Joachim Du Bellay
Né en Anjou, Joachim Du Bellay est un poète du XVIe siècle.
Il publie en 1549 le manifeste de la Pléiade, La Deffence et illustration de la langue francoyse, L’Olive, l’Antérotique et les Vers lyriques.
En 1550, paraît une seconde édition de L’Olive et de la Musagnoeomachie. Des problèmes familiaux surgissent – la mort de son frère aîné, des procès de succession – mais le poète poursuit son œuvre en publiant une traduction de l’Enéide, puis les Œuvres de l’Invention de l’Atheur et, en mars 1553, la seconde édition de son Recueil de poésie tout en rédigeant L’Adieu aux Muses.
Mais Du Bellay n’a pas d’état et son oncle le cardinal Jean du Bellay, qui vient de se voir confier par le roi Henri II la direction de la mission française auprès du Saint-Siège, lui propose, sans doute en raison de ses qualités de juriste et d’administrateur, de l’emmener à Rome comme intendant. Joachim part donc plein d’enthousiasme au printemps 1553 et, après être passé par Lyon et Les Alpes, il arrive à Rome en juin. En tant qu’intendant et gentilhomme suivant, il gère la lourde organisation d’un somptueux palais et accompagne le Cardinal dans ses différentes obligations. Il participe donc à la vie romaine, politique et religieuse, troublée à l’époque par les rivalités espagnole et française dont Les Regrets nous laissent un tableau satirique. Le cardinal du Bellay avait été chargé de négocier avec Jules III, puis d’œuvrer en faveur du renouvellement de la trêve signée entre Henri II et le Pape le 16 avril 1552. Mais, après l’élection de Marcel II dont le pontificat ne dure que 21 jours, celle de Paul IV signe la disgrâce du cardinal : il n’a pas observé les recommandations d’Henri II lors du conclave de 1555 qui fit de Giovanni Pietro Caraffa le pape Paul IV mais a préféré soutenir, au lieu du cardinal d’Este, celui qui va le nommer doyen du Sacré Collège et évêque d’Ostie. Aussi est-il bientôt déchargé de ses fonctions par Jean d’Avanson, chef de la délégation française auprès du Saint-Siège et ensuite par le cardinal de Lorraine, envoyé en mission à Rome. De plus, le neveu du Pape, Carlo Caraffa, ayant appris les relations qu’il entretient avec le cardinal Carpi du parti impérial, va le desservir auprès du pape, hostile à cette tendance. Celui-ci veut en effet délivrer l’Italie des espagnols et, pour cela, cherche l’appui des français. La trêve de Vaucelles (15 février 1556) est finalement rompue par la France en septembre 1556 et les troupes de Monluc et de Strozzi répondent à l’appel du pape. François de Guise, attiré par Naples, arrive à son tour. Mais, à la suite de difficultés et de revers, il est bientôt contraint, après le désastre de Saint-Quentin (10 août 1557) de regagner la France où de nouvelles hostilités s’étaient déclarées avec les impériaux depuis le début de l’année. Le pape se voit donc obligé de traiter avec l’Espagne. Dès lors, la France n’a plus de rôle à jouer en Italie et, tandis que le cardinal du Bellay reste exilé à Rome où il mourra en 1560, son neveu retourne en France.
La situation n’a guère changé. Mais, Henri II aspire à la paix, après des combats trop fréquents et ruineux (Saint-Quentin, Calais, Guines). Les négociations, qui sont longues mais facilitées toutefois par le décès de Charles Quint (21 septembre 1558), aboutissent finalement à la signature du traité de Cateau-Cambrésis (3 avril 1559) et aux mariages d’Elisabeth de France, fille d’Henri II avec Philippe II et de Marguerite, sœur du roi avec Emmanuel-Philibert de Savoie, qui donneront lieu à de grandes fêtes tragiquement entachées par la mort du roi (10 juillet 1559). Il s’ensuit des bouleversements politiques et des renversements d’influences : François II abandonne la régence à sa mère, Catherine de Medicis, le connétable de Montmorency est écarté, François de Guise et le Cardinal de Lorraine ont des pouvoirs étendus. Diane de Poitiers est chassée. La répression religieuse, accentuée depuis l’édit d’Ecouen (2 juin), s’intensifie à la fin de 1559. A Paris et en Anjou, Du Bellay s’occupe de ses biens (plusieurs prieurés et des bénéfices ecclésiastiques) et des intérêts que le cardinal a conservés en France : droits dans l’administration d’évêchés, notamment ceux de Bayonne, Bordeaux, Limoges, Le Mans et Paris. L’administration de ces charges ne va pas sans difficultés comme le montrent les lettres qu’il adresse à son oncle. Il est aussi occupé, à la même époque, par le procès de la succession de son frère qui l’oppose au connétable de Montmorency pour la terre d’Oudon. Mais en 1559, l’affaire trouve une issue et, en échange d’une indemnité, Du Bellay renonce aux droits sur le domaine de son neveu dont il avait la tutelle. Malgré sa santé fragile et sa surdité grandissante, il poursuit son œuvre poétique et, après avoir publié, entre autres, Les Regrets, les Divers jeux rustiques, Les Antiquités et les Poemata, le Discours au Roy en 1558, il compose l’Ample Discours au Roy sur le faict des quatre Estats du Royaume de France et fait paraître en 1559 Le poète Courtisan et Le Tombeau de Henri II.
Il travaille beaucoup à l’occasion du mariage de sa protectrice (9 juillet 1559) : non seulement il fait les Inscriptions du tournoi mais il publie un Epithalame sur le mariage du très illustre prince Philibert Emmanuel duc de Savoye et très illustre princesse Marguerite de France (chez Morel en 1559) qui devait être mis en scène pour le festin nuptial. Son activité littéraire est donc intense et on en trouve des échos à la fois dans les lettres au Cardinal auprès duquel il doit justifier Les Regrets et dans les lettres adressées à son fidèle ami Jean de Morel qui l’accueille dans son cercle humaniste de la rue Pavée. Il y retrouve entre autres, Jean Dorat, Salmon Macrin, Michel de L’Hospital, Jérôme de La Rovère et bénéficiant, grâce au cardinal, de solides rentes, il mène à Paris une vie de lettré aisé. Mais à la fin 1559, la santé du poète décline rapidement et, après avoir été invité par le cardinal Charles de Lorraine dans sa résidence de Meudon, il séjourne chez Claude de Bize où il décède d’une crise d’apoplexie dans la nuit du 1er janvier 1560 à l’âge de trente-sept ans.[1]Notes
Bibliographie
- • Défense et illustration de la langue française
- • Œuvres de Du Bellay (Antiquitez, Regrets, Jeux Rustiques)
Sur le même sujet
- • La Pléiade
- • Liré (citation)
- • Douceur angevine
- • Musée Joachim-Du-Bellay de Liré
- • Château du Bellay
- • Famille Du Bellay par J.-F. Bodin
- • Langue et littérature angevine
Sources et annotations
- ↑ MBosselet, octobre 2009