« Ardoisières » : différence entre les versions

De Wiki-Anjou
mAucun résumé des modifications
Ligne 30 : Ligne 30 :


== Les ardoisiers ==
== Les ardoisiers ==
[[Fichier:PetitCourrier-1911 11 12-ardoisieres.jpg|right|thumb|upright=1.2|link=Presse angevine - Le Petit Courrier/1911 11 12 ardoisières|alt=Article du Petit Courrier, 12 novembre 1911.|Article du Petit Courrier, 12 novembre 1911]]
[[Fichier:PetitCourrier-1911 11 12-ardoisieres.jpg|right|thumb|upright=1.2|link=Le Petit Courrier du 12 novembre 1911 - Ardoisières|alt=Article du Petit Courrier, 12 novembre 1911.|Article du Petit Courrier, 12 novembre 1911]]
On appelait ceux qui descendaient dans les mines les ouvriers  « d'à-bas », et les fendeurs qui travaillaient en surface, les ouvriers  « d'à-haut »<ref>Société d'économie sociale - Unions de la paix sociale, ''La Réforme sociale'', Volume 39, 1900</ref>.  
On appelait ceux qui descendaient dans les mines les ouvriers  « d'à-bas », et les fendeurs qui travaillaient en surface, les ouvriers  « d'à-haut »<ref>Société d'économie sociale - Unions de la paix sociale, ''La Réforme sociale'', Volume 39, 1900</ref>.  



Version du 27 janvier 2016 à 20:15

Photographie d'ardoises.

En Anjou on rencontre souvent des maisons blanches en tuffeau, couvertes en ardoises. Les rues étroites de la vieille ville d'Angers, comme son château, sont couvertes de schistes ardoisiers ce qui lui a valu autrefois le surnom de ville noire.

L'exploitation ardoisière française se situait dans plusieurs départements français (Ardennes, Corrèze, Côtes d'Armor, Finistère...), et dans quatre communes de Maine-et-Loire (Trélazé, Noyant-la-Gravoyère, La Pouëze et Combrée). Jusqu'au début du XXIe siècle, le gisement le plus important se trouvait sur le territoire de la ville de Trélazé.

« Plus que le marbre dur, me plaît l'ardoise fine. » (J. Du Bellay)

Origine

La légende attribue les premières utilisations de l’ardoise comme matériau de couverture à l’évêque d’Angers Licinius, en 592, devenu saint Lézin, patron des ardoisiers[1].

L'exploitation

Le Tour de la France par deux enfants - Illustration de la page 241.
« Ardoisiers d'Angers. — Quand les ardoises ont été arrachées de la carrière par gros blocs, on les fend au moyen de coins et de pics ; on obtient ainsi des feuilles de plus en plus minces. De nos jours, on a inventé une machine au moyen de laquelle on fend les ardoises avec rapidité. » (G. Bruno, Le Tour de la France par deux enfants, 1904)

Aux portes d'Angers, dès les XIe[2] et XIIe siècles les ardoisières sont à ciel ouvert[3], mais reste embryonnaire, pour ne se développer qu'au XVe siècle[2]. À Trélazé, c'est en 1406 que débute l'extraction d'ardoises à ciel ouvert d'extraction[4].

Jusqu’à la Révolution française, ce sont les communautés religieuses qui sont les principaux propriétaires des terrains ardoisiers[5].

Au XVIIIe siècle, les principaux centres de production se situent à Angers, Saint-Barthélemy-d’Anjou, Trélazé, La Pouëze et Combrée[5].

Plus tard, le développement industriel permet de s’enfoncer sous terre et de pouvoir intensifier la production. C'est le début du développement de l'extraction minière.

On trouve six carrières au début du XIXe siècle, celles d'Avrillé, trois à Saint-Barthélémy-d'Anjou et deux à Trélazé. Elles fabriquent 50 millions d'ardoises[6].

Les grands exploitants se regroupent progressivement entre 1808 et 1891, donnant notamment naissance en janvier 1891 à la principale société d'extraction (85 % de la production), la société Commission des Ardoisières d'Angers[4],[7],[2].

Dans les années 1960, la mécanisation se développe, l'évolution des techniques permettant de rationaliser le travail du schiste ardoisier[7]. Durant cette même période, la crise industrielle frappe les ardoisières[8], cédant progressivement le pas à l’ardoise espagnole[9],[10].

Entre 1983 et 1993, l’effectif de l’industrie ardoisière passe de 1 700 personnes à environ 500[11]. À cette période, les exploitations souterraines peuvent aller à plus de 400 mètres[12].

Fin 2013, l'entreprise angevine Ardoisières d'Angers annonce sa fermeture, actée par le plan social de mars de l'année suivante. C'est la fin de l'exploitation ardoisière en Anjou[13].

Les ardoisiers

Article du Petit Courrier, 12 novembre 1911.
Article du Petit Courrier, 12 novembre 1911

On appelait ceux qui descendaient dans les mines les ouvriers « d'à-bas », et les fendeurs qui travaillaient en surface, les ouvriers « d'à-haut »[14].

Les manœuvres du fond ou les travailleurs journaliers formaient un sous-prolétariat au sein de la population des ardoisières. La misère de cette population la pousse aux revendications sociales. En 1790 les prix de l'alimentation provoquent une émeute[12].

Les besoins de main d'œuvre étant importants, de nombreux Bretons affluent à Trélazé[15] entre 1850 et 1930. C'est le cas par exemple en novembre 1911, où des Concarnois viendront pour descendre dans les puits[16].
Les bretons passent de 20 % de la population trélazéenne en 1900, à 50 % en 1908[17].

À la fin du XIXe siècle, le développement de l'industrie de l'ardoise entraîne l'essor du syndicalisme et les premières grèves. Une personnalité se distinguera au début du XXe siècle, Ludovic Ménard (1855-1935), ouvrier fendeur et syndicaliste[18],[19]. En 1920, les ardoisiers sont assimilés aux mineurs[18],[19].

Les couvreurs

On ne saurait parler de l'ardoise sans également évoquer les couvreurs, qui utilisent l'ardoise pour la couverture des maisons. Métier ancien, on en trouve des traces dans la littérature en 1773, où « L'art de l'ardoisier n'a point été établi en maîtrise ; mais il n'appartient qu'aux maîtres couvreurs d'employer l'ardoise pour la couverture des maisons »[20].

Comme les mineurs, les couvreurs utilisent la grève pour obtenir des accords, tel en novembre 1911[16].

Cités ardoisières

Sites ardoisiers en Anjou :

Musées

L'ardoise angevine est un élément du patrimoine. Tous les chefs-d’œuvre du Val de Loire en sont coiffés, dont la qualité s’est imposée comme une référence.

En Maine-et-Loire, deux musées sont dédiés à l'ardoise :

Notes

Sur le même sujet

Bibliographie

  • Ernest Mourin, Les Ardoisières d'Angers, Édition E. Barassé, 1864
  • Jules-César Ichon, Notice sur l'exploitation souterraine des ardoisières d'Angers, Impr. Lachèse et Dolbeau, 1890
  • Olivier Couffon, L'ardoise et l'exploitation des ardoisières en Anjou : du XVè siècle jusqu'à nos jours, Édition de l'Ouest, 1922
  • Furcy Soulez-Larivière, Les Ardoisières d'Angers, Édition Chambellay, 1986
  • Jean-Paul Drevet, A propos des ardoisières d'Anjou, Édition Angers J.P. Drevet, 1988
  • Patrick Taron, La Condition de l'enfant dans les ardoisières d'Angers - Trélazé au XIXème siècle, 1991
  • Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Éditions Cheminements, 2004
  • Julien Derouet, Paroles de mineurs d'ardoise, Éditions Cheminements, 2009

Archives télévisées

Sources et annotations

  1. Aimé de Soland, Bulletin historique et monumental de l'Anjou, Volume 6, Imprimerie Librairie Barassé, 1860
  2. a b et c Philippe et Catherine Nédélec, L'Anjou entre Loire et tuffeau, Éditions Ouest-France, 2010
  3. P.Wagret J.Boussard J.Levron S. Mailliard-Bourdillon, Visages de l'Anjou, Horizons de France, 1951, p. 40
  4. a et b Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, 1874 1878, Édition révisée de 1996 par André Sarazin et Pascal Tellier, t. 4, p. 578 à 580
  5. a et b Ville de Trélazé, 15 siècles d’histoire, octobre 2013
  6. Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Éditions Cheminements, 2004, p. 34 et 25
  7. a et b Fresques Ina, L'histoire de l'ardoise à Trélazé, 11 avril 1964
  8. Ville d'Angers, Parc des Ardoisières , octobre 2013
  9. CA Angers Loire Métropole, Trélazé - Quinze siècles d'histoire, octobre 2013
  10. Philippe Cayla, Aspects de la technologie minière en Anjou, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, Tome 104, numéro 3, 1997, p. 21
  11. Ville de Trélazé, De la crise au renouveau, octobre 2013
  12. a et b Les ardoisières, ardoises d'Anjou, mars 2010
  13. Ouest-France Entreprises, Les Ardoisières, c'est bien fini, 30 mars 2014
  14. Société d'économie sociale - Unions de la paix sociale, La Réforme sociale, Volume 39, 1900
  15. René Musset, Production, industrie, commerce de l'ardoise en France, Annales de Géographie, 1937, t. 46, n°260, pp. 174-178
  16. a et b Le Petit Courrier, parution du 12 novembre 1911, p. 1 et 3
  17. C. Fauchet - N. Hugues, La ville noire, terre de migrations bretonnes : Trélazé, 1850-1914, dans les Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, Tome 104, numéro 3, 1997, p. 201
  18. a et b M. Dreyfus - C.Pennetier - N. Viet-Depaule, Visages du mouvement ouvrier, Éditions de l'Atelier, 1995, p. 12
  19. a et b Gérard Linden, Les mots des mines et carrières du Maine-et-Loire, Éditions Cheminements, 2004, p. 168
  20. Pierre Jaubert, Dictionnaire Raisonné Universel des Arts et Métiers, Tome 1, P. FR. Didot le jeune, 1773