Naissance dans la tradition de l'Anjou
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— Quand une femme « entre dans les douleurs » il faut deux
personnes pour aller chercher la sage-femme, car si l'on va seul un
mauvais sort est facile à jeter et malheur à la mère future, ses
couches ne seront pas « chanceuses (2). »
- 2. Cette coutume et celles qui vont suivre ont été recueillies par Mme G. de Launay.
— L'enfant sera musicien s'il crie sitôt sa naissance, et s'il se tait sa santé ne sera pas très bonne.
— L'enfant d'une fille et d'un père inconnu est baptisé le soir à la nuit tombante sans que les cloches sonnent ; mais, s'il vient à naître dans les six mois qui suivent le mariage, il est baptisé en plein jour et sans carillon ; à moins que la mère n'eût pas mis la couronne d'oranger le jour de la bénédiction nuptiale, refusant alors les honneurs dûs à la pureté, le nouveau-né les reprend et les cloches sonnent à son baptême.
— Quand une femme vient d'accoucher, si, dans les trois jours qui suivent, la lune ne change pas, l'enfant qui naîtra par la suite sera du même sexe que le nouveau-né : les fermiers ne manquent presque jamais de faire cette remarque.
— L'enfant doit toujours se nommer comme son parrain, si c'est un garçon, comme sa marraine, si c'est une fille.
— La mère ne donne jamais à son bébé une goutte de lait avant le baptême, parce qu'elle est chrétienne et que l'enfant n'est pas délivré du péché originel.
— Sitôt que l'enfant est baptisé, le parrain, la marraine et les pasents invités au baptême, se rendent dans une auberge où ils boivent à la santé du nouveau-né.
— La mère fait ses relevailles quinze jours, trois semaines après l'accouchement : cette cérémonie consiste à entendre la messe un cierge à la main et à offrir un pain à l'église. La donatrice a soin d'enlever le croûton, un des bouts du pain, et de le rapporter chez elle afin de le faire sucer à son poupon pour lui éviter les maux de dents et le fortifier.
— Lorsque l'enfant est sur le point de naître et que la mère, après de longues souffrances, ressent les dernières douleurs, on met vite sur la tête de la patiente soit une image pieuse, soit un chapelet.
— Une femme va-t-elle faire ses relevailles ? elle remarque avec soin la première personne qu'elle rencontre : si c'est un homme, son autre enfant sera un garçon, si c'est une femme elle aura une fille ; et si elle aperçoit une fille publique, son fruit n'arrivera pas à terme.
— La femme enceinte porte malheur : un conscrit se rend-il au tirage et sur son chemin trouve-t-il une femme dans cette position, il tirera un mauvais numéro.
Anjou, traditions. Extrait de Traditions et superstitions de l'Anjou dans Revue des traditions populaires de la Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris), 8e année, tome VIII, n° 2, février 1893. Naissance par G. De Launay, pages 96 à 97 (et 285 du t. VIII, n° 5, mai 1893). Publication en série imprimée paraissant tous les mois consacrée à l'étude de la mythologie, de la littérature orale, de l'ethnographie traditionnelle et de l'art populaire.
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