Pierre Bécherelle

De Wiki-Anjou
Photographie du rocher.

La pierre Bécherelle est un rocher situé en bord de Loire à Épiré, sur la commune de Savennières, en Maine-et-Loire, et en limite de Bouchemaine.


Description

La pierre Bécherelle se trouve à Épiré, entre Bouchemaine et Savennières sur la rive droite de la Loire qu'elle surplombe, en aval de la confluence avec la Maine[1]. Monolithe d'une hauteur d'une quinzaine de mètres, cette roche naturelle se compose d'alternance schisto-gréseuse appartenant à la formation de Frégréac[2]. C'est un grès schisteux du Paléozoïque (Ère Primaire), une roche méta-sédimentaire datant d'environ 450 millions d'années[3].

Le site de la confluence Maine-Loire et les coteaux angevins est classé par décret du 23 février 2010. Le classement comprend notamment la commune de Savennières, incluant l'élément patrimonial de la pierre Bécherelle[4]. Le site est également pré-sélectionné à l'inventaire national du patrimoine géologique.

Situation

Le monolithe de la pierre Bécherelle se situe en contre-bas du village d'Épiré, non loin de La Roche-aux-Moines et de La Coulée-de-Serrant, autres sites emblématiques de ce secteur, et de l'île de Béhuard dont on aperçoit la pointe Nord. Le paysage est dominé par des coteaux couverts de végétations ou de vignes.

Le rocher est accessible soit par la route (Épiré D 111, puis rue et chemin de Bécherelle), soit par le sentier qui longe la Loire de La Pointe, au nord, vers le bourg de Savennières, au sud[1].

Le sentier est balisé GR 3e (Angers, Ingrandes), empruntant l'ancien chemin de halage. Ce chemin ombragé est large et en bon état, permettant aussi de faire le parcours en vélo (circuit de La Loire à vélo).

Un parking se situe à proximité, accessible depuis le bourg d'Épiré.

Coordonnées géographiques : 47° 23′ 46″ Nord et 0° 37′ 43″ Ouest (situer sur OpenStreetMap).

Histoire

Le rocher formait un repère et un observatoire. Il est mentionné au XIe siècle comme servant de limite aux fiefs de Saint-Laud et du Ronceray, côté Bouchemaine, et de celui de Saint-Nicolas, côté Savennières. La possession de l'eau de la Loire entre la Roche-Couleuvreuse et la Pierre-Bécherelle fera l'objet d'un contentieux entre Saint-Laud et les autres abbayes, se terminant au XIIe siècle par un accord entre le chapitre Saint-Martin et celui de Saint-Laud. Aux XVe et XVIe siècles, c'est un lieu de péage ; le seigneur de Serrant y percevant un droit. Plus tard, à l'essor du transport de marchandises par bateau sur la Loire, c'est un point de repère pour les mariniers.

Le bloc est menacé une première fois en 1843 par les entrepreneurs des levées de Chalonnes et de Montjean. En 1851, à la construction de la ligne de chemin de fer Angers-Nantes, on entaille le rocher, dont il ne reste plus aujourd'hui qu'une pointe écornée[5],[6],[7],[8],[9],[10].

C'est aujourd'hui un lieu de promenade ainsi qu'un lieu d'entrainement pour les alpinistes[11].

L'aiguille rocheuse a fait l'objet de nombreuses représentations comme celles des peintres Turner et Mercier, sans compter les cartes postales[12].

Célestin Port (1878)

Pierre-Bécherelle dans le dictionnaire Célestin Port de 1878[13] :

« Pierre-Bécherelle (la). — Rupes illa quœ dicitur Becherella, 1009 (Saint-Laud). — Bloc énorme, découpé en double cime par une entaille profonde, qui émerge au bord de la Loire, sous Epiré, cne de Savennières, à 600 mètres en aval des dernières maisons de la Pointe. Il servait de limite au fief du Chapitre de St-Laud d’Angers et de repaire aux mariniers angevins. Menacé une première fois en 1843 par les entrepreneurs des levées de Chalonnes et de Montjean, il fut respecté sur les réclamations du Journal de Maine-et-Loire, — V. les nos des 4 et 6 septembre, — mais il a été à-demi emporté par le tracé impitoyable de la voie ferrée, qui n’en a laissé debout qu’une des pointes amoindries. — Le seigneur de Serrant y percevait une fois l’an un droit de 12 den. t. sur chaque bateau passant dans les limites du fief, « quand la rivière de la Loire est si grande, qu’elle passe entour de lad. pierre, en tèle manière, que ung hanap, tenant une quarte de vin ou d’eaue, peut floter entour de lad. pierre ». — Tout auprès, de l’autre bord de la voie ferrée, sur la pente du rocher en retrait, servant de vague pâture, un petit enclos entouré de murs contient les tombes de Morainville, anc. fonctionnaire d’Angers, — du colonel Gaultier, parti d’Angers lieutenant de grenadiers, plus tard aide-de-camp de Beroadotte, — et du capitaine Dervieux, qui en 1807, simple cavalier au 2e régiment de cuirassiers, avait dans une charge sauvé la vie à son chef et plus tard devint son héritier. Une colonne tronquée, portant une urne, repose sur un piédestal en forme de dé, où d’un côté on lit : « Dervieux, à son maitre, à son frère d’armes, son bienfaiteur et son ami », — de l’autre : « Dans ce monument est déposé le cœur de Gilbert Gaultier, officier de la Légion d’honneur, chevalier de St-Louis, né aux Ponts-de-Cé en 1768, mort à Angers le 29 octobre 1821, après avoir noblement servi sa patrie pendant 27 ans. » »

Notes

Sur le même sujet

Épiré
Sites naturels classés et inscrits en Maine-et-Loire
Coteaux de la Maine et de la Loire
Randonnées en Maine-et-Loire

Sources et annotations

  1. a et b Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), Pierre Bécherelle, 49170 Savennières, août 2014
  2. DREAL Pays de la Loire, Base communale - Commune de Savennières (49329) - La Pierre Bécherelle IPG49_FA053, 22 octobre 2012
  3. Le Courrier de l'Ouest (Vincent Boucault), Près d'Angers. Un roc sorti du « paléozoïque », 25 août 2020 (sur des propos de Fabrice Redois, enseignant-chercheur à Angers et animateur de la Commission régionale du patrimoine géologique)
  4. Décret du 23 février 2010 (art. L 341-1 et suivant du code de l'environnement), classant l'ensemble formé par la confluence Maine-Loire et les coteaux angevins.
  5. Célestin Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, édition révisée en 1989 par André Sarazin et Pascal Tellier, éd. H. Siraudeau (Angers), t. 3, p. 166-167
  6. Michel Pecha, Une approche des humbles : La notice XLVII du Cartulaire de Saint-Laud, dans Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, 115-4, 2008, p. 6
  7. Angers Loire Métropole, Découvrez la pierre bécherelle, août 2014
  8. Mairie de Savennières, La Pierre Bécherelle, avril 2016
  9. L'Anjou historique, vol. 50 à 53, H. Siraudeau (Angers), 1950, p. 41
  10. Théodore Pavie, La fauvette bleue, Récits des bords de Loire : La Pierre-Bécherelle, dans la Revue des Deux Mondes, t. 31, février 1861, p. 698
  11. Le Courrier de l'Ouest (Vincent Boucault), Près d’Angers. La Pierre Bécherelle, rendez-vous des grimpeurs, 25 août 2020
  12. Fabienne Joliet, Véronique Beaujouan et Marta Jacob, Quelle naturalité du paysage ligérien ?, dans Norois, n° 192, 2004, p. 85-94
  13. Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. 3 (N-Z), P. Lachèse & Dolbeau (Angers), 1878, page 90