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{{Infobox monument | {{Infobox monument | ||
| titre = Château de Brézé | | titre = Château de Brézé | ||
| image = [[ | | image = [[File:Breze chateau et vignes 2010.jpg|center|300px|alt=Le château de Brézé|Le château de Brézé]] | ||
| période = {{Temps modernes}} | | période = {{Temps modernes}} | ||
| classement = Monument historique (1979) | | classement = Monument historique (1979) | ||
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== SON HISTOIRE == | == SON HISTOIRE == | ||
=== Les "Brézé" === | === Les "Brézé" === | ||
Les premières fondations d'un ensemble fortifié remontent au {{XIs}} ; d'après une charte retrouvée dans l'abbaye de Saint-Florent, près de Saumur, qui prouve son existence dès 1063<ref name="cp-1965-518">Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518</ref>{{,}}<ref name="IA00053646">Ministère de la Culture (Viviane Manase et Véronique Orain), ''[https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00053646 Base Mérimée - Château fort Sainte-Catherine (IA00053646)]'', 13 septembre 2012</ref>{{,}}<ref name="point-15aout2012">Le Point, ''En Val de Loire, l'étonnant château de Brézé se hisse dans la cour des grands'', août 2012</ref>. Le cartulaire<ref group="N">Cartulaire : ensemble de parchemins du Moyen Âge.</ref> de Brézé mentionne la présence d'une structure seigneuriale, ou habergement à l'emplacement du château actuel. Un siècle plus tard, la terre de Brézé apparaît déjà dans les textes comme formant un fief de belle importance. Les actes notariés de cette époque mentionnent les Brézé comme faisant état d'un rang seigneurial élevé. Il faut dire que « Brezay<ref>Formes anciennes du nom de lieu de Brézé : ''Brezay'' en 1105, ''Brezé'' en 1160 (Édition révisée de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 517), ''Brezé'' en 1793 et 1801, avant de devenir ''Brézé'' (EHESS, ''[http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=5872 Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui]'', juin 2013).</ref> » est depuis toujours un site stratégique<ref>Des traces du Néolithique ont été retrouvé sur la commune en 1876 (Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518).</ref>, à l'origine à la croisée de plusieurs grandes tribus celtes et traversé par la route ancienne qui menait de Saumur à Loudun et Poitiers. | Les premières fondations d'un ensemble fortifié remontent au [[1001|{{XIs}}]] ; d'après une charte retrouvée dans l'abbaye de Saint-Florent, près de Saumur, qui prouve son existence dès 1063<ref name="cp-1965-518">Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518</ref>{{,}}<ref name="IA00053646">Ministère de la Culture (Viviane Manase et Véronique Orain), ''[https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00053646 Base Mérimée - Château fort Sainte-Catherine (IA00053646)]'', 13 septembre 2012</ref>{{,}}<ref name="point-15aout2012">Le Point, ''En Val de Loire, l'étonnant château de Brézé se hisse dans la cour des grands'', août 2012</ref>. Le cartulaire<ref group="N">Cartulaire : ensemble de parchemins du Moyen Âge.</ref> de Brézé mentionne la présence d'une structure seigneuriale, ou habergement à l'emplacement du château actuel. Un siècle plus tard, la terre de Brézé apparaît déjà dans les textes comme formant un fief de belle importance. Les actes notariés de cette époque mentionnent les Brézé comme faisant état d'un rang seigneurial élevé. Il faut dire que « Brezay<ref>Formes anciennes du nom de lieu de Brézé : ''Brezay'' en 1105, ''Brezé'' en 1160 (Édition révisée de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 517), ''Brezé'' en 1793 et 1801, avant de devenir ''Brézé'' (EHESS, ''[http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=5872 Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui]'', juin 2013).</ref> » est depuis toujours un site stratégique<ref>Des traces du Néolithique ont été retrouvé sur la commune en 1876 (Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 518).</ref>, à l'origine à la croisée de plusieurs grandes tribus celtes et traversé par la route ancienne qui menait de Saumur à Loudun et Poitiers. | ||
De cette époque subsistent de nombreux habitats souterrains (troglodytiques<ref group="N" name="troglodytique">Troglodytique(s) : voir [[Troglodytique|dictionnaire]].</ref>) dont on trouve la trace dans les archives sous le nom de roches munis de systèmes défensifs, vraisemblablement plus efficaces pour faire face aux envahisseurs que ceux des châteaux de surface. Bien avant l'existence des châteaux de pierre, les hommes ont cherché refuge au sein de la terre et ont, comme à Brézé, creusé le tuffeau, cette roche caractéristique de la vallée de la Loire et de l'Anjou. De nombreux documents font état de ces habitats, dont l'origine est attestée dès le {{IXs}} (époque des invasions barbares, les Normands remontent la Loire). Fréquemment, la désignation de « roche » est suivie du nom de son propriétaire et seigneur fondateur. La roche de Brézé, est l'une des mieux préservées parmi les cavités médiévales fortifiées dont on connaît pourtant de très nombreux exemples dans la région. Accessible au public, elle a conservé la plus grande partie de ses aménagements primitifs : puits de lumière, boyaux<ref group="N">Boyau(x) : galerie étroite servant de communication entre deux galeries plus larges.</ref> défensifs, silos à grains, niches ou placards, mangeoires pour les animaux… | De cette époque subsistent de nombreux habitats souterrains (troglodytiques<ref group="N" name="troglodytique">Troglodytique(s) : voir [[Troglodytique|dictionnaire]].</ref>) dont on trouve la trace dans les archives sous le nom de roches munis de systèmes défensifs, vraisemblablement plus efficaces pour faire face aux envahisseurs que ceux des châteaux de surface. Bien avant l'existence des châteaux de pierre, les hommes ont cherché refuge au sein de la terre et ont, comme à Brézé, creusé le tuffeau, cette roche caractéristique de la vallée de la Loire et de l'Anjou. De nombreux documents font état de ces habitats, dont l'origine est attestée dès le {{IXs}} (époque des invasions barbares, les Normands remontent la Loire). Fréquemment, la désignation de « roche » est suivie du nom de son propriétaire et seigneur fondateur. La roche de Brézé, est l'une des mieux préservées parmi les cavités médiévales fortifiées dont on connaît pourtant de très nombreux exemples dans la région. Accessible au public, elle a conservé la plus grande partie de ses aménagements primitifs : puits de lumière, boyaux<ref group="N">Boyau(x) : galerie étroite servant de communication entre deux galeries plus larges.</ref> défensifs, silos à grains, niches ou placards, mangeoires pour les animaux… | ||
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En 1318<ref name="cp-1965-518" />, Péan de Maillé, originaire de la ville du même nom au nord de Tours appelée aujourd'hui Luynes, épouse l'héritière de la seigneurie de Brézé, qu'il avait enlevé avant les noces. Cette nouvelle branche de la famille prend le nom de « Maillé-Brézé ». | En 1318<ref name="cp-1965-518" />, Péan de Maillé, originaire de la ville du même nom au nord de Tours appelée aujourd'hui Luynes, épouse l'héritière de la seigneurie de Brézé, qu'il avait enlevé avant les noces. Cette nouvelle branche de la famille prend le nom de « Maillé-Brézé ». | ||
Au {{XVs}}, | Au {{XVs}}, la résidence régulière de la famille de Brézé est au [[Manoir de la Bouchardière (ruines)|château de la Bouchardière]], à Saint-Cyr, avant de s'installer au siècle suivant au château de Brézé<ref>Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 436 (Bouchardière)</ref>{{,}}<ref>Gaël Carré, ''Maine-et-Loire. La Bouchardière à Saint- Cyr-en-Bourg'', dans ''Bulletin Monumental'', tome 158, n° 4, année 2000, p. 362-365</ref>. | ||
C'est à cette époque ({{XVe}}) que Gilles de Maillé-Brézé<ref group="P">Gilles de Maillé-Brézé (1437-1477) : chambellan et grand-maître de la vénerie de [[René d'Anjou]] (Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 519).</ref>, conseiller du « Bon roi René » (duc d'Anjou<ref group="P" name="roi-rene">[[René d'Anjou]] (1409-1480) : duc d'Anjou et comte de Provence, surnommé par ses sujets provençaux le « Bon Roi René ». <small>(La plupart des informations sur les personnalités sont issues de l'encyclopédie [https://fr.wikipedia.org/ Wikipédia], juin 2013).)</small></ref>), obtient de ce dernier l'autorisation de fortifier<ref name="cp-1965-519">Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 519</ref> sa gentilhommière<ref group="N">Gentilhommière : petit domaine à la campagne d'un gentilhomme.</ref>. À partir de 1448, des douves sèches<ref group="N" name="douves">Douve(s) : fossés de fortifications anciennes, ou par extension le fossé lui-même. À Brézé, les douves sont dites « sèches » car elles ne sont par remplies d'eau.</ref> sont creusées et des pont-levis les enjambant ferment et défendent l'accès au château. Profondes alors de 10 à 12 mètres, elles sont protégées par un efficace système de défense souterrain composé de chemins de ronde et de postes de garde<ref group="N">Les douves sont restées celles du château primitif (Édition de 1965 du Célestin Port, ''op. cit.'', p. 520)</ref>. D'autre part, les travaux entrepris pour les creuser permettent d'extraire la pierre nécessaire à la construction du château aérien. | |||
Au début de la Renaissance ({{XVIs}})<ref group="N" name="epoque-renaissance">Renaissance : mouvement de l'histoire européenne, à cheval entre le Moyen Âge tardif et les Temps modernes.</ref>, les douves sont approfondies (jusqu'à la profondeur actuelle, soit 18 à {{unité|20|mètres}}, les plus profondes d'Europe à faire le tour complet d'un château !<ref name="douves-profondes">Plus profondes douves sèches d'Europe :<br>• Agence régionale Pays de la Loire Territoires d'innovation, ''Château de Brézé'', mai 2009<br>• Société publique régionale des Pays de la Loire, ''Au château de Brézé'', juin 2013<br>• Office de tourisme de Saumur, ''Château de Brézé'', juin 2013<br>• Comité départemental du tourisme, ''Château de Brézé'', juin 2013</ref>{{,}}<ref name="racines">''Des racines et des ailes : Terroirs d'excellence en Pays de la Loire'', France 3, émission d'Anne-Laure Cahen et Lenni Mérat (co-production de Troisième Œil Productions et France Télévisions), diffusée le 27 avril 2022, avec la participation du photographe Alain Cassaigne</ref>) et on y aménage dans les parois d'importantes structures et dépendances seigneuriales : celliers, boulangerie, magnanerie<ref group="N">Magnanerie : bâtiment destiné à l'élevage des vers à soie.</ref> (pour l'élevage du vers à soie), salle des pressoirs… En même temps, le système défensif est complété par un pont-levis souterrain protégeant l'accès au château depuis les douves. | |||
En 1565<ref name="cp-1965-519" />, Catherine de Médicis et son fils, le jeune Charles IX font étape à Brézé où ils sont accueillis par Artus de Maillé-Brézé, lequel donne au logis seigneurial son allure Renaissance<ref group="N" name="style-renaissance">Style Renaissance : en France, de 1495 à 1589, caractérisé par le développement du décor architectural.<small>(La plupart des informations sur les périodes sont issues de l'encyclopédie [https://fr.wikipedia.org/ Wikipédia], juin 2013.)</small></ref>. | En 1565<ref name="cp-1965-519" />, Catherine de Médicis et son fils, le jeune Charles IX font étape à Brézé où ils sont accueillis par Artus de Maillé-Brézé, lequel donne au logis seigneurial son allure Renaissance<ref group="N" name="style-renaissance">Style Renaissance : en France, de 1495 à 1589, caractérisé par le développement du décor architectural.<small>(La plupart des informations sur les périodes sont issues de l'encyclopédie [https://fr.wikipedia.org/ Wikipédia], juin 2013.)</small></ref>. | ||
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=== La salle des pressoirs === | === La salle des pressoirs === | ||
Brézé, c'est aussi une longue tradition viticole. Le vin du château de Brézé est connu depuis le Moyen Âge. Le cépage « chenin blanc » était déjà implanté à Brézé en l'an 845, mais c'est au {{XVs}} que le domaine devient connu pour son vin blanc, dont le roi René d'Anjou<ref group="P" name="roi-rene" /> lui-même vantait les mérites. Plus tard, et particulièrement au {{XVIIs}}, les vins du domaine connurent les faveurs des rois des plus grandes cours européennes. La chute de la monarchie, au {{XVIIIs}}, fit tomber le domaine dans l'oubli. Puis, en 1910, le vignoble dut être entièrement reconstitué suite à la crise du phylloxéra qui détruisit le vignoble français<ref group="N">On trouve sur la commune de Brézé, notamment les appelations (AOC - AOP) : Anjou blanc, Anjou rouge, Anjou mousseux blanc, Anjou mousseux rosé, | Brézé, c'est aussi une longue tradition viticole. Le vin du château de Brézé est connu depuis le Moyen Âge. Le cépage « chenin blanc » était déjà implanté à Brézé en l'an 845, mais c'est au {{XVs}} que le domaine devient connu pour son vin blanc, dont le roi René d'Anjou<ref group="P" name="roi-rene" /> lui-même vantait les mérites. Plus tard, et particulièrement au {{XVIIs}}, les vins du domaine connurent les faveurs des rois des plus grandes cours européennes. La chute de la monarchie, au {{XVIIIs}}, fit tomber le domaine dans l'oubli. Puis, en 1910, le vignoble dut être entièrement reconstitué suite à la crise du phylloxéra qui détruisit le vignoble français<ref group="N">On trouve sur la commune de Brézé, notamment les appelations (AOC - AOP) : Anjou blanc, Anjou rouge, Anjou mousseux blanc, Anjou mousseux rosé, cabernet de Saumur, cabernet d'Anjou, coteaux de Saumur, crémant de Loire blanc, crémant de Loire rosé, rosé de Loire, rosé d'Anjou, Saumur blanc, Saumur mousseux blanc, Saumur mousseux rosé, Saumur rouge (INAO, ''Liste des produits par commune'', juillet 2013).</ref>. | ||
C'est alors que jusqu'à la fin du {{XXs}}, la production de vin est installée dans ces souterrains. Cette salle des pressoirs est l'une des plus grandes de France. On y a pressé le raisin depuis le {{XVIs}} jusqu'en 1976. Cette salle conserve l'emplacement de trois importants pressoirs. | C'est alors que jusqu'à la fin du {{XXs}}, la production de vin est installée dans ces souterrains. Cette salle des pressoirs est l'une des plus grandes de France. On y a pressé le raisin depuis le {{XVIs}} jusqu'en 1976. Cette salle conserve l'emplacement de trois importants pressoirs. | ||
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