L'Instruction en Maine-et-Loire (1840-1841) par F. Uzureau
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Le 15 janvier 1842, M. Cretté, inspecteur des écoles primaires en Maine-et-Loire, fit un rapport général sur l'instruction primaire pendant l'année scolaire 1840-1841. Nous le reproduisons dans ses parties essentielles, parce qu'il montre l'application dans ce département de la loi du 28 juin 1833.
Le département de Maine-et-Loire ne peut sans doute être classé au nombre de ceux où l'instruction primaire est la plus florissante et où elle est parvenue au plus haut degré de développement, mais il est assurément un de ceux où l'application de la loi a produit les résultats les plus satisfaisants. En effet, si on le compare avec ceux qui, comme lui, étaient, avant 1830, privés du bienfait de l'instruction primaire, on reconnaîtra qu'il n'en est pas un où les vues généreuses du gouvernement aient été mieux appréciées, où ses efforts aient été plus activement, plus généreusement secondés.
Il est peu de contrées en France où l'esprit d'hostilité contre l'établissement des écoles primaires fût plus prononcé, où le bien qui devait résulter de la mise à exécution de la loi de 1833 fût plus difficile à réaliser. Des obstacles de toute nature s'y opposaient, obstacles provenant d'un parti puissant, fortement prononcé contre le nouvel ordre de choses ; obstacles provenant de l'ignorance et du fanatisme des populations rurales, à qui toutes mesures tendant à éclairer et à améliorer leur état social portaient ombrage, et qu'elles n'acceptaient qu'avec défiance, parce qu'elles contrarient leurs préjugés. — Grâce au zèle, à la persévérance et aux efforts constants des diverses autorités qui depuis 1830 ont été placées à la tête du département, grâce au concours de la partie éclairée de sa nombreuse population, cette belle et riche province, qui il y a dix ans ne possédait qu'un très petit nombre d'écoles dont la plupart étaient d'une nullité complète et où les neuf dixièmes des communes n'avaient jamais possédé ni instituteurs ni institutrices, est aujourd'hui couverte de nombreuses écoles, où se pressent en foule les enfants du peuple.
Chaque année, depuis 1830, le nombre des écoles s'est accru progressivement ; les communes qui aujourd'hui n'en sont pas encore pourvues n'ont qu'une très faible importance, et leurs ressources ne leur permettront pas d'entretenir une école. Le nombre total des communes du département est de 348 ; en 1840, il y avait 315 communes pourvues d'écoles ; en 1841, on en compte 334.
Dans l'arrondissement de Beaupréau, il existe au moins une école dans chaque commune ; dans celui d'Angers, cinq communes seulement ne sont pas pourvues d'écoles, 13 dans celui de Baugé, 16 dans celui de Saumur et 10 dans celui de Segré. Ces communes, à l'exception de deux, ont une population trop faible et des ressources trop exiguës pour pouvoir entretenir un instituteur ; néanmoins plusieurs d'entre elles ont déjà pris des mesures pour avoir des institutrices à qui sera confié l'enseignement des deux sexes ; quant à celles qui ne peuvent avoir ni instituteurs ni institutrices, elles devront être réunies aux communes voisines pour l'entretien d'une école primaire.
La ville d'Angers et quelques communes populeuses ne possédaient avant 1830 qu'un petit nombre d'écoles bien organisées ; encore ces écoles n'avaient elles que quelques années d'existence ; dans les écoles qui existaient à Angers, avant cette époque, l'enseignement élémentaire était fort peu développé. Ce fut en 1825 qu'une association nombreuse et animée des vues les plus philanthropiques se forma tout à coup en faveur de l'instruction populaire ; cette société, qui recruta ses membres parmi ce qu'il y avait de plus honorable dans la magistrature, le barreau et le commerce, fonda à ses frais quatre magnifiques écoles, d'après le mode d'enseignement mutuel. La renommée de ces établissements est suffisamment justifiée par le nombre d'élèves qui les fréquentent et les résultats immenses qu'ils obtiennent depuis 1833. D'autres écoles se sont élevées successivement dans la ville d'Angers, en sorte qu'aujourd'hui cette industrieuse cité ne compte pas moins de trente écoles en plein exercice.
L'arrondissement de Beaupréau doit être placé en première ligne sous le rapport du nombre de ses écoles et sous celui du nombre d'élèves qui les fréquentent. Cet arrondissement se compose de communes presque toutes populeuses ; le contraire a lieu dans les arrondissements de Baugé, Saumur et Segré où il y a aussi Je plus de communes sans écoles. Mais aussi les dispositions des populations sont loin d'être les mêmes, ce qui résulte de la différence des positions topographiques de chaque arrondissement, de la différence des mœurs, des usages et des principes des habitants. — Dans l'arrondissement de Saumur, presque tous les habitants des campagnes sont livrés à la culture de la vigne ; ils se font aider par leurs enfants ; en sorte que, comme la plus grande partie de leur existence se passe au milieu des plaines, ils sont moins à même que d'autres d'apprécier les bienfaits de l'instruction. Le même obstacle aux progrès de l'enseignement primaire existe dans certaines communes de l'arrondissement d'Angers. Dans celui de Baugé, le genre d'agriculture et les différentes espèces d'industries auxquelles se livrent les habitants nuisent beaucoup à la prospérité des écoles. Dans celui de Segré, les habitants des localités de quelque importance sont en général assez éclairés et aiment à donner de l'instruction à leurs enfants ; mais les habitants des campagnes, fort ignorants d'ailleurs et imbus de préjugés, ne se décident que difficilement à envoyer leurs enfants dans nos écoles. La prospérité des écoles de l'arrondissement de Beaupréau vient de ce que les habitants, étant ou laboureurs ou tisserands, peuvent se passer du concours de leurs enfants et sont à même de les envoyer aux écoles et de les y laisser plus longtemps ; cette partie du département est d'ailleurs éminemment religieuse, la population plus éclairée, les mœurs sont plus douces, il y a plus de civilisation ; le besoin de l'instruction s'y fait aussi plus généralement sentir, et la classe industrielle trouve plus d'avantage à faire instruire ses enfants. — Le nombre d'élèves qui suivent les écoles dans le département augmente chaque année d'une manière sensible. En 1840, il était de 15,009 garçons ; en 1841, il est de 16,033. Nous verrons d'année en année diminuer le nombre d'enfants qui restent privés des bienfaits de l'instruction.
Une fausse application de l'article de la loi qui attribue aux conseils municipaux la faculté de désigner les enfants indigents qui seront admis gratuitement aux écoles contribue d'une manière fâcheuse à en éloigner un grand nombre d'enfants. Le vœu de la loi est que l'instruction primaire soit donnée gratuitement aux enfants hors d'état de payer une rétribution ; or, les conseils municipaux, mûs par la crainte d'imposer à leurs instituteurs un trop grand nombre d'enfants gratuits, en restreignent singulièrement le chiffre, et le nombre fixé est toujours moindre que celui des enfants hors d'état de payer la rétribution et qui, par cette raison même, devaient être admis gratuitement aux écoles. Il arrive ainsi qu'un grand nombre d'enfants demeurent privés d'instruction, sans que pour cela il en résulte un bénéfice notable pour l'instituteur, dont la classe devient moins nombreuse, moins importante dans son enseignement.
L'augmentation qui a lieu chaque année dans le nombre des écoles et celui des élèves qui les fréquentent est une preuve certaine que le besoin de l'instruction est vivement senti en Maine-et-Loire par une population active, laborieuse et essentiellement industrielle. — Presque partout, l'autorité locale se prononce en faveur de l'instruction primaire et se montre disposée à seconder les efforts de l'autorité supérieure pour étendre et développer les immenses résultats qu'elle a déjà obtenus. Dans un grand nombre de communes, de nobles sacrifices ont été faits, sacrifices d'autant plus louables que ces communes sont sans ressources, que leur population est faible et que dans le principe il a fallu fortement lutter contre l'indifférence et les préjugés des masses.
L'organisation des écoles primaires n'a pas rencontré dans le principe le même appui, le même concours de la part de l'autorité ecclésiastique. Alors le clergé se prononçait fortement contre tout ce qui pouvait contribuer à en favoriser l'établissement. Cet esprit d'hostilité a pendant quelques années mis des entraves à la propagation de l'enseignement, primaire dans nos campagnes ; il avait pris sa source dans des préventions mal fondées contre une institution qui devait exercer une si grande influence sur la population de nos campagnes et modifier leurs idées et leur préjugés. Peut-être aussi des discussions politiques, survenues à la suite des événements de 1830, avaient-elles amené entre l'autorité civile et l'autorité ecclésiastique une dissidence qui nuisait essentiellement au développement de l'instruction. Aujourd'hui l'effervescence des partis s'est calmée, il y a un rapprochement entre l'autorité civile et l'autorité ecclésiastique ; il est juste de dire que les progrès qu'a faits depuis quelques années l'instruction primaire sont dus en grande partie à des dispositions plus bienveillantes de la part du clergé. De son côté, l'autorité civile a compris que, pour que nos écoles primaires fussent convenablement dirigées, pour qu'elles pussent opérer tout le bien qu'elles sont appelées à produire, il fallait nécessairement le concours du clergé. On s'est entendu à cet égard, on a marché dans la même voie ; le clergé, aujourd'hui bien convaincu que l'enseignement tel que l'entend le gouvernement est essentiellement religieux, a mis de côté ses préventions ; il concourt de bonne grâce à la surveillance de nos écoles, se montre l'ami du progrès et accorde sincèrement sa protection à nos établissements d'instruction primaire.
Le personnel de nos institutions a également éprouvé depuis quelques années une notable amélioration ; il se montre de plus en plus digne de la confiance qu'il inspire aujourd'hui ; les préventions qui s'étaient élevées dans le principe contre les élèves sortant de l'École normale se sont affaiblies, même dans l'arrondissement de Beaupréau où ils étaient goûtés moins que partout ailleurs, parce que plusieurs d'entre eux avaient dans le commencement donné lieu à des plaintes graves. Ceux qui annonçaient des principes dangereux et dont la conduite n'était point en harmonie avec la gravité de leur profession ont disparu à mesure que la confiance des familles les a abandonnés ; ils ont été remplacés successivement par de jeunes maîtres qui, sortis d'abord des écoles primaires les plus en renom, ont été formés à l'École normale sous une habile direction et se sont ensuite répandus dans nos communes rurales, animés des meilleures dispositions et pleins d'excellents principes. — Le nombre des élèves-maîtres formés à l'École normale eût été loin de suffire aux besoins des communes, s'il ne se fût présenté aux examens de chaque session un nombre assez considérable de jeunes aspirants qui avaient fait ailleurs leur instruction. Beaucoup d'entre eux avaient fait dans des maisons ecclésiastiques, fort nombreuses en Maine-et-Loire, un commencement d'études que le manque de ressources ou de vocation les avait empêchés de pousser plus loin ; ceux-là sont devenus de fort bons instituteurs et ils rendent de précieux services à l'instruction primaire. — Le nombre des instituteurs que la loi a trouvés en possession d'état est encore considérable ; en général, ils ont une faible capacité ; leur enseignement est peu développé ; ils ignorent complètement les nouvelles méthodes, et les résultats qu'ils obtiennent sont peu satisfaisants ; il serait à souhaiter qu'on les remplaçât. Mais leur état de pauvreté et les services qu'ils ont rendus dans leur temps leur donnent des droits à la bienveillance de l'administration. Nous émettons le vœu que le gouvernement vienne au secours de ces vieux serviteurs, dont quelques-uns ont été d'autant plus utiles aux populations à cette époque que leur instruction était à peu près gratuite. — Le nombre des instituteurs privés ne s'élève qu'à dix huit. Six d'entre eux sont fort capables et dignes à tous égards de la confiance qu'ils obtiennent ; leurs écoles soutiennent avec avantage la concurrence avec les écoles communales. Cette concurrence tourne quelquefois au profit de l'instruction primaire, quand les communes sont populeuses et les écoles fréquentées par un grand nombre d'élèves ; mais elle nuit à la discipline et au bon ordre dans les localités qui n'ont qu'une faible population. Les douze autres instituteurs privés n'ont qu'une capacité très ordinaire, et leur concurrence n'a rien de redoutable pour les écoles communales. — On compte aujourd'hui en Maine-et-Loire 315 instituteurs, tant communaux que privés ; en 1840, leur nombre était de 300.
Le nombre des instituteurs capables augmente progressivement ; les devoirs sont en général mieux sentis et plus exactement remplis ; la nécessité de mettre leur conduite en rapport avec l'importance et la gravité de leurs fonctions est mieux comprise par la plupart d'entre eux. Chez un certain nombre, on trouve des principes religieux solidement établis, et ce sont ordinairement ceux-là qui obtiennent le plus de confiance de la part des familles et comptent un plus grand nombre d'élèves. Or, l'instituteur religieux par conviction est nécessairement celui qui remplit le plus exactement les devoirs de sa profession et offre, par conséquent le plus de garanties pour les familles. — La préférence que, dans certaines localités, on donne, sur les instituteurs laïques aux instituteurs appartenant à des congrégations religieuses n'est pas due à l'esprit de parti, comme on le prétend ordinairement, mais uniquement à la croyance où l'on est que l'instituteur religieux est plus attaché à ses devoirs. En Maine-et-Loire, où l'esprit religieux a une grande influence, partout où l'instituteur laïque donne des preuves non équivoques, il obtient autant de confiance que l'instituteur congréganiste.
Le nombre des instituteurs congréganistes s'élève à vingt-quatre. Quatorze appartiennent à la congrégation de Saint-Laurent-sur-Sèvre ; ils exercent isolément dans diverses communes rurales. Les frères de la Doctrine chrétienne, qui avaient compris depuis 1830 qu'ils avaient beaucoup à faire pour se mettre au niveau des nouvelles méthodes, ont fait de grands efforts pour élargir et perfectionner leur enseignement ; aussi ne laissent-ils rien à désirer aujourd'hui, et c'est justice que de reconnaître que leurs établissements sont les plus fréquentés et obtiennent le plus de résultats. Les frères de Saint-Laurent-sur-Sèvre sont loin d'avoir suivi les frères de la Doctrine chrétienne dans la réforme de leur enseignement ; néanmoins, ceux qui exercent en Maine-et-Loire font généralement preuve de capacité et obtiennent du succès. Mais il arrive souvent que ces frères, obligés de vivre isolés dans les communes rurales, où ils n'ont d'autres relations qu'avec le desservant, dont ils dépendent en quelque sorte, se maintiennent difficilement en bonne intelligence avec lui ; ils finissent par se dégoûter de leur profession, quittent l'habit de leur ordre et restent instituteurs laïques. Il arrive de là que le clergé lui-même préfère les instituteurs n'appartenant à aucune congrégation religieuse, pourvu que ceux-ci paraissent offrir des garanties morales suffisantes. Cela est sensible surtout dans l'arrondissement de Beaupréau, où l'esprit religieux domine exclusivement.
Ce qui doit aujourd'hui fixer d'une manière toute particulière l'attention du gouvernement, c'est la question matérielle des instituteurs. Tous les hommes véritablement amis du progrès de l'instruction populaire s'apitoient avec raison sur le sort de tant de jeunes gens qui se vouent à cette pénible profession. On se demande avec inquiétude si le personnel des instituteurs, tel qu'on est parvenu si difficilement à le composer, pourra se maintenir dans de semblables conditions, et s'il n'est pas à craindre que les plus capables d'entre eux, ceux qui se sentent quelque valeur, ne se laissent aller au découragement et n'abandonnent à la première occasion une carrière qui ne leur laisse d'autre perspective que l'indigence. Il n'y a en Maine-et-Loire qu'un très petit nombre de communes qui fassent à leurs instituteurs un traitement au-dessus de celui fixé par la loi. Dans le plus grand nombre des communes, l'instituteur n'a que 200 francs ; la moyenne de la rétribution mensuelle est de 250 francs. C'est donc un revenu de 450 francs. Or, il est impossible qu'avec d'aussi faibles ressources, un instituteur puisse exister d'une manière convenable et élever sa famille. — L'article de la loi qui charge les receveurs municipaux de percevoir le prix de la rétribution mensuelle n'est point exécuté en Maine-et-Loire et nous ne pouvons nous empêcher de le regretter vivement, dans l'intérêt de la considération due à l'instituteur encore plus que sous le rapport des avantages pécuniaires qui pourraient en résulter pour lui.
Quant aux méthodes suivies dans nos écoles, elles se divisent ainsi qu'il suit : 10 écoles sont dirigées avec le mode mutuel, 17 avec le mode mixte, 278 avec le mode simultané et 10 avec le mode individuel. L'application des méthodes mutuelle et mixte ne laisse rien à désirer. Dans les écoles où la méthode simultanée est appliquée, les résultats ne sont pas tout à fait aussi satisfaisants qu'on pourrait le souhaiter. La méthode individuelle n'est plus suivie que par quelques vieux instituteurs hors d'état de changer leur enseignement. — Dans un grand nombre d'écoles, l'instituteur manque des objets de première nécessité : tableaux de lecture et de calcul élémentaire et ardoises. La plupart des enfants indigents n'ont ni papier, ni plumes, ni encre. — Dans beaucoup d'écoles, on se sert d'anciens ouvrages, tels que les Petites Heures en français, la Doctrine chrétienne, l'Écolier chrétien, l'Imitation de Jesus-Christ, la Vie des Saints, et autres de ce genre. Comme ces livres étaient les seuls connus, les seuls en usage depuis longtemps dans les familles, il a bien fallu les tolérer dans les écoles jusqu'à ce qu'on pût les remplacer par d'autres.
Sur 378 communes qui forment le département de Maine et-Loire, on en compte aujourd'hui 175 qui sont propriétaires de leur maison d'école.
Trois communes seulement entretiennent une école primaire supérieure : Angers, Cholet et Saumur. Une école primaire privée, qui prend le titre d'école supérieure, vient de s'ouvrir à Angers. Une école primaire communale annexée au collège de Baugé n'a pu, jusqu'à ce jour, être considérée que comme une école élémentaire.
Le nombre des écoles de filles qui, depuis dix ans, se sont établies en Maine et-Loire n'est pas moins satisfaisant que celui des écoles de garçons. Ces résultats font honneur au sentiment moral des populations de nos contrées. Ces écoles sont au nombre de 319. Toutes sont visitées chaque année, comme les écoles de garçons, par les inspecteurs primaires. Partout l'instruction morale et religieuse est donnée aux petites filles avec un soin et une exactitude dignes d'éloges ; chaque jour, ces enfants sont exercées aux travaux d'aiguille. A l'exception de 175, nos écoles de filles sont toutes dirigées par des religieuses appartenant aux congrégations suivantes : Saint-Gildas, Ruillé, Chavagnes, La Sagesse, La Pommeraye, Évron, la Visitation de Tours, Saint-Vincent-de-Paul, La Salle-de Vihiers, Torfou et Saint-Charles. Les institutrices religieuses appartenant aux congrégations de Saint-Gildas, Ruillé, Chavagnes et la Visitation de Tours sont de beaucoup supérieures à celles des autres congrégations. Les institutrices qui appartiennent à des congrégations dont les statuts sont reconnus par l'État obtiennent du recteur de l'Académie d'Angers, sur la présentation de leurs lettres d'obédience, l'autorisation de se livrer à l'enseignement. Les institutrices mariées laissent à désirer en général, et cela se conçoit ; détournées qu'elles sont par les soins domestiques et les embarras du ménage, la direction de leur école doit nécessairement en souffrir. En général, les institutrices congréganistas obtiennent, dans les communes rurales, plus de confiance que les institutrices laïques ; on a prétendu qu'elles étaient plus dans le goût des populations. Quoi qu'il en soit, on est forcé de reconnaître qu'elles présentent aux familles plus de garanties sous le rapport des soins, tant au moral qu'au physique, qu'elles donnent aux enfants.
Il existe en Maine-et-Loire 150 classes d'adultes, fréquentées par 3,500 élèves. Neuf asiles sont en plein service, fréquentés par 1,590 élèves.
La situation de l'école normale continue d'être des plus satisfaisantes ; la moyenne de ceux qui en sortent chaque année est de dix.
Les comités d'arrondissement n'apportent, pas dans leurs délibérations tout le calme et toute la maturité désirables. Les membres des comités supérieurs font peu d'inspections. Quant aux comités locaux, leur action sur les écoles, dans la plupart des communes rurales, est a peu près sans effet.
F. Uzureau,
Directeur de l'Anjou historique.
Article L'Instruction primaire en Maine-et-Loire (1840-1841) de François Uzureau, dans La Révolution de 1848 et les révolutions du XIXe siècle, tome 13e, numéro 72, mai-juin-juillet 1917, Frédéric Rieder & Cie éditeurs (Paris), 1917-1918, p. 82-90.
François Uzureau (La Jumellière 1866-Angers 1948), prêtre catholique, chanoine, historien, directeur de la revue l'Anjou historique.
Autres documents : Centenaire du lycée David-d'Angers, La spécialité par H. Bergson.
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