrir cette barrière droite, vous la briseriez ; son amain est à gauche. » (Orain.)
— « M'sieu le tchuré... y m'trouve bé-n-en peine !. . . N'y a pus que vous tchi sejez à la main de m'ichirer d'ombarras. » (H. Bourgeois, Hist. de la Grande Guerre, p. 50.) »
Notes
- Voir aussi mein, dô, ieun.
- Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou, Germain & Grassin (Angers), 1908, t. 1, p. 31 et p. 374
- Henry Cormeau, Terroirs Mauges, miettes d'une vie provinciale, tome premier Le glossaire, G. Crès (Paris), 1912, p. 65
- Marc Leclerc, Rimiaux d'Anjou - Sixième édition, Au bibliophile angevin André Bruel (Angers), 1926, p. 77 et 95 (lire)
- Dominique Fournier, Mots d'galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui, Cheminements (Le Coudray-Macouard), 1998, p. 19
- Bulletin de la Société de l'industrie de la Mayenne, tome III, A. Mary-Beauchêne (Laval), 1867, p. 146
- Paul Martellière, Glossaire du Vendômois, Herluison (Orléans) et Ripé (Vendôme), 1893, p. 13
- Geneviève Massignon, Les parlers français d'Acadie, enquête linguistique, libr. C. Klincksieck (Paris), 1962, p. 447